HolyMotors.jpg

Les deux derniers films que je suis allé voir au cinéma ont pour particularité de se dérouler dans une limousine.! C'était dans Cosmopolis de Cronenberg (voir le billet de Renaud), et Holy Motors de Leos Carax.

Quid de ces deux virées en longues limousines blanches..?

Bien... les deux films risquent de vous agacer à des niveaux différents, l'un par ses propos techno-capitalo-cyniques, et l'autre par un sens de l'absurde mal maitrisé qui frôle parfois le foutage de gueule. Les deux m'auront donc rendu perplexe.

Si les propos abscons de Cosmopolis ne m'ont pas empêché de trouver drôle et passionnante la descente incongrue d'un golden boy chez son coiffeur, c'est une toute autre histoire concernant Holy Motors qui réussit avec une idée originale à procurer à la fois un profond sentiment d'ennui, et d'exaspération.

Le pitch ! Dans la limousine, il y a Monsieur Oscar escorté par une grande dame énigmatique qui le transporte d'un « rendez-vous » à un autre dans Paris. Oscar sort de la limousine tour à tour grand patron, mendiant, meurtrier, créature monstrueuse... Toujours en train de jouer un rôle déjà écrit dans un “faux lieu” pour réaliser une "fausse action". Si l'idée paraît excellente - du cinéma où les caméras disparaitraient par le seul fait que la technologie les rendraient invisibles - le développement de l'idée se révèle lui terriblement décevant à l'image des trop rares dialogues, réflexions et instants de vérité du héros. Les multiples représentations du héros semblent le maintenir dans une illusion ininterrompue sans nul espoir de retrouver repos et réalité. Une seule petite fois, le film nous surprend dans cette confusion entre illusion et réalité quand je crois me trouver devant le vrai Oscar qui va chercher sa fille à une fête. Et encore, c'est que je ne suis pas de nature très perspicace.

Je peux envisager ce film comme une réflexion sur l’idée que la vie est un théâtre, vie dans laquelle nous jouons tous la comédie sans pouvoir jamais être sincère ce qui expliquerait sans nul doute la platitude volontaire de certains dialogues. Je comprends aussi que la scène d'ouverture du film nous place déjà dans une mise en abyme avec ce plan vu de face d'un public de cinéma plongé dans l'obscurité. Mais tout ça apparaît lourdingue, approximatif, et superflu. On ne se sent pas en apathie avec ce héros conditionné à vivre une vie de représentations, et non plus une vie ordinaire vécue. Certaines scènes sont tout simplement déplorables, tombant inutilement dans la bizarrerie. Buvez quelques verres, fumez avant, et allez y seuls, à la limite le film se révèlera peut-être une expérience surprenante. Sobre, c'est juste chiant.