Je m'attarde - Mot-clé - Etats-Unis le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearNo Direction Home: Bob Dylan, de Martin Scorsese (2005)urn:md5:4bd42564c4f5ff5270e28cdcaa2ba6fe2024-03-05T11:38:00+01:002024-03-05T11:38:00+01:00RenaudCinémaBob DylanCountryDocumentaireEtats-UnisFolkHank WilliamsJoan BaezJohnny CashMartin ScorseseMuddy WatersNew YorkRockThe AnimalsWoody Guthrie <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/no_direction_home_bob_dylan.jpg" title="no_direction_home_bob_dylan.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/no_direction_home_bob_dylan/.no_direction_home_bob_dylan_m.jpg" alt="no_direction_home_bob_dylan.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Hey man... I don't mind being shot, I just don't dig being told about it."</strong></ins></span>
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<p>La plus-value est rare je trouve au sein des documentaires consacrés à des grandes figures connues de l'histoire musicale, ces derniers se transformant souvent en panégyriques consensuels ne faisant pas mieux qu'une synthèse imagée de la page Wikipédia correspondante. En toute sincérité je pensais que ce serait le cas pour <strong>Martin Scorsese </strong>avec <ins>No Direction Home: Bob Dylan</ins>, dans lequel il a officié pas vraiment en tant que réalisateur mais plutôt en tant que monteur, puisque il a repris un projet et des enregistrements de concerts ou d'entretiens d'époque et plus contemporains. C'est donc contre mes préjugés que ces 3h30 ont développé un portrait très intéressant et sincère consacré à une partie spécifique de la carrière de <strong>Dylan</strong>, sa transition Folk → Rock, de ses débuts en 1961 jusqu'à l'accident de moto (c'est en tous cas l'argument officiel) de 1966 qui mit un coup d'arrêt à ses tournées pendant 8 ans.</p>
<p>Un docu au long cours qui prend le temps de déployer une certaine richesse d'interviews, globalement chronologiques hormis peut-être quelques interruptions épisodiques au travers d'un échange plus récent (datant probablement du début des années 2000) dont des extraits sont régulièrement disséminés. Ce qui structure la partie "historique", c'est très clairement la grande transition de <strong>Dylan </strong>de la Folk un peu traditionnelle, type protest song, vers les sonorités plus électriques du Rock qui ont rendu fou une bonne partie de ses fans à l'époque — et qui dans le même temps lui ont permis d'atteindre un public qu'il n'aurait jamais pu atteindre autrement. On peut grossièrement placer cette charnière au niveau d'un album, le mythique <ins>Highway 61 Revisited</ins>, et le film donne à voir des images d'archive très à propos de la période, montrant <strong>Dylan </strong>sifflé et hué en concert, avec nombre de spectateurs mécontents qui râlent méchamment et ragent en quittant le concert. C'est assez drôle avec le recul.</p>
<p>La partie la plus académique porte sur l'élaboration de la généalogie de la musique du chanteur originaire du Minnesota qui a migré vers New York, à Greenwich Village, pour rencontrer son idole, <strong>Woody Guthrie</strong>, suivre ses ambitions musicales et lancer sa carrière. On égraine des grands noms de la Country et de la Folk qui l'ont influencé, <strong>Hank Williams</strong>, <strong>Joan Baez</strong>, <strong>Muddy Waters </strong>aussi pour des ascendances plus Blues, et une belle pelletée de références plus confidentielles qui donnent envie de plonger dedans, <strong>Johnnie Ray</strong>, <strong>Webb Pierce</strong>, <strong>Peter Lafarge</strong>, ou encore cette <strong>Odetta </strong>particulièrement attirante dans un registre plus Rhythm and Blues. L'histoire des reprises de certaines chansons est assez marrante, comme par exemple le cas de "House of the Rising Sun" dont la célèbre version enregistrée par <strong>The Animals </strong>a longtemps été considérée comme l'originale. L'amitié esquissée avec <strong>Johnny Cash</strong>, aussi, vaut le détour, au même titre que le lien avec <strong>Joan Baez</strong>. Un portrait en tous cas extrêmement nuancé, garni de très nombreux témoignages et montrant des facettes largement antipathiques (son comportement en interview, face à des questions connes de journalistes, est à la fois franchement réjouissant mais aussi déconcertant) et un début de transformation physique et mentale au milieu des années 1960.</p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/No-Direction-Home-Bob-Dylan-de-Martin-Scorsese-2005#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1360Le Génie du mal (Compulsion), de Richard Fleischer (1959)urn:md5:1da18c74e1f03c3944323bcde1efca4b2024-02-08T10:12:00+01:002024-02-08T10:13:35+01:00RenaudCinémaAssassinatBradford DillmanChicagoDean StockwellEtats-UnisOrson WellesPeine de mortProcèsRichard Fleischer <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/genie_du_mal.jpg" title="genie_du_mal.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/.genie_du_mal_m.jpg" alt="genie_du_mal.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"It just irritates me to see anyone as brilliant as you make a jackass out of himself."</strong></ins></span>
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<p>Premier film de l'ère du cinéma classique d'Hollywood que je vois signé de la main de <strong>Richard Fleischer</strong>, même si la figure du mal aura largement irrigué la majorité de sa filmographie dans d'autres registres. Cette composante empreinte de classicisme n'est pas pour me déplaire et surprend quelque peu de la part d'un réalisateur par ailleurs connu pour ses charges frontales — <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mandingo-de-Richard-Fleischer-1975">Mandingo</a></ins> et <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Soleil-Vert-de-Richard-Fleischer-1973">Soleil Vert</a></ins>, par exemple, sont de très bons films mais évoluent dans un registre plus frondeur disons, et tout ça sans citer <ins>Red Sonja</ins> aka Kalidor (un plaisir coupable), sommet de heroic fantasy de série Z, bien entendu... C'est en outre l'occasion d'observer une nouvelle exploitation de l'affaire Leopold et Loeb qui avait secoué les États-Unis en 1924, du nom du procès de deux jeunes étudiants en droit de l'université de Chicago, arrêtés et condamnés à l'âge de 18 et 19 ans pour l'enlèvement et le meurtre d'un adolescent de 14 ans. Ils voulaient commettre le fameux crime parfait, avec une attitude très claire, celle de la démonstration de leur prétendue supériorité intellectuelle qui les placerait au-dessus de la loi. Pas de bol, ils se sont trompés. <strong>Alfred Hitchcock </strong>sera l'auteur du premier film inspiré de ces faits avec <ins>La Corde</ins> en 1948.</p>
<p>On est quand même rapidement marqué par le côté un peu daté de la trame, en mettant de côté tout ce qui a trait à l'esthétique — certaines choses ont conservé leur charme là où d'autres ont subi les assauts du temps plus vigoureusement. Je dois avouer que le jeu très affecté de <strong>Dean Stockwell</strong> et <strong>Bradford Dillman </strong>dans le rôle des deux jeunes criminels m'a plutôt dérangé, même si la finalité et l'exécution du programme s'opèrent sans anicroche, c'est très propre et fondé sur des bases assez solides. Disons que les acteurs en font des caisses pour montrer la supériorité de leur statut social et de ce qu'ils considèrent en découler en matière d'intelligence, mais que ça ne tue pas tout.</p>
<p>Le film est agréablement composé de deux parties, une longue première sur l'observation de leur environnement (jusqu'au crime, qu'on ne verra pas) et une plus courte consacrée au procès, dans lequel intervient le monstre, <strong>Orson Welles</strong> en personne, jouant le rôle de l'avocat de la défense avec ses 2 kilos de maquillage habituels. L'acteur prononce des phrases issues de la vraie enquête / plaidoirie, en s'inspirant d'un avocat célèbre à l'époque Clarence Darrow — connu pour son athéisme, chose rare aux États-Unis. De la même manière que la supériorité des étudiants est illustrée avec quelques excès (la séquence de cours sur le thème de l'übermensch de Nietzsche, les tempéraments de dominant / dominé), la plaidoirie basée sur l'opposition à la peine de mort convoquant vertu, pitié, compassion et amour a pas mal vieilli dans la forme. Elle reste toutefois éminemment pertinente, dans ce qu'elle révèle du côté de l'accusation qui, à son tour, à tendance à se croire moralement supérieure en exigeant la peine de mort.</p>
<p><ins>Le Génie du mal</ins> reste quand même intéressant dans son discours, dans sa façon de montrer comment le contexte social des familles aussi riches qu'arrogantes a contribué à former de telles personnalités, se croyant au-dessus des conventions morales. Jusque dans la pathologie, l'un des deux s'amusant en aidant l'enquête, et auteur d'un mépris qui le conduira à sa perte — le film les diagnostique d'ailleurs paranoïaque et schizophrène, l'occasion d'en faire un peu trop (le dialogue avec l'ours en peluche par exemple). <strong>Orson Welles </strong>a beau exagérer de manière démentielle lors du procès, sermonner la salle jusqu'à son président (il lui fait carrément baisser les yeux), avec un petit côté étalage de bons sentiments dont l'audace s'est probablement perdue au cours des 60 années qui nous séparent de la sortie du film, cette dernière partie conserve un certain potentiel captivant.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/genie_du_mal/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Genie-du-mal-de-Richard-Fleischer-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1343Le Funambule (Man on Wire), de James Marsh (2008)urn:md5:c5680662ac0885633e4e9077b8c28c572024-02-07T10:31:00+01:002024-02-07T10:31:00+01:00RenaudCinémaDocumentaireEtats-UnisFranceNew YorkPoésieSlackline <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/funambule.jpg" title="funambule.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.funambule_m.jpg" alt="funambule.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
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<p>Difficile de ne pas être touché par l'ampleur du coup monstrueux réalisé par <strong>Philippe Petit </strong>et un petit groupe d'amis proches, frasque géniale et grandiose qualifiée en son temps de "the artistic crime of the century" par les journaux. Le 7 août 1974, au petit matin, les badauds qui se promenaient à Manhattan virent en levant les yeux dans le ciel un homme perché sur un fil tendu entre les deux tours de feu le World Trade Center. <ins>Man on Wire</ins>, du nom du rapport de police qui avait conduit à son arrestation (et à sa libération rapide), raconte avec une malice extrême — et une parcimonie dans les images de l'événement un peu trop forte, aussi, il faut l'avouer — le projet complètement chtarbé, depuis son organisation méticuleuse digne du casse du siècle jusqu'à cette petite heure suspendue dans le temps, occupée à faire 8 allers-retours sur un câble perché à 400 mètres de hauteur sans assurage.</p>
<p>C'est à mon sens le seul vrai reproche qu'on peut faire au documentaire : faute de prises de vue directes qui auraient été amassées en quantité, <strong>James Marsh </strong>donne régulièrement l'impression de combler un vide. Beaucoup de reconstitutions maladroites, beaucoup de souvenirs mis en scène dans un noir et blanc qui fait toc, et au final très peu de matière pour alimenter le cœur des enjeux, lorsque l'apothéose est censée survenir. La structure du film est soignée, avec grosso modo une heure de montée en tension pour présenter le contexte dans lequel cette idée folle a germé et le plan d'action mis en place afin d'arriver au but, avant d'évoquer le passage de funambule à proprement parler. On a beau savoir a posteriori que la bande de loustics a réussi à investir les étages supérieurs du plus haut bâtiment au monde à l'époque et que tout s'est bien passé, l'expérience reste malgré tout non-dénuée de suspense et de pression.</p>
<p>Le plus drôle, évidemment, c'est l'observation des derniers préparatifs pour accomplir cette folie, en toute illégalité — chose qu'une fiction comme celle de <strong>Robert Zemeckis </strong>en 2015 ne peut pas capter à la hauteur de ce geste documentaire-là. Les images de ces préparatifs, elles, même si elles ne sont pas de la main et de l'œil d'un <strong>Herzog</strong>, sont abondantes et permettent de capter l'atmosphère bon enfant qui précèdent l'exploit surhumain. La beauté réside essentiellement dans la totale gratuité de l'acte, grand moment de poésie amateur et sans autre finalité, qui laissera même les policiers interloqués. Les heures précédant la traversée à proprement parler, à pénétrer les lieux du site de construction à l'aide de fausses cartes d'accréditation, à déjouer l'attention des gardes de sécurité, à tirer à l'arc une flèche qui permettra de tirer les câbles, à éviter les boulettes de dernière minute, sont littéralement incroyables. Tout sera parti d'une révélation artistique dans la salle d'attente d'un dentiste, embrayant sur des mois d'entraînement, de repérage et de préparation au sein d'une bande de gentils clowns, pour terminer sur une note amère, celle du groupe volant en éclats juste après l'exploit. À défaut d'une vision solide ou d'une approche pertinente, le docu n'est pas aussi fantastique qu'il aurait pu être, mais il donne un aperçu malgré tout jouissif de cette pitrerie des sommets.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/funambule/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Funambule-de-James-Marsh-2008#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1338Grey Gardens, de David Maysles, Albert Maysles, Ellen Hovde et Muffie Meyer (1976)urn:md5:9ae894445933505f6110d62d1de7c3af2024-02-06T10:01:00+01:002024-02-06T10:01:00+01:00RenaudCinémaBourgeoisieChatDocumentaireEtats-UnisMisèreNew York <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/grey_gardens/grey_gardens.jpg" title="grey_gardens.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/grey_gardens/.grey_gardens_m.jpg" alt="grey_gardens.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I think my days at Grey Gardens are limited."</strong></ins></span>
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<p>Les frères <strong>Maysles, David et Albert</strong>, ici accompagnés par <strong>Ellen Hovde </strong>et <strong>Muffie Meyer</strong>, reproduisent avec un succès légèrement inférieur mais tout de même comparable la formule qu'ils avaient utilisée pour suivre des vendeurs de bibles de luxe dans le Massachusetts quelques années auparavant dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Salesman-de-David-Maysles-et-Albert-Maysles-1969">Salesman</a></ins>. Le sujet est toutefois sensiblement différent et aura une influence non-négligeable sur leur méthode documentaire : leur caméra et leur micro sont cette fois-ci tournés vers deux femmes, <strong>Edith Bouvier Beale </strong>et sa fille portant le même prénom (on utilise les surnoms "Big Edie" et "Little Edie" pour les différencier), deux cas d'étude passionnants tant dans ce qu'elles représentent que dans les interactions qui occupent la quasi-totalité de leur quotidien.</p>
<p>Big et Little Edie sont respectivement la tante et la cousine de <strong>Jacqueline Kennedy Onassis</strong>, première dame des États-Unis jusqu'à l'assassinat de son mari en 1963, mais finalement cette relation de parenté n'aura pas tant d'importance sur <ins>Grey Gardens</ins>, si ce n'est d'ajouter une petite touche supplémentaire de bizarrerie dans le contraste entre la gloire passée de ces deux femmes et l'état de délabrement avancé de leurs existences au moment du tournage — et accessoirement d'avoir permis aux deux intéressées de continuer à vivre dans leur manoir en ruine, puisque <strong>Jackie </strong>et sa sœur leur avaient donné en 1972 l'argent nécessaire aux réparations pour que la maison réponde aux critères d'urbanisme de East Hampton, près de New York : elles en auraient été chassé dans le cas contraire. Le plus intéressant n'est toutefois pas ici, mais bien davantage dans le fait qu'elles ont appartenu à la haute bourgeoisie new-yorkaise avant d'être déchues de leur rang, déshéritées, et avant d'atterrir dans ces lieux insalubres entourés par un jardin ressemblant à une jungle en friche et de mener une vie recluse, comme isolées du monde extérieur.</p>
<p>Très peu d'informations seront communiquées concernant leur condition et comment les deux femmes en sont arrivées là. On ne sait pas non plus comment les frères <strong>Maysles </strong>sont parvenus à s'immerger chez elles et à accéder à un tel niveau de proximité dans les interactions. Pas plus qu'on ne sait le degré de conscience chez elles vis-à-vis du film en train d'être tourné : on sait juste qu'elles sont très excentriques et qu'elles cochent pas mal de cases dans la liste des prédispositions à la démence.</p>
<p>Ce qui frappe en premier lieu, c'est le niveau global d'insalubrité, incroyable. Quand un des 15 chats errant dans la maison défèque face à un immense tableau / portrait de Big Eddie et que cette dernière, loin de s'en émouvoir, déclare "I'm glad he is defecating. I'm glad somebody's doing something he wanted to do", on comprend un peu l'étendue du problème. Ne serait-ce que cette chambre, composée d'un énorme matelas souillé par les animaux (au mieux) sur lequel la mère peut à peine s'allonger, le reste étant occupé par des monticules d'objets et de déchets divers... Pendant ce temps, la fille s'inquiète du nombre de bestioles vivant sous leur toit et passant d'une pièce à l'autre (le manoir en compte une trentaine) à travers les énormes trous dans les murs, puis monte au grenier et vide un sac entier de pain de mie sur lequel elle ajoute une montagne de croquettes pour chat à destination des ratons laveurs.</p>
<p>Si au début on trouve ce duo aussi improbable que grotesque, en se demandant pourquoi elles se livrent à un tel numéro d'exhibition, une forme d'empathie se développe sagement et tendrement à mesure que l'on apprend à les connaître. On comprend peu à peu que derrière chacune de leurs engueulades (les invectives sont très nombreuses, la mère éternellement à moitié allongée sur son lit engueule la fille "tu chantes comme une casserole", la fille vêtue de ses éternelles écharpes sur la tête engueule la mère "tu as foutu ma vie en l'air") se cache en fait une relation de dépendance extrême. Comme s'il s'agissait d'une personnalité unique et composite derrière ces deux entités vivant en symbiose — la mère mourra en en 1977, la fille pourra alors vendre la maison et elle mourra en 2002 loin de là en Floride. Le docu est riche en moments saugrenus et mémorables (Little Edie lisant entre autres une sorte d'horoscope à la loupe, faute de lunettes ["The Libra husband is not an easy man to please. The monotony of domesticity is not to his liking, but he is a passionate man, and a respecter of tradition. All I have to do is find this Libra man."], puis avouant qu'elle ne peut pas se retourner devant la caméra car sa combinaison n'a pas de dos...) et donne un aperçu assez fascinant de la déchéance acquise à grande vitesse de deux anciennes gloires et de deux anciennes fortunes.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/grey_gardens/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/grey_gardens/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/grey_gardens/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/grey_gardens/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Grey-Gardens-de-David-Maysles-Albert-Maysles-Ellen-Hovde-et-Muffie-Meyer-1976#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1336Voyage sans retour (One Way Passage), de Tay Garnett (1932)urn:md5:5a142ca7e9421b7d991262722beb772f2024-01-18T10:49:00+01:002024-01-18T10:50:19+01:00RenaudCinémaAmourBateauComédieEtats-UnisHawaïHong KongKay FrancisMensongePré-CodeRomanceSan FranciscoSecretTay GarnettVoyageWarren HymerWilliam Powell <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/voyage_sans_retour.jpg" title="voyage_sans_retour.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.voyage_sans_retour_m.jpg" alt="voyage_sans_retour.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"These holidays are dynamite."</strong></ins></span>
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<p>Aiguillé par la place de choix que <strong>Bertrand Tavernier </strong>lui accorde dans son pavé <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Amis-americains-de-Bertrand-Tavernier-1993">Amis Américains</a></ins>, <strong>Tay Garnett </strong>s'immisce dans ma cinéphilie par l'entremise de cette romance aux accents comiques qui aurait très bien pu constituer le terreau idéal d'un mélodrame sirupeux et éreintant s'il n'avait pas éclos dans un cadre particulier : le Forbidden Hollywood, l'ère du Pré-Code. Quelques années avant que la censure du code Hays n'entre en scène en 1934, <ins>One Way Passage</ins> est un régal de comédie raffiné typique de ces années-là, le début de la décennie 1930. Un navire de croisière, une poignée de personnages aux destins mêlés, des flirts croisés, une série de bons mots, et la chose est lancée.</p>
<p>Tout le film est basé sur une contrainte sous-jacente, la cohabitation forcée entre plusieurs personnes, qui génèrera autant de rapprochements bienvenus pour les uns et redoutés pour les autres. Une histoire d'amour issue d'un coup de foudre dans un bar de Hong Kong se poursuit à bord d'un paquebot, pour le voyage retour en direction de San Francisco. Mais une histoire d'amour également pétrie de non-dits, de mensonges, de secrets : on apprendra rapidement que elle, Joan (<strong>Kay Francis</strong>), est condamnée par une maladie incurable qui lui ôtera bientôt la vie, et que lui, Dan (<strong>William Powell</strong>), est un condamné à mort qui retourne sur le continent nord-américain pour terminer sur une chaise électrique.</p>
<p>Mais jamais <ins>Voyage sans retour</ins> ne se fait lourd sur cette composante dramatique, bien au contraire : ce n'est qu'une configuration pour créer une certaine entrave dans leur relation, qui trouvera certes pour point de chute une séparation faussement optimiste (magnifique final où chacun a appris la condition de l'autre sans que l'autre ne le sache, et feignant des retrouvailles qui n'auront tristement jamais lieu) mais qui constituera un carburant permanent aux enjeux. Car autour d'eux rôdent différents personnages secondaires gratinés, avec notamment une fausse comtesse, le sergent (<strong>Warren Hymer</strong>, la tête idéale de l'emploi) en charge de l'arrestation de Dan qui tombera sous le charme de cette dernière, et un blagueur potache bourré tout du long dont la fonction sera essentiellement d'introduire un peu de chaos dans tout cela. Ce microcosme apporte la touche de légèreté bienvenue, avec des états d'âme surprenants (le flic se montrera magnanime avec les malfrats) et typiques du Pré-Code.</p>
<p>Quelques épisodes exotiques (dont une escale à Hawaï, sur les plages de Honolulu, ouvrant de nombreuses possibilités), une traversée en bateau qui scellera l'intégralité d'une histoire d'amour, de son commencement à son dernier souffle, sans qu'aucune des deux parties ne connaisse le sort de son amant, et une conclusion sous la forme d'un rendez-vous manqué au parfum tragique et délicat. Bonne pioche.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Voyage-sans-retour-de-Tay-Garnett-1932#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1332Baïonnette au canon (Fixed Bayonets!), de Samuel Fuller (1951)urn:md5:6406b5f11e1a0152c4bd8780064b33eb2024-01-16T09:52:00+01:002024-01-16T10:54:06+01:00RenaudCinémaCorée du NordCorée du SudDouteEtats-UnisGene EvansGuerreGuerre de CoréeHiverJames DeanNeigeSamuel Fuller <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ba%C3%AFionnette_au_canon/ba%C3%AFionnette_au_canon.jpg" title="baïionnette_au_canon.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/baïionnette_au_canon/.baïionnette_au_canon_m.jpg" alt="baïionnette_au_canon.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"You're not aiming at a man. You're aiming at the enemy. Once you're over that hump, you're a rifleman."</strong></ins></span>
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<p>Quand j'avais découvert le film de <strong>Samuel Fuller</strong> <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/J-ai-vecu-l-enfer-de-Coree-de-Samuel-Fuller-1951">J'ai vécu l'enfer de Corée</a></ins> (The Steel Helmet), la comparaison avec <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Cote-465-de-Anthony-Mann-1957">Côte 465</a></ins> (Men in War) réalisé quelques années plus tard par <strong>Anthony Mann </strong>m'avait sauté aux yeux : même sujet, la guerre de Corée sous l'angle des difficultés du camp américain, même budget limité, même approche sous la forme d'un exercice de style (qui s'est sans doute imposé naturellement étant donnée la limitation des moyens). Mais en réalité il y avait encore plus proche : même sujet, même budget, même approche... et même réalisateur, ainsi que même année, et même acteur principal, puisque <strong>Fuller </strong>réalisait également en 1951 <ins>Fixed Bayonets!</ins> mettant en scène <strong>Gene Evans</strong>. Drôle de cumul de points communs, alors que le résultat est sensiblement différent.</p>
<p>Retour sur le front coréen, alors que la guerre est encore active à l'époque, pour examiner une autre dimension (un peu moins sordide, même si on ne peut pas dire que la joie soit franchement au rendez-vous). Un immense régiment américain comptant 15000 hommes doit fuir face à la domination des troupes communistes dans la région. Pour éviter que la retraite soit trop ostensible, ce qui laisserait à l'ennemi le moyen de leur infliger de lourdes pertes, une petite escouade d'une cinquantaine d'hommes est formée pour simuler une présence stable dans un lieu stratégique et permettre au restant de la troupe d'évacuer les lieux. Pas de bol pour ces hommes, même si le calcul est vite vu d'un point de vue purement comptable : il va falloir résister le plus longtemps possible dans le froid, dans les montagnes, pour que les copains aient le temps de rentrer sains et saufs.</p>
<p>Le choix des conditions hivernales est intéressant car il permet de dresser un contexte peu fréquent, mais il se heurte malgré tout très vite aux problèmes de moyens — tout est bien sûr tourné en studio et on ne peut pas dire qu'une fortune ait été dépensé dans les décors... C'est rachitique, à tel point que même la neige ressemble à du sable blanc (l'avantage de la pellicule noir et blanc, elle limite la casse), ça en est même probablement. Une grosse partie de l'action se jouera donc avec une poignée de figurants perchés dans leur grotte située en hauteur, repoussant inlassablement les assauts plus ou moins timides de l'ennemi. <strong>Fuller </strong>montre bien les conditions extrêmes, on se frotte les pieds pour se réchauffer (ils sont tellement froids et engourdis qu'on frotte ceux du voisin sans s'en rendre compte), il y aura pas mal de combats rapprochés (d’où le titre), et un petit lieutenant verra ses supérieurs mourir les uns après les autres. De telle sorte qu'un beau jour, il se retrouve en charge du commandement de son unité.</p>
<p><strong>Fuller</strong>, à travers ce personnage, insiste lourdement sur son incapacité a priori à commander, sur ses doutes, sur ses peurs, sa croyance en son inaptitude, avec des voix intérieures répétitives... Pour que le moment venu, sa prise en main du peloton paraisse héroïque. Tout ça semble quand même bien rabougri du scénario, même s'il parvient à éveiller quelques moments de grosse tension (l'emplacement des mines notamment) ou de surprise (le vol d'un clairon ennemi). Un film d'hommes entre eux, parmi lesquels on pourra apercevoir <strong>James Dean </strong>à la toute fin — attention à ne pas cligner des yeux, ça dure moins de 5 secondes — et qui insiste sur un quotidien angoissant, peu trépidant, avec une opposition entre deux groupes filmée un peu comme un western. Une œuvre de commande à travers laquelle <strong>Fuller </strong>réussit à insérer quelques belles séquences (qui plus est sans excès propagandiste majeur) à l'image du très beau plan final montrant des survivants qui défilent, au clair de lune, éreintés, en traversant un cours d'eau.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ba%C3%AFionnette_au_canon/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/baïionnette_au_canon/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Baionnette-au-canon-de-Samuel-Fuller-1951#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1329Exogène (Matter Out of Place), de Nikolaus Geyrhalter (2022)urn:md5:650ac5341741b37b1dbf77d6c692874a2024-01-02T12:43:00+01:002024-01-03T17:01:53+01:00RenaudCinémaAlbanieAutricheDocumentaireDéchetsEtats-UnisGrèceMaldivesNikolaus GeyrhalterNépalPlastiqueSuisse <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/exogene/exogene.jpg" title="exogene.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/exogene/.exogene_m.jpg" alt="exogene.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Ordures et châtiment</strong></ins></span>
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<p>Plans fixes, photographie léchée, dialogues marginalisés, thématique pertinente : aucun doute, on est bien chez <strong>Nikolaus Geyrhalter</strong>. L'agro-industrie dans <ins>Notre pain quotidien</ins>, l'humanité la nuit dans <ins>Abendland</ins>, les vestiges d'architectures passées dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Homo-Sapiens-de-Nikolaus-Geyrhalter-2016">Homo sapiens</a></ins>, la transformation et l'exploitation des paysages dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Earth-de-Nikolaus-Geyrhalter-2019">Earth</a></ins>, et désormais la gestion des déchets à l'occasion de <ins>Exogène</ins> qui ne dépareille pas le moins du monde avec le reste de sa brillante filmographie documentaire.</p>
<p><strong>Geyrhalter </strong>est allé chercher des détritus à plusieurs endroits de la Terre (Albanie / Autriche / États-Unis / Grèce / Maldives / Népal / Suisse) et il n'y a pas l'ombre d'un doute quant à l'intérêt de son bilan carbone. Le documentaire est hypnotisant, comme à son habitude au demeurant, mais ici avec un supplément de fascination assez particulier étant donné que l'objet du regard porte sur de la saleté sous toutes ses formes. Du plastique partout, évidemment (et on sait bien qu'une partie finira chez les déshérités exploités à l'autre bout du globe, de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Plastic-China-de-Jiu-liang-Wang-2016">Plastic China</a></ins> à <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Welcome-to-Sodom-de-Christian-Krones-et-Florian-Weigensamer-2018">Welcome to Sodom</a></ins>), en montagne, sous l'eau, sur les rivages, enfoui sous terre, mais aussi le tout-venant, qu'il soit collecté à vélo dans les rues d'un petit village népalais avant d'être entreposé dans une décharge à ciel ouvert, en camion suspendu sous un téléphérique suisse ou en bateau au large des côtes maldiviennes. Le réalisateur autrichien parvient à unifier en quelque sorte les détritus déversés aux quatre coins de la planète pour former une même masse polluante qui prolifère et qui s'infiltre par toutes les strates jusqu'à se répandre jusque dans les territoires les plus reculés.</p>
<p>Et il en faut, de l'énergie pour traiter ces déchets. Des bénévoles qui collectent ce que les flots ont ramené sur des plages albanaises, des plongeurs grecs qui vont récurer les fonds marins particulièrement garnis en saloperies incrustés dans les coraux, et des machines à n'en plus finir pour les déplacer, les compacter, les trier, les recycler, ou les réduire en miette ou en pâte. Des machines de toutes les tailles, que l'on a tout le loisir d'observer dans leurs fonctionnements variés, du bulldozer servant à donner un semblant d'ordre dans les décharges à perte de vue jusqu'aux broyeuses qui fragmentent n'importe quelle matière, en passant par les différents souffleurs et aimants géants pour séparer les objets légers et les métaux du reste. On regarde toutes cette mécanique fonctionner avec autant de passion que de dégoût, un tour de force récurrent chez <strong>Geyrhalter</strong>. On est à deux doigts de l'autonomie au sein d'un système fermé, avec des déchets qui produisent des déchets, qui produisent des déchets, etc. La nausée et l'asphyxie guettent à plus d'une reprise.</p>
<p><strong>Geyrhalter </strong>travaille beaucoup ses transitions. On passe d'une mer prise entre des montagnes glacées magnifiques tant que l'on ne regarde pas en détail les ilots de plastique qui la composent, au bordel monstrueux dans une décharge au Népal, avec des déchets qui s'accumulent en montagnes traitées par une armée de petites mains au milieu du ballet de camions, pour ensuite sauter tout aussi brusquement vers une station de ski en Suisse avec des camions qui n'arrêtent par leurs descentes et leurs montées fixés en-dessous des cages d'acier transportant les hommes — un procédé qui apparaît naturellement comme un luxe. Le final observant la clôture du Burning Man dans le Nevada est un moment hautement photogénique (autant que les plages de sable blanc aux Maldives), le désert balayé par la poussière et par le vent, avec des dizaines de personnes cherchant quelques pauvres petits bouts d'ordures, contraste saisissant avec les tonnes et les tonnes de déchets qui ont défilé devant nos yeux avant ça — le propos n'étant pas tout à fait clair à cet endroit. Une chose est sûre, il y a quelque chose de l'ordre du travail de Sisyphe dans cette dispersion planétaire des ordures que l'humain cherche à dompter, à brûler et à enfouir, quête éternelle au bord de l'impuissance.</p>
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