Je m'attarde - Mot-clé - Assassinat le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearRequiem pour un massacre (みな殺しの霊歌, Minagoroshi no reika), de Tai Katō (1968)urn:md5:ce719360f7ba38e0a21d9e96b0a6b7592024-02-15T09:59:00+01:002024-02-15T10:01:09+01:00RenaudCinémaAssassinatEnquête policièreJaponMakoto SatôSuicideTai KatōThrillerTueur en sérieViolence <div id="centrage"><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_A.png" title="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_A_m.png" alt="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024" /></a> <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_B.jpg" title="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_B_m.jpg" alt="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024" /></a> </div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"The cycle of divine punishment must be fulfilled."</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Requiem pour un massacre</ins> (rien à voir avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Elem-Klimov-1985">le célèbre film de <strong>Elem Klimov</strong></a> ), aussi connu sous son titre international "I, the Executioner", est un excellent représentant — bien que très méconnu — de ce que le cinéma japonais des années 60 pouvait produire de conséquent en matière de film âpre, violent, extrêmement stylisé avec des contrastes tranchants en noir et blanc, et d'une noirceur presque tétanisante. <strong>Tai Katō </strong>s'embarque dans un thriller à la croisée des genres suivant un tueur en série dont l'identité ne sera à aucun moment cachée, et dont les intentions autant que les déséquilibres constitueront à la fois les enjeux, le mystère et l'intérêt principal de l'intrigue.</p>
<p>La première séquence est un concentré de fureur brutale, montrant l'assassinat sauvage d'une femme par un inconnu qui la force à inscrire le nom de quatre autres femmes sur un bout de papier. L'inconnu, c'est <strong>Makoto Satô</strong>, une gueule rare vue chez <strong>Kurosawa </strong>ou <strong>Teruo Ishii</strong>, et si rien ne nous est dissimulé du meurtre et des personnages, on ignore totalement le contexte et l'origine de la frénésie morbide qui anime le tueur. Une séquence d'introduction servie dans toute sa crudité, sans précaution, avant le générique, forcément marquante (une violence qui limite le visionnage à un public averti) et qui instaurera directement un climat austère et angoissant, en écho avec les autres à venir... Car le meurtrier en veut à cinq femmes pour une raison précise qui sera révélée tardivement, en lien avec le suicide d'un adolescent de 16 ans.</p>
<p>Si l'on est initialement aussi dérouté que semblent l'être les policiers en charge de l'enquête, à la différence près que l'on suit en presque totale omniscience les agissements du tueur, c'est en premier lieu la nature hybride du film qui frappe. Un thriller qui fera peser la révélation le moment venu, on le sent assez rapidement, mais surtout une variation un peu étrange de film noir qui s'approcherait d'un proto-giallo en version japonaise tout en mettant en scène un anti-héros se prenant pour un agent de la justice divine à l'œuvre dans un Japon dépravé d'après-guerre — il le dira explicitement lui-même : "The cycle of divine punishment must be fulfilled".</p>
<p>Au final le lien qui existe entre le suicide de l'adolescent et la folie meurtrière qui sème des corps mutilés de femmes sur son chemin, s'il constitue le centre de la trame scénaristique, se révèle beaucoup moins intéressant et prenant que le renversement sous-jacent opéré sur des valeurs traditionnelles. Les policiers l'avoueront à demi-mot : s'il était question du viol d'une jeune fille, ils ne se poseraient de question et condamneraient promptement la chose en la prenant très au sérieux. Mais comme il s'agit d'un garçon, leur lecture instinctive tend dangereusement vers la partie de plaisir inopinée, vers la réalisation d'un fantasme, et au final quelque chose qui ne mériterait presque pas d'investiguer. On ne mesure sans doute pas l'ampleur du discours à l'échelle de la société en question (le Japon des années 1960), mais il conserve une très large part d'universalité, en s'appuyant sur les statistiques en matière de violences sexuelles qui rendent difficiles pour certains, a minima peu naturel pour tous, l'appréciation d'une victime masculine. Cela n'empêche pas <strong>Tai Katō </strong>de faire le portrait d'un tueur misogyne (visions en ce sens plus classique au cinéma), investi d'une mission presque surnaturelle, concernant des faits et des personnes qui ne le concernaient pas, et se transformant en un mélange de juge, jury et bourreau dont le point d'orgue se matérialisera à l'écran à la faveur d'une incandescence aveuglante et très marquante.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img3.png" title="img3.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img3_m.png" alt="img3.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img4.png" title="img4.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img4_m.png" alt="img4.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img5.png" title="img5.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img5_m.png" alt="img5.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img6.png" title="img6.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img6_m.png" alt="img6.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img7.png" title="img7.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img7_m.png" alt="img7.png, févr. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Tai-Kato-1968#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1350L'Énigme du Chicago Express (The Narrow Margin), de Richard Fleischer (1952)urn:md5:5d05b42c5a8bd6196fec70235fa625472024-02-12T10:25:00+01:002024-02-12T10:30:01+01:00RenaudCinémaAssassinatCharles McGrawChicagoFilm noirGangsterHuis closJacqueline WhiteLos AngelesMafiaMarie WindsorRichard FleischerSérie BTrainTémoignage <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/enigme_du_chicago_express.jpg" title="enigme_du_chicago_express.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.enigme_du_chicago_express_m.jpg" alt="enigme_du_chicago_express.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"This train wasn't designed for my tonnage. Nobody loves a fat man except his grocer and his tailor!"</strong></ins></span>
</div>
<p>Il est à la fois curieux et intéressant de voir <strong>Richard Fleischer </strong>investir le registre du film noir de série B au cours du premier temps de sa filmographie (et ce après [enfin, plutôt avant, du point de vue de la chronologie] le classicisme de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Genie-du-mal-de-Richard-Fleischer-1959">Le Génie du mal</a></ins>), au début des années 50, longtemps avant l'établissement d'une renommée internationale. Le qualificatif de cinéma bis vient assez naturellement en regardant <ins>L'Énigme du Chicago Express</ins>, étant données la concision du scénario et l'absence de grosses célébrités dans la distribution, mais il ne faudrait pas l'entendre au sens d'une quelconque faiblesse qualitative : le film est efficace, laconique dans ses effets mais habile dans les ressorts de mise en scène qu'il parvient malgré tout à déployer, tout en ménageant une tension constante et une remarquable absence de temps mort.</p>
<p>90% du film se déroulera à bord d'un train. On pourrait même dire dans une voiture-bar, deux wagons-lits, et trois couloirs... Deux agents fédéraux ont la responsabilité d'escorter la veuve d'un grand gangster récemment assassiné, cette dernière étant appelée à témoigner contre la mafia. Dès la cinquième minute, l'un des deux meurt — probablement une autre contrainte budgétaire liée à un tournage sur 13 jours seulement — et le reste ne sera que voyage ferroviaire entre Chicago et Los Angeles avec une petite nuée de malfrats à la recherche de la femme dont ils ignorent l'apparence physique. On est en droit de se demander en quoi la mise à leur disposition d'une photo pour les guider était si problématique, mais ce n'est qu'un détail au sein de toutes les limitations dans l'écriture d'une telle série B. Le plus important, c'est le périple du flic devant assurer la sécurité d'une personne dans ce huis clos particulièrement hostile qui comporte une quantité infinie de recoins, de zones d'ombre et de faux-semblants.</p>
<p>Dans le rôle principal c'est <strong>Charles McGraw </strong>qui s'y colle, nerveux, plutôt réservé, mais assez convaincant avec ses faux airs de <strong>Kirk Douglas</strong>, collant parfaitement à la sécheresse absolue de l'ambiance. 1h10 de suspense condensé, avec le souci évident de maintenir une tension permanente dans ces lieux exigus qui obligent à se montrer un minimum inventif (l'utilisation des vitres notamment). Cela passe autant par des moments comiques (la répétition de la problématique du croisement dans les couloirs étroits lorsqu'on croise le chemin d'un gars particulièrement obèse, ce qui donne un sens supplémentaire au titre original, <ins>The Narrow Margin</ins>) que par des séquences de confrontation dans des cadres surchargés de détails et de mobiliers. En parallèle d'un questionnement existentiel sur la probité du protagoniste (à peine effleuré), une dualité féminine entre la brune <strong>Marie Windsor</strong> (comme une cousine de <strong>Ida Lupino</strong>) et la blonde <strong>Jacqueline White</strong>, à l'origine d'un twist final assez surprenant. Tout aussi surprenant, sinon plus, j'avoue ne pas avoir compris pourquoi l'assassinat d'un personnage aussi important provoque aussi peu de remous vers la fin, comme si tout le monde s'en foutait de sa mort après la révélation sur l'identité d'un autre. C'est en tous cas le point de chute d'une histoire qui aura multiplié la mise en évidence d'erreurs tragicomiques, d'abord avec la mort un peu bête du partenaire du héros dans les premiers instants, puis avec une policière qui aura payé de sa vie l'évaluation de l'intégrité d'un collègue, et enfin avec la personne dont l'identité était dissimulée qui s'en sortait très bien toute seule jusqu'à sa rencontre fortuite avec le protagoniste (non sans menaces involontairement propagées).</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/enigme_du_chicago_express/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Enigme-du-Chicago-Express-de-Richard-Fleischer-1952#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1345Le Génie du mal (Compulsion), de Richard Fleischer (1959)urn:md5:1da18c74e1f03c3944323bcde1efca4b2024-02-08T10:12:00+01:002024-02-08T10:13:35+01:00RenaudCinémaAssassinatBradford DillmanChicagoDean StockwellEtats-UnisOrson WellesPeine de mortProcèsRichard Fleischer <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/genie_du_mal.jpg" title="genie_du_mal.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/.genie_du_mal_m.jpg" alt="genie_du_mal.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"It just irritates me to see anyone as brilliant as you make a jackass out of himself."</strong></ins></span>
</div>
<p>Premier film de l'ère du cinéma classique d'Hollywood que je vois signé de la main de <strong>Richard Fleischer</strong>, même si la figure du mal aura largement irrigué la majorité de sa filmographie dans d'autres registres. Cette composante empreinte de classicisme n'est pas pour me déplaire et surprend quelque peu de la part d'un réalisateur par ailleurs connu pour ses charges frontales — <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mandingo-de-Richard-Fleischer-1975">Mandingo</a></ins> et <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Soleil-Vert-de-Richard-Fleischer-1973">Soleil Vert</a></ins>, par exemple, sont de très bons films mais évoluent dans un registre plus frondeur disons, et tout ça sans citer <ins>Red Sonja</ins> aka Kalidor (un plaisir coupable), sommet de heroic fantasy de série Z, bien entendu... C'est en outre l'occasion d'observer une nouvelle exploitation de l'affaire Leopold et Loeb qui avait secoué les États-Unis en 1924, du nom du procès de deux jeunes étudiants en droit de l'université de Chicago, arrêtés et condamnés à l'âge de 18 et 19 ans pour l'enlèvement et le meurtre d'un adolescent de 14 ans. Ils voulaient commettre le fameux crime parfait, avec une attitude très claire, celle de la démonstration de leur prétendue supériorité intellectuelle qui les placerait au-dessus de la loi. Pas de bol, ils se sont trompés. <strong>Alfred Hitchcock </strong>sera l'auteur du premier film inspiré de ces faits avec <ins>La Corde</ins> en 1948.</p>
<p>On est quand même rapidement marqué par le côté un peu daté de la trame, en mettant de côté tout ce qui a trait à l'esthétique — certaines choses ont conservé leur charme là où d'autres ont subi les assauts du temps plus vigoureusement. Je dois avouer que le jeu très affecté de <strong>Dean Stockwell</strong> et <strong>Bradford Dillman </strong>dans le rôle des deux jeunes criminels m'a plutôt dérangé, même si la finalité et l'exécution du programme s'opèrent sans anicroche, c'est très propre et fondé sur des bases assez solides. Disons que les acteurs en font des caisses pour montrer la supériorité de leur statut social et de ce qu'ils considèrent en découler en matière d'intelligence, mais que ça ne tue pas tout.</p>
<p>Le film est agréablement composé de deux parties, une longue première sur l'observation de leur environnement (jusqu'au crime, qu'on ne verra pas) et une plus courte consacrée au procès, dans lequel intervient le monstre, <strong>Orson Welles</strong> en personne, jouant le rôle de l'avocat de la défense avec ses 2 kilos de maquillage habituels. L'acteur prononce des phrases issues de la vraie enquête / plaidoirie, en s'inspirant d'un avocat célèbre à l'époque Clarence Darrow — connu pour son athéisme, chose rare aux États-Unis. De la même manière que la supériorité des étudiants est illustrée avec quelques excès (la séquence de cours sur le thème de l'übermensch de Nietzsche, les tempéraments de dominant / dominé), la plaidoirie basée sur l'opposition à la peine de mort convoquant vertu, pitié, compassion et amour a pas mal vieilli dans la forme. Elle reste toutefois éminemment pertinente, dans ce qu'elle révèle du côté de l'accusation qui, à son tour, à tendance à se croire moralement supérieure en exigeant la peine de mort.</p>
<p><ins>Le Génie du mal</ins> reste quand même intéressant dans son discours, dans sa façon de montrer comment le contexte social des familles aussi riches qu'arrogantes a contribué à former de telles personnalités, se croyant au-dessus des conventions morales. Jusque dans la pathologie, l'un des deux s'amusant en aidant l'enquête, et auteur d'un mépris qui le conduira à sa perte — le film les diagnostique d'ailleurs paranoïaque et schizophrène, l'occasion d'en faire un peu trop (le dialogue avec l'ours en peluche par exemple). <strong>Orson Welles </strong>a beau exagérer de manière démentielle lors du procès, sermonner la salle jusqu'à son président (il lui fait carrément baisser les yeux), avec un petit côté étalage de bons sentiments dont l'audace s'est probablement perdue au cours des 60 années qui nous séparent de la sortie du film, cette dernière partie conserve un certain potentiel captivant.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/im3.png" title="im3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/.im3_m.png" alt="im3.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Genie-du-mal-de-Richard-Fleischer-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1343Baby Boy Frankie (Blast of Silence), de Allen Baron (1961)urn:md5:a41c279554d7b852d1f961e21b7e02662023-12-21T09:57:00+01:002023-12-21T09:57:00+01:00RenaudCinémaAssassinatDavid FincherFilm noirMafiaNew YorkSolitudeTueur à gages <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/baby_boy_frankie.jpg" title="baby_boy_frankie.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.baby_boy_frankie_m.jpg" alt="baby_boy_frankie.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A killer who doesn’t kill, gets killed."</strong></ins></span>
</div>
<p>Deux visionnages qui s'entrechoquent, produisant un effet plutôt intéressant : <ins>The Blast of Silence</ins> réalisé et interprété par <strong>Allen Baron</strong> en 1961, film noir peu connu creusant les archétypes avec quelques notes originales, évoque en écho le tout récent <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Killer-de-David-Fincher-2023">The Killer</a></ins> de <strong>David Fincher</strong>, tous deux présentant de manière réaliste (pseudo-documentaire, pourrait-on dire) un tueur à gages en mission, avec quelques couilles dans le potage d'une mécanique qui semblait pourtant parfaitement huilée, et assortie d'une narration reposant essentiellement sur une voix off omniprésente. 60 années les séparent, mais les points de convergence sont étonnamment nombreux. Une différence notable toutefois : <strong>Fincher </strong>choisissait une porte de sortie vers l'amertume de la déchéance consentie, <strong>Baron </strong>opte pour une autre forme d'amertume avec un final radical, froid, sec, et plombant. Il s'en dégage une poésie rafraîchissante, prisonnière d'un minimalisme parfois un peu rêche, mais déployant par moments une rage ou une mélancolie surprenantes.</p>
<p><ins>Baby Boy Frankie</ins> est un film bavard, avec cette voix off s'adressant continuellement au protagoniste à la deuxième personne : le procédé marque un parti pris qui détonne mais qui peut se révéler pénible pour peu qu'on soit réticent aux commentaires incessants, et ce en complément d'un accompagnement musical qui peut se faire un peu insistant à la longue — même si personnellement cette ambiance m'a pas mal plu pour accompagner le protagoniste (une moyenne troublante entre <strong>Lino Ventura </strong>et <strong>Robert De Niro</strong>, jeunes) dans sa découverte de New York. Le portrait qui en est fait passe presque exclusivement par les sous-entendus générés par cette voix off, en marge des introspections auxquelles on a directement accès : le gars se juge beaucoup, se motive, se convainc, change d'avis, hésite. Pas évident, l'intérieur de la cervelle d'un tueur à gages envoyé assassiner un mafieux de seconde zone.</p>
<p>Il y a beaucoup d'hésitations et d'imprévus dans ce qui devait être le tout dernier contrat... Tenaillé par une anxiété palpable qui semble diriger la plupart de ses mouvements, sous la pression du "a killer who doesn’t kill, gets killed", le personnage s'enferme progressivement dans une solitude qui le ronge et l'obsède, l'injonction de meurtre pesant (il faiblira à plusieurs reprises, à deux doigts d'abandonner son contrat) sur lui faisant office de spirale infernale. Dommages collatéraux de cette angoisse, quelques obstacles sur son chemin seront l'occasion de séquences d'une rare et brutale intensité — Big Ralph, l'homme aux rats qui devait lui fournir l'arme du crime avant de se débiner, en fera les frais. Le final étonne aussi par son cadre et son tragique, tourné un peu par hasard après le passage d'un ouragan dans la région. Largement de quoi se démarquer de ses (solides) références, à chercher du côté de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Quand-la-ville-dort-de-John-Huston-1950"><ins>Quand la ville dort</ins></a> (<strong>John Huston</strong>, 1950), <ins>Les Forbans de la nuit</ins> (<strong>Jules Dassin</strong>, 1950), ou encore <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/En-quatrieme-vitesse-de-Robert-Aldrich-1955">En quatrième vitesse</a></ins> (<strong>Robert Aldrich</strong>, 1955).</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Baby-Boy-Frankie-de-Allen-Baron-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1310The Killer, de David Fincher (2023)urn:md5:feafa3c7728e74b6914be24d32bf046b2023-11-30T12:08:00+01:002023-11-30T12:09:02+01:00RenaudCinémaAssassinatDavid FincherDésillusionHumour noirMichael FassbenderSala BakerThe SmithsThrillerTilda SwintonTueur à gagesVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/killer.jpg" title="killer.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.killer_m.jpg" alt="killer.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Fate is a placebo. The only life path, the one behind you."</strong></ins></span>
</div>
<p>Un <strong>Fincher </strong>majeur, ce n'est pas pour demain, il faudra s'y faire. Mais des films comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Gone-Girl-de-David-Fincher-2014">Gone Girl</a></ins> (2014) laissent malgré tout un peu d'espoir, on guette le coup d'éclat, encore. <ins>The Killer</ins> ne donne pas l'impression d'avoir des ambitions débordantes, malgré quelques dispositions qui finissent par être un peu encombrantes — l'influence de <strong>Melville </strong>avec <ins>Le Samouraï</ins> paraît indissociable, les quatre phrases que <strong><span><span>Michael Fassbender </span></span></strong>répètent comme un mantra ("Stick to your plan / Anticipate, don’t improvise / Trust no one / Fight only the battle you’re paid to fight"), la répétition de certains motifs comme les trajets en avion, les changements d'identité, le réseau capitaliste de marques qui bordent son chemin, et in fine cette voix off très envahissante qui ne compense pas toujours élégamment le mutisme du personnage suivi. Même le recours à la musique des <strong>Smiths </strong>se fait un peu obsessionnelle et peu constructive.</p>
<p>Mais la série B reste pourtant de qualité, <strong>Fincher </strong>n'est pas un tâcheron, il a abandonné sa lubie d'auteur qui irriguait <ins>Mank</ins> et se concentre sur un thriller sec en cherchant à explorer quelques zones originales. Ce qui est drôle, c'est que <strong>Fincher </strong>nous fait croire à un portrait de professionnel du métier, un tueur expert qui nous bassine pendant 20 minutes sur les détails de son mode de fonctionnement en introduction (à grand renfort de citations qui claquent un peu trop ostensiblement, comme "<em>Of the many lies told by the U.S. military-industrial complex, my favorite is still their claim that sleep deprivation didn't qualify as torture</em>", ou "<em>Of those who like to put their faith in the inherent goodness of mankind, I have to ask, based on what, exactly?</em>" ou encore "<em>My process is purely logistical, narrowly focused by design. I'm not here to take sides. It's not my place to formulate any opinion. No one who can afford me, needs to waste time winning me to some cause. I serve no god, or country. I fly no flag. If I'm effective, it's because of one simple fact: I. Don't. Give. A. Fuck</em>" — on pourrait continuer encore longtemps) pour finalement rater sa cible en guise de hors d'œuvre — un échec qui met direct la puce à l'oreille, le scénario prenant un tout autre chemin que celui escompté. En fait <strong>Fincher</strong> met en scène davantage un ouvrier qualifié qui se plante régulièrement et qui cherche à se convaincre pendant toute la durée du film, en alternant des séquences extrêmement froides, sérieuses et tendues avec d'autres brèves irruptions d'un humour noir (le plus parlant étant probablement l'épisode de la râpe à fromage). Il y a quelques tentatives de verser dans un classicisme sans doute marqué par un excès de confiance, à l'image de l'échange avec <strong>Tilda Swinton </strong>(parfaite au demeurant, comme très souvent) sur leur métier commun, mais ne débouchant sur rien de follement pertinent.</p>
<p>Finalement, <ins>The Killer</ins> peut se percevoir exclusivement comme l'observation d'une perturbation, l'erreur initiale qui s'immisce tel un grain de sable dans les rouages bien huilés par ailleurs, à l'origine d'une vengeance à travers le monde prenant une ampleur de plus en plus importante. <strong>Fincher </strong>oblige, on peut y lire un essai sur notre contemporanéité au travers du contrôle de nos vies pas un système ultra-connecté (des checkpoints réguliers, des badges incessants, des caméras de surveillance omniprésentes) qui aurait mérité d'être plus développé et un peu moins focalisé sur ses effets souvent tape-à-l'œil. Quelques séquences bien foutues rythment l'ensemble, on se rappellera l'utilisation du cloueur et la grosse baston avec <strong>Sala Baker</strong>, et dans l'ensemble une histoire portée par <strong>Fassbender </strong>souvent captivant, même s'il file vers un épilogue un peu mou, cliché et facile sur une désillusion un peu amère ainsi qu'une déchéance consentie.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img6.jpg" title="img6.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Killer-de-David-Fincher-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1295Le Traquenard (おとし穴, Otoshiana), de Hiroshi Teshigahara (1962)urn:md5:9af0a3b60d645f4ea0b9fe1d807091722023-11-16T11:04:00+01:002023-11-16T11:04:00+01:00RenaudCinémaAssassinatFantastiqueFantômesHiroshi TeshigaharaJaponMineMystèreSymbolismeSyndicat <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/traquenard.jpg" title="traquenard.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.traquenard_m.jpg" alt="traquenard.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Exactement comme prévu."</strong></ins></span>
</div>
<p>Un vrai plaisir de retrouver <strong>Hiroshi Teshigahara </strong>près de 10 ans après la rencontre avec <ins>La Femme des sables</ins>, à l'occasion de son premier long-métrage qui contient beaucoup de caractéristiques communes (et qu'il faudra compléter par le visionnage de <ins>Le Visage d'un autre</ins>). Plaisir cinéphile avant tout, par opposition avec le plaisir de visionnage qui n'a pas du tout été inexistant mais quand même quelque peu malmené par le caractère légèrement et volontairement obscur du fil narratif. J'ai quand même dû m'y reprendre à deux fois, quasiment coup sur coup, pour bien cerner tous les tenants et aboutissants du récit, car à l'opacité affirmée de la trame narrative se superpose une autre opacité, non-souhaitée, qui m'a à plusieurs reprises égaré sur le chemin au premier visionnage.</p>
<p><strong>Teshigahara </strong>donne l'impression d'être un amateur du symbolique, et j'ai retrouvé cette lubie ici au travers d'une longue série de motifs marquants : la grenouille (pelée pour servir d'appât à la pêche), les fourmis (elles s'attaquent à la nourriture de la femme avant d'être noyée dans un récipient d'eau, sans doute le plus annonciateur des symboles même s'il ne dure que quelques secondes), l'œil qui observe à travers un trou dans un mur, la transpiration sur toutes les peaux, le corps de la femme et unique habitante des environs de la mine désaffectée où se dérouleront les principales péripéties... Tout cela concourt à la formation d'une atmosphère tranchante, très originale, renforcée par une musique très dissonante (presque parfaite pour envelopper les images de la ville-fantôme) et l'insertion de quelques images documentaires à caractère presque horrifique au tout début du film.</p>
<p>Ce qui donne l'impression que l'exploitation des mines au Japon tient une place particulière dans l'histoire du pays. Le 26 avril 1942, une explosion est survenue dans la mine de charbon de Liutang et tue 1 549 mineurs, plus du tiers des mineurs travaillant ce jour-là. De manière plus contemporaine au film, la mine de charbon de Miike fut aussi le théâtre d'événements dramatiques : de 1960 à 1962 la mine était engagée dans un conflit du travail qui divisait les travailleurs et avait entraîné des actions violentes visant à briser la grève, suivie en 1963 par l'explosion accidentelle où 458 personnes furent tuées (beaucoup par intoxication au monoxyde de carbone), et beaucoup des survivants empoisonnés ont subi de graves et permanentes lésions cérébrales. Autant dire que <ins>Le Traquenard</ins> s'inscrit dans une dynamique très particulière.</p>
<p>À la lumière de ces informations, plusieurs interprétations viennent à l'esprit quant aux agissements du fameux homme en blanc du film, qui entraînera l'affrontement de deux syndicats et qui se soldera par la mort des deux représentants. Mais plutôt que de se cantonner à une critique sociale (qui aurait été justifiée), <strong>Teshigahara </strong>superpose à cette chronique froidement réaliste une surcouche de fantastique via l'irruption d'une histoire de fantômes — toutes les personnes mortes se retrouvant errantes sur les lieux de leur mort, spectatrices passives de l'activité humaine. Leur impuissance à avoir une influence sur le monde des vivants, et notamment pour œuvrer à l'émergence de la vérité, constitue une puissance charge dramatique qui oriente le film en direction d'une tragédie très particulière, pleine de frustrations. Ce châtiment est abordé de manière très terre-à-terre, étonnamment. Le paysage désertique des terrains miniers et le village abandonné avoisinant nourrit une atmosphère presque suffocante sur fond de guerre de syndicats provoquée par une tierce partie.</p>
<p>Une phrase revient de manière récurrente de la part de personnages malveillants dont on peine à saisir l'appartenance et les motivations : "exactement comme prévu". De quoi alimenter la dimension noire, cruelle et ironique du sort de ces pauvres mineurs, isolés dans ces paysages de bout du monde d'exploitation industrielle et capitaliste, condamnés autant de leur vivant qu'après leur mort. Des créatures qui se débattent dans la boue, tout au plus, après être tombées dans le piège tendu. Pour finir ce voyage agréablement surréaliste, une très belle image est dédiée au gamin, témoin de tous les meurtres, tentant d'échapper au désespoir du monde absurde des adultes en courant loin de ce tableau désolé, les poches remplies de bonbons fraîchement volés.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Traquenard-de-Hiroshi-Teshigahara-1962#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1275Les Bonnes Causes, de Christian-Jaque (1963)urn:md5:6d6ea417b8eb6bc802bf48c41ef18d7a2023-10-15T12:53:00+02:002023-10-15T11:54:16+02:00RenaudCinémaAssassinatBourvilChristian-JaqueEnquête policièreInfirmièreManipulationPierre BrasseurProcès <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/bonnes_causes.jpg" title="bonnes_causes.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.bonnes_causes_m.jpg" alt="bonnes_causes.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Piégé(e)s</strong></ins></span>
</div>
<p>Un film très original de la part de <strong>Christian-Jaque</strong>, plus habitué des productions françaises traditionnelles souvent raillées par la Nouvelle Vague : d'abord lancé sur des rails qu'on croit prévisibles, avec l'assassinat d'un homme fortuné suite au changement (par sa femme) d'une ampoule administrée en intraveineuse par une infirmière, il s'engage par la suite dans une enquête policière retorse et un final au prétoire qui brillera par son écriture et sa capacité à suivre une voie rarement choisie au cinéma. La femme, interprétée par <strong>Marina Vlady </strong>avec beaucoup de talent, accuse l'infirmière <strong>Virna Lisi </strong>dans ce qui ressemble à un piège savamment orchestré. L'avocat de la femme, <strong>Pierre Brasseur </strong>dans un excès savoureux de manières aristocrates, accessoirement amant de cette dernière, la défend et lui obéit au doigt et à l'œil comme s'il était victime d'un ensorcellement. Et au milieu du vacarme, il y a <strong>Bourvil </strong>dans un rôle sérieux éloigné de toutes les comédies qu'on a en tête, en juge d'instruction intègre, patient, et agissant dans un but unique : la recherche de la vérité, loin du culte des apparences.</p>
<p>Dans un premier temps, on peut être un peu gêné par le caractère très ostentatoire de <strong>Marina Vlady </strong>qui surjoue quelque peu la femme ayant tendu un piège en remplaçant un médicament par un produit toxique, et faisant semblant de découvrir l'accident au moment exact où il vient de survenir. Mais finalement ce malaise disparaît assez vite dès lors que l'enquête déroule son cours et que les interactions entre les différentes parties s'affirment et s'affinent. Il y a un peu de <ins>Witness for the Prosecution</ins> dans <ins>Les Bonnes Causes</ins>, dans les rapports conflictuels et intéressés qui lient les personnages, à la différence près que <strong>Billy Wilder </strong>conserve la plus grosse part de mystère pour la fin là où <strong>Christian-Jaque </strong>termine son film sur une pirouette sarcastique. Ici, en ce qui concerne le meurtre, on est tout de suite placé dans la confidence et on n'a aucun doute sur la culpabilité ou l'innocence des deux femmes : c'est davantage sur le terrain des intentions et des manipulations que les surprises vont germer. Et puis c'est probablement l'un des plus beaux rôles de <strong>Bourvil </strong>dans un registre inhabituel, touchant et crédible, consciencieux et réservé, soumis à des pressions des coups bas de la part de la partie adverse et qui finira dans l'anonymat le plus total. Il y a beaucoup d'incohérences et d'invraisemblances dans le déroulement de l'enquête, dans le comportement des professionnels, mais ça n'enlève rien à l'originalité du scénario et de sa dynamique.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img5.png" title="img5.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img5_m.png" alt="img5.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img6.png" title="img6.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img6_m.png" alt="img6.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Bonnes-Causes-de-Christian-Jaque-1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1255