Je m'attarde - Mot-clé - Corruption le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearReptile, de Grant Singer (2023)urn:md5:658eeeb717212b184f4e7a6e7502c61c2023-11-02T15:19:00+01:002023-11-02T15:20:44+01:00RenaudCinémaBenicio del ToroCorruptionEnquête policièreFilm noirIntégritéJustin TimberlakeMeurtreMichael PittThriller <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/reptile.jpg" title="reptile.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.reptile_m.jpg" alt="reptile.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Noir et glacé</strong></ins></span></div>
<p><ins>Reptile</ins> titille en moi la bonne combinaison de cordes en matière de thriller néo-noir contemporain, et ce qui m'est apparu comme prenant et intense pourra se révéler totalement anecdotique chez toute personne désintéressée dans ce genre typique des 90s. Pire, l'ensemble des défauts prendra probablement le dessus. Pour son premier film, <strong>Grant Singer </strong>fait preuve d'une maîtrise assez remarquable, avec néanmoins les traces caractéristiques de celui qui veut trop bien faire sur un coup d'essai, et les références me paraissent clairement identifiables (pour le meilleur, me concernant) : <ins>Prisoners</ins> de <strong>Villeneuve</strong>, les thrillers de <strong>Fincher </strong>au tournant des années 1990 / 2000, avec un soupçon de corruption dans les thématiques convoquant tous les films dans la lignée de <ins>Copland</ins>. Un meurtre, une enquête, et des révélations qui explosent à chaque strate de secret grattée.</p>
<p>Dans le fond il n'y a rien de fondamentalement neuf, mais en un sens le néo-noir a toujours été un registre très codifié il me semble, ne permettant pas de prise de liberté folle. Il arrive un moment dans le film où les différents rouages du récit, autonomes jusque-là, s'emboîtent et forment une certaine cohérence laissant s'échapper la suite des péripéties avec une certaine prévisibilité. Mais même à ce moment-là, le thriller a su tisser son atmosphère pesante et parvient à aligner quelques séquences convenues mais pas moins étouffantes — la convocation du lendemain matin, l'arrestation en pleine nuit par une patrouille sur la route, et quelques autres. <ins>Reptile</ins> se révèle très habile dans sa capacité à semer des indices et des fausses pistes, en jouant sur des motifs largement connus tout en développant des choses plus originales, sans que l'exercice ne devienne pénible. On choisit d'accorder de l'importance à ces détails, ou pas.</p>
<p>Et il faut avouer que dans mon visionnage, c'est <strong>Benicio del Toro </strong>le flic qui a bouffé toute l'attention, écrasant allègrement le personnage de <strong>Justin Timberlake </strong>(très bien dans le rôle, mais un peu faiblard en fils d'une femme à la tête d'un puissant empire immobilier) et celui de <strong>Michael Pitt </strong>(pourtant particulièrement gratiné, un peu trop à mon goût dans le registre "je suis le voisin destroy, voyez ce super suspect"). Le rapport du protagoniste avec sa femme, <strong>Alicia Silverstone</strong>, est également bien écrit et pas du tout laissé en marge au-delà du simple fait que cette dernière est liée à l'équipe de son mari constituée d'enquêteurs. Car c'est aussi un film sur un flic dont les frontières vacillent, qui se pose beaucoup de questions sur sa femme, sur son boulot, sur son intégrité. Un flic qui prend conscience de certaines illusions, et qui prend des coups. À ce titre le travail au niveau de l'ambiance sonore pourra déplaire à certains par sa prédominance, mais j'ai personnellement beaucoup aimé l'immersion provoquée et la sensation de malaise occasionnée par certaines dissonances. C'est en réalité à l'image du reste : un peu trop démonstratif par moments, comme beaucoup de premiers films qui veulent laisser une empreinte, mais suffisamment fluide et satisfaisant dans la mise en scène pour produire un portrait désenchanté captivant, sans toutefois prétendre révolutionner le genre.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reptile_2023/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Reptile-de-Grant-Singer-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1264Nous sommes tous en liberté provisoire (L'istruttoria è chiusa: dimentichi), de Damiano Damiani (1971)urn:md5:53a0e15bcfd5a511420be537f8424af42023-09-30T16:11:00+02:002023-09-30T15:15:13+02:00RenaudCinémaArgentAssassinatCorruptionDamiano DamianiFranco NeroHomicideItalieMortPolitiquePrisonPrisonnierSexeSuicide <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire/.nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire_m.jpg" alt="nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Silence et conscience</strong></ins></span></div>
<p>En matière de film de prison, <strong>Damiano Damiani </strong>ne révolutionne pas le genre avec <ins>Nous sommes tous en liberté provisoire</ins>, mais il arrive à mêler habilement les codes propres à ce segment avec les thématiques qu'il affectionne et que l'on retrouve régulièrement dans ses films. Aussi derrière cette situation où un architecte se retrouve emprisonné pour homicide involontaire, soupçonné d'avoir renversé quelqu'un en voiture, et où il y découvre toutes les horreurs auxquelles on peut s'attendre (et ce indépendamment de la belle image que le directeur entretient et propage dans son cercle), on voit bien sûr la portée toute autre du film. La corruption, la loi du silence, l'opportunisme guidé par les intérêts personnels... tous ces maux ne gangrènent évidemment pas que les murs des prisons et ne concernent pas uniquement les pires meurtriers parmi les détenus.</p>
<p>Mais on reste tout de même dans le cadre strict d'un film de prison, et <strong>Damiani </strong>ne se gêne pas pour nous le faire sentir. La progression du protagoniste interprété par <strong>Franco Nero </strong>(toujours aussi excellent, dans la lignée de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-republique-de-Damiano-Damiani-1971">Confession d'un commissaire de police au procureur de la république</a></ins> ou <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Comment-tuer-un-juge-de-Damiano-Damiani-1975">Comment tuer un juge</a></ins>) est bien rythmée, on parcourt les différentes strates du pénitencier sans se presser, histoire de visiter tous les recoins de ce lieu abominable. Et bien sûr, corruption oblige, il n'y a pas que du côté des bagnards que le vice rampe... Ce qui donnera lieu à une scène d'assassinat maquillé en suicide d'une tension vraiment insoutenable. On passe beaucoup de temps à voir comment la condition de privilégié de <strong>Nero</strong>, du moins à l'extérieur de la prison, lui permet de s'octroyer quelques arrangements et quelques plaisirs (la fameuse salle de rayon X, gérée par un docteur tout aussi verni, seul endroit où communiquent les ailes masculine et féminine de la prison), mais aussi ses limites, car même en prison, l'argent facilite beaucoup de choses mais ne peut pas tout.</p>
<p>Quelques notes humoristiques, comme l'arrivée de <strong>Nero </strong>dans le bureau du directeur au tout début qui le confond avec un meurtrier condamné à 30 ans de réclusion — la gueule de <strong>Nero </strong>à ce moment, collector, pour nous faire comprendre qu'il n'y aura pas de distinction entre les différents crimes en ces murs, pas plus qu'entre un coupable et un présumé innocent. <strong>Damiani </strong>montre bien le positionnement du protagoniste selon plusieurs échelles de pouvoirs, le pouvoir économique, le pouvoir politique, et le pouvoir bassement physique : de quoi lui ménager quelques zones de confort, mais certainement pas un repos absolu. Et finalement le film laisse ouverte les raisons de sa libération, possiblement liée à son mutisme concernant un crime commis en prison : en tous cas, les limites de son honnêteté sont clairement exposées lorsqu'on le voit refuser de parler à la fille d'un homme assassiné, dont il connaît pourtant parfaitement les circonstances de la mort en prison</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire/.imf1_m.jpg" alt="imf1.jpg, sept. 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Nous-sommes-tous-en-liberte-provisoire-de-Damiano-Damiani-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1242Le Retour des hirondelles, de Li Ruijun (2022)urn:md5:a250ed366643b6ce04402fd3cbf5333b2023-08-09T14:21:00+02:002023-08-09T14:21:00+02:00RenaudCinémaAmourChineCorruptionCoupleMariagePaysanRuralitéSolidarité <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.retour_des_hirondelles_m.jpg" alt="retour_des_hirondelles.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Profils paysans chinois</strong></ins></span>
</div>
<p>Mon plus grand regret concernant <ins>Le Retour des hirondelles</ins> porte sur la surcouche explicative et sur-explicite qui enveloppe tout le reste, au risque de laisser un arrière-goût amer là où l'histoire de ce mariage arrangé entre deux êtres rejetés par leurs familles qui trouveront un épanouissement en milieu rural avait de beaux et sérieux arguments ne nécessitant pas un tel niveau d'insistance. Le film, long et lent, a très souvent recours à des scènes très insistantes au sujet des différentes contraintes qui pèsent sur le couple ainsi qu'à des symboles très appuyés qui ne lui font pas vraiment honneur. C'est d'autant plus dommage que <strong>Li Ruijun </strong>parvient à capter, apparemment sans trop forcer, la beauté de ces régions rurales du nord de la Chine.</p>
<p>L'image (graphique) de l'épi de blé qui se sèche, l'image (symbolique) du paysan méprisé seul à même de donner son sang à un citadin beaucoup mieux loti que lui... Des dispositifs de mise en scène de cet acabit, le film en est rempli, et le visionnage se révèle malheureusement moins fluide, naturel et agréable à cause de ces sursauts.</p>
<p>Il y a quelque chose de très simple dans la dynamique du rapport amoureux entre les deux protagonistes, tout d'abord sujets à une timidité évidente, en lien avec la méthode artificielle qui les a réunis, cédant peu à peu la place à une certaine affection — bon on est tout de même en milieu paysan donc le film insiste sur le côté un peu bourrin à ce niveau-là avec un peu trop d'emphase, mais qu'importe. La beauté du film tient également à la subsistance de leur amour, au travers de nombreuses marques d'affection (notamment au travers du rite des grains de blé appliqués sur la peau), tandis que le monde agricole environnant se désagrège — ici aussi la source de nombreuses facilités scénaristiques, sans doute en prise avec une réalité avérée, mais pas tellement fonctionnelles du point de vue cinématographique.</p>
<p>Le film a d'ailleurs subi la censure en Chine, puisqu'il a été retiré des circuits de diffusion fin 2022 : le message de la destruction de la ruralité, de l'exode urbain forcé, sur fond de corruption à peine voilée, est éminemment politique. La copie que j'ai pu voir est d'ailleurs sans doute entachée de censure, la dernière scène avec Ma ayant été amputée et une phrase de dialogue (alors que les personnages présents ne dialoguent pas, très étrange ou plus précisément très mal fait) ayant été rajoutée lors de la destruction finale de leur maison.</p>
<p>Restera malgré tout ce rythme très contemplatif, au fil des saisons extrêmement photogéniques, pour décrire ce microcosme éloigné de la toxicité de la ville et de ses compromissions. Bien sûr, ils refusent les appartements sans âme dans lesquels on les invite fortement à déménager, pour y préférer la maison en terre cuite qu'ils se sont construite. C'est dans et autour de ce lieu chaleureux que la solidarité entre les deux parias est née, en parallèle du cycle des cultures, malgré les nombreuses formes d'exploitation, en résistance à la désagrégation des communautés paysannes.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/retour_des_hirondelles/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Retour-des-hirondelles-de-Li-Ruijun-2022#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1208Femmes en cage, de John Cromwell (1950)urn:md5:6b56147684f35cff57fd0880334aebd72023-08-04T14:30:00+02:002023-08-04T14:30:00+02:00RenaudCinémaCorruptionEtats-UnisFemmeHope EmersonInjusticePolitiquePrisonPrisonnierViolence <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femmes_en_cage/.femmes_en_cage_m.jpg" alt="femmes_en_cage.jpg, juil. 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"And they call us the weaker sex."</strong></ins></span>
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<p>Derrière cette traduction française de titre pouvant évoquer une série B érotique de <strong>Jesús Franco </strong>se cache en réalité un étonnant film noir carcéral. On n'est certes pas éloigné de la série B au sens où tout le film évolue dans un espace assez exigu, témoignant de probables restrictions budgétaires, mais <ins>Caged</ins> constitue malgré tout un excellent exemple de ces bonnes idées bien menées de bout en bout, avec de nombreuses cases intéressantes cochées dans la limite du cadre imposé. C'est quand même notable : on est en 1950, en pleine censure Hays, et <strong>John Cromwell</strong> parvient à faire émerger cette histoire presque intégralement féminine qui peut se lire comme une charge contre l'institution de la prison états-unienne. Le message est clair : sans politique de suivi des détenu(e)s, sans préservation des bonnes conditions de détention, la plus belle et innocente âme pourra se transformer en un bloc de ressentiment et un forçat endurci à sa sortie.</p>
<p>C'est avant tout un cinéma d'actrices à mes yeux, au-delà du propos sur l'univers carcéral, et entre la jeune femme envoyée en prison pour complicité de vol à main armée (elle attendait tranquillement dans la voiture et son mari a été tué), la matonne cruelle, la directrice grande gueule, et toutes les compagnonnes de cellule, la galerie de personnages n’est pas loin d'être exceptionnelle. Comment ne pas être sidéré par la présence imposante de <strong>Hope Emerson </strong>dans le rôle de la brute, du haut de ses 1,88 mètres pour une centaine de kilos (une femme qui n'a jamais été mariée et qui n'a jamais eu d'enfant, chose rare au début du XXe siècle) ? <strong>Eleanor Parker </strong>est quant à elle très convaincante dans le rôle principal, quand bien même la transition entre l'oisillon tombé du nid et la criminelle endurcie se ferait un peu abruptement, tout comme <strong>Agnes Moorehead </strong>dans les habits de la directrice intègre et respectueuse derrière son caractère très opiniâtre. Beaucoup de seconds rôles sont marquants, avec des actrices au physique si particulier comme par exemple une vieille femme emprisonnée à vie pour meurtres, interprétée par <strong>Gertrude Hoffmann</strong>, dont le visage et la gestuelle ne peuvent laisser indifférent.</p>
<p>Les mécanismes narratifs ne sont pas très élaborés, et il y a tout de même un côté assez programmatique dans le fait que chaque personne suit sagement son fil conducteur en empruntant un sentier balisé. Le sadisme et les brimades d'une gardienne de prison conduit sans surprise au durcissement ou à l'abrutissement des plus têtues des détenues. La jeune innocente, qui finira tondue, conduite presque mécaniquement à la délinquance en étant au contact de l'injustice et de la maltraitance. Mais cela n'empêche pas le surgissement d'éléments originaux et surprenants, comme la violence du sort de l'héroïne (elle ne reverra jamais son enfant après être devenue veuve au moment d'être emprisonnée) ou de la femme bourreau (un coup de fourchette dont on se souviendra). Globalement l'institution est décrite comme perforée de part en part par des manifestations diverses de corruption, avec quelques bonnes âmes qui essaient de maintenir le bateau à flot sans espoir : à une femme demandant quoi faire du dossier d'une détenue tout juste libérée, on lui rétorque le plus froidement du monde "<em>Keep it active. She'll be back.</em>"</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femmes_en_cage/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femmes_en_cage/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juil. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/femmes_en_cage/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juil. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Femmes-en-cage-de-John-Cromwell-1950#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1204Quand la ville dort, de John Huston (1950)urn:md5:40380977de95502bfbdf97294d1bf6112023-07-04T10:12:00+02:002023-07-07T11:39:14+02:00RenaudCinémaBraquageCorruptionFilm noirJohn HustonMarilyn MonroeNuitPoliceRuralitéVille <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_la_ville_dort/.quand_la_ville_dort_m.jpg" alt="quand_la_ville_dort.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"One way or another, we all work for our vice."</strong></ins></span>
</div>
<p>Avec <ins>Quand la ville dort</ins>, <strong>John Huston </strong>explore une autre face du film noir, la version caper movie qui tourne mal en se plaçant du point de vue des malfrats cambrioleurs, quelques années après <ins>Le Faucon maltais</ins> consacré à une enquête policière de l'autre côté de la légalité. Ce dernier avait quelque chose d'archétypal et d'un peu rigide que <ins>The Asphalt Jungle</ins> n'a pas (et c'est particulièrement bienvenu), et le titre original donne d'ailleurs un aperçu complémentaire sur le programme, à savoir la dure loi de la ville — on ne quittera pas cette ambiance urbaine et nocturne avant le final empreint de tragique qui offrira le seul plan large, à la campagne et de jour, offrant un contraste dont l'effet est notable : "Well, he won't get very far, that's for sure. He hasn't got enough blood left in him to keep a chicken alive."</p>
<p>Le point de vue du côté des gangsters est intéressant, surtout pour l'époque et les censeurs de Hays qui veillaient, même s'il est de temps en temps contrebalancé par une vision très dure et très angélique de la police et de ses actions. Il n'y a pas vraiment d'enjeux lors de la mise en place du plan et des détails du braquage, le processus de recrutement des différentes parties est très direct avec le spécialiste des coffres, le chauffeur, la brute épaisse et le financier. Tout se passe comme prévu (c'est-à-dire quelques accrocs, mais ils parviennent à mettre la main sur le pactole attendu), et on pourrait dire qu'en quelque sorte le film commence à partir du moment où ils rentrent en sécurité et que les rouages se grippent. Les embrouilles arrivent bien vite, et les motivations particulières de certains se font jour.</p>
<p>On est résolument dans le pré carré du noir sobre et sec, très peu de fioriture, et une ambiance étouffante par moments : les forces et les faiblesses du genre, selon les sensibilités, réunies dans les mêmes caractéristiques. La présence de <strong>Marilyn Monroe </strong>se remarque pas mal quand bien même on ne l'aurait pas reconnu tout de suite (si si). La corruption est partout, les interactions sont poisseuses (les répliques du type "one way or another, we all work for our vice" garnissent allègrement les dialogues) et le désespoir ne tarde pas à envahir l'espace. Et on peut saluer la part belle faite à la caractérisation des personnages qui ont presque tous un espace équivalent et conséquent pour exister.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_la_ville_dort/.img1_m.png" alt="img1.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_la_ville_dort/.img2_m.png" alt="img2.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/quand_la_ville_dort/.img3_m.png" alt="img3.png, juin 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Quand-la-ville-dort-de-John-Huston-1950#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1182À chacun son dû, de Elio Petri (1967)urn:md5:960be579b81cbf3e1bfbda1f15ccdcbb2023-06-09T09:29:00+02:002023-06-09T08:30:08+02:00RenaudCinémaChasseCorruptionElio PetriGian Maria VolontéInfidélitéItalieMafiaMeurtreMilitantismePolitiqueSicile <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_chacun_son_du/a_chacun_son_du.png" alt="a_chacun_son_du.png, mai 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La vaine quête de la vérité</strong></ins></span></div>
<p>On peut regretter le format travaillé par <strong>Elio Petri </strong>dans <ins>À chacun son dû</ins>, quand même, qui à mon sens nuit davantage qu'il ne joue en faveur du rythme, de l'immersion et de la sensation d'oppression grandissante autour du personnage principal interprété par <strong>Gian Maria Volonté</strong>. Même en mettant de côté, pour une fois, tout ce qui a trait à la production cinématographique italienne de l'époque et tout ce qu'elle compte comme soucis techniques de post-synchronisation (à mes yeux en tous cas), je trouve que le cadre est quand même très oppressant, de manière involontaire et désagréable cette fois-ci, avec son recours dénué de parcimonie à des effets un peu grossiers comme le zoom / dézoom et tout ce que la caméra à l'épaule peut induire comme désagréments épileptiques. Je suis aussi à deux doigts de penser que l'interprétation du protagoniste aurait peut-être profité d'un acteur moins charismatique que <strong>Volonté</strong> car il n'est pas toujours aisé de croire à sa faiblesse psychologique, un point au cœur des enjeux du film, à mesure qu'il explore l'antre des maux italiens.</p>
<p>Quand un film de <strong>Petri </strong>commence par le meurtre d'un médecin et d'un pharmacien d'un village sicilien pendant une partie de chasse à la palombe, on se doute qu'il ne sera pas question des apparences avancées en première intention, à savoir des relations extra-conjugales de la part de l'un d'entre eux. Surtout que le spectateur est mis dans la confidence au sujet des lettres de menace que l'autre recevait. Surtout quand c'est un ami à eux qui mène l'enquête et que ce dernier se trouve être un professeur et militant politique...</p>
<p>Il y a plusieurs intérêts dans le développement de cette enquête, à commencer par la description de la culture dans cette région de Sicile, avec ses coutumes, ses notables, et l'emprise de la mafia. Mais le principal argument tourne autour de l'engrenage dans lequel cet homme se fourre, dans un premier temps assez courageux, au-delà de son intégrité nette, mais peu à peu prisonnier d'une certaine impuissance en lien avec sa méconnaissance de l'environnement social dans lequel il évolue. Petit à petit, il perd confiance en lui, il transpire à chaque nouvelle rencontre, il cherche à se faire discret — tout en essayant de se rapprocher de la veuve, très convaincante <strong>Irene Papas</strong>. L'ampleur grandissante des menaces qui se structurent autour de sa personne contribue à une atmosphère très pesante, en dépit d'une première moitié presque légère en comparaison, surtout si on pense à la façon qu'à <strong>Volonté </strong>de ne pas lâcher l'affaire et coller aux basques de la notabilité locale. La distance imposée par la narration enferme un peu <ins>À chacun son dû</ins> dans une froideur typique de ces films politiques italiens des années 60-70, mais le final puissamment tragique (ensevelissement d'un corps dans une carrière abandonnée d'un côté, mariage vécu comme une trahison posthume en grandes pompes de l'autre) permet d'en sortir sur une note très positive.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_chacun_son_du/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mai 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/a_chacun_son_du/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mai 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/A-chacun-son-du-de-Elio-Petri-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1160Confession d'un commissaire de police au procureur de la république, de Damiano Damiani (1971)urn:md5:bb868f777d2e9a1b1658cc57a58565592022-11-02T10:50:00+01:002022-11-02T10:50:00+01:00RenaudCinémaAssassinatCorruptionDamiano DamianiFranco NeroIdéalismeItalieMafia <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique/.confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique_m.jpg" alt="confession_d-un_commissaire_de_police_au_procureur_de_la_republique.jpg, sept. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Corruption de plomb<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Le cinéma italien des années de plomb est un terreau qui a vu naître pas mal de films contestataires très efficaces, de <strong>Dino Risi </strong>(<ins>Au nom du peuple italien</ins>, 1971) à <strong>Francesco Rosi </strong>(<ins>Cadavres exquis</ins>, 1976) en passant par <strong>Elio Petri </strong>(<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Enquete-sur-un-citoyen-au-dessus-de-tout-soupcon-de-Elio-Petri-1970"><ins>Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon</ins></a>, 1970) pour ne citer qu'eux. C'est un corpus qui ne brille pas par sa subtilité et la profondeur de son analyse, avec quelques bâtons dans les roues de l'immersion en raison de tournages souvent en plusieurs langues conduisant à des versions parfois catastrophiques sur le plan du doublage, mais on ne pourra pas leur enlever leur énergie vindicative pour dénoncer la corruption des institutions et l'emprise de la mafia.</p>
<p>En ce sens <ins>Confession d'un commissaire de police au procureur de la république</ins> (je ne l'écrirai pas deux fois !) se rapproche davantage de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Main-basse-sur-la-ville-de-Francesco-Rosi-1963"><ins>Main basse sur la ville</ins></a>, appartenant à un courant et une époque différents mais avec lequel il partage pas mal de points communs. La fragmentation de la temporalité de la narration est assez bien gérée et n'avance pas ses flashbacks de manière gratuite comme c'est parfois le cas, pour présenter in media res les agissements du commissaire Bonavia dans tout leur pragmatisme, dans l'objectif de mettre fin aux méfaits de la raclure Lomunno — l'archétype du promoteur mafieux. Tout le film ou presque tourne autour de ses relations avec un jeune magistrat idéaliste, Traini, en se focalisant sur les obstacles qui permettent aux pourris de vivre en paix.</p>
<p>Un film sur l'impuissance des cœurs purs, et sur le déséquilibre dans les armes employées par le pouvoir institutionnel et par les barons de la corruption. Dans cette dimension-là, le duo <strong>Franco Nero </strong>/ <strong>Martin Balsam </strong>fonctionne à merveille. La prise de conscience de l'idéaliste vis-à-vis de l'étendue de l'emprise de la mafia sur la société italienne n'est pas très originale mais conserve une efficacité aujourd'hui, avec pour conséquence une neutralisation du système judiciaire de l'intérieur. Les mécanismes criminels sont décrits avec une certaine outrance, mais pour peu qu'on accepte ce style, par exemple dans le tragique des assassinats des lanceurs d'alerte et dans l'autodestruction des hommes bons, il en résulte un souffle mélancolique plutôt attrayant.</p>
<div id="centrage">
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-republique-de-Damiano-Damiani-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1074