Je m'attarde - Mot-clé - Exploration spatiale le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearThe Wild Blue Yonder, de Werner Herzog (2005)urn:md5:d8e6abfbc4307933373283ba3263f2652021-01-11T10:09:00+01:002021-01-11T21:26:12+01:00RenaudCinémaAntarctiqueBrad DourifExploration spatialeMathématiquesNASAPhysiqueScience-fictionSpatialWerner Herzog <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/wild_blue_yonder/.wild_blue_yonder_m.jpg" alt="wild_blue_yonder.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Fata Morgana<br /></strong></ins></span></div>
<p>De deux choses l'une : soit on appartient à la catégorie des fans tout-terrain jusqu'à la moelle de <strong>Herzog</strong>, soit on n'y appartient pas. Dans le premier cas, <ins>The Wild Blue Yonder</ins> constituera un concentré de petit lait à déguster pendant 80 minutes de fiction les deux pieds dans le mockumentaire — le jeu à la frontière entre fiction et non-fiction ayant rarement été revendiqué aussi frontalement, qui plus est dans le cadre de la science-fiction pour le moins inhabituel chez <strong>Herzog</strong>. Plus de 30 ans après <ins>Fata Morgana</ins>, plus de 10 ans après <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Lecons-de-tenebres-de-Werner-Herzog-1992">Leçons de ténèbres</a></ins>, c'est reparti pour un long-métrage en prise directe avec une poésie de l'étrange typiquement herzogienne qui s'amuse beaucoup (on sous-estime trop souvent le tempérament comique de <strong>Herzog</strong>) en calquant une histoire totalement hors-sujet par rapport contenu des images qui défilent sous nos yeux. Dans <ins>Fata Morgana</ins>, c'était un récit du mythe maya de la création sur des images de mirages dans le désert du Sahara et du Sahel. Dans <ins>Leçons de ténèbres</ins>, les images d'incendies de puits de pétrole au Koweït servaient de support à une rêverie poétique à la limite de la science-fiction, déjà, de la part d'un extraterrestre contemplant une planète étrangère. Dans <ins>The Wild Blue Yonder</ins>, c’est l’histoire d'un extra-terrestre arrivé sur Terre après un long voyage de 200 années-lumière, particulièrement autocritique vis-à-vis de sa propre espèce, qui s'exaspère devant la volonté de l'homme d'aller habiter la planète qu'il a lui-même fuie il y a bien longtemps.</p>
<p>Dans le second cas, si l'on n'appartient pas à la secte des adorateurs de l'homme qui mangea sa chaussure après avoir perdu un pari ("J’ai survécu à tellement de Kentucky Fried Chicken qu’une chaussure ne peut pas me faire de mal"), il y a de grandes chances que le spectacle laisse totalement indifférent. Au mieux.</p>
<p><strong>Herzog</strong> regarde très peu de films, il l'a toujours revendiqué (il préfère lire), mais il connaît encore moins la science-fiction : on peut trouver une interview dans laquelle il avoue avoir seulement vu un épisode de <ins>Star Wars</ins>, le <ins>2001</ins> de <strong>Kubrick</strong> ("j'ai bien aimé"), ainsi que quelques volets de la saga <ins>Star Trek</ins> qu'il trouve un peu idiote. D'où la sensation éminemment surréaliste de le voir détourner on ne peut plus ouvertement des images à caractère documentaire pour en faire un récit de fiction SF... Et pas n'importe quelles images : d'une part, la mission de la NASA qui envoya une navette en orbite en 1989 dans le but de lancer la sonde spatiale Galileo (avec pour objectif d'étudier Jupiter et ses lunes), et d'autre part, un film tourné en Antarctique lors d'une mission pour explorer les fonds marins. Des premières, il en fera le support du récit (fictionnel bien entendu) des avancées humaines en matière d'exploration spatiale dans le but de trouver une alternative viable à la planète Terre. Des secondes, il en fera le décor du monde de l'extraterrestre, la fameuse Wild Blue Yonder dont il s'est échappé, située dans la galaxie d'Andromède, et qui est entrée dans une ère glaciaire. Une description totalement émerveillée de lieux farouchement inhospitaliers.</p>
<p>L'extra-terrestre arrivé sur Terre il y a cent ans (l'occasion pour <strong>Herzog</strong> d'insérer des images documentant les tout premiers essais en matière d'aviation), c'est <strong>Brad Dourif</strong>, très à l'aise dans ce rôle à la <strong>Klaus Kinski</strong> de "unsuccessful alien". Sa race aurait en effet tenté de former une communauté sur notre planète, mais sans succès : ce fut un fiasco total et l'environnement post-apo miséreux et chaotique duquel le témoignage nous parvient en atteste. Et tout le film s'agence autour de ce contraste implacable, lui l'extra-terrestre raté fulminant autant contre son peuple que contre le nôtre, et ces plans sous-marins glacés et contemplatifs, avec l'appui d'une bande-son hypnotique composée par <strong>Herzog</strong> avec entre autres le violoncelliste néerlandais <strong>Ernst Reijseger</strong> et le chanteur sénégalais <strong>Mola Sylla</strong>. La poésie de ces images n'atteint toutefois pas le niveau stratosphérique des zones koweïtiennes apocalyptiques, c'est une certitude. Il n'empêche que <ins>The Wild Blue Yonder</ins> se fait particulièrement fascinant, dans son jusqu'au-boutisme absolu : difficile de ne pas voir <strong>Herzog</strong> se marrer derrière ces discussions de physiciens et de mathématiciens autour de la constante de Jacobi et des tunnels spatio-temporels comme autant d'autoroutes pour sauter de planètes en planètes, montées en théories extra-terrestres. Tout l'art de la recontextualisation est là.</p>
<p>Ultime frasque du film, il choisit de terminer sur une note puissamment mélancolique : les astronautes partis explorer Wild Blue Yonder, de retour sur Terre 820 ans plus tard avec une réponse positive, découvrent que la planète a été abandonnée entre-temps et qu'elle est revenue à l'état de paradis inhabité.</p>
<p>N.B.2 : Et <strong>Herzog</strong> de se marrer dans les remerciements :<br />
We thank the astronauts of Space Shuttle STS-34 for their courage in going with us on this mission.<br />
We thank NASA for its sense of poetry.<br />
We thank Henry Kaiser for venturing out under the frozen sky.</p>
<p>N.B. 1 : À noter qu'un entretien de l'époque avec <strong>Brad Dourif</strong> raconte ce projet que <strong>Herzog</strong> n'avait à l'époque pas eu l'occasion de concrétiser (mais qu'il concrétisera 4 ans plus tard : <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dans-l-oeil-d-un-tueur-de-Werner-Herzog-2009">My Son, My Son, What Have Ye Done?</a></ins>) au sujet d'un étudiant un peu fou, avec une histoire de sabre et des flamands roses comme otages malheureux.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/wild_blue_yonder/.brad_m.jpg" alt="brad.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/wild_blue_yonder/.blue_yonder_m.jpg" alt="blue_yonder.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/wild_blue_yonder/.terre_m.jpg" alt="terre.jpg, janv. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Wild-Blue-Yonder-de-Werner-Herzog-2005#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/900Moonwalk One, de Theo Kamecke (1972)urn:md5:f0d8a5c4190c7aef4a32da0894b304652019-02-08T09:26:00+01:002019-02-08T09:27:01+01:00RenaudCinémaDocumentaireEsotérismeExploration spatialeLuneOnirisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/moonwalk_one/.moonwalk_one_m.jpg" alt="moonwalk_one.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="moonwalk_one.jpg, fév. 2019" />
<div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Histoire ésotérique, histoire matérialiste</strong></ins></span><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong><br /></strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Moonwalk One,</ins> un film à ranger dans le tiroir sans fond des œuvres bicéphales. D'un côté, toute une liturgie mystico-philosophique absconse sur le thème de l'exploration spatiale, avec son lot d'interrogations très emphatiques plus ou moins bien formulées, et de l'autre, une quantité impressionnante de détails issus de la préparation au quotidien de la mission Apollo 11. On peut faire le choix, non sans difficulté, de laisser de côté la première partie pour apprécier pleinement la seconde.</p>
<p>Mais quelque part, <ins>Moonwalk One</ins> est aussi intéressant de par sa valeur de témoignage, celui de l'état d'esprit d'une nation et d'une époque (fin 60s / début 70s) pour lesquelles les premiers pas sur la lune étaient porteurs d'une pléthore d'espoirs et de rêves technologiques. Dans cette optique, évidemment, aucune mention ne sera faite des multiples exploits réalisés du côté soviétique, très conséquents à l'époque, comme si le cadre international de cette mission se limitait aux agissements américains. La comparaison à <ins>2001 : L'Odyssée de l'espace</ins> de <strong>Kubrick</strong>, sorti un an avant le succès de la mission, paraît en outre quelque peu inutile, que ce soit pour l'élever (œuvre compagnon) ou au contraire le rabaisser (le <ins>2001</ins> du pauvre) : au-delà de quelques éléments un peu fantasques, comme la présence mystique du monument mégalithique de Stonehenge, <strong>Theo Kamecke</strong> filme l'épopée lunaire au plus près de l'action, souvent très terre-à-terre, du trio de spationautes aux couturières qui ont réalisé les combinaisons, du design de l'étage de propulsion à la foule réunie dans des camping cars près du site de Cap Canaveral. Avec en prime une petite séquence explicative, schémas ludiques à l'appui, sur les différentes étapes du projet (décollage, mises en orbite, etc.). En ce sens, <ins>Moonwalk One</ins> se rapproche beaucoup plus du récent <ins>First Man</ins>, pour sa dimension presque intimiste et son approche en partie anti-spectaculaire du spectaculaire.</p>
<p>Chaque élan ésotérique pour se projeter dans l'avenir semble systématiquement contrebalancé par une description matérialiste d'un aspect de la mission.</p>
<p>Le film documente autant l'exploit technique, à travers une profusion d'images captées entre autres dans le vif de l'action, que le contexte de création, de manière involontaire, avec le petit côté désuet des envolées mystiques et de questions amphigouriques assénées inlassablement (les possibilités qu'offrent les échantillons récupérés sur la lune, l'inconnu dans lequel l'humanité s'engouffre, le bond technologique et les responsabilités qui en découlent, et tout un tas de considérations ésotériques plutôt drôles). Quand le film tente de décrire son propre contexte historique, en faisant un rapide tour du monde et des sentiments des hommes à cette époque, il prête à sourire. C'est un complément amusant à l'euphorie collective, bien réelle, qu'avait alors suscité l'événement. Mais ce caractère didactique raté, très naïf, s'associe étonnamment bien à la poésie graphique recherchée dans de nombreuses séquences, à commencer par le décollage de la fusée et l'éjection de ses différents compartiments une fois lancée, dans un montage au ralenti empreint de rêverie.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/moonwalk_one/.terre_m.jpg" alt="terre.jpg" title="terre.jpg, fév. 2019" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/moonwalk_one/.mission_m.jpg" alt="mission.jpg" title="mission.jpg, fév. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Moonwalk-One-de-Theo-Kamecke-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/615