Je m'attarde - Mot-clé - Bernadette Lafont le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearUn idiot à Paris, de Serge Korber (1967)urn:md5:a4d324f90a6794491c62a7cf164f9e4e2024-01-10T09:59:00+01:002024-01-10T09:59:00+01:00RenaudCinémaAgricultureAnarchismeBernadette LafontBernard BlierComédieDany CarrelFranceJean CarmetJean LefebvreMichel AudiardOrphelinParisPaul PréboistPierre RichardProstitutionRobert DalbanRuralitéVilleYves Robert <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/idiot_a_paris.jpg" title="idiot_a_paris.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.idiot_a_paris_m.jpg" alt="idiot_a_paris.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les pérégrination d'un bredin</strong></ins></span>
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<p>Dans la catégorie des films de l'ancienne France, avec virée rurale et excursion citadine, naviguant au sein d'un casting extrêmement touffu, avec d'énormes morceaux de truculence et de belles grandes gueules, et permettant de redécouvrir des tableaux quotidiens du siècle passé, <ins>Un idiot à Paris</ins> est un très bon élément. Je ne connaissais <strong>Serge Korber </strong>que de nom, associé à des productions qui me donnaient envie de fuir au plus vite (<ins>L'Homme orchestre</ins>, <ins>Sur un arbre perché</ins>, et plus récemment <ins>Les Bidochon</ins>), et voilà que me tombe sur le coin du museau cette comédie intelligente, bien plus fine qu'il n'y paraît, drôle et très agréable à suivre.</p>
<p>Le premier constat arrive rapidement : comment se fait-il que <strong>Jean Lefebvre </strong>n'ait pas eu davantage d'opportunités dans des rôles de premier plan ? Je l'ai toujours connu cantonné à des personnages de seconde zone, alors qu'ici il explose littéralement tout sur son chemin, interprétation parfaite d'un ouvrier agricole considéré comme l'idiot de la région qui se retrouve seul et paumé dans les rues de Paris suite à une mauvaise boutade de gens de son village. Un périple qui commencera dans les anciennes Halles de Paris, peu avant le transfert du marché vers Rungis : une vertu documentaire, donc, cette déambulation en ces lieux et premier contact avec la capitale pour le personnage.</p>
<p>Il y a aussi l'articulation vraiment bien foutue, un peu approximative mais toujours fluide, entre les différents personnages alors qu'il y en a une sacrée tripotée. Dans le village, le décor est planté avec <strong>Robert Dalban </strong>le maire et <strong>Bernadette Lafont </strong>sa fille, ainsi que quelques locaux ayant peu de considération pour celui que tous appellent le bredin, comme <strong>Jean Carmet</strong>. Côté ville, c'est là que l'activité s'accélère : le premier vrai contact se fait avec <strong>Bernard Blier</strong>, propriétaire d'un commerce de viande en gros issu de l'Assistance publique qui prendra le héros sous son aile par solidarité entre orphelins — et accessoirement premier réceptacle des grandes tirades de <strong>Michel Audiard</strong>, plutôt en forme dans ce film, évitant les excès désagréables. Puis une série de seconds rôles délicieux emplissent l'espace, <strong>Dany Carrel </strong>dans le rôle de la prostituée qui rêve de campagne et qui donnera confiance à <strong>Lefebvre</strong>, et plein de rôles mineurs mais tout aussi réjouissants comme <strong>Paul Préboist </strong>en gardien de parc, <strong>Yves Robert </strong>en habitant lunaire, ou encore le tout jeune <strong>Pierre Richard </strong>en gendarme. Une comédie étonnamment plurielle, familiale et anar, tendre et acide, récit initiatique et ode à la verdure.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-idiot-%C3%A0-Paris-de-Serge-Korber-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1322Le Voleur, de Louis Malle (1967)urn:md5:4c47c90de7214a8e5b5bb9d18d69ce752019-01-28T17:34:00+01:002019-01-28T17:35:06+01:00RenaudCinémaBernadette LafontCambriolageCharles DennerClasses socialesJean-Paul BelmondoJulien GuiomarLouis MalleNihilismeSolitude <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/voleur/.voleur_m.jpg" alt="voleur.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="voleur.jpeg, janv. 2019" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Parfois j’ai envie de tout faire sauter. Tout... Au lieu de donner des coups d’épingles."<br /></strong></ins></span>
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<p>Encore une belle surprise du côté de chez <strong>Belmondo</strong>, encore une fois là où je ne m'y attendais pas, après <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-homme-qui-me-plait-de-Claude-Lelouch-1969">Un homme qui me plaît</a></ins>. Bien au-delà du simple portrait d'un gentleman-cambrioleur, en l'occurrence particulièrement friand des intérieurs bien garnis de la haute société bourgeoise française à la fin du 19ème siècle (avec des coffres-forts, des armoires, des vitrines, des bureaux, formant un décorum très bien reconstitué : on pourrait presque y humer l'odeur du vieux bois), <ins>Le Voleur</ins> est aussi le portrait d'une solitude. Le personnage de <strong>Jean-Paul Belmondo </strong>évolue à travers une société en plein tumulte, gangrenée par un ordre bourgeois réactionnaire, corrompue par les rapports d'argent plus ou moins visibles. Sur ce terreau politique de choix, fatalement, la révolte fourmille dans les bas-fonds et l'anarchisme trace sa route. Le ton légèrement amer pour rendre compte de tout cela a quelque chose de très séduisant.</p>
<p>Autour du protagoniste, une flopée de seconds rôles impressionnante : chez les hommes, avec notamment <strong>Julien Guiomar </strong>dans le rôle délicieux de l'abbé Félix La Margelle et le voleur qui se cache sous la soutane, ainsi que <strong>Charles Denner </strong>dans celui de l'anarchiste Cannonier pour les plus marquants. Mais ce sont surtout des femmes, aux interprétations soignées, qui fourmillent : <strong>Geneviève Bujold</strong>, <strong>Marie Dubois</strong>, <strong>Françoise Fabian</strong>, la fugace <strong>Bernadette Lafont</strong> (vue dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fiancee-du-pirate-de-Nelly-Kaplan-1969"><ins>La Fiancée du pirate</ins></a>), ainsi que <strong>Marlène Jobert</strong>. Toutes sont exquises et participent à la création d'une toile de fond politico-sentimentale de qualité.</p>
<p>On aurait pu imaginer un <strong>Robert Bresson </strong>sur le même thème, mais <strong>Louis Malle </strong>opte pour une démarche opposée à tout ce qui pourrait avoir trait à la Nouvelle Vague. C'est discret, économe, sans emphase, sans longs monologues, assez littéraire, parfois un peu trop pesant dans ses archétypes, mais sans que ce ne soit vraiment gênant. En filigrane, les conflits de classe de cette époque ressortent doucement, sur lesquels <strong>Belmondo </strong>surfe délicatement, sans se mouiller, en bon solitaire, presque nihiliste. Comme il le dira en expliquant sa méthode, "<em>Il y a des voleurs qui prennent mille précautions pour ne pas abîmer les meubles, moi pas. Il y en a d’autres qui remettent tout en place après leur visite, moi jamais. Je fais un sale métier, mais j’ai une excuse. Je le fais salement.</em>" Dans ce monde-là, les voleurs sont partout, plus ou moins avoués, plus ou moins dissimulés. Les séquences de cambriolage, mi-fétichistes mi-érotiques, exaltant tout le mépris du personnage pour la bourgeoisie, constituent une délicieuse cerise sur le gâteau d'une France capturée dans un magnifique élan mélancolique.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/voleur/.guiomar_m.jpg" alt="guiomar.jpg" title="guiomar.jpg, janv. 2019" /> <br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/voleur/.lafont_m.jpg" alt="lafont.jpg" title="lafont.jpg, janv. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Voleur-de-Louis-Malle-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/609La Fiancée du pirate, de Nelly Kaplan (1969)urn:md5:9e61c6ee47e90e31f36f1ab520586ae82019-01-15T16:51:00+01:002023-12-13T12:50:29+01:00RenaudCinémaAliénationAnarchismeBernadette LafontDominationEmancipationFemmePerversitéRevisionnageSexe <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fiancee_du_pirate/.fiancee_du_pirate_m.jpg" alt="fiancee_du_pirate.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="fiancee_du_pirate.jpg, janv. 2019" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Déflagration anarchiste et libération sexuelle de la femme dans la France pompidolienne<br /></strong></ins></span>
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<p><em><ins>Première publication : 15/01/2019</ins></em></p>
<p>Une bien curieuse décharge électrique et anarchiste dans la grisaille de la France pompidolienne : <ins>La Fiancée du pirate</ins> est une expérience très particulière, principalement parce que <strong>Nelly Kaplan</strong> entretient un malaise permanent au sujet de la condition de Marie, le personnage interprété par <strong>Bernadette Lafont</strong>, la fille d'une sorcière ou d'une bohémienne, on ne saura jamais vraiment. Archétype de la femme-objet dans la première partie, décrite dans toute sa misère et sa soumission, elle passera du statut d'esclave à celui de dominatrice à la faveur d'une prise de conscience salutaire, à travers l'appropriation de son propre corps.</p>
<p>Mais avant d'en arriver là, avant d'épouser le vent libertaire qui souffle sur la destinée de Marie, il faudra en passer par la crasse des hommes fourbes, le venin des femmes jalouses, la boue des taudis miteux, et l'acrimonie omniprésente qui corrompt tous les habitants du coin. Il faut passer au-delà du côté un peu théâtral du jeu d'acteur, notamment dans la première partie où chacun joue son rôle de manière un peu trop emphatique, mais la récompense reçue par la suite est de taille.</p>
<p>Une fois acté le déclic de la protagoniste qui prend pleine connaissance de la puissance de son corps et de son potentiel d'émancipation, sa vengeance contre tous les notables du coin sera sans pitié. L'épicier, le garde-champêtre, le pharmacien, le maire et même l'abbé seront tous également condamnés pour leur veulerie, leur concupiscence, leur méchanceté, et surtout leur lubricité perverse démentielle. Marie devient peu à peu un personnage féministe particulièrement avant-gardiste, et parvient à sa dégager de l'état de soumission dans lequel elle avait été éduquée. Comme un gros bras d'honneur tendu en direction de toutes les formes d'aliénation, non sans humour.</p>
<p><ins>La Fiancée du pirate</ins> se paie même le luxe, au-delà du pamphlet de mœurs, de critiquer la vision très consumériste de l'aisance matérielle. Si Marie redécorera son taudis au fur et à mesure de la richesse accumulée, en garnissant les étagères avec les derniers objets à la mode achetés de manière impulsive, ce ne sera que pour mieux brûler le tout avant un nouveau départ. Elle ira d'ailleurs retrouver <strong>Michel Constantin</strong>, d'une étonnante douceur dans le rôle d'un projectionniste bienveillant, lui qui était un habitué des seconds rôles de méchant maffieux.</p>
<p>Une telle revendication de son corps, une telle affirmation de son indépendance, illustrée par une vengeance lente et savamment calculée (séquence assez drôle à l'église où un magnétophone divulgue les confidences assez peu avouables des hommes sur fond de Barbara, "Moi je me balance" : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Bi5_Lb65ZjY" title="https://www.youtube.com/watch?v=Bi5_Lb65ZjY">https://www.youtube.com/watch?v=Bi5_Lb65ZjY</a>) : l'acidité du portrait, avec une France bigote et rance, où les vices s'équilibrent avec les mensonges, s'accompagne d'une rare violence. Aucune lourdeur dans le message, simplement un regard libertaire sur une société dominée par l'homme et par l'argent, et une bêtise faite de racisme, de misogynie et d'hypocrisie d'où Marie parviendra à s'abstraire, au cœur d'une magnifique déflagration.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fiancee_du_pirate/.lafont_m.jpg" alt="lafont.jpg" title="lafont.jpg, janv. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fiancee_du_pirate/.projecteur_m.jpg" alt="projecteur.jpg" title="projecteur.jpg, janv. 2019" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fiancee_du_pirate/.bouc_m.jpg" alt="bouc.jpg" title="bouc.jpg, janv. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fiancee_du_pirate/.scout_m.jpg" alt="scout.jpeg" title="scout.jpeg, janv. 2019" />
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<p><em><ins>Deuxième publication : 18/08/2023</ins></em></p>
<p>Avec le temps les défauts s’étaient gommés, ne laissant apparaître comme saillant dans ma mémoire uniquement la charge féministe jubilatoire qui jaillissait dans un décor de vieille France, pas encore trop transformée par mai 68. Mais en réalité, la dimension très théâtrale du film peut s'avérer extrêmement rebutante surtout dans les premiers moments, et il faut être capable d'encaisser cela afin de le dépasser et plus tard apprécier ce qui sera développé. On voit ici l'expression d'un premier film fauché, double combo un peu délicat avec d'un côté les approximations des débuts à la réalisation pour Nelly Kaplan et de l'autre un budget somme toute assez maigre qui confère au film un côté un peu tristounet. L'interprétation de certains acteurs, les champs simples sur des décors de studio, et la photographie très terne peuvent former de sérieux obstacles à l'appréciation. Le résultat tend vers la nausée.</p>
<p>Malgré ses maladresses, je conserve malgré tout beaucoup de sympathie pour le résultat d'ensemble. J'adore le style de <strong>Bernadette Lafont </strong>dans ce film, sa façon de jouer, de renverser l'ordre établi par ses propres moyens (les seuls à sa disposition à vrai dire). L'ambiance générale, la pauvreté, la boue, les taudis, les bouseux, la mort violente aussi, tout cela forme un arrière-plan presque suffocant de misère.</p>
<p>Des choses que je n'avais pas remarquées : l'imagerie de la sorcière qui traîne tout au long de l'histoire et qui se concrétise très clairement sur la fin avec le bûcher, ou encore la petite touche art brut qui se matérialise dans la cabane de Marie avec tous les objets (inutiles) achetés petit à petit au fur et à mesure de son ascension sociale et sexuelle. Des choses maladroites, comme la tentative des notables d'imposer à Marie un tarif unique et bas, sans succès, ou encore la figure extrêmement tendre du personnage de <strong>Michel Constantin </strong>(la seule sensibilité artistique). Et la participation de <strong>Louis Malle </strong>en travailleur immigré espagnol. Le grotesque, volontaire et involontaire, rend le visionnage quand même assez difficile.</p>
<p>Le tableau est un peu bourrin, l'hédoniste révoltée contre l'hypocrisie et la médiocrité locale, la libertine libertaire qui propage un vent anarchiste dans le village brumeux et boueux, mais malgré toutes ses outrances pas toujours très bien exploitées, pas toujours très bien dosées, il conserve beaucoup de charme.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fiancee-du-pirate-de-Nelly-Kaplan-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/599