Je m'attarde - Mot-clé - Cochon le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearCochons et Cuirassés, de Shōhei Imamura (1961)urn:md5:2cfb08df4091824e704dc44b2311959f2021-06-07T16:09:00+02:002021-06-07T16:09:00+02:00RenaudCinémaCochonGangsterJaponMilitaireProstitutionSatireShōhei ImamuraYakuza <div id="centrage"> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cochons_et_cuirasses/.cochons_et_cuirasses_1_m.jpg" alt="cochons_et_cuirasses_1.jpg, mai 2021" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cochons_et_cuirasses/.cochons_et_cuirasses_2_m.jpg" alt="cochons_et_cuirasses_2.jpg, mai 2021" /></div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Des porcs et du chaos<br /></strong></ins></span></div>
<p><ins>Cochons et Cuirassés</ins> : rien que le titre, tout un programme... Fidèle au titre original qui plus est. Le décor est planté dès l'introduction, avec une caméra se faufilant le long d'une rue d'une ville proche de Tokyo dans laquelle l'armée américaine est installée. Dans l'après-guerre, on y croise autant de GIs provenant de la base navale que de prostituées et de gangsters. <strong>Imamura </strong>n'y va pas par quatre chemins pour montrer l'état de décadence qui y règne, avec toutes les parties essayant de profiter de la situation : les Américains distribuent les dollars pour s'octroyer les faveurs des femmes locales et les Japonais trouvent le moyen de faire fructifier cette corruption généralisée. À tel point que les yakuzas se reconvertissent du marché de la prostitution vers celui des cochons — nourris à l'aide des déchets des bases américaines locales : la métaphore enfle vite.</p>
<p>Au milieu de tout ça, <strong>Imamura </strong>cristallise son regard sur un couple de jeunes amoureux, Kinta et Haruko, qui tente de se débrouiller dans cet univers largement chaotique, au sein d'une dynamique constituée d'espoirs maintes fois déçus et renouvelés. Dans cette ville transformée en un bordel géant, la corruption des uns et la position d'occupant des autres forment un magma hétéroclite, un portrait extrêmement provocateur du Japon d'après-guerre prisonnier d'une absurdité galopante. L'avilissement des Japonais est partout, prêts à tout pour obtenir les faveurs de n'importe qui et n'importe quoi dans ce chaos insoutenable — l'apogée de ce chaos étant peut-être localisé dans la séquence où Haruko subit les violences sexuelles de plusieurs soldats américains, avec le mouvement tourbillonnant de la caméra en plongée depuis le plafond faisant office d'ellipse dans l'horreur.</p>
<p>Tout va (plus ou moins subtilement) crescendo, le chaos, l'absurdité, la folie, l'horreur. Parmi les derniers temps forts, la folie de Kinta s'engageant dans une folie meurtrière suite à une énième vexation, ultime tentative d'en faire un bouc-émissaire, le lâcher massif de cochons dans les ruelles de la ville se propageant comme une nuée maléfique, ou encore le caractère cyclique des péripéties déjà bien entamées avec l'arrivée de nouveaux GIs et de nouvelles prostituées. C'est cru, âpre, gouverné par un tissu dense de pulsions diverses, comme un gros pavé dans la marre de la société japonaise qu'<strong>Imamura</strong> aurait préparé depuis longtemps — lui qui avait détesté et pris comme un affront les félicitations du Ministère de l'Éducation pour son film précédent, <ins>Mon deuxième frère</ins>.</p>
<p>On n'a aucun mal à comprendre le sentiment qui a dû être le sien, suite à l'approbation de l'institution pour une œuvre de commande, lorsqu'on voit la vision qu'il produit avec toutes les libertés voulues. Une gigantesque (au sens également géographique du terme) métaphore calquée sur une chaîne d'alimentation pervertie de toutes parts. Du point de vue du couple protagoniste, avec d'un côté la prostitution organisée par la famille et de l'autre la mafia qui attire dans son sillon tous les pauvres marginaux attirés par les promesses de lendemains meilleurs, la satire laisse peu de place à l'espoir.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/cochons_et_cuirasses/.bordel_m.jpg" alt="bordel.jpg, mai 2021" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cochons-et-Cuirasses-de-Shohei-Imamura-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/966Gunda, de Viktor Kossakovsky (2020)urn:md5:1fbfbf73e6027ae6228b4fb69aeb235a2021-02-23T19:05:00+01:002021-02-23T19:05:00+01:00RenaudCinémaAngleterreAnimalCochonDocumentaireEspagneFermeJoaquin PhoenixNorvègePouleVache <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.gunda_m.jpg" alt="gunda.jpg, fév. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Grouinements, meuglements et gloussements (au sens propre)<br /></strong></ins></span></div>
<p>Une truie et ses porcelets. Des poules. Des vaches. C'est un résumé exhaustif des 90 minutes de <ins>Gunda</ins>, un documentaire norvégien tourné en noir et blanc exclusivement consacré à ces animaux, sans dialogue, sans musique, sans présence humaine (un tracteur à la fin vient terminer le mouvement en enlevant la portée d'une douzaine de porcelets qui ont grandi). Des plans fixes, des lents mouvements de caméra en pleine campagne norvégienne, espagnole ou britannique : on le comprend très vite, l'intérêt sera essentiellement esthétique ici. Il y a une poule à une patte. Il y a un porcelet fébrile, perdu dans la paille, trouvé puis écrasé sans explication par sa mère. Il y a des vaches qui se mettent en binôme, tête-bêche, pour profiter chacune de la queue de sa voisine comme un balai anti-mouche. Et il y a <strong>Joaquin Phoenix</strong> en producteur exécutif. C'est à peu près tout.</p>
<p><strong>Victor Kossakovsky </strong>vise clairement la fascination et la poésie autour de ces animaux qui évoluent (presque) librement dans de grands espaces. Les cochons sortent progressivement de leur abri, les poules sortent timidement de leur cage, et les vaches s'élancent vigoureusement hors de leur hangar — au ralenti. Il n'y a pas de voix off mais il y a une forme d'écriture, évidemment, dans beaucoup de séquences dont la toute dernière, en particulier, un plan-séquence sur la truie pendant qu'on lui retire ses porcelets et sur les moments d'errance qui suivent. Les porcelets à la naissance ressemblent à des petites machines aux mouvements saccadés et maladroits. Les pattes de poules en gros plans semblent sortir d'un film de science-fiction type <ins>Godzilla</ins>. L'environnement sonore est en outre particulièrement riche : ça grogne, ça grouine, ça couine, ça meugle, ça beugle, ça mugit, ça glousse, ça caquète. Quand la douzaine de porcelets se met à table, les mamelles de la truie se transforment en un banquet bruyant. Quand la poule unijambiste se trouve confrontée à un grillage, elle essaye de le traverser de nombreuses manières. Les vaches, elles, un peu comme dans <ins>Bovines</ins>, observent paisiblement l'œil qui les scrute.</p>
<p>De l'observation à haute valeur esthétique, rien de plus, rien de moins.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.truie1_m.jpg" alt="truie1.jpg, fév. 2021" />
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