Je m'attarde - Mot-clé - Jimi Hendrix le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearWoodstock, de Michael Wadleigh (1970)urn:md5:f270431e1919581e05fb6631ddff028c2015-08-03T14:24:00+02:002015-08-04T11:14:03+02:00RenaudCinéma1960s1970sCanned HeatHippieJimi HendrixJoe CockerPsychedelicRockSantanaSoulThe WhoWoodstock <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/woodstock/.woodstock_m.jpg" alt="woodstock.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="woodstock.jpg, août 2015" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>"We must be in Heaven, man!"<br /></strong></ins></span></p>
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<p>Woodstock selon son organisateur <strong>Michael Lang</strong>, c'était 3 jours de folie au cœur de l'été 1969. Devant l'ampleur du succès et le raz-de-marée humain qui s'annonçait, l'événement devint gratuit dès le premier jour et s'allongea d'une journée pour étancher la soif infinie des centaines de milliers de participants. On attendait 50 000 personnes, il en viendra dix fois plus. Pas un flic à la ronde, une organisation totalement dépassée, et "seulement" trois morts : une overdose, une crise d'appendicite, et une tente écrabouillée par un tracteur. À côté de ça, deux naissances et une myriade de conceptions plus que maculées.</p>
<p><ins>Woodstock</ins> selon son réalisateur <strong>Michael Wadleigh</strong>, c'est 3 heures de bonheur Rock, Soul, et Psychédélique, presque 4 en Director's Cut. Un documentaire autant consacré à la musique qu'à l'événement lui-même, une chronique qui fleure bon le Flower Power et la contestation de l'engagement au Vietnam. Un festival qui s'annonce comme un désastre financier mais qui fait marrer son organisateur à la mine réjouie, se foutant éperdument des questions des journalistes focalisées sur l'aspect pécuniaire. Au-delà de la musique, c'est aussi la préparation des champs, la mise en place de la scène, et puis les embouteillages monstres, la déclaration de zone sinistrée, les réactions variées des riverains, et la vie bucolique dans un microcosme à 200 bornes de New York.</p>
<p>Rien que je ne sache déjà, mais...</p>
<p>Quand j'ai vu <strong>Bob Hite</strong> (le con mourra 10 ans plus tard en sniffant ce qu'il pensait être de la coke alors que c'était de l'héroïne) et sa troupe complètement barrée des <strong>Canned Heat</strong> enflammer la scène alors qu'il se faisait tirer ses clopes par un quidam sorti d'on ne sait où...</p><p><div id="centrage"> <iframe width="640" height="360" src="//www.youtube.com/embed/3doBiU6nN0k" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div></p>
<p>Quand j'ai vu <strong>Joe Cocker</strong> en transe, remuer les bras comme s'il était possédé et battre les <strong>Beatles</strong> sur leur terrain en se lançant à corps perdu dans une reprise enflammée de "<em>With a little help from my friends</em>"...</p>
<p><div id="centrage"> <iframe width="640" height="360" src="//www.youtube.com/embed/POaaw_x7gvQ" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div></p>
<p>Quand j'ai vu <strong>Santana</strong> se lâcher en plein trip sous mescaline, accompagné de son batteur de 20 ans qui sort un solo de 6 minutes plutôt convaincant, sur fond de percussions diverses et enflammées...</p>
<p><div id="centrage"> <iframe width="640" height="360" src="//www.youtube.com/embed/AqZceAQSJvc" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div></p>
<p>Quand j'ai vu <strong>Sha Na Na</strong> dans un état second, faire les débiles sur scène sous l'effet d'une drogue inconnue, probablement un mélange épicé d'acides et de LSD...</p>
<p><div id="centrage"> <iframe width="640" height="360" src="//www.youtube.com/embed/HXLsMszmQpA" frameborder="0" allowfullscreen></iframe> </div></p>
<p>Et puis, et puis, l'intro habitée de <strong>Richie Havens</strong> (<a title="https://www.youtube.com/watch?v=W5aPBU34Fyk" href="https://www.youtube.com/watch?v=W5aPBU34Fyk">lien youtube</a>), les complaintes retentissantes de <strong>Janis Joplin</strong> (<a title="https://www.youtube.com/watch?v=QQ4hBsKxpiE" href="https://www.youtube.com/watch?v=QQ4hBsKxpiE">lien youtube</a>), le délire psyché de <strong>Grace Slick</strong> avec le <strong>Jefferson Airplane</strong> (<a title="https://www.youtube.com/watch?v=v_gg6JNLtXI" href="https://www.youtube.com/watch?v=v_gg6JNLtXI">lien youtube</a>), la prestation de malade des <strong>Who</strong> (<a title="https://www.youtube.com/watch?v=fFCZ49drEh8" href="https://www.youtube.com/watch?v=fFCZ49drEh8">lien youtube</a>) visiblement sous LSD (<strong>Roger Daltrey</strong> à bouclettes, torse nu, fringué so 60s-70s : impressionnant), l'électricité dans l'air quand <strong>Alvin Lee</strong> de <strong>Ten Years After</strong> s'empare de sa guitare et entame "<em>I'm Going Home</em>" (<a title="https://www.youtube.com/watch?v=bW5M5xljdCI" href="https://www.youtube.com/watch?v=bW5M5xljdCI">lien youtube</a>), et puis bien sûr la conclusion signée <strong>Jimi Hendrix</strong> (<a title="https://www.youtube.com/watch?v=sjzZh6-h9fM" href="https://www.youtube.com/watch?v=sjzZh6-h9fM">lien youtube</a>). Si je me suis lassé de sa musique avec le temps, ses prestations sur scènes et sa dextérité confondante dans le jeu couplé au chant me laissent toujours dans un état de paralysie totale...</p>
<p>Et puis, et puis, la mode des rouflaquettes et des blousons à franges, les haut-parleurs officiels annonçant que telle personne doit aller à tel endroit pour un accouchement et que l'acide "marron" n'est pas empoisonné mais simplement de mauvaise qualité, les gens à poil, et puis la pluie qui transforme le champ en un immense marécage, à laquelle on répond par des concours de glissades dans la boue et par des habits secs et des fleurs balancés par hélicoptère...</p>
<p>Eh ben, eh ben...</p>
<p>Ben tout d'abord, j'ai chialé. Et puis je me suis dit stop. J'arrête la recherche en traitement du signal et en imagerie médicale et je file fissa travailler à l'élaboration d'une machine à voyager dans le temps. Sur le champ. Et sous acides.</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Woodstock-de-Michael-Wadleigh-1970#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/288Jimi: All Is By My Side, de John Ridley (2014)urn:md5:504a157a559ff27ae2af8e6228e5ad552014-11-07T14:52:00+01:002014-11-07T15:15:04+01:00RenaudCinémaBiopicJimi HendrixLondresRockRoyaume-Uni <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.Jimi All Is By My Side_m.jpg" alt="Jimi All Is By My Side.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Jimi All Is By My Side.jpg, nov. 2014" />
<div id="centrage"><p><span style="font-size: 18pt;"> <ins><strong>Jimi Hendrix pour les nuls</strong></ins></span></p>
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<p>Imagine-t-on un instant un biopic sur les <strong>Doors</strong> sans leur musique, sans la poésie de <strong>Morrison</strong>, sans l’esprit du groupe ? Non, bien sûr, et <strong>Tom Dicillo </strong>l’avait bien compris quand il a réalisé <ins>When You're Strange</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/When-You-re-Strange-de-Tom-DiCillo-2010">lire le billet</a>).
(Autres déclinaisons possibles : les <strong>Clash </strong>avec le film de <strong>Julien Temple</strong>, <ins>Joe Strummer : The Future is Unwritten</ins>, ou encore <strong>Sixto Rodriguez </strong>vu par <strong>Malik Bendjelloul</strong> dans <ins>Searching for Sugar Man</ins> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Sugar-Man-de-Malik-Bendjelloul-2012">lire le billet</a>). Choisissez votre camp.)</p>
<p>De là la terrible déception à l’issue de ce film britannique censé retracer les premiers pas de <strong>Jimi Hendrix </strong>à Londres, son “Experience” avec <strong>Noel Redding </strong>et <strong>Mitch Mitchell </strong>et les débuts de sa renommée. Pourtant, le choix de <strong>John Ridley </strong>(réalisateur et scénariste) aurait pu être la base d’un travail très original : dresser le portrait du <strong>Hendrix </strong>de 1966, avant le succès de <ins>Are You Experienced</ins>, sans filmer le <strong>Hendrix </strong>légendaire connu de tous. Délaisser la musique pour s’intéresser à la personne, voilà un pari risqué que l’on aurait bien aimé voir se concrétiser à l’écran : cette période de un an assez peu connue se prêtait tout à fait à cet exercice. Mais ces deux heures en compagnie d’<strong>André Benjamin </strong>(musicien américain de 39 ans, soit presque le double du personnage qu’il interprète), sans un seul morceau de <strong>Hendrix</strong>, sont particulièrement douloureuses. La frustration est immense, il faut vraiment le voir pour le croire…</p>
<p>Car le scénario de <ins>Jimi: All Is By My Side</ins> ne découle d’aucun processus artistique, il ne s’agit même pas d’un choix personnel de <strong>John Ridley </strong>mais plutôt d’une contrainte vertigineuse, et pour cause : il n’a jamais réussi à obtenir l’accord de <em>Experience Hendrix LLC </em>(la société gérant les droits de <strong>Jimi Hendrix</strong>) pour l’utilisation de sa musique. Difficile de savoir où en était le projet quand il en a fait la demande, mais ce refus n’a rien d’étonnant. <strong>Jimi Hendrix </strong>y est parfois dépeint comme une personne violente, avec des accès de rage probablement en lien avec la prise d’acide. L’idée d’un regard nouveau qui égratigne légèrement un personnage historique est intéressante… jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il s’agit en réalité d’une affabulation parmi tant d’autres. La réaction de la principale intéressée, la petite amie de <strong>Hendrix </strong>qui reçoit des coups de téléphone (au sens propre) dans le film, est accessible ici : <a title="http://www.imdb.com/user/ur51209533/" href="http://www.imdb.com/user/ur51209533/">lien IMdB</a> (lire aussi cet article du Guardian : <a title=" http://www.theguardian.com/film/2014/oct/21/biopics-problems-hendrix-jimi-all-is-by-my-side" href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/ http://www.theguardian.com/film/2014/oct/21/biopics-problems-hendrix-jimi-all-is-by-my-side">lien Guardian</a>). Selon <strong>Kathy Etchingham</strong>, tout cela n’est que “pure nonsense”. Réaction à prendre avec des pincettes étant donnée la peinture peu reluisante qu’il est faite de son personnage, mais la question est posée.</p>
<p><img title="jimi_and_hayley.jpg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="jimi_and_hayley.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.jimi_and_hayley_m.jpg" /></p>
<p>On se rappelle alors l’encart initial, le sacro-saint “based on a true story”, puis la toute dernière phrase du générique de fin stipulant que “bien que le film soit basé sur une histoire vraie, certains propos et faits ont été déformés pour les besoins du film et de la dramatisation”. Clairement, on a affaire à un documentaire qui ne s’assume pas en tant que tel et qui se vautre allègrement dans la fange du sensationnalisme.</p>
<p>Mais admettons. Que reste-t-il si l’on met de côté cette démarche peu rigoureuse et l’absence criante des riffs de <strong>Hendrix </strong>à l’oreille ? Un mauvais film, tout simplement, bien en deçà des ambitions affichées. <strong>John Ridley</strong> enchaîne les poncifs du genre avec une étonnante régularité et parvient à rendre les préoccupations d’un des plus grands guitaristes de l’histoire du Rock profondément ennuyantes. Alors que la thématique regorge de substances exaltantes (l’émigration au Royaume-Uni, la scène londonienne et le tissu social de la fin des sixties, la rivalité entre les groupes de l’époque), le réalisateur se contente d’une succession de scènes convenues et d’une énumération de faits sans cohérence. Wikipédia à l’écran, sans les références. Les citations, en plus d’être très scolaires, sont d’une maladresse confondante : il faut voir comment le célèbre “<em>When the power of love overcomes the love of power, the world will know peace</em>” arrive comme un cheveu sur la soupe, au terme d’une discussion ridiculement insignifiante.</p>
<p>Les reprises d’autres groupes se succèdent alors frénétiquement : le “Hound Dog” d’<strong>Elvis Presley</strong>, la version de “Wild Thing” popularisée par les <strong>Troggs</strong>, “Killing Floors” de <strong>Howlin' Wolf</strong>, et surtout l’excellent “Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band” interprété par <strong>Hendrix </strong>quelques jours seulement après la sortie de l’album des <strong>Beatles</strong>, les Fab Four étant présents dans la salle. C’est l’un des très rares moments réussis du film. Mais au bout d’un certain moment, lessivé par tant d’insignifiance, on finit par en rire. On se prend au jeu en essayant d’anticiper le prochain subterfuge. Saviez-vous que la petite amie de <strong>Keith Richards </strong>conseillait <strong>Jimi Hendrix </strong>sur sa coiffure et sa façon de jouer de la guitare ? Non, bien sûr, ce n’est pas seulement farfelu, c’est également faux : elle était en cure de désintox à cette époque.</p>
<p><img title="andre_benjamin2.jpeg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="andre_benjamin2.jpeg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.andre_benjamin2_m.jpg" /> <img title="andre_benjamin1.jpeg, nov. 2014" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="andre_benjamin1.jpeg" src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/jimi_all_is_by _my_side/.andre_benjamin1_m.jpg" /></p>
<p>On aurait aimé sentir, derrière la timidité et la réserve réputées du personnage, l’âme bouillonnante de l’artiste à la créativité débordante. Si cela n’avait pas été radicalement imposé par un refus de droits, l’inconsistance et le manque d’ambition de la légende <strong>Hendrix </strong>aurait été un sacré pavé dans la marre. <ins>Jimi: All Is By My Side</ins>, à l’inverse, dégouline d’un opportunisme révoltant.</p>
<p><em><ins>N.B.</ins> : <strong>John Ridley</strong>, récidiviste, s’était déjà rendu coupable du scénario de “12 Years A Slave”.</em></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Jimi-All-Is-By-My-Side-de-John-Ridley-2014#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/259