Je m'attarde - Mot-clé - Cinéma Pré-Code le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearL'Ange blanc, de William A. Wellman (1931)urn:md5:c395aa331cc7a69d7a7c536b91e1b8642021-04-25T14:59:00+02:002021-04-25T14:59:00+02:00RenaudCinémaAlcoolCinéma Pré-CodeClark GableComédieFilm noirHôpitalInfirmièreViolenceWilliam A. Wellman <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ange_blanc/.ange_blanc_m.jpg" alt="ange_blanc.jpg, avr. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Aren't there any ethics about letting poor little babies be murdered?"<br /></strong></ins></span></div>
<p>Délicieuse époque que celle du Pré-Code, avec des films comme L<ins>'Ange blanc</ins> (Night Nurse) qui sans être sensationnels et parfaitement intègres 90 ans plus tard, délivrent néanmoins le parfum très singulier de cette licence, quelques années avant que tout comportement jugé amoral ne devienne interdit. Et ici, on peut dire que <strong>William A. Wellman </strong>ne tarde pas à montrer les infirmières en petites tenues, certes toujours de manière un minimum justifiée, mais on y va gaiment : on s'habille, on se déshabille, on rentre tard de soirée, on picole, on bastonne hommes et femmes indifféremment, etc. Symbole parfait d'une époque avec ses codes bien particuliers, l'espace de quelques années au début des 40s américaines.</p>
<p><ins>Night Nurse</ins> recèle toutefois d'autres points de singularité, notamment dans les ruptures de ton qu'il entretient constamment en naviguant entre mélodrame, film noir et comédie, avec une certaine cohérence. La première partie est la plus légère, elle épouse une tonalité résolument humoristique pour décrire l'hôpital américain avec tous ses soucis d'organisation et ses rapports hiérarchiques. L'occasion de présenter le point de repère du film, <strong>Barbara Stanwyck </strong>et son personnage fondamentalement bon, bienveillant et intègre qui révèlera une affaire sordide. Dans sa seconde partie, le film change radicalement de ton pour suivre le microcosme bourgeois de quelques dépravés, alcoolisme par-ci et machisme violent par-là. On voit débarquer <strong>Clark Gable </strong>(à l'époque où il n'arborait pas encore sa célèbre moustache !) d'abord par ses pieds, avec un cadre volontairement tronqué qui fait comprendre la distribution de mandales en cours. Dans le temps suivant, il n'hésitera pas à cogner l'héroïne sous prétexte de non-coopération, séquence assez étonnante et choquante dans sa violence (qu'on ne voit plus trop au cinéma aujourd'hui non plus, d'un point de vue purement factuel). Un groupe sous l'emprise d'un manipulateur macho et violent, qui laissera progressivement apercevoir ses plans machiavéliques pour mettre la main sur un gros magot.</p>
<p> Sorti la même année que <ins>L'Ennemi public</ins>, le film est intéressant pour la place de la femme qu'il renvoie de la société de l'époque, perdue entre condescendance et brutalité, ainsi que quelques dispositions qui paraissent vraiment bizarres même avec un œil contemporain — en témoigne notamment le traitement réservé à <strong>Gable </strong>en toute fin, un happy end macabre qui se réjouit de la mise à mort d'un méchant. Le cas sordide de la malnutrition des enfants, entre une mère alcoolique, un chauffeur manipulateur et un médecin charlatan, ajoute encore une touche originale au tableau contrasté, fait de drames hospitaliers, de complots, d'escroqueries, et de moments comiques.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ange_blanc/.papier_m.png" alt="papier.png, avr. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ange_blanc/.lit_m.png" alt="lit.png, avr. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ange_blanc/.gable_m.png" alt="gable.png, avr. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Ange-blanc-de-William-A-Wellman-1931#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/945Âmes libres, de Clarence Brown (1931)urn:md5:b6c41fe0238c008c57fa94ec5fc01b072019-01-30T10:51:00+01:002019-01-30T10:57:57+01:00RenaudCinémaCinéma Pré-CodeClark GableFemmeFéminismeSexeTriangle amoureux <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ames_libres/.ames_libres_A_m.jpg" alt="ames_libres_A.jpg" title="ames_libres_A.jpg, janv. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ames_libres/ames_libres_B.jpg" alt="ames_libres_B.jpg" title="ames_libres_B.jpg, janv. 2019" /><br />
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I don't want life to settle down around me like a pan of sour dough."<br /></strong></ins></span>
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<p>Les films de l'ère Pré-Code (voir <a href="https://www.senscritique.com/liste/Forbidden_Hollywood_les_films_de_l_ere_Pre_Code/364728" title="https://www.senscritique.com/liste/Forbidden_Hollywood_les_films_de_l_ere_Pre_Code/364728">cette liste</a>, inspirée de l'émission <em>Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert </em>présentée par <strong>Jean-Baptiste Thoret</strong>) ont toujours ces petits moments surprenants, ces scènes qui rappellent qu'il s'agit d'une époque très particulière du cinéma américain, située entre 1930 et 1934, avant que la censure du code Hays ne dicte sa loi en termes de criminalité, de sexualité, de décence, de patrie et de religion. On peut totalement ignorer cette caractéristique-là en se lançant dans <ins>Âmes libres</ins>, mais lorsque surgit à l'écran la nuisette satinée de <strong>Norma Shearer</strong>, censée en théorie cacher sa nudité alors qu'elle en révèle au contraire les formes sensuelles, l'électrochoc ainsi produit rappelle vivement le contexte de production si particulier. Beaucoup d'autres passages, de par les sous-entendus très prononcés qu'ils affichent ou le flottement qu'ils entretiennent volontairement (Est-elle nue derrière la porte ? Est-ce son père ou son amant ?), renforcent cette sensation. Et au-delà de ces aspects purement formels, toute la thématique ayant trait à la libération de la femme, avant que le féminisme contemporain n'existe, vaut le détour.</p>
<p>Les relations à l'homme que la protagoniste entretient sont relativement équivoques : il y a tout d'abord celle avec son père (<strong>Lionel Barrymore</strong>, souvent convaincant), présenté de manière très ambiguë (voire incestueuse) au tout début, un avocat alcoolique pour qui elle éprouve un amour clair. Il y a également celle avec <strong>Leslie Howard</strong>, l'homme avec qui elle aurait dû se marier, mais qui se voit éclipsé (à tous les niveaux) par le jeune <strong>Clark Gable</strong>, dans la peau d'un gangster fort séduisant. Forte d'une éducation très progressiste pour l'époque, au centre de trois figures masculines très différentes, <strong>Norma Shearer </strong>se retrouvera au cœur d'une situation quelque peu délicate.</p>
<p><ins>A Free Soul</ins> introduit ainsi une personnalité de femme forte, profondément libre, dont la conception de la féminité et de la liberté, apparemment indomptables, perturbera le personnage macho de <strong>Clark Gable</strong>. Le style global, un peu ampoulé, ne permet pas d'adhérer entièrement au crescendo émotionnel, et le monologue final du père au seuil de la mort paraît très forcé vu d'aujourd'hui. Mais sur cet arrière-plan très théâtral flottent quelques passages prenants, quelques répliques saillantes ("<em>Has he been drinking? — Well, it wouldn't be a lot for a camel or one of them things</em>" ou encore "<em>I just don't want to get married, Dwight. I don't want life to settle down around me like a pan of sour dough. I don't want it one little bit.</em>"), qui rendent le message tout à fait intelligible et plaisant.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ames_libres/.pere_m.jpg" alt="pere.jpg" title="pere.jpg, janv. 2019" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ames_libres/.diner_m.jpg" alt="diner.jpg" title="diner.jpg, janv. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ames-libres-de-Clarence-Brown-1931#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/610Black Moon, de Roy William Neill (1934)urn:md5:9ae4f39b7502036cf07d4560ef3e15d92018-03-20T09:43:00+01:002018-03-20T09:49:20+01:00RenaudCinémaCinéma Pré-CodeHorreurRacismeVaudou <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_moon/.black_moon_m.jpg" alt="black_moon.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="black_moon.jpg, mar. 2018" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une autre licence du Pré-Code</strong></ins></span>
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<p>Un intéressant fragment du cinéma hollywoodien du Pré-Code (la période de 1930 à 1934 avant la création du Code Hays, un code de censure américain), dans lequel la licence ne porte pas sur les mœurs ou sur une certaine liberté de discours autour de la chose sexuelle : <ins>Black Moon</ins> investit le terrain du film d'horreur dans un registre étrange, original et étonnant.</p>
<p>Le centre de l'histoire se trouve sur l'île de Saint-Christophe, à mi-chemin entre la Guadeloupe et Porto Rico. Il pourrait s'agir d'une série B horrifique tant le scénario ne semble pas préoccupé par la fluidité de l'intrigue et autres détails importants : la toile de fond est posée très vite, le voyage de la famille américaine vers l'île s'organise prestement, et les personnages secondaires gravitent autour des deux ou trois protagonistes dans leurs fonctions programmatiques un peu gênantes. Mais il y a un élément qui rehausse l'ensemble : la transcription d'un culte vaudou.</p>
<p>Autant le dire tout de suite : on est dans les années 30 et la question du racisme ne se pose pas dans les mêmes termes qu'aujourd'hui. Il existe dans <ins>Black Moon</ins> une certaine décontraction dans la description du peuple haïtien, pétrie de suffisance colonialiste. Mis à part un personnage secondaire noir présenté (de manière caricaturale) comme plus noble que ses semblables, le film développe une imagerie raciste assez classique (clair, latent mais jamais virulent) et, ironie de la chose, elle se trouve sans doute renforcée par cette tentative d'édulcoration vaine et ratée.</p>
<p>Mais paradoxalement, cette considération assez peu progressiste confère au film une aura très particulière, car il considère le sujet du vaudou avec un sérieux évident et s'efforce de retranscrire une ambiance extrêmement sombre, effrayante, oppressante. Ce climat anxiogène inonde toute la seconde moitié du film, à l'instar de la musique issue des tambours qui irradie l'espace de manière presque exhaustive à travers le film. Il y a une réelle fascination pour ce qui ressemble de plus en plus à un mythe noir, et les plans serrés autour des tambours et des visages menaçants sont capturés de manière efficace, techniquement irréprochables. L’expressionnisme n'est pas bien loin par moments, avec ces contre-plongées, ces gros plans, ces cadres insolites. Il se dégage de ce rituel une authenticité angoissante, amplifiant l'effet de la séquence finale de sacrifice qui rappellerait presque l'effet de celle de <ins>The Wicker Man</ins>.</p>
<p>Les tambourinements résonnent encore longtemps après la fin du film.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/black_moon/.wray_m.jpg" alt="wray.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="wray.jpg, mar. 2018" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Black-Moon-de-Roy-William-Neill-1934#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/498