Je m'attarde - Mot-clé - Federico Fellini le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearIl bidone, de Federico Fellini (1955)urn:md5:c68441b3b395db1ae31658e5a09340292022-02-01T16:36:00+01:002022-02-01T16:36:00+01:00RenaudCinémaEscroquerieFederico FelliniGiulietta MasinaItalieMisèrePauvreté <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bidone/.bidone_m.jpg" alt="bidone.jpg, déc. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une bande d'escrocs, un soupçon de morale<br /></strong></ins></span>
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<p><ins>Il bidone</ins> (ie l'arnaque) sort l'année après <ins>La strada</ins> mais c'est bien du film sorti l'année précédente, <ins>Les Vitelloni</ins>, qu'il se rapproche bien plus, et pas uniquement parce que <strong>Giulietta Masina</strong> ne tient ici qu'un rôle secondaire. À travers le parcours du personnage interprété par <strong>Broderick Crawford</strong>, douloureux et non dénué de séquences humiliantes, le film s'inscrit dans une logique de rédemption et prend même, dans sa toute dernière partie, une tournure extrêmement moralisante — peut-être un peu trop d'ailleurs à mon goût.</p>
<p>La première moitié du film est vraiment intéressante, avec cette tonalité quasiment indescriptible pour décrire les agissements de la bande d'escrocs minables qui montent des coups de gros salauds pour aller dépouiller les gens les plus pauvres qui soient. On ne sait pas du tout sur quel pied danser, un peu de cynisme, un peu de cruauté, beaucoup d'humour aussi malgré tout dans la mise en scène de ce spectacle digne d'une pièce de théâtre avec les trois larrons déguisés en ecclésiastiques, perdu au fond de la campagne pour simuler la découverte d'un (faux) trésor proche d'ossements afin d'en demander une maigre dîme en compensation. L'escroquerie est bien ficelée, les auteurs en font des caisses, et on rit de bon cœur jusqu'à ce qu'on mesure l'étendue de leur cupidité. Ils parcourent l'Italie en quête de nouvelles victimes parmi les plus pauvres, ceux à qui on peut plus facilement faire miroiter une somme fictive qui les sortira de la misère.</p>
<p>Puis <strong>Fellini </strong>s'engage sur la voie de la dernière escroquerie, principalement pour l'un des trois, au terme d'un changement de perspective, entre la révélation humiliante en soirée mondaine d'un vol et la redécouverte d'une vie de famille, ou plutôt de ce qui en serait un mirage. Le sujet est sans doute moins subtil que d'autres essais de <strong>Fellini </strong>mais le portrait d'anti-héros se révèle bien plus consistant que prévu, en cultivant une certaine ambiguïté. Très peu de jugement tout de même, on est vraiment dans l'esquisse des faiblesses des uns et des autres, dans des parcelles de désespoir insoupçonnées. Le rire devient gêné, lorsque le cynisme et la méchanceté finissent par l'emporter. Et le sous-texte portant sur les préjugés, sur la croyance et sur le pouvoir des apparences, davantage que le versant moraliste avec ses figures saintes bafouées, prend presque le dessus dans les derniers temps.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bidone/.voiture_m.jpg" alt="voiture.jpg, déc. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bidone/.cure_m.png" alt="cure.png, déc. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bidone/.creuse_m.png" alt="creuse.png, déc. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Il-bidone-de-Federico-Fellini-1955#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1026Les Nuits de Cabiria, de Federico Fellini (1957)urn:md5:8f6a75fa55e4e288647fc495af8152912020-12-31T17:22:00+01:002020-12-31T17:24:35+01:00RenaudCinémaFederico FelliniFemmeFrançois PérierGiulietta MasinaItalieMisèreProstitution <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_cabiria/.nuits_de_cabiria_m.jpg" alt="nuits_de_cabiria.jpg, déc. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Assauts sur l'innocence<br /></strong></ins></span></div>
<p><ins>Les Nuits de Cabiria</ins> est sans doute le moins baroque des films de <strong>Fellini </strong>vus jusqu'à présent : empreint d'un réalisme évident à travers la description des conditions d'existence de la protagoniste qui dort dans un taudis, on est bien loin de l'onirisme extrêmement travaillé de <ins>La Dolce Vita</ins> ou encore <ins>Huit et demi</ins>. Dans ce cadre plutôt sec, d'une violence morale explicitée dès l'introduction avec <strong>Giulietta Masina </strong>qui se fait dépouiller par son amant avant d'être jetée à l'eau et manquer de se noyer, <strong>Fellini </strong>n'oublie pas pour autant de laisser le personnage de Cabiria respirer lors de séquences aériennes, presque irréelles, en développant une forme de poésie singulière.</p>
<p>Impossible d'y couper : ce qui fait tout l'intérêt d'un film comme <ins>Les Nuits de Cabiria</ins> est presque intégralement contenu dans la composition de <strong>Giulietta Masina</strong>, une prostituée romaine tour à tour naïve, impulsive, caractérielle, vigoureuse, et surtout dotée d'une capacité de résilience hors du commun. La cruauté à laquelle elle s'expose de manière systématique au contact du sexe masculin est manifeste : à la noyade évitée de justesse dans la séquence inaugurale succèdera un revers phénoménal dans l'appartement d'une célébrité (interprétée par <strong>Amedeo Nazzari</strong>), avant de passer sur la scène d'un tour de prestidigitation qui en fera la risée de l'auditoire et de rencontrer dans le dernier segment du film le personnage de <strong>François Périer</strong>. Le point commun de toutes ses rencontres : un élan d'espoir aussi vif qu'éphémère, brisé en mille morceaux par la cupidité des uns et l'absence d'empathie des autres.</p>
<p>Cabiria développe à cet effet une forme de foi inébranlable en des lendemains meilleurs, elle qui espère de tout son être que la chance tournera et qu'elle trouvera enfin un homme aimant et sincère. Cette partie-là de sa personnalité est illustrée de manière assez forte lors du pèlerinage, qui vire très vite à l'hystérie générale et aux désillusions violentes — qui ne durent qu'un temps pour Cabiria. Devant une statue de la vierge ou manipulée par un prestidigitateur, les miracles ne durent guère longtemps et ont tôt fait de se transformer en manipulations cyniques.</p>
<p><ins>Les Nuits de Cabiria</ins> évolue ainsi au creux d'un récit dont la structure n'est ni claire ni habituelle, avec les composantes d'une satire sociale mêlées à une sorte de fable moderne à consonance mélodramatique, totalement exempte de pathos et de misérabilisme — et ce en dépit du passif très chargée de la pauvre Cabiria, qui n'en finit pas de tomber et de se relever. La bienveillance du regard est un élément essentiel de ce rempart. Mais le récit, quoique foisonnant, ne sera jamais démesurément touffu, à l'instar des œuvres les plus réputées de <strong>Fellini</strong>. Une structure fragmentée qui sert habilement le portrait de la détresse humaine, de la malchance, et de la candeur. L'innocence sans cesse bafouée, sans cesse retrouvée.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_cabiria/.masina_1_m.jpg" alt="masina_1.jpg, déc. 2020" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nuits_de_cabiria/.masina_2_m.jpg" alt="masina_2.jpg, déc. 2020" />
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