Je m'attarde - Mot-clé - Economie le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLe Monde diplomatique - Mars 2014urn:md5:0edc3be572ff63d12d3ff4a405061d082014-03-06T20:55:00+01:002014-03-06T21:17:57+01:00RenaudPresseEconomieEmploiFrédéric LordonLe Monde diplomatiquePolitique <p><img title="diplo_201403.jpg, mar. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="diplo_201403.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201403/.diplo_201403_m.jpg" /></p>
<hr /><div id="centrage"><span style="font-size:16pt"><ins>Les entreprises ne créent pas l'emploi</ins></span><br /><span style="font-size:13pt">Inanité du « pacte de responsabilité »</span><br />Par <strong>Frédéric Lordon</strong>, économiste (voir son blog, <a title="http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-" href="http://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-">La pompe à phynance</a>)</div>
<blockquote><p>Il faut avoir sérieusement forcé sur les boissons fermentées, et se trouver victime de leur propension à faire paraître toutes les routes sinueuses, pour voir, comme s’y emploie le commentariat quasi-unanime, un tournant néolibéral dans les annonces récentes de François Hollande. Sans porter trop hauts les standards de la sobriété, la vérité appelle plutôt une de ces formulations dont Jean-Pierre Raffarin nous avait enchantés en son temps : la route est droite et la pente est forte — mais très descendante (et les freins viennent de lâcher).</p>
</blockquote>
<p>Voici les premiers mots truculents de l'article de <strong>Frédéric Lordon</strong> paru dans le Diplo du mois de mars 2014. Comment résister à la lecture de ce papier (<a title="http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi" href="http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi">disponible </a><a title="http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi" href="http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi">ici</a>), relativement court eu égard aux habitudes de l'économiste spinoziste, après une telle entame ?</p>
<p>Il ne se passe pas une semaine sans que le gouvernement socialiste français affiche son ralliement aux stratégies les plus libérales : "politique de l'offre", amputation des dépenses publiques, stigmatisation du "gâchis" et des "abus" de la Sécurité Sociale. Au point que le patronat hésite sur le cap à tenir. Et que la droite avoue son embarras devant tant de plagiats...</p>
<p>Attention toutefois à ne pas mal comprendre le titre :</p>
<blockquote><p>
En tout cas, derrière « les entreprises ne créent pas d’emploi » il ne
faut certainement pas voir un énoncé à caractère empirique — que les
vingt dernières années confirmeraient pourtant haut la main en tant que
tel... Il s’agit d’un énoncé conceptuel dont la lecture correcte n’est
d’ailleurs pas « les entreprises ne créent pas <em>d’</em>emploi » mais « les entreprises ne créent pas <em>l’</em>emploi ». Les entreprises n’ont aucun moyen de <em>créer</em>
par elles-mêmes les emplois qu’elles offrent : ces emplois ne résultent
que de l’observation du mouvement de leurs commandes dont, évidemment,
elles ne sauraient décider elles-mêmes, puisqu’elles leur viennent <em>du dehors</em> — du dehors, c’est-à-dire du bon-vouloir dépensier de leurs clients, ménages ou autres entreprises.
</p>
</blockquote>
<p>En résumé, les entreprises ne créent pas l’emploi : elles « opèrent » l’emploi déterminé par la conjoncture. Si l’on veut de l’emploi, c’est à la conjoncture qu’il faut s’intéresser, pas aux entreprises.</p>
<p>L'article dont je vous recommande la lecture intégrale : <a title="http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi" href="http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi">http://blog.mondediplo.net/2014-02-26-Les-entreprises-ne-creent-pas-l-emploi</a></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Monde-diplomatique-Mars-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/235Le Grand Retournement, de Gérard Mordillat (2013)urn:md5:2a88ff47eaf3f3610db356dbfbdb0dde2013-01-20T09:48:00+01:002013-01-25T10:50:27+01:00RenaudCinémaComédieCrise économiqueEconomieFrançois MorelFrédéric LordonPoésieThéâtre <p><img title="grand_retournement.jpg, janv. 2013" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="grand_retournement.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grand_retournement/.grand_retournement_m.jpg" /></p>
<p>Projeté mardi dernier en avant-première à l'Utopia de Toulouse, le dernier film de <strong>Gérard Mordillat</strong> sortira dans toutes les bonnes salles le mercredi 23 janvier 2013. Et autant le dire d'emblée : <ins>Le Grand retournement</ins> est une vraie réussite, une de ces œuvres exigeantes de prime abord, mais qui peu à peu se laissent apprivoiser et qui finissent par nous émerveiller.</p>
<p>On <img title="dun_retournement_lautre.jpg, janv. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 0em 0;" alt="dun_retournement_lautre.jpg" src="http://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grand_retournement/.dun_retournement_lautre_s.jpg" />est tout d'abord surpris, peut-être dérouté par ce film qui allie la rigueur du fond (la crise économique, racontée avec minutie et sans
ambages) à la grâce de la forme (le théâtre, la poésie, et ces
alexandrins qui virevoltent pendant 80 minutes). Il ne s'agit pas d'une pièce de théâtre filmée, pas plus que d'un film au sens classique, puisque le scénario est adapté du livre — en quatre actes, et en alexandrins — de <strong>Frédéric Lordon</strong>, <ins>D'un Retournement l'autre</ins>, sous-titrée « <em>Comédie sérieuse sur la crise financière.</em> » Rappelons que <strong>Lordon</strong> est un économiste hétédoxe, directeur de recherche au CNRS, collaborateur du Monde diplomatique et membre du collectif des « Économistes atterrés. »<br /> Plus qu'une simple version cinématographique, on savoure une composition
protéiforme, harmonieuse, tirant
pleinement profit de cette dualité théâtre / cinéma et mêlant le vocabulaire du capitalisme aux formules élégantes du théâtre classique. Car <strong>Gérard Mordillat</strong> n'est pas un illustre inconnu (quel bel oxymore) : auteur de nombreux romans, films et autres documentaires, il a notamment signé en 2010, pour la télévision, l'adaptation de son livre <ins>Les Vivants et les Morts</ins> sur la condition humaine et le monde ouvrier. Avec <strong>Jérôme Prieur</strong>, il a également réalisé une série documentaire consacrée à l'histoire du christianisme. Enfin, grand amoureux du verbe, il a publié en 2011 un recueil de poèmes intitulé <ins>Le Linceul du vieux monde</ins> (chez <em>Le Temps qu’il fait</em>).</p>
<p>Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt, à notre crise économique, un thème à caractère hautement répulsif... "Crise" et "Économie" : voilà deux mots que beaucoup fuient. L'abstraction est telle qu'aujourd'hui, on n'en entend presque plus
parler de cette « <em>crise sans précédent</em> » qui ébranla les fondements du capitalisme mondialisé. <img title="mordillat.jpg, janv. 2013" style="float: right; margin: 0 0 0em 1em;" alt="mordillat.jpg" src="http://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grand_retournement/.mordillat_s.jpg" />Certes, ses conséquences se rappellent à nous de manière brutale dans
les JT et dans les journaux, avec ces répercussions dramatiques en termes
de délocalisations (inévitables, forcément), ce « coût du travail » (comprendre : <em>salaire</em>s) qu'il faut baisser, et ces « charges » (comprendre : <em>cotisations</em>)
sociales qu'il faut diminuer. Mais l'essence même de cette crise, ce qui lui donne cette saveur particulièrement amère, est tue. Sciemment. Son origine
profonde est enfouie sous les décombres d'un système qui déjà renaît de ses cendres. Souvent, on la retrouve tapie dans l'ombre d'un langage abscons ; et quand elle est évoquée sans détour, beaucoup voudraient la cantonner aux délires d'une poignée
de traders cupides ou à l'épisode américain des <em>subprimes</em> — qui, soit dit en passant, est en train de se réincarner aux États-Unis dans les emprunts étudiants. C'est là qu'intervient le film de <strong>Gérard Mordillat</strong>.</p>
<p>On avait adoré <ins>Les Nouveaux chiens de garde</ins> de <strong>Gilles Balbastre</strong> et <strong>Yannick Kergoat</strong> (lire <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Nouveaux-Chiens-de-Garde-par-Gilles-Balbastre-et-Yannick-Kergoat">le billet à ce sujet</a>, rédigé il y a déjà un an) qui dénonçait avec humour et talent l'emprise de l'empire médiatique sur l'opinion publique. Dans sa droite lignée, <ins>Le Grand retournement</ins> procure la même jubilation, doublée du même effroi, sur un sujet voisin. Petit retour en arrière...<br />C'est la crise ! Nous sommes en 2007-2008 : la bourse s'effondre, les banques sont au bord de la faillite, le crédit est mort et enterré, l'économie est à l'agonie. Ne parlons même pas du taux du livret A... Pour se sortir de ce pétrin incommensurable (pour ne pas dire : <em>de ce gigantesque merdier</em>), les banques ont une idée de génie : faire appel à celui pour qui elles ont toujours ressenti le plus grand mépris, celui qui subitement incarnera le saint sauveur. En un mot comme en cent : l'État. Les citoyens du monde entier paieront pour que le système perdure. L'ont-il voulu ? Le leur a-t-on seulement demandé ? Ceci ne semble pas faire partie de leurs prérogatives... De toute façon, tout le monde le sait, « <em>c'est ça ou la nationalisation</em> » — aussi connue sous les dénominations suivantes : théorie cryptocommuniste, œuvre du diable, dessein lénino-trotskyste, généralisation des kolkhozes, goulag institutionnalisé, etc. La conclusion, si tant est qu'il y ait eu le moindre début de raisonnement, est simplement thatchérienne : « There is no alternative » (TINA).</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grand_retournement/.banquiers_m.jpg" alt="banquiers.jpg" title="banquiers.jpg, janv. 2013" /><br /><em>Les banquiers : <strong>Jacques Weber</strong>, <strong>Jacques Pater</strong>, <strong>Franck De La Personne</strong> et <strong>Jean-Damien Barbin</strong>.</em></div>
<blockquote><p>
<strong>ACTE III, scène 2</strong><br />
Le bureau du président de la République, les banquiers — tout juste rescapés du désastre par l’intervention de l’État. Et au milieu d’eux un conseiller un peu particulier, voix improbable de la critique du système au cœur du système.<br /><br />
<em><strong>Le banquier</strong><br />
<br />
Monsieur le Président, votre haut patronage<br />
Nous offre l’occasion de multiples hommages.<br />
A votre action d’abord qui fut incomparable<br />
Et victorieusement éloigna l’innommable.<br />
Mais à votre sagesse nous devons tout autant<br />
La grâce que nous vaut le parfait agrément<br />
De vous entretenir et d’avoir votre oreille,<br />
Pour éloigner de vous tous les mauvais conseils.<br />
<br />
<strong>Le quatrième banquier</strong><br />
<br />
Nous savons le courroux qui saisit l’opinion,<br />
Tout ce que s’y fermente, toute l’agitation.<br />
Nous entendons la rue rougeoyant comme forge<br />
Vouloir nous châtier, nous faire rendre gorge.<br />
Le peuple est ignorant, livré aux démagogues,<br />
Outrance et déraison sont ses violentes drogues.<br />
Il n’est que passion brute, impulsion sans contrôle,<br />
Un bloc d’emportement, et de fureur un môle.<br />
<br />
<strong>Le troisième banquier</strong><br />
<br />
Mais nous craignons surtout que des opportunistes,<br />
Sans vergogne excitant la fibre populiste,<br />
Propagent leurs idées, infestent les esprits.<br />
Ils ne nous veulent plus que raides et occis.<br />
Même les modérés sont assez dangereux.<br />
Incontestablement ils semblent moins hargneux,<br />
Et s’ils n’ont nul projet de nous éradiquer,<br />
Ils ne veulent pas moins nous faire réguler...</em></p>
<hr><p>
<em>Extrait du livre de <strong>Frédéric Lordon</strong>, <ins>D'un retournement l'autre</ins></em>, <em>Seuil, Paris, 2011.
</em></p>
</blockquote>
<p>Selon <strong>Mordillat</strong>, il faut se réapproprier le débat par les mots et chasser cette novlangue omniprésente, créée de toute pièce et alimentée par des économistes de garde, qui a pénétré les mentalités. Et l'écriture en alexandrins est là pour nous le rappeler, avec ces sonorités et ce rythme qui magnifient le propos et qui rendent l'histoire incroyablement limpide. <ins>Le Grand retournement</ins>, plus qu'une simple explication de texte sur la crise, donne à penser que l'ensemble est beaucoup plus simple qu'il n'y paraît. Là où le roman de <strong>DeLillo</strong> conférait à <ins>Cosmopolis</ins> (le film de <strong>David Cronenberg</strong> <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cosmopolis-de-David-Cronenberg-2012">chroniqué ici</a>) une très forte symbolique, le livre de <strong>Lordon</strong>, avec son discours empreint d'ironie, donne naissance à une œuvre multiple, à mi-chemin entre la tragédie de Racine et la comédie de Molière (les références sont avouées). On serait même tenté de voir dans le personnage du président de la République (<strong>Élie Triffault</strong>) l'incarnation assez inspirée d'un <em>Hamlet</em> tout droit sorti de la pièce de <strong>Shakespeare</strong>, qui aurait troqué le fameux crâne de Yorick contre une Nintendo DS...</p>
<div id="centrage"><img title="morel.jpg, janv. 2013" alt="morel.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/grand_retournement/.morel_m.jpg" /><br /><em>Les conseillers : <strong>François Morel</strong> et <strong>Benjamin Wangermee </strong>.</em></div>
<p>Si les décors jouent ici un rôle primordial, au même titre que les personnages, c'est à ses derniers que revient le mérite de nous immerger dans cette atmosphère peu amène. Ils sont interprétés par des acteurs qui ont tous grandi sur les planches et chez qui le maniement du ver semble être un art ancestral, de <strong>François Morel</strong> (le premier conseiller) à <strong>Édouard Baer</strong> (le trader) en passant par <strong>Patrick Mille</strong> (le nouveau deuxième conseiller) et <strong>Odile Conseil</strong> (la grande journaliste). Les plans serrés sur les visages grossiers des banquiers (incarnés par <strong>Jacques Weber</strong>, <strong>Franck De La Personne</strong>, <strong>Jacques Pater</strong> et <strong>Jean-Damien Barbin</strong>) donnent des images hideuses à souhait, pleines de boursouflures, de rires sardoniques et de doubles mentons. La séquence où ils rivalisent d'habileté dans la surenchère, pour convaincre le président de les sauver de la banqueroute, en s'exprimant dans un jargon ésotérique à l'oral comme à l'écrit (il faut les voir s'exciter avec leurs graphiques et leurs formules mathématiques stériles), atteint des sommets. La conclusion est quant à elle sans équivoque, et fut réaffirmée par <strong>Gérard Mordillat</strong> lors du débat qui suivit la projection : c'est aux citoyens, et à eux seuls, que revient la responsabilité et le devoir de cette « <em>insurrection qui vient</em> ».</p>
<hr>
<em><ins>Des choses à lire, des choses à voir, des choses à écouter</ins> :</em>
<ul><li>Le livre de <strong>Frédéric Lordon</strong>, <ins>D'un Retournement l'autre</ins>. <em>Comédie sérieuse sur la crise financière. En quatre actes, et en alexandrins</em>, Paris, Seuil, 2011 ;</li>
<li><ins>Les Nouveaux chiens de garde</ins>, le film documentaire urticant de <strong>Gilles Balbastre</strong> et <strong>Yannick Kergoat</strong> sur l'empire médiatique français (lire <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Nouveaux-Chiens-de-Garde-par-Gilles-Balbastre-et-Yannick-Kergoat">la chronique</a>) ;
</li>
<li><ins>Cosmopolis</ins>, le film crépusculaire sur le capitalisme de <strong>David Cronenberg</strong> (lire <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cosmopolis-de-David-Cronenberg-2012">la chronique</a>) ;
</li>
<li>Les billets consacrés à <strong>Frédéric Lordon</strong> (voir <a title="http://www.je-mattarde.com/index.php?tag/Fr%C3%A9d%C3%A9ric%20Lordon" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?tag/Fr%C3%A9d%C3%A9ric%20Lordon">les billets associés à ce mot-clé</a>) ;</li>
<li>L'émission de <strong>Daniel Mermet</strong> <em>Là-bas si j'y suis</em> du lundi 21 janvier, sur France Inter, consacrée au film (écouter <a title="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2665" href="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2665">l'émission</a>) ;</li>
<li><em>Ce soir (ou jamais !)</em> du mardi 22 janvier, l'émission présentée par <strong>Frédéric Taddeï</strong>, et le dialogue final avec<strong> Frédéric Lordon</strong> (regarder <a title="http://www.france3.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais" href="http://www.france3.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais">l'émission</a>).</li>
</ul>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Grand-Retournement-de-Gerard-Mordillat-2013#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/200Le Monde diplomatique - Novembre 2012urn:md5:06a5d75e832031e15dd68288c0b435b52012-11-30T11:37:00+01:002012-11-30T11:37:00+01:00RenaudPresseCompétitivitéEconomieHomosexualitéLe Monde diplomatiquePêche <p><img title="1-8_Frères + cotisations.qxp (Page 1), nov. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="1-8_Frères + cotisations.qxp (Page 1)" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201211/diplo_201211.jpg" /></p>
<hr><div id="centrage"><span style="font-size:15pt"><ins>Un choc de compétitivité pour les actionnaires ?</ins></span><br /><span class="auteurs"><strong>Laurent Cordonnier</strong></span></div>
<p><span style="font-size:10pt">Ce mois-ci, je vous propose la retranscription d'un article trouvé sur le site du Diplo. Il permet de mettre des chiffres précis sur des concepts éminemment politiques comme compétitivité, répartition des revenus des entreprises et prélèvements publics. Les deux graphes résument parfaitement la tendance et font vraiment froid dans le dos quand on songe à l'avenir...<br /></span></p>
<p><span style="font-size:15pt">«</span></p>
<p>Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé, mardi 6 novembre, une réduction de la fiscalité des entreprises de l’ordre de 20 milliards d’euros par an, par l’instauration d’un « crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi ».<br /><br />
La mesure, adoptée à l’issue d’un séminaire gouvernemental, sera financée à parts égales par des hausses de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et par des coupes supplémentaires dans les dépenses publiques. Il s’agit de la mesure phare prise par le gouvernement suite au rapport remis la veille par Louis Gallois, commissaire général à l’investissement (1).<br /><br />
Reprenant l’essentiel des propositions du rapport concernant les mesures destinées à améliorer la compétitivité dite « hors coût », le gouvernement a choisi de s’en écarter sensiblement concernant le volet « compétitivité coût » : ce sera une baisse d’impôt sur les bénéfices des sociétés, plutôt qu’une baisse des charges patronales. Une telle mesure suscite légitimement l’incompréhension. Elle est destinée, selon le chef de l’exécutif, à créer un « choc de confiance ». Comme le résume le journal Les Echos, c’est « un signal majeur envoyé au patronat, aux organisations internationales (FMI, OCDE...) et aux économistes, qui n’ont de cesse d’affirmer, pour la plupart, que la France fait trop porter son ajustement budgétaire sur les impôts depuis trois ans ». Un « signal » à 20 milliards d’euros, payé par l’ensemble des contribuables, pour amadouer le patronat... On est en droit de se demander si cela aura des effets tangibles en dehors du cercle magique — dont on aimerait bien connaître le périmètre et l’initiation — qui en a supposé l’incantatoire efficacité.<br /><br />
Une baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés peut-elle améliorer la compétitivité des produits français (les rendre plus attractifs relativement aux produits étrangers) ? En théorie, oui. Mais à condition seulement qu’elle soit répercutée sous forme de baisse du prix des produits (pour améliorer la compétitivité prix), ou que l’impôt économisé serve aux investissements nécessaires à l’amélioration de la compétitivité hors coût : investissements privilégiant l’innovation, investissements visant à augmenter la qualité des produits, ou investissements accompagnant des réorientations stratégiques destinées à mieux positionner les produits français sur les segments de la demande mondiale en croissance — si l’économie française rencontre des problèmes de compétitivité, c’est plutôt sur ce dernier aspect qu’il faudrait aller les chercher.<br /><br />
La recherche-développement n’est pourtant pas la priorité des entreprises françaises, mais davantage considérée comme une variable d’ajustement, tel que le décrit un rapport récent de la Fondation Copernic et d’Attac. Lorsque leurs marges sont sous tension, comme cela a été le cas durant la période de surévaluation de l’euro, elles ont préféré sacrifier l’innovation pour continuer à augmenter les dividendes versés aux actionnaires (2).<br /><br />
Une baisse des impôts sur leur bénéfice sera-t-elle de nature à soulager cette tension ou encouragera-t-elle à l’inverse une utilisation rentière de cette manne ? On dispose de quelques éléments pour en juger.?</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201211/Repartition_revenu_global_entreprises.png" alt="Repartition_revenu_global_entreprises.png" title="Repartition_revenu_global_entreprises.png, nov. 2012" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201211/prelevements_publics.png" alt="prelevements_publics.png" title="prelevements_publics.png, nov. 2012" /><br />
<span style="font-size:10pt"><ins>Source</ins> : Banque de France, base de données des comptes sociaux, novembre 2011.</span> </div>
<p>
Comme le montrent ces graphiques, l’impôt sur les sociétés a déjà fortement baissé en France durant ces quinze dernières années. Dans la répartition du revenu global créé par l’ensemble des entreprises — revenu qui est la contrepartie de la richesse créée et vendue par ces mêmes entreprises — la part qui revient à l’Etat a diminué de près de quatre points. Pour les seules grandes entreprises, qui représentent plus du tiers de la valeur ajoutée produite et de l’emploi, les efforts de l’Etat ont été significatifs : la part des prélèvements sur le revenu global a baissé de 6,4 points (3). Sans pour autant que cela ait créé un « choc de compétitivité ». Le commerce extérieur de la France s’est en effet dégradé sur cette période (hors facture énergétique) de plus de 50 milliards d’euros. C’est peut-être pourquoi, en bonne logique, le gouvernement s’apprête à augmenter la dose.<br /><br />
La baisse des prélèvements sur les entreprises n’a cependant pas été mise en œuvre en pure perte. Elle a sans doute permis aux entreprises, qui en ont bénéficié, de verser toujours plus de dividendes à leurs actionnaires. La part du revenu global des entreprises distribuée aux actionnaires et aux associés a en effet augmenté de six points sur la même période. Avec la diminution de quatre points de la part qui rémunère le personnel (4), ce sont les seuls et véritables changements notables dans la répartition des revenus crées par les entreprises depuis quinze ans : baisse des rémunérations, baisse des prélèvements étatiques et hausse de la rente. De là à parler de vases communicants entre les baisses d’impôts et les dividendes, il y a un pas... qu’il est tout à fait tentant de franchir en l’absence de bonnes raisons de penser le contraire.<br /><br />
D’autant que le crédit d’impôt en question, qui est fonction de la masse salariale, arrosera sans discernement l’ensemble des entreprises françaises. N’en sont en effet pas exclues, a priori, les 2,55 millions de micro-entreprises (moins de dix salariés) qui emploient en moyenne à peine plus d’un salarié, et qui ne sont sans doute pas les champions actuels (ni futurs) de la projection du « site France » à l’étranger. Comme le note le Conseil économique, social et environnemental : « Selon les dernières données disponibles, la France compte 92 000 entreprises exportatrices (2009) et l’Allemagne 364 000 (2007), soit un rapport de un à quatre. De plus, 1 % des entreprises réalisent environ 70 % des exportations en France et 60 % en Allemagne (5). » Bref, pour 1 % des entreprises qui exportent réellement (et pour les 2 % que l’on espère demain), faut-il faire un chèque en blanc de 20 milliards d’euros aux 98 % qui n’exportent pas et n’exporteront sans doute jamais rien ?</p>
<p><span style="font-size:15pt">»</span></p>
<p><strong>Laurent Cordonnier</strong></p>
<p><span style="font-size:10pt">
(1) « Pacte pour la compétitivité de l’économie », Rapport au premier ministre, 5 novembre 2012. <br />
(2) « En finir avec la compétitivité », Attac et Fondation Copernic, octobre 2012.<br />
(3) Au passage : la part des salariés (et du personnel extérieur) est passée de 50,5 points à 43,6.<br />
(4) Part non transcrite sur les graphiques, pour ne pas alourdir la présentation.<br />
(5) « La compétitivité, enjeu d’un nouveau modèle de développement », Conseil économique, social et environnemental, octobre 2011.
</span></p>
<hr><p>Et aussi : </p>
<ul><li>Premier importateur de poisson de la planète, l’Union européenne a mis en place une politique commune de la pêche qui, tout en affichant un objectif de « préservation des ressources naturelles », encourage des pratiques industrielles destructrices jusqu’en Afrique. Un reportage hallucinant.</li>
<li>Un tour d’horizon mondial des combats pour la reconnaissance des droits des minorités sexuelles à la veille de la présentation du projet de loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe à l’Assemblée nationale en janvier prochain. Où l'on apprend qu'il vaut mieux faire profil bas dans de (trop) nombreux pays quand on n'est pas hétérosexuel... </li>
</ul>
<hr> <p><ins>À écouter</ins> : L'émission de <strong>Daniel Mermet</strong> sur France Inter, <em>Là-bas si j'y suis</em> (<a title="http://www.la-bas.org/" hreflang="fr" href="http://www.la-bas.org/"><em>www.la-bas.org</em></a>), qui débat autour du Diplo une fois par mois. Celle de novembre est disponible sur <a title="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2592" href="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2592">http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2592</a>.<br /><ins>À farfouiller</ins> : Le site du <em>Monde diplomatique</em> : <a title="http://www.monde-diplomatique.fr/" hreflang="fr" href="http://www.monde-diplomatique.fr/">www.monde-diplomatique.fr</a>.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Monde-diplomatique-Novembre-2012#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/174Interview de Frédéric Lordon par Daniel Mermet : qu'est-ce que la finance ?urn:md5:b92d336b4e7deea447916b7d5d3892c22012-11-27T08:00:00+01:002012-11-27T22:06:12+01:00RenaudSociétéDaniel MermetEconomieFinanceFrédéric Lordon <p>Vendredi 23 novembre, <em>Là-Bas si j'y suis</em> (l'<a title="http://www.la-bas.org/" href="http://www.la-bas.org/">émission </a>de <strong>Daniel Mermet</strong> sur France Inter) avait pour titre « Prolétaires de tous les pays, devenez trader ! ». Je vous en retranscris le résumé : </p>
<blockquote><p>« Le Hero du père, c’était Che Guevara, le Hero du fils, c’est Jérôme Kerviel. Le monde change. Vous aussi, devenez trader, apprenez le trading, écoutez BFM Business ! N’importe qui peut s’enrichir vite et facilement. C’est ce que nous sommes allés voir. En effet, la connaissance et la pratique de la finance et du placement, voilà ce qui est indispensable à la France pour sortir de la crise et connaître un avenir radieux. Ecoutez les conseils de notre expert, Frédéric Lordon, laissez tomber la lutte des classes, prolétaires de tous les pays, devenez trader ! »</p>
</blockquote>
<p>L'émission a rencontré un franc succès — tout comme l'émission de la veille, autour du livre de <strong>Jean Stern</strong>, <ins>Les patrons de la presse nationale, tous mauvais</ins> (éditions <em>La Fabrique</em>, 2012). Aussi, le lundi suivant, l'équipe de <em>Là-bas</em> a publié le message suivant :</p>
<blockquote><p>« Ça ne vous a pas échappé, chers AMG [auditeurs modestes et géniaux], dans notre reportage du vendredi 23 novembre, "Prolétaires de tous les pays, devenez trader !", on a fait appel à notre expert financier, Frédéric Lordon. Résultat, on a passé tout le weekend à lire vos messages réclamant plus de Lordon dans Là-bas si j’y suis ! C’est incroyable. Certains d’entre vous décrivent des troubles du comportement, d’autres des tremblements, des frissons, et même des accès de fièvre ! Chers AMG, on ne pouvait pas vous laisser plus longtemps dans cet état.
Voici donc, en exclusivité pour les auditeurs de Là-bas, un entretien indispensable pour comprendre ce qu’est la finance. »</p>
</blockquote>
<p>Je vous invite donc à prendre dix minutes de votre temps (libre) pour écouter le professeur <strong>Frédéric Lordon</strong>, très bon pédagogue, expliquer ce qui se cache derrière ce mot fourre-tout : la finance. Une notion élémentaire, rébarbative de prime abord, mais nécessaire à la compréhension du bordel planétaire actuel.<br /> </p><iframe width="100%" height="166" scrolling="no" frameborder="no" src="http://w.soundcloud.com/player/?url=http%3A%2F%2Fapi.soundcloud.com%2Ftracks%2F68883271&show_artwork=true"></iframe>
<p>Si vous voulez en savoir un peu plus, écoutez l'émission sur le métier de trader, à l'origine de cette interview : <a href="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2605" title="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2605">Prolétaires de tous les pays, devenez trader !</a> </p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Interview-de-Frederic-Lordon-par-Daniel-Mermet-qu-est-ce-que-la-finance#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/180Le Monde diplomatique - Août 2012urn:md5:26ba0eff3584525a026b631c84bd5b0d2012-09-08T17:48:00+02:002012-11-12T22:56:24+01:00RenaudPresseCrise économiqueEconomieFrédéric LordonLe Monde diplomatiquePeinturePoésieVictor Hugo <div id="centrage"><span style="font-size: 9pt;">Petit retard dans le Diplo de ce mois-ci. En cause : boulot, rando et Roumanie...</span></div>
<p><img title="diplo_201208.jpg, juil. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="diplo_201208.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201208/.diplo_201208_m.jpg" /></p>
<hr><div id="centrage"><span style="font-size:15pt"><ins>Victor Hugo peintre</ins></span><br />« Les arc-en-ciel du noir »<br /><strong>Gilles Lapouge</strong> (écrivain)</div>
<p>Un jour, <strong>Annie Le Brun</strong> se voit proposer par <strong>Gérard Audinet</strong>, directeur de la Maison de <strong>Victor Hugo</strong>, place des Vosges à Paris, et de celle de Hauteville House, à Guernesey, une « exposition carte blanche ». Cette carte blanche la fascine. Elle va la remplir de noir — ces « arcs-en-ciel du noir » que les dessins de <strong>Hugo</strong> font lever et qui ont donné son titre à une exposition saisissante.</p>
<p><strong>Annie Le Brun</strong> remarque que <strong>Victor Hugo</strong>, admiré et méprisé tour à tour pendant des décennies, longtemps mal lu, réduit enfin au statut d'icône, a été redécouvert quand ses dessins furent présentés dans les années 1950. Ce qui n'entraîna pas, curieusement, une lecture nouvelle. C'est à regretter. Ces dessins nous auraient aidés à lire avec des yeux plus perçants les amours, l'érotisme fou, les invectives, les inventions de <strong>Hugo </strong>: sa poésie, dans toute ses dimensions.</p>
<blockquote><p>« L'infini masqué de noirceurs, voilà la nuit. [...] La nuit est-elle sereine ? C'est un fond d'ombre. Est-elle orageuse ? C'est un fond de fumée. L'illimité se refuse et s'offre à la fois, fermé à l'expérimentation, ouvert à la conjecture. D'innombrables piqûres de lumière rendent plus noire l'obscurité sans fond. Escarboucles, scintillations, astres, présences constatées dans l'ignoré ; défis effrayants d'aller toucher à ces clartés. »<br /><br /><strong>Victor Hugo</strong>, <ins>Les Travailleurs de la Mer</ins>, 1866.</p>
</blockquote>
<p>De ces dédales et de ces dangers, de ces effrois, <strong>Hugo </strong>est le guide et l'explorateur. « <em>On dirait par moments</em>, écrit-il dans <ins>William Shakespeare </ins>(1864), <em>que <strong>Shakespeare </strong>fait peur à </em><strong><em>Shakespeare</em></strong> », et sans doute, ce jour-là, parlait-il de lui-même. Mais « <em>il faut que le songeur soit plus fort que le songe</em> » (<ins>Le Promontoire du songe</ins>). Les encres de la place des Vosges sont, quelque part, la forme de ce songe.</p>
<div id="centrage">
<img title="hugo_madestinee.jpg, sept. 2012" alt="hugo_madestinee.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201208/.hugo_madestinee_m.jpg" />
<br /><span style="font-size: 10pt;"><strong>Ma Destinée</strong>
<br />Plume et lavis d'encre brune, gouache, sur papier vélin, 1987.
<br />Maison de Victor Hugo, Paris.</span>
<br />
<br /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201208/.hugo_ermitage_m.jpg" alt="hugo_ermitage.jpg" title="hugo_ermitage.jpg, sept. 2012" />
<span style="font-size: 10pt;"><br /><strong>L'Ermitage</strong>
<br />Plume encres brune et noire et lavis, crayon de graphite, fusain, grattages, pochoir 1885.
<br />Maison de Victor Hugo, Paris.</span></div>
<hr><div id="centrage"><span style="font-size:15pt"><ins>Peugeot, choc social et point de bascule</ins></span><br />Pour en finir avec la crise<br /><strong>Frédéric Lordon</strong> (écnomiste)</div>
<p>Plusieurs centaines de milliers de manifestants ont défilé dans toute l’Espagne, en juillet, pour dénoncer le durcissement de l’austérité. Au point d’inquiéter le président du Parlement européen, M. Martin Schulz. « <em>Une explosion sociale menace</em> », a-t-il prévenu. En France, la crise se rappelle brutalement au bon souvenir du monde politique, jusqu’ici accaparé par les échéances électorales, avec une vague de fermetures d’usines. Le gouvernement, qui a fait de la réindustrialisation l’une de ses priorités, se trouve désormais dos au mur.</p>
<p>C'est donc pour <strong>Frédéric Lordon</strong> l'occasion d'occuper une pleine double-page au centre du Diplo, et d'imaginer — en détails ! — un pays qui saurait s'opposer au diktat des marchés financiers et de leur sacro-saint « libre échange », euphémisme insidieux qu'il préfère reformuler en « <em>concurrence terriblement distordue avec des pays à standards socio-environnementaux inexistants, prolongée en libéralisation extrême des délocalisations.</em> »</p>
<p>Plutôt que de diriger notre colère vers M. Philippe Varin (actuel PDG de PSA) et la famille Peugeot, il faudrait mieux se tourner vers ces choses plus lointaines, plus abstraites et moins tangibles que sont les structures du capitalisme mondialisé, entités imperceptibles et impersonnelles mais vraies causes de la condition salariale présente — et qui réunissent pour leur infortune les PSA comme les Doux, les Technicolor ou hier les Conti.</p>
<p>Il faut désormais s'abstraire de la stupide fatalité des règles européennes : le socialisme de nettoyage, ça suffit. « <em>Sans doute les causes sont-elles à l'œuvre depuis longtemps, disons depuis deux décennies. Mais c'est leur intersection avec la crise financière de 2008, aggravée depuis 2010 en crise européenne, qui produit cette déflagration. M. Hollande ne devrait donc pas tarder à s'apercevoir que dire "croissance" et obtenir des cacahuètes au dernier sommet européen (un plan grandiose de relance de... 1% du PIB) pouvait faire illusion cosmétique par beau temps, mais pas en pleine décapilotade.</em> »</p>
<hr> <ins>À écouter</ins> : L'émission de <strong>Daniel Mermet</strong> sur France Inter, <em>Là-bas si j'y suis</em> (<a title="http://www.la-bas.org/" hreflang="fr" href="http://www.la-bas.org/"><em>http://www.la-bas.org</em></a>), en vacances cet été mais de retour en septembre.<br /><ins>À farfouiller</ins> : Le site du <em>Monde diplomatique</em> (<a title="http://www.monde-diplomatique.fr/" hreflang="fr" href="http://www.monde-diplomatique.fr/">http://www.monde-diplomatique.fr</a>).https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Monde-diplomatique-aout-2012#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/148Le Monde diplomatique - Juillet 2012urn:md5:d5f9a1ab15f2e81d4b80d2059e66d2482012-07-25T13:00:00+02:002012-07-25T13:00:00+02:00RenaudPresseDrogueEconomieMexiqueNarcotraficTourismeVacances <p><img title="diplo_201207.jpg, juin 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="diplo_201207.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201207/.diplo_201207_m.jpg" /></p>
<hr><div id="centrage"><span style="font-size:15pt"><ins>Mexico recule devant les cartels</ins></span><br />« Guerre contre la drogue »<br /><strong>Jean-François Boyer</strong> (journaliste, envoyé spécial)</div>
<p>La campagne présidentielle mexicaine du début du mois a été marquée par un mouvement étudiant inédit dénonçant le soutien des grands médias privés à M. Enrique Peña Nieto, le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre droit). Elle a surtout confirmé la préoccupation principale de la population : survivre à la violence quotidienne déchaînée par le trafic de la drogue.</p>
<p><ins><img title="culte_sainte_mort.jpg, juil. 2012" style="float: left; margin: 0 1em 0em 0;" alt="culte_sainte_mort.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/PRESSE/diplo/diplo_201207/.culte_sainte_mort_m.jpg" />Miss Bala</ins> (film de <strong>Gerardo Naranjo</strong> <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Miss-Bala-de-Gerardo-Naranjo-2012">chroniqué ici</a>) traitait le sujet sous la forme d'une métaphore, où l'héroïne incarnait cette population prise en otage, prisonnière d'une violence omniprésente, acculée entre les narcotrafiquants et la police. La revue <strong>XXI</strong> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-revue-XXI">présentée ici</a> par <strong>Clément</strong>), dans son numéro 18, s'attarde aussi longuement sur l'enfer très ordinaire des habitants de Ciudad Juárez, à une centaine de mètres d'El Paso, au Texas, où la vie suit son cours malgré les assassinats quotidiens. Selon le département d'État américain, en 2011, 95% de la cocaïne aux États-Unis passait par le Mexique. Un marché en plein essor qui ne connaît vraiment pas la crise...<br />Depuis 2006 et la réélection de Felipe Calderón — soucieux de redorer son blason terni par des accusations de fraude électorale —, 400 000 policiers et 50 000 soldats sont mobilisés dans une « guerre » contre le trafic de drogue qui menace aujourd'hui l'État mexicain. Les cartels, qui disposent désormais d'un armement lourd, n'hésitent plus à affronter les convois de l'armée de terre dans les régions qu'ils gouvernent de fait. Entre 2006 et 2011, 2888 soldats, marins, policiers et agents des services de renseignement ont été tués, avec un très fort pourcentage de policiers municipaux. Même si les premières victimes du crime organisé sont les polices, il assoit sa domination au cœur des populations par la terreur. En septembre 2011, 35 corps sans vie ont été retrouvés devant un grand centre commercial de Veracruz. Les tueries reprirent en novembre, avec 16 cadavres calcinés à Culiacán et 26 corps abandonnés en plein centre de Guadalajara, la deuxième ville du Mexique. Depuis quelques années, les compteurs du sordide s'affolent et totalisent plusieurs milliers de morts par an.</p>
<p>L'offensive de M. Calderón se sera donc retournée contre l'ordre institutionnel qu'elle prétendait défendre. Les narcos ont prouvé ces dernières années que, avec ou sans la complicité active du pouvoir, ils étaient capables de mettre l'État en échec et de contrôler une grande partie du territoire. Les conséquences politiques ne se sont pas faites attendre, puisque lors de la campagne présidentielle de 2012, la société tétanisée semblait s'être ralliée à l'idée de ramener le PRI au pouvoir : lui seul serait capable, dit-on, de négocier avec les narcos et de ramener la paix... Se souviendra-t-on de la présidentielle de juillet 2012 comme de la première tentative des cartels de remporter une victoire sur la démocratie ?</p>
<hr>
<div id="centrage"><span style="font-size:15pt"><ins>Dossier : Tourisme, l'industrie de l'évasion</ins></span></div>
<p>Voici venu l'été... L'occasion pour le Diplo de produire un excellent dossier sur le tourisme.</p>
<p>Jusqu'au début du XXe siècle, seules certaines franges de la haute
société pouvaient partir à la découverte du monde. Si le séjour à
l'étranger n'a pas perdu sa vocation distinctive (<ins>Du « grand tour » à Sciences Po, le voyage des élites</ins>, par <strong>Bertrand Réau</strong>),
le tourisme a cessé d'être l'apanage des plus riches. Mais on peut encore aujourd'hui opposer la « double présence » des étudiants occidentaux qui sont à la fois soutenus à l'étranger et attendus chez eux, à la « double absence » des immigrés, évoquée par le sociologue <strong>Abdelmalek Sayad</strong>, qui partent vers un horizon incertain et qui, après s'être heurtés à la réalité de la société d'arrivée, doivent retourner chez eux sans en avoir nécessairement retiré un avantage, l'absence étant parfois synonyme d'exclusion des relations sociales locales.</p>
<p>Le tourisme alimente une
nouvelle industrie qui conduit à des déplacements massifs de population,
comme en Chine (<ins>Quand les Chinois découvrent les joies de la villégiature</ins>, par <strong>Pál Nyíri</strong>). Mais la conquête du temps libre a-t-elle pour autant tenu ses promesses d'émancipation (<ins>Oisiveté bien encadrée</ins>, par <strong>Philippe Bourdeau</strong> et <strong>Rodolphe Christin</strong>)
? Rien n'est moins sûr, tant l'usine à rêves alimentée par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) participe à cette perspective de l'industrie culturelle hollywoodienne du divertissement, avec cette « mondialisation ludique » (sic), facteur d'une « libéralisation à visage humain » (re-sic) et vecteur d'un « ordre touristique mondial » (re-re-sic)...</p>
<p> Enfin, contrairement à un mythe tenace, les vacances des Occidentaux — en
quête d'une illusoire authenticité compatible avec leur confort (<ins>Dans la jungle de Bornéo, des visiteurs en quête d'authenticité</ins>, par <strong>Clotilde Luquiau</strong>) — ne participent pas toujours au développement des pays du Sud (<ins>À qui profitent les vacances ?</ins>, par <strong>Gilles Caire</strong>) ni à l'épanouissement des saisonniers du marché du travail (<ins>Gentils organisateurs en colère</ins>, par <strong>Philippe Bourdeau</strong> et <strong>Rodolphe Christin</strong>). N'oubliez jamais que sur 950 euros d'un forfait trekking dans l'Atlas marocain, 540 n’atteignent même pas le Maroc. 370 euros nourriront 'économie de Marrakech (marge de l'agence locale, hôtel, etc.) et seuls 40 euros (5% de la somme versée par le voyageur) parviendront aux locaux.</p>
<hr> <ins>À écouter</ins> : L'émission de <strong>Daniel Mermet</strong> sur France Inter, <em>Là-bas si j'y suis</em> (<a title="http://www.la-bas.org/" hreflang="fr" href="http://www.la-bas.org/"><em>http://www.la-bas.org</em></a>), en vacances cet été mais de retour en septembre.<br /><ins>À farfouiller</ins> : Le site du <em>Monde diplomatique</em> (<a title="http://www.monde-diplomatique.fr/" hreflang="fr" href="http://www.monde-diplomatique.fr/">http://www.monde-diplomatique.fr</a>).<br />
<p><span style="font-size: 9pt;"> Bravo à chouchou58 qui a bien anticipé le contenu de ce billet... :-)</span></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Monde-diplomatique-Juillet-2012#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/139Le plan de bataille des financiers, par François Ruffinurn:md5:51b9b26a2fb09fe048535debc1588a642012-04-19T12:43:00+02:002023-05-11T14:34:19+02:00RenaudSociétéEconomieEuropeFinanceFrançois RuffinPolitique <p>À l'origine, une conférence à la librairie de la Renaissance à Toulouse.<strong> François Ruffin</strong>, journaliste à <a title="http://www.fakirpresse.info/" hreflang="fr" href="http://www.fakirpresse.info/">Fakir</a>, au <a title="http://www.je-mattarde.com/index.php?tag/Le%20Monde%20diplomatique" hreflang="fr" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?tag/Le%20Monde%20diplomatique">Monde diplomatique</a> et à l'émission de France Inter <a title="http://www.la-bas.org/" hreflang="fr" href="http://www.la-bas.org/">Là-bas si j'y suis</a>, auteur en 2011 de <ins>Leur grande trouille</ins>, sous-titré<em> « journal intime de mes "pulsions protectionnistes" »</em>, discutait du « Made in France », de la notion de protectionnisme et de ses conditions d'applicabilité. Au détour d'une question, il avait évoqué un document accablant concernant l'avenir de la politique économique en France, rédigé en anglais par un certain Nicolas Doisy, « <em>chief economist</em> » de Chevreux, la première société de courtage européenne du groupe Crédit Agricole.</p>
<p>Le document, sa traduction et quelques explications sont disponibles ici : <a href="http://www.masutti.lautre.net/?p=297#more-297" hreflang="fr" title="http://www.masutti.lautre.net/?p=297#more-297">www.masutti.lautre.net</a>. Il s'agit d'une note brève (une dizaine de pages), en anglais, qui n'était pas destinée au grand public mais plutôt aux opérateurs de marchés.</p>
<p>Puis, l'apothéose. Lors d'une émission de <a title="http://www.la-bas.org/" hreflang="fr" href="http://www.la-bas.org/">Là-bas si j'y suis</a> diffusée le 11 avril 2012 (<a title="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2429" hreflang="fr" href="http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2429">disponible ici</a>), <strong>François Ruffin</strong> interviewe ce cher Nicolas Doisy. Ce dernier va donner, empreint d'une sincérité qu'on ne saurait lui reprocher, les détails de ce qu'il faut d'ores et déjà appeler le plan de bataille de la finance au soir de l'élection présidentielle. Il y explique, d'une manière assez cynique, que le prochain président de la République – quel qu'il soit, même si l'on sent bien que l'un devra effectuer un retournement de veste d'une plus grande ampleur que l'autre – sera amené à tromper le peuple français et, un exemple parmi tant d'autes, devra casser le fameux Contrat à Durée Indéterminée (CDI), dernier rempart et principal obstacle aux politiques libérales de flexibilisation du marché du travail français.</p>
<p>Renseignez-vous par vous-même, faites-vous votre propre avis, mais je trouve que la vidéo de dix minutes ci-dessous résume assez bien l'enjeu et constitue un bon point de départ.</p>
<iframe width="1280" height="720" src="https://www.youtube.com/embed/rVLNSG31dpQ" title="Le plan de bataille des financiers (souvenir) - François Ruffin, Olivier Azam" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen></iframe>
<p><em><ins>N.B.</ins> : Pour les affamés qui osent s'engager sur les sentiers tortueux de l'Économie, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de cet article sur la création d'un nouvel outil de spéculation, entré en vigueur le 16 avril dernier et qui n'a pas fait grand bruit dans la presse. Le lien : <a href="http://reflets.info/la-france-en-faillite-yes-we-can/" hreflang="fr" title="http://reflets.info/la-france-en-faillite-yes-we-can/">http://reflets.info/la-france-en-faillite-yes-we-can</a>.</em></p>
<p><em><ins>Ajout du 29/04/2012</ins> : Suite à la remarque de Louis – que je remercie au passage – du 25/04/2012, je rajoute ici les liens vers deux bons articles qui creusent le sujet, parus sur le « Blog de Nico » : <a title="http://blogdenico.fr/?p=1005" hreflang="fr" href="http://blogdenico.fr/?p=1005">le premier</a> et <a title="http://blogdenico.fr/?p=1055" hreflang="fr" href="http://blogdenico.fr/?p=1055">le second</a>. Et si vous voulez vous marrer, regardez ça : <a title="http://blogdenico.fr/?p=1114" hreflang="fr" href="http://blogdenico.fr/?p=1114">http://blogdenico.fr/?p=1114</a>.<br /></em></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-plan-de-bataille-des-financiers-par-Francois-Ruffin#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/115