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"We must be in Heaven, man!"

Woodstock selon son organisateur Michael Lang, c'était 3 jours de folie au cœur de l'été 1969. Devant l'ampleur du succès et le raz-de-marée humain qui s'annonçait, l'événement devint gratuit dès le premier jour et s'allongea d'une journée pour étancher la soif infinie des centaines de milliers de participants. On attendait 50 000 personnes, il en viendra dix fois plus. Pas un flic à la ronde, une organisation totalement dépassée, et "seulement" trois morts : une overdose, une crise d'appendicite, et une tente écrabouillée par un tracteur. À côté de ça, deux naissances et une myriade de conceptions plus que maculées.

Woodstock selon son réalisateur Michael Wadleigh, c'est 3 heures de bonheur Rock, Soul, et Psychédélique, presque 4 en Director's Cut. Un documentaire autant consacré à la musique qu'à l'événement lui-même, une chronique qui fleure bon le Flower Power et la contestation de l'engagement au Vietnam. Un festival qui s'annonce comme un désastre financier mais qui fait marrer son organisateur à la mine réjouie, se foutant éperdument des questions des journalistes focalisées sur l'aspect pécuniaire. Au-delà de la musique, c'est aussi la préparation des champs, la mise en place de la scène, et puis les embouteillages monstres, la déclaration de zone sinistrée, les réactions variées des riverains, et la vie bucolique dans un microcosme à 200 bornes de New York.

Rien que je ne sache déjà, mais...

Quand j'ai vu Bob Hite (le con mourra 10 ans plus tard en sniffant ce qu'il pensait être de la coke alors que c'était de l'héroïne) et sa troupe complètement barrée des Canned Heat enflammer la scène alors qu'il se faisait tirer ses clopes par un quidam sorti d'on ne sait où...

Quand j'ai vu Joe Cocker en transe, remuer les bras comme s'il était possédé et battre les Beatles sur leur terrain en se lançant à corps perdu dans une reprise enflammée de "With a little help from my friends"...

Quand j'ai vu Santana se lâcher en plein trip sous mescaline, accompagné de son batteur de 20 ans qui sort un solo de 6 minutes plutôt convaincant, sur fond de percussions diverses et enflammées...

Quand j'ai vu Sha Na Na dans un état second, faire les débiles sur scène sous l'effet d'une drogue inconnue, probablement un mélange épicé d'acides et de LSD...

Et puis, et puis, l'intro habitée de Richie Havens (lien youtube), les complaintes retentissantes de Janis Joplin (lien youtube), le délire psyché de Grace Slick avec le Jefferson Airplane (lien youtube), la prestation de malade des Who (lien youtube) visiblement sous LSD (Roger Daltrey à bouclettes, torse nu, fringué so 60s-70s : impressionnant), l'électricité dans l'air quand Alvin Lee de Ten Years After s'empare de sa guitare et entame "I'm Going Home" (lien youtube), et puis bien sûr la conclusion signée Jimi Hendrix (lien youtube). Si je me suis lassé de sa musique avec le temps, ses prestations sur scènes et sa dextérité confondante dans le jeu couplé au chant me laissent toujours dans un état de paralysie totale...

Et puis, et puis, la mode des rouflaquettes et des blousons à franges, les haut-parleurs officiels annonçant que telle personne doit aller à tel endroit pour un accouchement et que l'acide "marron" n'est pas empoisonné mais simplement de mauvaise qualité, les gens à poil, et puis la pluie qui transforme le champ en un immense marécage, à laquelle on répond par des concours de glissades dans la boue et par des habits secs et des fleurs balancés par hélicoptère...

Eh ben, eh ben...

Ben tout d'abord, j'ai chialé. Et puis je me suis dit stop. J'arrête la recherche en traitement du signal et en imagerie médicale et je file fissa travailler à l'élaboration d'une machine à voyager dans le temps. Sur le champ. Et sous acides.