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The Hitcher est un film américain réalisé par Robert Harmon en 1986. Il a fait l'objet d'un — mauvais — remake en 2007, sous la houlette de Dave Meyers.
Jim Halsey, un jeune américain originaire de Chicago, traverse les États-Unis en voiture jusqu'à San Diego, en Californie. Fatigué par cette longue route monotone (mais par ailleurs très évocatrice, en référence à Sur la Route, de Jack Kerouac, chroniqué ici par Clément), évitant de justesse un accident en plein désert, il décide de prendre quelqu'un en stop. Ce personnage sombre et mystérieux, un certain John Ryder, s'avèrera être un redoutable psychopathe...

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Un pauvre auto-stoppeur sous la pluie...

Il s'agit du deuxième film dans lequel jouent Jennifer Jason Leigh (Nash, une fille rencontrée en cours de route par Jim, aka C. Thomas Howell) et Rutger Hauer (John Ryder, l'auto-stoppeur psychopathe) après le désormais culte dans son genre La Chair et le Sang, réalisé par Paul Verhoeven en 1985. Rutger Hauer avait déjà tenu des rôles inquiétants (le cardinal Roark dans Sin City, de Frank Miller et Robert Rodriguez, et surtout le célèbre réplicant « Roy Batty » dans Blade Runner, de Ridley Scott), des rôles envoûtants (comme celui du sculpteur bohème de Turkish Délices, ou Turks fruit en V.O., de Verhoeven), ou même des rôles insignifiants (une apparition dans le Batman Begins de Christopher Nolan, et dans pas mal d'autres films de Verhoeven). Mais ici, il pousse le concept de la terreur encore un peu plus loin, le psychopathe qu'il incarne faisant preuve d'un parfait sadisme et d'un jusqu'au-boutisme effrayant. Sa relation pour le moins ambiguë avec Jim participe de cette atmosphère pesante, et chacune de ses nombreuses apparitions glace le sang.

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Un duel épique entre Rutger Hauer (ci-dessus) et C. Thomas Howell (ci-dessous).

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Le scénario est signé Eric Red ; il déclara que l'histoire lui fut inspirée par la chanson des Doors Riders on the Storm. Quand on songe au film réalisé par Morrison, An American Pastoral (en filigrane du documentaire de Tom DiCillo, cf. le billet correspondant), la filiation devient évidente. Le désert américain y tient une place de choix, symbolique, tour à tour magnificence et oppression de la nature, théâtre du duel opposant John Ryder à Jim Halsey. Malgré l'immensité de ses étendues, le désert semble être une prison pour le protagoniste qui subit les assauts répétés du psychopathe. On notera le parallèle avec le premier (et seul vraiment bon) Mad Max, de George Miller, autre film exaltant l'hystérie frénétique d'une lutte gratuite sur des routes ensanglantées — et sorti 7 ans plus tôt. Cette gratuité vient renforcer l'identité mystérieuse de Ryder (dont on ne saura absolument rien), consacrant la terrifiante omnipotence de ce personnage magnétique et destructeur.
En définitive, The Hitcher a beau traîner son lot de casseroles (des incohérences et des absurdités éparses), il n'en reste pas moins un très bon thriller de série B, sobre, efficace, rigoureux, et qui semble se bonifier avec le temps.