Je m'attarde - Mot-clé - Arletty le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearCirconstances atténuantes, de Jean Boyer (1939)urn:md5:1c869139cb4f5b588be92f436f9f5a6b2018-09-11T07:00:00+02:002018-09-11T07:00:00+02:00RenaudCinémaAnarchismeArlettyChansonMichel Simon <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/circonstances_attenuantes/.circonstances_attenuantes_m.jpg" alt="circonstances_attenuantes.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="circonstances_attenuantes.jpg, sept. 2018" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>♫ Elle se consola en le faisant cocu, comme de bien entendu ! ♫<br /></strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Michel Simon </strong>magistrat à la retraite et sa femme, couple de bourgeois guindés et maniérés par excellence, se retrouvent coincés à la tombée de la nuit au fin fond de la cambrousse, dans une auberge de prolos, servant accessoirement de repaire à tous les malfrats des alentours. Il suffit de voir la trombine d'<strong>Arletty </strong>et de <strong>Dorville </strong>pour saisir en un instant l'ambiance du lieu, entre traquenard dissimulé et vraie bonhomie. Initialement partis en vacances avec voiture et chauffeur, ils se retrouvent au centre névralgique d'un tissu de magouilles dont l'issue s'avèrera plutôt surprenante.</p>
<p>La morale finale du film empêche de le qualifier d'œuvre entièrement anar, mais force est de constater que durant la quasi-totalité de l'histoire, une liberté de ton incroyable contribue à former une bande hétéroclite de sacrés lascars, dans une profusion d'intérêts personnels emmêlés. Un joyeux bordel dans lequel on flirte avec la femme d'un autre tandis qu'on se fait faire les poches, entre deux godets de rouge et une chanson. Et quelle chanson ! La gouaille de <strong>Dorville</strong>, la malice d'<strong>Arletty</strong>, et pour finir <strong>Michel Simon </strong>qui s'y met, c'est un pur régal. Comme de bien entendu : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=yEQbggBoz-I" title="https://www.youtube.com/watch?v=yEQbggBoz-I">lien youtube</a>. Un chant qui deviendra ironique lorsque les soldats français l'entonneront en partant à la guerre peu de temps après la sortie du film.</p>
<p>Les passages savoureux ne manquent pas dans ces <ins>Circonstances atténuantes</ins>, à commencer par la plongée brutale de la bourgeoisie dans un univers populaire. Le choc est frontal, mais ils auront tôt fait de goûter aux charmes des environs, alcool et civet de lapin aidant. Leur acclimatation aux pratiques locales est un festival de larcins croisés, et on perd très vite le fil des manipulations des uns et des autres, par les uns et les autres. On ne comprend pas trop où <strong>Michel Simon </strong>veut en venir quand il décide de se mettre au service de la troupe, en aidant au vol d'une moto (alors qu'il l'achète par derrière) et au cambriolage d'une luxueuse maison (alors qu'il s'agit de la sienne, pour se débarrasser de la verroterie accumulée par sa femme). Dans ces moments-là, il se fait particulièrement inventif pour duper ses camarades cambrioleurs, en faisant croire à des doigts de fée devant son propre coffre-fort par exemple.</p>
<p>On finit par comprendre in extremis sa ligne de conduite, alors qu'il n'avait jamais totalement perdu de vue sa morale de juge, en aidant ses ouailles de manière assez peu orthodoxe.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/circonstances_attenuantes/.groupe_m.jpg" alt="groupe.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="groupe.jpg, sept. 2018" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Circonstances-attenuantes-de-Jean-Boyer-1939#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/545Fric-Frac, de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara (1939)urn:md5:3a7432701a89eec19f499525e0eb5a2f2018-07-24T08:00:00+02:002018-07-24T09:17:04+02:00RenaudCinémaArlettyCambriolageCapital culturelClasses socialesClaude Autant-LaraFernandelMichel Simon <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fric-frac/.fric-frac_m.jpg" alt="fric-frac.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="fric-frac.jpg, juil. 2018" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"J'eusse préféré que vous vinssiez seule. - Quoi ?"<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Chipotons un peu. Avec une profondeur psychologique un peu plus affirmée, un scénario un peu plus original, et un final un peu moins dans le rang (ainsi qu'une bande son d'un peu meilleure qualité, accessoirement, bien que ce soit indépendant de la nature du film), je tenais là une des meilleures comédies vues depuis des lustres. J'en sors presque déçu devant le film que <ins>Fric-Frac</ins> aurait pu être. Mais c'est tout de même une des meilleures comédies vues depuis... très longtemps.</p>
<p>Tous ces menus reproches restent mineurs : rien qui ne suffise à gâcher le plaisir de voir les étincelles provoquées sans interruption par le trio de tête, <strong>Fernandel</strong>, <strong>Michel Simon </strong>et <strong>Arletty</strong>. Les films qui déploient une verve caractéristique de ces années-là ne sont pas rares, mais rares sont ceux qui parviennent à élever l'utilisation de l'argot parisien à un tel niveau. Un festival de réparties hautes en couleur pour poser le décor des différences, archétype parfait des capitaux culturels en opposition :</p>
<blockquote><p>"[Fernandel] J'eusse préféré que vous vinssiez seule.<br />
- [Arletty] Quoi ?<br />
- J'aurais préféré que vous veniez seule.<br />
- Là, j'ai pigé... Redites-le comme la première fois, pour voir : c'est marrant !<br />
- J'eusse préféré que vous vinssiez seule.<br />
- Haha, t'entends ça, Jo ?<br />
- Mais c'est français !<br />
- [Michel Simon] À qui vous voulez faire avaler ça ? Vous nous prenez pour des caves ?"</p>
</blockquote>
<p><strong>Fernandel </strong>d'un côté, dans son univers bourgeois d'employé dans une bijouterie, <strong>Arletty </strong>et <strong>Michel Simon </strong>de l'autre, dans celui des cambrioleurs gouailleurs. L'articulation du langage populaire avec un langage plus châtié provoque des dialogues extrêmement savoureux, débouchant sur une forme insoupçonnée de poésie presque surréaliste. Chacun dans leur rôle, tout en démonstration ostensible, ils excellent : <strong>Arletty </strong>et son charme parisien, la répartie acérée en bandoulière assortie d'un accent incomparable, <strong>Fernandel </strong>en semi-candide qui se trouve projeté chez les prolos, et <strong>Michel Simon</strong>, souvent à la limite de l'intelligible, qui se contente de trimballer sa bonhomie géniale et son élocution si particulière.</p>
<p>Le final est un peu décevant dans son ton presque moralisateur et désuet : tout rentre dans l'ordre, chacun dans sa classe, l'homme épouse la fille de son patron et apprend à dominer sa femme (avec une gifle si nécessaire, bien sûr), laissant clairement de côté la dimension légèrement anar du reste du film. Mais pas de quoi faire oublier les éclats qui ont précédé.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fric-frac/.trio_m.jpg" alt="trio.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="trio.jpg, juil. 2018" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Fric-Frac-de-Maurice-Lehmann-et-Claude-Autant-Lara-1939#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/530