Je m'attarde - Mot-clé - Drogue le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLenny, de Bob Fosse (1974)urn:md5:7027f2fff557ccae310c2f210273d7642023-11-29T14:44:00+01:002023-11-29T14:44:00+01:00RenaudCinémaBiopicBob FosseComédieContre-cultureDrogueDustin HoffmanEtats-UnisHypocrisieJalousieLenny BrucePolitiqueProcèsSatireStrip-teaseSubversionValerie Perrine <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/lenny.jpg" title="lenny.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.lenny_m.jpg" alt="lenny.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Good thing we nailed him."</strong></ins></span>
</div>
<p>Impossible de ne pas penser à l'autre célèbre film américain racontant les pérégrinations d'un comique subversif largement incompris en son temps qui acquit une notoriété conséquente à la fin de sa vie : <ins>Man on the Moon</ins>, de <strong>Miloš Forman</strong>, consacrée à la vie d'<strong>Andy Kaufman</strong>. J'avais jugé sans doute un peu trop vite <strong>Bob Fosse </strong>sur la base d'un <ins>Cabaret</ins> englué dans la fadeur d'une comédie dramatique arborant un académisme ronflant (avis extrêmement minoritaire, les tomates pourries sont juste-là), car il montre une facette radicalement différente avec ce biopic sur <strong>Lenny Bruce</strong>, un comique très controversé des années 60. Du bienfait du surpassement des préjugés...</p>
<p>En réalité, même si les thèmes des deux films cités sont très proches, la structure et le contenu diffèrent sensiblement. Là où <strong>Forman </strong>narrait tout le contexte, la vie en marge des numéros de <strong>Kaufman </strong>pour illustrer à quel point les deux se nourrissaient mutuellement, <strong>Fosse </strong>adopte une narration en flashbacks post-mortem, avec une mise en scène sous la forme d'un faux documentaire interviewant une poignée de proches (sa femme, sa mère, et son manager) pour tisser des passerelles avec des épisodes passés montés de manière pas toujours chronologiques, <ins>Lenny</ins> s'autorisant quelques allers-retours entre plusieurs époques.</p>
<p>Le contexte est même sans doute un peu plus fertile ici : le cadre posé est celui de l'Amérique puritaine du début des années 1960, c'est-à-dire les 50s encore mal dégrossies qui pèsent de tout leur poids sur la norme morale d'alors — qui n'a pas fondamentalement changé depuis, en ce qui concerne les mécanismes de l'hypocrisie en matière d'obscénités admissibles à la télévision en direct— et qui interdisent l'utilisation de mots comme "cocksucking" sous peine de poursuites pénales. L'occasion de scènes très drôles d'ailleurs, lorsque d'une part Lenny essaie de faire dire le mot interdit au président du tribunal en première instance, et d'autre part lorsque les témoins se trouvent obligés de les prononcer pour faire leur récit des événements (avec en prime une répétition par le greffier). En creux, le film de <strong>Bob Fosse </strong>entend montrer à quel point l'attention se sera portée sur la forme, le recours à des termes grossiers, tout en oubliant largement le fond des critiques portées par les discours très satiriques de Lenny.</p>
<p><ins>Lenny</ins> est rythmé par les punchlines, sans doute un peu trop même si on peut allègrement puiser dans les dialogues pour trouver son bonheur (une facile mais efficace, au sujet de la religion chrétienne et de la responsabilité de la mort de Jésus "Good thing we nailed him when we did, because if we had done it within the last 50 years, we'd have to contend with generations of parochial schoolkids with little electric chairs hanging around their necks"). Y figurent le <strong>Dustin Hoffman </strong>des grands jours, c'est-à-dire plutôt celui de <ins>The Graduate</ins> que celui de <ins>Tootsie</ins>, ainsi que la très convaincante <strong>Valerie Perrine </strong>dans le rôle de sa femme strip-teaseuse, à l'origine d'un matériau conséquent en matière d'analyse du couple, de la jalousie, et de l'émancipation à deux. C'est un film intéressant aussi parce qu'il n'hésite pas un instant à montrer les contradictions à l'œuvre qui sous-tendent tous ses numéros, et qui ose mettre en scène un long show raté de Lenny en intégralité, vers la fin de sa carrière, avant sa mort par overdose de morphine. Évocation d'une figure de la contre-culture qui pourrait être à l'origine du stand-up, qui se fait parfois un peu trop poussive dans ses logorrhées acides répétées, mais qui évite soigneusement les écueils classiques de l'hagiographie pour esquisser un portrait partiel, pluriel, féroce et stimulant.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lenny/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lenny-de-Bob-Fosse-1974#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1293Dig!, de Ondi Timoner (2004)urn:md5:e0aca55175ad3f3ede7934a471c4456a2023-06-27T20:41:00+02:002023-06-27T20:41:00+02:00RenaudCinémaAnton NewcombeBrian Jonestown MassacreConcertDandy WarholsDocumentaireDrogueHarry Dean StantonMusicienPortlandPsychedelicRockSan Francisco <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dig/.dig_m.jpg" alt="dig.jpg, juin 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I've never seen them eat. All I've seen them do is drink liquor and snort drugs."</strong></ins></span>
</div>
<p>Sous couvert d'un docu relatant la relation entre amis et rivaux des <strong>Brian Jonestown Massacre </strong>de San Francisco et des <strong>Dandy Warhols </strong>de Portland, <ins>Dig!</ins> est en réalité avant tout le portrait d'un grand malade. Je connaissais la réputation de <strong>Anton Newcombe</strong>, pas le dernier des psychopathes, mais alors à la faveur du film de <strong>Ondi Timoner </strong>rapportant des faits et des images sur plus de 7 années, il se dessine quelque chose de complètement barjot.</p>
<p>À titre personnel je ne comprends pas trop le délire autour de l'opposition entre les deux groupes (dans le thème <strong>Beatles</strong>-<strong>Stones </strong>ou <strong>Blur</strong>-<strong>Oasis</strong>), tant pour moi ils évoluent dans des sphères radicalement opposées — il faut pour préciser cela que je parcoure la musique des <strong>Dandy Warhols</strong>, prochains devoirs. Ces derniers semblent vraiment beaucoup plus tournés vers la Pop / Indie Rock là où <strong>TBJM </strong>évoluent dans des sphères clairement Psych ou Neo-Psych. À creuser pour mieux saisir les tenants de cette rivalité. Sur le plan anecdotique, la micro-séquence avec <strong>Harry Dean Stanton </strong>qui apparaît dans l'embrasure d'une porte est une petite gourmandise personnelle, tout comme <strong>Matt Hollywood </strong>le bassiste qui cultive sa ressemblance avec <strong>John Lennon</strong>.</p>
<p>Il y a en tous cas à l'origine un point commun, des concerts et des tournées assurées ensemble pour les deux groupes, forts d'une certaine admiration réciproque, avant que les choses ne se gâtent. Le tout raconté par <strong>Courtney Taylor-Taylor</strong>, leader des <strong>Dandy </strong>("<em>I've never seen them eat. All I've seen them do is drink liquor and snort drugs</em>"). Pour moi il n'y a pas photo, <strong>TBJM </strong>est un groupe infiniment plus riche et intéressant. D'un côté la recherche de la gloire et du succès commercial, de l'autre une tendance au sabotage de carrière qui ressemblerait presque à une forme de masochisme chez <strong>Newcombe</strong>... Ce personnage est vraiment fou, partagé entre des élans charismatiques et des comportements cyclothymiques : il faut voir les nombreuses séquences de pétage de plomb, y compris sur scène. On peut penser que le geste de <strong>Ondi Timoner</strong> n'est pas du tout représentatif, les bastons à répétition n'étant probablement pas systématiques, mais clairement les conflits d'égo et les problèmes de drogue sont systémiques, il n'y a pas l'ombre d’un doute. En toile de fond, une vision de l'industrie musicale avec maisons de disques, négociations de contrats, etc. Comme il le dit lui-même, si <strong>Anton </strong>pouvait se cloner et faire un groupe tout seul, il le ferait.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dig/.img1_m.png" alt="img1.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dig/.img2_m.png" alt="img2.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dig/.img3_m.png" alt="img3.png, juin 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dig/.img4_m.png" alt="img4.png, juin 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dig-de-Ondi-Timoner-2004#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1179Life of Crime 1984-2020, de Jon Alpert (2021)urn:md5:dd1f75b9c25de1ef9f344b0c36aca6e52022-04-13T11:09:00+02:002022-04-13T11:09:00+02:00RenaudCinémaCrimesDocumentaireDrogueEtats-UnisFamilleMisèrePauvretéPrison <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/life_of_crime_1984_2020/.life_of_crime_1984_2020_m.jpg" alt="life_of_crime_1984_2020.jpg, janv. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I'm always afraid but it beats minimum wage"<br /></strong></ins></span></div>
<p>L'ampleur de ce documentaire au très long cours et le tragique inexorable de sa trajectoire en font un moment très intense, très émouvant, extrêmement percutant. <strong>Jon Alpert </strong>a suivi pendant plus de trois décennies trois personnes de Newark, dans le New Jersey, appartenant à un même cercle de connaissances. Trois camés jusqu'à l'os, trois histoires de misère asphyxiante comme seule la réalité sait en produire, trois paumés pris dans l'engrenage de l'addiction et toutes ses conséquences — à commencer par l'argent à trouver pour satisfaire leur appétence pour les drogues les plus dégueulasses qui soient, héroïne en tête.</p>
<p>Le lien qu'<strong>Alpert </strong>est parvenu à tisser avec Rob, Freddie et Deliris est d'une valeur inestimable car la complicité avec la caméra saute aux yeux dès les premières images et ne la lâchera pas pendant deux heures, permettant d'établir une relation incroyablement saine du point de vue du documentaire. Une relation qui permet de capter absolument tout, sans filtre, sans entrave, et de s'immiscer dans ces communautés partagées entre l'illégalité et la pauvreté, et surtout ravagées par la drogue dans les années 80 et 90, avec tout ce que cela peut laisser supposer en matière de déchéance, de maladie, de soumission et de souffrance.</p>
<p><ins>Life of Crime 1984-2020</ins> est à ce titre un documentaire génial, passionnant, mais extrêmement dur, permettant une immersion totale dans les cercles vicieux caractéristiques de l'addiction aux drogues dures et à la violence conséquente, du genre de ceux dont il devient quasiment impossible de s'extraire. Un film à réserver à un public averti, aussi, car on ne compte plus le nombre de seringues injectées au creux du bras (voire même dans la nuque quand on ne trouve plus de veine accessible, dans la lignée gore du documentaire <ins>Dope Sick Love</ins>), et on est régulièrement exposé à des drames familiaux largement insoutenables — pour terminer de la plus violente et la plus triste des manières, Freddie Rodriguez, Robert Steffey et Deliris Vasquez étant tous les trois morts dans des conditions au choix tragiques ou abominables.</p>
<p>En observant près de 40 ans de ces tristes existences, il est difficile de ne pas être ému par le sort de ces trois personnes que l'on voit grandir, vieillir, et subir les ravages physiques de l'abus de drogues. Entre les vols qu'ils commettent, les substances qu'ils dealent et la prostitution qu'ils consentent, ils auront en outre passé la plupart de leur vie en prison. On veut croire de temps en temps, au fils des ellipses, à une possible rémission, mais le sort s'acharne et la misère s'accumule, avec le sida en prime pour compliquer un tableau déjà bien garni en horreurs de toutes sortes. On repense aux enfants de Deliris qui savent comment identifier des traces de piqure sur les bras de leur mère, pour vérifier qu'elle n'a pas replongé, on repense à Rob qui semblait rentré dans le droit chemin avant qu'il ne soit licencié (son employeur ayant découvert son passé en prison), on repense à Freddie cherchant désespérément un endroit stable pour se ressaisir, contraint par son conseiller de probation de rester dans un hôtel hors de prix plutôt que dans un taudis rempli de junkies.</p>
<p>Et quelques fragments qui resteront longtemps, comme Rob avouant au sujet des vols qu'il commettait quand il était jeune "I'm always afraid but it beats minimum wage, and I gotta eat", lui qui mourra d'une overdose dans sa cuisine, pourtant en pleine rédemption et sur la voie de la sobriété, et dont on retrouvera le corps longtemps après sa mort. Triste à pleurer, tout comme la mort de Deliris en pleine pandémie et celle de Freddie en pleine galère.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/life_of_crime_1984_2020/.img1_m.jpg" alt="img1.jpeg, janv. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/life_of_crime_1984_2020/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2022" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/life_of_crime_1984_2020/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Life-of-Crime-1984-2020-de-Jon-Alpert-2021#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1036Liquid Sky, de Slava Tsukerman (1982)urn:md5:c3c108461ab9e69f9a9fce573ac62c322021-09-08T11:26:00+02:002021-09-08T11:26:00+02:00RenaudCinéma1980sBizarreDrogueNew WaveNew YorkPunkScience-fictionSexeStop-motion <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/liquid_sky/.liquid_sky_m.jpg" alt="liquid_sky.jpg, sept. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Trip graphique sous acide<br /></strong></ins></span>
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<p><ins>Liquid Sky</ins> (du nom donné à l'héroïne) : un gros OFNI sur un tout petit OVNI. Il serait vraiment très tentant d'essayer de résumer l'intrigue de ce film réalisé aux États-Unis par le Russe <strong>Slava Tsukerman</strong>, mais l'idée même de se lancer dans une synthèse de cette bizarrerie extrême donne le vertige et est en soi particulièrement intimidante. Comment dire... Le cadre est celui des années 80 à New York, et l'introduction met en scène une soucoupe volante miniature de toute beauté se posant sur un gratte-ciel de Manhattan, face à l'Empire State Building. Mais pas n'importe quel OVNI, un à l'intérieur duquel se trouve un (ou plusieurs, on ne saura jamais) extra-terrestre drogué (potentiellement à l'héroïne, mais le spectre à l'air plus large) qui va trouver un substitut à ses substances de prédilection dans la molécule (on peut supposer de ocytocine ou endorphine) générée dans le cerveau des humains lorsque l'acte sexuel aboutit sur un orgasme. Ils va donc squatter au-dessus de chez Margaret, une mannequin à la vie sexuelle assez mouvementée (de manière consentie ou non d'ailleurs, il faut s'accrocher pour se farcir plusieurs séquences à ce sujet) qui elle, visiblement; ne jouit jamais. Lorsque ses partenaires atteignent le climax orgasmique, des effets visuels dignes d'une vision à la Prédator sous acides illustrent l'absorption de cette substance par le drogué du dessus — c'est du moins ce qu'on peut supposer tant ces images tendent vers l'abstraction.</p>
<p>Pour raconter cette histoire complètement cinglée et loufoque, le réalisateur et son chef opérateur ont mis les bouchées doubles en matière de graphismes sidérants et d'atmosphère insensée, et <ins>Liquid Sky</ins> peut clairement valoir le détour sur cette unique base. Ambiance Punk / New Wave follement 80s, scènes de danse frontalement datées, costumes extraordinaires à foison, maquillages impressionnants (on se souviendra longtemps du visage de l'actrice principale lors de cette scène où sa figure se dessine dans le noir à mesure qu'elle se la peint à l'aide de couleurs fluorescentes)... c'est l'explosion de motifs et de couleurs dans toutes les directions, et c'est vraiment scotchant. Mais en regard de ça, il faut tout de même le préciser car cela peut s'apparenter à une épreuve, on a droit à une direction d'acteur assez catastrophique — même si cela peut ajouter un certain charme en matière d'étrangeté — et à un montage totalement chaotique, avec des séquences alternées sans queue ni tête qui ne semblent être là que pour accentuer la dimension épileptique et perchée de la narration. Il faut s'accrocher avec vigueur pour suivre.</p>
<p>Soit donc cet extra-terrestre posé sur le toit qu'on ne verra jamais mais qui se gave de drogues sécrétées par le cerveau humain, entraînant à l'occasion la mort du sujet (une sublimation en quelque sorte, au terme de séquences en stop-motion faisant intervenir du papier aluminium, je n'en dirai pas plus). Beaucoup d'orgasmes et donc beaucoup de morts dans l'appartement de la protagoniste interprétée par l'hypnotisante <strong>Anne Carlisle</strong> (qui tient le double rôle de Margaret et Jimmy) qui finira par se faire un gros shoot d'héroïne pour attirer l'attention de l'alien et se faire embarquer on ne sait où. Un incroyable défilé vestimentaire et musical, très expérimental, représentatif de ce qui se faisait dans les années 1980, sur fond de compositions particulièrement dissonantes et de pseudo-explications scientifiques délivrées par un astrophysicien allemand qui ne cèdera pas aux avances de la voisine d'en face.</p>
<p>Cheap et kitsch, de la drogue et du sexe, des visuels phénoménaux, du glauque aussi, mais surtout beaucoup, vraiment beaucoup de LSD.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/liquid_sky/.double_m.jpg" alt="double.jpg, sept. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/liquid_sky/.habit_m.jpg" alt="habit.jpg, sept. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/liquid_sky/.peur_m.jpg" alt="peur.jpg, sept. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/liquid_sky/.predator_m.jpg" alt="predator.jpg, sept. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/liquid_sky/.visage_m.jpg" alt="visage.jpg, sept. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Liquid-Sky-de-Slava-Tsukerman-1982#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1005Mad Dog Morgan, de Philippe Mora (1976)urn:md5:5162b44c25e2748f74711a3c4080328b2021-03-03T21:05:00+01:002021-03-03T21:06:12+01:00RenaudCinémaAlcoolAustralieBanditDavid GulpililDennis HopperDrogue <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mad_dog_morgan/.mad_dog_morgan_m.jpg" alt="mad_dog_morgan.jpg, mar. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"By all means, off with his head... and don't forget the scrotum."<br /></strong></ins></span></div>
<p>5 ans après <ins>The Last Movie</ins> (1971) qu'il a lui-même réalisé, Dennis Hopper incarne le protagoniste de ce film peut-être encore plus barjot qui raconte l'histoire — voire même la légende — du plus célèbre bandit australien, Daniel "Mad Dog" Morgan, au milieu du XIXe siècle. Avec une réalisation aussi bordélique et brinquebalante, avec un traitement photo aussi peu probant, le centre de gravité du film de <strong>Philippe Mora </strong>se situe manifestement du côté de l'envers du décor, raconté en particulier dans le documentaire fourre-tout et malpoli <ins>Not quite Hollywood</ins> (2008) : c'est-à-dire, très clairement, les déboires de Hopper durant le tournage, tellement volontaire pour se mettre à la place d'un fou furieux qu'il commençait ses journées par de grosses rasades d'alcool et de grosses doses de drogue. Il se serait même pris une cuite sur la tombe du vrai Morgan avant d'être expulsé du pays... Il en résulte un portrait totalement halluciné de cet immigrant britannique venu faire (ou plutôt tenter de faire) fortune en Australie comme des milliers d'autres.</p>
<p>Sauf que le <ins>Mad Dog Morgan</ins> est un condensé de phénomènes erratiques, du n'importe quoi qui oscille entre des registres et des rythmes radicalement différents pour former un amas protéiforme ne ressemblant à pas grand-chose de connu. Parfois ridicule, parfois gênant, parfois tragique... Insaisissable, en tous cas, et pas uniquement à cause de la présence de Hopper alliée à celle de <strong>David Gulpilil </strong>alors assez jeune. Hopper bouffe la pellicule, c'est impressionnant, avec ses yeux de grand malade, un concentré de folie brute, à la fois drôle et inquiétant, un anti-héros par définition. Son passage en prison sera un sommet de troublant, marqué au fer rouge (au sens propre) et violé lors de son long séjour. Ce personnage de Robin des bois australien bénéficiant de la sympathie de la population pour ses attaques contre les propriétaires exploiteurs cristallise de profonds tourments, le long d'un parcours nihiliste, chaotique, et largement autodestructeur (à grand renfort de whisky et de cocaïne, bien évidemment).</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mad_dog_morgan/.hopper_m.jpg" alt="hopper.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mad_dog_morgan/.moutons_m.jpg" alt="moutons.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mad_dog_morgan/.gulpilil_m.jpg" alt="gulpilil.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/mad_dog_morgan/.alcool_m.jpg" alt="alcool.jpg, mar. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mad-Dog-Morgan-de-Philippe-Mora-1976#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/924The Lineup, de Don Siegel (1958)urn:md5:a07865e655517ee8f4f40646a8bbbc4d2020-11-30T20:27:00+01:002020-12-02T16:44:45+01:00RenaudCinémaDon SiegelDrogueEli WallachFilm noirHéroïneSan Francisco <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lineup/.lineup_m.jpg" alt="lineup.jpg, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"He's a psychopath with no inhibitions."<br /></strong></ins></span></div>
<p>Quelle efficacité dans le film noir pur jus de la part de <strong>Don Siegel </strong>! Un scénario tiré au cordeau, d'une sécheresse cinglante, arborant une violence froide essentiellement condensée dans le personnage interprété par <strong>Eli Wallach</strong>. L'intrigue est vraiment originale, simple mais efficace, et divisée en deux grands temps : une première partie focalisée sur le point de vue des enquêteurs, qui essaient de comprendre un fait divers un peu mystérieux survenu devant un aéroport et faisant intervenir une mallette ainsi qu'un accident de taxi, et une deuxième adoptant le point de vue des tueurs professionnels derrière l'accident, qui ne devait rien au hasard. <strong>Siegel </strong>manie vraiment très bien le glissement de l'une à l'autre, en déroulant très progressivement le contenu, de sorte que l'on soit constamment comme des drogués en attente de davantage de matière. Et lorsque le mobile des criminels arrive, dans une rupture de ton totale, l'effet s'en trouve décuplé. On découvre qu'il s'agit d'un trafic d'un genre peu commun, organisé à l'insu de nombreux voyageurs revenant d'Orient qui portent dans leurs valises des statuettes et autres objets exotiques remplis d'héroïne. Pour les malfrats, il s'agit d'identifier les mules involontaires, de les traquer, de leur subtiliser l'objet et même éventuellement de les éliminer — avec un jeu entre les deux tueurs consistant à relever les dernières paroles de toutes leurs victimes, dans un style comique extrêmement austère.</p>
<p>On reconnaît dans la souplesse du récit le réalisateur de <ins>Tuez Charley Varrick !</ins>, dans un registre toutefois beaucoup plus décontracté, comme on peut l'imaginer en remplaçant un <strong>Eli Wallach </strong>excité de la gâchette par un <strong>Walter Matthau </strong>débonnaire et tendrement nonchalant. Mais il est ici question du film noir dans tout ce qu'il a de plus noir, avec une tonalité crue qui verse dans le sadisme à de nombreuses reprises lorsqu'on suit le périple meurtrier des tueurs à la recherche de la came. Pas du genre à rechigner à malmener une pauvre petite fille quand la mère ne coopère pas prestement.... Les répliques cinglantes fusent régulièrement, de "When you live outside the law, you have to eliminate dishonesty" à "He's a wonderful, pure pathological study. He's a psychopath with no inhibitions".</p>
<p>La tournée des malfrats récoltant la drogue aux quatre coins de San Francisco sera également l'occasion de faire une virée agréable dans la ville, avec une multiplicité de lieux immersive, des docks au hammam en passant par une patinoire et un aquarium. Lorsqu’un grain de sable s'insère dans l'engrenage pourtant bien huilé de leur routine (une gamine qui confond de l'héroïne avec de la poudre pour le visage de sa poupée, franchement...), leur chute apparaît d'emblée comme inévitable et <strong>Siegel </strong>filme très bien cette longue et éprouvante descente — qui passera par une séquence (à la patinoire) assez inattendue concernant "the man", le commanditaire de l'opération. Armé d'un minimalisme narratif franchement très opérationnel, <ins>The Lineup</ins> fait partie de ces films noirs de facture classique qui distillent (si tant est qu'on y soit sensible) une froideur et une noirceur singulières.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/lineup/.patinoire_m.png" alt="patinoire.png, nov. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Lineup-de-Don-Siegel-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/871Sale temps pour un flic, de Andrew Davis (1985)urn:md5:adc6f3f2697472f42047c0517df786242020-09-28T10:17:00+02:002020-09-28T09:27:05+02:00RenaudCinémaActionChuck NorrisDrogueMeurtrePoliceRobot <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sale_temps_pour_un_flic/.sale_temps_pour_un_flic_m.jpg" alt="sale_temps_pour_un_flic.jpg, sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Another gun without a brain!" (dixit Chuck Norris)<br /></strong></ins></span></div>
<p>Aussi étonnant que cela puisse paraître, <ins>Sale temps pour un flic</ins> n'est pas un gros nanar d’action burnée du pauvre, comme on peut s’y attendre lorsqu’on constate qu'il place en son centre rien moins que le demi-dieu vivant du karaté, le monstre <strong>Chuck Norris </strong>— accompagné de ses plus gros calibres, comme en témoigne l’affiche du film. C'est assez incroyable, mais "Code of Silence" (titre original un peu plus explicite quant à une partie de l'intrigue dédiée à une omerta au sein de la police) est juste un très mauvais film d'action 80s, générique et bourrin, qui se place du côté de la police en lutte éternelle contre les trafiquants de drogues (hispano et italiens, bien sûr). Grotesque et involontairement comique, donc, mais dans un registre très différent de l'image de <ins>Walker, Texas Ranger</ins>.</p>
<p>Un film d'action très ancré dans sa décennie, dans l'esthétique, dans la musique et dans la façon d'aborder le thème du flic qui lutte à la fois contre la corruption au sein de son équipe (une bavure camouflée) et contre la guerre des gangs qui s'enracine à Chicago. <strong>Andrew Davis </strong>se perd très clairement en poursuivant ces deux lièvres à la fois et sans jamais prendre le temps de creuser l'une ou l'autre piste, mais c'est le contraire qui aurait été étonnant, évidemment. Au milieu de toute cette gangue malsaine, bien sûr, <strong>Chuck Norris </strong>est le héros incorruptible, stoïque comme un roc, capable de défoncer les méchants à 15 contre 1 sans sourciller. Il commence à faiblir seulement à partir de 30 contre 1 visiblement. <strong>Chuck Norris </strong>ne parle pas trop donc on limite la casse, mais disons que l'avalanche de clichés du genre (les discussions pour conclure un deal de drogue, les braqueurs immigrés bras cassés, le vieux de la vieille à qui on ne la fait pas, la jeune femme vulnérable qui voit en le protagoniste un père de substitution, etc.) n'aide pas à y voir autre chose qu'un machin ridicule et inconsistant.</p>
<p>La présence d'un robot-tueur assez ridicule dans les rangs de la police, dans cet océan de sérieux très singulier, est un plus : "<em>another gun without a brain!</em>" claque méchamment et très ironiquement dans l’air. Et <strong>Chuck Norris </strong>qui se prend pour Serpico, à grand renfort de punchlines du type "<em>there's a shit-storm coming</em>" ou "<em>when I want your opinion, I'll beat it out of you</em>", c'est quand même drôle. Et la tronche impayable du grand méchant chef de cartel <strong>Henry Silva </strong>(qui menace de te faire une cravate colombienne) ou celle archi conventionnelle dans le genre de <strong>Dennis Farina </strong>achèvent d'en faire un classique des années 80.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/sale_temps_pour_un_flic/.baston_m.jpg" alt="baston.jpg, sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sale-temps-pour-un-flic-de-Andrew-Davis-1985#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/837