Je m'attarde - Mot-clé - Casse le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:13:33+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLa Ruée, de Frank Capra (1932)urn:md5:5f54eee0b979c8e0f74d38a648e3d2592021-03-22T15:42:00+01:002021-03-22T15:42:00+01:00RenaudCinémaBanqueCasseFailliteFrank CapraGrande DépressionRumeurWalter Huston <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ruee/.ruee_m.jpg" alt="ruee.jpg, fév. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Ayez foi en votre banquier<br /></strong></ins></span></div>
<p>Une bonne partie du <strong>Frank Capra </strong>humaniste jusqu'à la moelle qu'on connaît bien, adepte d'un certain manichéisme et du happy end de rigueur, est entièrement contenue dans <ins>La Ruée</ins> (American Madness), un film assez peu connu et qui pourtant figure parmi ceux qui trouvent malgré tout un équilibre dans toutes les limitations citées précédemment. Petite particularité qui rend le visionnage encore plus intéressant : le film fut tourné pendant la Grande Dépression et traite justement de la panique banquière de l'époque et des difficultés financières de son temps — un des premiers films hollywoodiens à aborder la question de la sorte.</p>
<p>On reconnaît vite le terrain de <strong>Capra </strong>: <strong>Walter Huston </strong>est un patron de banque à la fibre sociale particulièrement développée, un être sincère et généreux qui veut aider les gens et faire circuler de l'argent contre l'avis de son conseil d'administration, peuplé d'actionnaires frileux et cupides. Mais sur cette toile de fond un peu convenue se greffe deux membres apportant chacun son hétérogénéité : une relation qui pourrait s'apparenter à une liaison extra-conjugale, et une séquence de casse qui conduira à une marée humaine personnifiant la folie de la foule. Dans les parages traîne un caissier et surtout ancien prisonnier à qui on a donné une seconde chance, qui bien sûr fera l'objet des premières suspicions au lendemain du cambriolage et qui bien sûr (dans le référentiel du cinéma de <strong>Capra</strong>) se révèlera innocent. Le motif de la non-révélation de son alibi pourtant parfait est lui aussi un peu artificiellement inséré dans l'engrenage du scénario.</p>
<p>Ceci étant dit, <strong>Capra </strong>déploie son talent de formaliste à de très nombreuses reprises, que ce soit pour décrire la vie de la banque — avec les standardistes, balayeurs, gardiens — ou pour mettre en scène la propagation de la rumeur, qui transformera le vol de quelques dizaines de milliers de dollars en une ruine par millions. Les clients qui arrivent comme la marée haute en emplissant les locaux de la banque, avec un flot de centaines voire de milliers de figurants, fait partie des séquences les plus impressionnantes du film. Le renversement de situation presque final, très schématique, avec le regain de confiance insufflé par ceux à qui la banque avait fait confiance, est un incontournable du cinéma de <strong>Capra </strong>: on passe d'une situation catastrophique à une résolution d'absolument tous les conflits en un coup de baguette magique. À la cupidité et l'arrivisme de quelques-uns, on oppose la générosité et le dévouement des autres. La foi (en l'être humain, mais aussi en son banquier, en un sens) qui soulève des montagnes, c'est très naïf mais on peut l'accepter sans trop de grimaces ici.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ruee/.coffre_m.jpg" alt="coffre.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ruee/.admin_m.jpg" alt="admin.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ruee/.foule_m.jpg" alt="foule.jpg, fév. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Ruee-de-Frank-Capra-1932#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/920Les Quatre Malfrats, de Peter Yates (1972)urn:md5:85f6fa631e5ad7f6f680becb642806f62020-12-07T00:30:00+01:002020-12-07T00:32:12+01:00RenaudCinémaCasseDiamantNew YorkPeter YatesQuincy JonesRobert Redford <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quatre_malfrats/.quatre_malfrats_m.jpg" alt="quatre_malfrats.jpg, déc. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quatre_malfrats/.quatre_malfrats_B_m.jpg" alt="quatre_malfrats_B.jpg, déc. 2020" />
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Nom de code : Afghanistan Banana Stand<br /></strong></ins></span></div>
<p>Un film de casse avec <strong>Bob Redford </strong>le beau gosse au casque d'or en figure de proue, fort de cette désinvolture si délicieuse et de ce sourire ravageur, maniant humour et action dans la plus pure ambiance 70s, agrémenté d'une musique composé par <strong>Quincy Jones </strong>pour l'occasion : <ins>The Hot Rock</ins> a beau être dénué de fond, surfer sur un scénario superficiel et opportuniste, il aligne à titre personnel tellement de bons points qu'il est bien difficile de ne pas en sortir avec la banane lorsque la bande de bras cassés réussit in extremis son coup.</p>
<p>C'est pourtant du grand n'importe quoi, et ce dès l'exposition du casse en question auprès d'un ambassadeur africain qui souhaite récupérer un diamant d'une très grande valeur (dérobé à son peuple pendant une période coloniale) exposé dans un musée bien entendu ultra sécurisé. Une fine équipe ingénieusement composée apparaît vite : le spécialiste en explosif (qui s'est fait la main à la Sorbonne en 68 puis à Berkeley), le spécialiste des serrures aux doigts de fée (et accessoirement le beauf de Bob), l'as du volant et le cerveau de l'équipe — <strong>Redford</strong>, bien sûr, fraîchement sorti de prison. Ils échafaudent rapidement un plan millimétré, avec accident de voiture, explosion devant le musée pour détourner l'attention et déguisement en policiers, mais bien sûr rien ne se déroulera comme prévu. Petit fou rire quand on voit <strong>George Segal </strong>se retrouver enfermé dans la vitrine qui contenait le diamant car cette dernière se révèlera beaucoup plus lourde que prévue...</p>
<p>Le premier échec, qui se soldera par la capture de l'un d'entre eux, sera le point de départ d'une série ininterrompue de plans B tous plus loufoques et improbables les uns que les autres, et on peut reconnaître à <strong>Peter Yates</strong>, pour peu qu'on se prête au jeu, un certain tact dans la façon très décontractée de suivre les bouffonneries (très sérieuses au demeurant) des quatre larrons, armé d'un sens du rythme très bien ficelé. Mais bon, entre <strong>Redford </strong>en gentleman cambrioleur et toute sa bande de seconds rôles qui font les pitres, tous les éléments sont là pour m'amadouer. Sans doute que le registre instable, oscillant entre polar comique et comédie de gangsters, en incommodera plus d'un. Reste que cette dimension de farce se maintient à flot avec un sens du n'importe quoi très agréable et une légèreté confondante.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quatre_malfrats/.redford_m.jpg" alt="redford.jpg, déc. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Quatre-Malfrats-de-Peter-Yates-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/875Le Coup de l'escalier, de Robert Wise (1959)urn:md5:83605c554f311e2cba10a22c2cbe85552020-08-13T10:50:00+02:002020-08-13T10:50:00+02:00RenaudCinémaBanqueCasseFilm noirHarry BelafonteNew YorkRacismeRobert RyanRobert WiseSégrégation <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/coup_de_l-escalier/.coup_de_l-escalier_m.jpg" alt="coup_de_l-escalier.jpg, août 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Yeah, yeah, I know I got rid of the headache. Now I got cancer."<br /></strong></ins></span></div>
<p>La guilde des traducteurs de titres sous LSD a encore frappé. C'est terrible. Je cherche encore un escalier significatif dans le film, voire même la signification littérale d'un "coup de l'escalier".</p>
<p><ins>Odds Against Tomorrow</ins> est un film noir ainsi qu'un caper movie (film de casse grosso modo) à la croisée d'une multitude de films traitant de thématiques similaires dans cette décade. Impossible de ne pas aborder ce film de <strong>Robert Wise </strong>dans la continuité d'un autre de ses films noirs avec Robert Ryan (Nous avons gagné ce soir, aka The Set-Up, 1949), et difficile de ne pas voir une parenté avec, par exemple, <ins>L'Ultime Razzia</ins> (The Killing) de <strong>Kubrick </strong>sorti en 1956. On pense très fortement à un autre film abordant le thème de la coopération forcée entre un Noir et un Blanc pas très progressiste, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Chaine-de-Stanley-Kramer-1958"><ins>La Chaîne</ins></a> (The Defiant Ones) réalisé par <strong>Stanley Kramer </strong>en 1958. Une chose est sûre : c'est un festival de traductions hasardeuses. En tout état de cause, le présent film arrive après la bataille et c'est essentiellement sur <strong>Harry Belafonte</strong>, <strong>Robert Ryan </strong>et la trombine inimitable d'<strong>Ed Begley </strong>(pourtant dans un rôle de relatif gentil) qu'il faudra compter pour y trouver un sursaut d'intérêt au-delà du classicisme noir.</p>
<p>Les antagonismes initiaux paraissent un peu forcés de prime abord : Slater est un vétéran raciste qui ne parvient pas à se réinsérer en société (autre grande thématique de la période qui durera quelques décades) et qui se voit contraint de collaborer pour un braquage de banque avec Ingram, un crooner divorcé et endetté (qui n'est pas non plus blanc comme neige) qui se trouve être noir de peau. On peut savoir gré à <strong>Wise </strong>de s'adonner à une caractérisation conséquente de ses personnages, en décrivant pendant l'essentiel du film les raisons (des impasses financières) qui poussent chacun à participer au casse dans l'espoir de se renflouer. On peut noter un premier dénominateur commun : la relation avec leurs femmes respectives ne brille pas par leur harmonie. Deux ans avant le déluge chromatique de <ins>West Side Story</ins>, <strong>Wise</strong> s'enfonçait dans l'atmosphère très noire de New York, dans une ambiance presque toujours Jazzy, entre les parcs, les bars et les rues.</p>
<p><strong>Wise </strong>avoua qu'à la fin du script original et du roman, les deux antagonistes devenaient amis et que c'est à cause de la trop grande ressemblance avec <ins>The Defiant Ones</ins> (avec <strong>Tony Curtis </strong>et <strong>Sidney Poitier</strong>) qu'il adopta une conclusion dans la direction de la haine destructrice plutôt que de la rédemption. Ce parti pris assumé sous la contrainte confère au film une sécheresse de ton plutôt appréciable, avec un sens de la fatalité presque omniprésent. C'est à l'image de la séquence finale ("Which is Which?" — "Take your pick.") dans laquelle personne ne parviendra à discerner les corps carbonisés du Blanc et du Noir. La tendance du film à thèse n'est jamais très loin, mais le plaidoyer conserve une belle part d'efficacité.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/coup_de_l-escalier/.trio_m.jpg" alt="trio.jpg, août 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" title="trio" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Coup-de-l-escalier-de-Robert-Wise-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/816