Je m'attarde - Mot-clé - Manipulation le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearKnock, de Guy Lefranc (1951)urn:md5:a9c1f9bdc52e263e1d4b5e5fb9f745462024-03-21T18:28:00+01:002024-03-22T22:07:15+01:00RenaudCinémaCharlatanComédieJean CarmetLouis De FunèsLouis JouvetManipulationMédecineYves Deniaud <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/knock.jpg" title="knock.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/.knock_m.jpg" alt="knock.jpg, mars 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les maladies ignorées</strong></ins></span>
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<p><ins>Knock</ins> est un film d'acteurs et de dialogues avant tout, il me semble, et dont le côté théâtral très appuyé ne trouvera de source de soulagement (ou d'aggravation, pour peu que l'on ne supporte pas la prestation) que dans l'interprétation de <strong>Louis Jouvet</strong>. L'acteur y est vraiment over the top, il en fait des caisses et des caisses en cabotinant à plein régime dans ce rôle qui lui va si bien, un charlatan prenant la succession d'un médecin de village et changeant radicalement l'équilibre local et les habitudes de chacun. À grands coups de "toute personne en bonne santé est un malade qui s'ignore", son objectif est de mettre tout le canton au lit, avec l'impression d'être malade, et de se servir de la médecine comme du bras armé de son enrichissement personnel.</p>
<p>Le jusqu'au-boutisme du personnage de <strong>Jouvet </strong>est assez rare dans son extrémisme : une fois rentré dans son nouveau rôle de notable sachant se faire respecter par la terreur, il n'en ressortira plus et règnera en seigneur tout puissant. Ralliant les uns à sa cause pour en faire des serviteurs et faisant peser une angoisse sourde de maladie sur les autres, le personnage représente l'incarnation absolue du commerçant manipulateur, capable de mettre au point des formules lucratives que personne ne voit venir — le coup de maître des consultations gratuites, attirant toutes les ouailles des environs tout en lui assurant prise d'informations directe et prescriptions diverses rémunératrices dans un futur proche.</p>
<p>La structure de <ins>Knock</ins> est simplissime et son cœur repose sur une série de quelques consultations-clés mises en scène dans un style assez inimitable. On voit défiler les patients, initialement confiants et tout à fait bien portants, et après un passage sous le rouleau-compresseur <strong>Louis Jouvet </strong>le tortionnaire médical, ressortent complètement lessivés, convaincus d'être les porteurs des pires pathogènes. La formule est éculée mais le schéma fonctionne pas mal, et d'autant plus qu'il n'est pas sans écho avec des réflexions plus contemporaines sur la pratique de la médecine conventionnelle ou du cortège de médecines parallèles. On voit passer quelques seconds rôles appréciables, <strong>Jean Carmet </strong>en grand guignol transformé en suiveur docile, <strong>Louis de Funès </strong>dans une micro-apparition vaguement chevelue de moins de 10 secondes (dont 5 en silence et de dos), ou encore la tronche inoubliable de <strong>Yves Deniaud </strong>dans le rôle du tambour de la ville. Pas le film du siècle étant donné son rythme laborieux et son austérité de mise en scène, <ins>Knock</ins> se satisfait en outre d'un unique argument très simple décliné à toutes les sauces du début à la fin, mais la perfidie chevillée au corps du médecin éponyme exploitant la crédulité des gens jusqu'à la moelle conserve une bonne part d'humour noir et de mépris assumé encore assez surprenants.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/img1.jpg" title="img1.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/img2.jpg" title="img2.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/img3.jpg" title="img3.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/img4.jpg" title="img4.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/knock/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, mars 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Knock-de-Guy-Lefranc-1951#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1365Hitokiri, le châtiment (人斬り, Hitokiri), de Hideo Gosha (1969)urn:md5:3d003163378921b1c794f913617ec1712024-03-12T10:52:00+01:002024-03-12T10:54:03+01:00RenaudCinémaChanbaraHideo GoshaHonneurJaponManipulationNeigeSamouraïTatsuya NakadaiYukio Mishima <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/hitokiri_le_chatiment.jpg" title="hitokiri_le_chatiment.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.hitokiri_le_chatiment_m.jpg" alt="hitokiri_le_chatiment.jpg, févr. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Servitude aveugle d'un ronin bourrin</strong></ins></span>
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<p><ins>Hitokiri</ins> est une grosse gourmandise offerte par <strong>Hideo Gosha </strong>dans le registre du chanbara iconoclaste, pas nécessairement de la trempe des <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Trois-Samourais-hors-la-loi-de-Hideo-Gosha-1964"><ins>Trois Samouraïs hors-la-loi</ins></a> ou <ins>Le Sabre de la bête</ins> pour rester dans le même sillon thématique, mais doté de très solides arguments mis au service de ces films de katanas qui s'attachent à montrer le versant le moins reluisant du bushido en cette fin d'ère Edo. C'est également un complément appréciable à l'autre réalisation sortie en cette même année 1969, <ins>Goyokin - La Terreur des Sabaï</ins>, qui s'intéressait elle aussi à écorner l'image plus conventionnelle du samouraï et de ses codes d'honneur, mais peut-être dans une formulation moins radicale. Plus héroïque et plus enneigée, aussi. Sans prétendre rivaliser avec le mètre-étalon du genre (chez moi, il s'agit de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Hara-Kiri-de-Kobayashi-a-Miike">Seppuku</a></ins> aka "Harakiri" de <strong>Masaki Kobayashi</strong>), il décrit une facette du Japon du XIXe siècle prenante et percutante à travers un personnage de samouraï sans maître qui se fera méchamment piétiner par les ambitions venimeuses d'un chef de clan .</p>
<p>On peut poser le décor immédiatement en précisant que le ronin servant de protagoniste, Izo Okada, est interprété par <strong>Shintaro Katsu </strong>— si vous passez la séance à vous demander pourquoi on dirait un cousin éloigné de l'acteur <strong>Tomisaburō Wakayama </strong>(le héros de la série des <ins>Baby Cart</ins> notamment, mais aussi un membre du complot dans le très beau <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Secret-du-ninja-de-Satsuo-Yamamoto-1962">Le Secret du ninja</a></ins>) au visage légèrement défiguré, c'est tout à fait normal : il s'agit de son frère cadet. C'est un personnage qui prend beaucoup de place, qui consomme autant de saké que de sexe, marqué par de nombreux excès, et si l'on n'adhère pas à sa composition <ins>Hitokiri</ins> pourrait s'avérer long. Et qui de mieux que <strong>Tatsuya Nakadai </strong>dans le rôle de son nouveau mentor Hampeita Takechi pour incarner un de ces puissants cruels et sanguinaires qui se servira de lui comme d'un pion, ou comme d'un chien, comme un de ses compagnons d'infortune lui évoquera pour le mettre en garde... Son regard blême et statique sert en tous cas admirablement bien son personnage. Je referme le paragraphe "joie du casting" en précisant que l'on compte dans les rangs des samouraïs l'écrivain <strong>Yukio Mishima</strong>, dont la présence très remarquée se soldera dans le film par un grand coup d'éclat, un seppuku vif comme l'éclair, en un sens annonciateur de celui qu'il se fera un an plus tard dans la réalité, suite à une tentative ratée de coup d'État — racontée par <strong>Paul Schrader </strong>dans le flamboyant <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mishima-de-Paul-Schrader-1985">Mishima - Une vie en quatre chapitres</a></ins>.</p>
Il existe à mes yeux deux solides arguments en faveur du film de <strong>Gosha</strong>, au-delà de son contenu explosif et de son esthétique illustrant tout le potentiel de grisaille contenu dans la pellicule couleur de l'époque.
<p>Tout d'abord, c'est une intrigue qui ne sacrifie jamais l'intelligibilité de son déroulement : les films historiques de ces décennies 1960/1970 sont très nombreux à circonscrire le cadre de leur fiction dans un carcan très précis avec profusion d'éléments contextuels, de faits d'armes, de personnages relatifs à l'histoire du Japon des deux ou trois siècles passés. Il n'est pas rare qu'on se perde dans ce dédale de références et d'intervenants. Il n'en sera rien ici, la structure du récit étant remarquablement limpide et les événements parfaitement explicites (ce qui n'empêche en rien la multiplication de complots et autres coups fourrés, cela va de soi), faisant du film — certes un peu long — un moment très agréable à suivre.</p>
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Il y a aussi un parti pris qui pèse dans la réception de <ins>Hitokiri</ins> à chercher du côté de la chorégraphie des scènes impliquant le maniement des armes. Dès le début, on nous montre bien que le personnage utilise un sabre qui est tout sauf en carton (disons pour le dire autrement qu'on est loin des productions de la Shaw Brothers, avec tout le respect que j'ai pour nombre de films produits par la société), et les coups de sabre s'illustrent par leur brutalité : ils découpent des corps, et tout ce qui traîne autour dans le décor. L'effet recherché est manifestement de faire du personnage de Izo une brute épaisse, et il faut avouer qu'il est réussi. </div><p><ins>Hitokiri</ins> montre donc la trajectoire de ce ronin d'ascendance paysanne, un peu naïf, essentiellement mû par ses problèmes financiers, qui intègrera néanmoins le clan Tosa avec une sincérité aussi prégnante que son impétuosité. C'est bien parce qu'il cherche à faire ses preuves auprès de Takechi qu'il se montrera incroyablement performant au combat, un samouraï on ne peut plus violent qui ne comptera pas ses heures supplémentaires dès lors qu'il s'agit de décimer des antagonistes — et dès lors qu'il reçoit son salaire en échange, bien entendu. Lui qui oubliera bien vite sa bonne résolution de l'année : crier très fort "Tenchu !" ("châtiment divin" en japonais) à chaque mise à mort, comme ces samouraïs croisés dans la rue qui n'accomplissaient pas très bien leur tâche à ses yeux. Cela occasionne une séquence d'anthologie, grand moment de combats bourrins où l'on dénombre les corps cisaillés par dizaines, après qu'il a traversé la moitié du pays à pied en vociférant "Je suis Okada Izoooooooo !" (à noter que cette scène baroque s'inspire d'événements historiques documentés puisque Okada aurait couru un petit marathon de 45 kilomètres avant d'entrer dans l'arène sanglante). Mais c'est au final une histoire de manipulation et de calcul politicien avant tout, puisqu’il ne verra à aucun moment les manigances de son supérieur (il faut le dire passablement agacé par les débordements meurtriers de son nouveau poulain). C'est un chanbara extrêmement sale où l'honneur est piétiné et où les pauvres hères sont manipulés comme de bons petits chiens dociles, au service des puissants ivres de pouvoir. Il finira crucifié (aux sens propre et figuré), mais en paix avec lui-même : l'image finale restera très longtemps en mémoire.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/img2.png" title="img2.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/hitokiri_le_chatiment/.img2_m.png" alt="img2.png, févr. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Hitokiri-le-chatiment-de-Hideo-Gosha-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1356Les Espions, de Henri-Georges Clouzot (1957)urn:md5:6f9371100f220668fc7cd370b7670b6b2023-11-15T09:41:00+01:002023-11-15T09:45:42+01:00RenaudCinémaComédieEspionnageGuerre froideGérard SétyHenri-Georges ClouzotHumour noirManipulationMensongePeter UstinovSinéThrillerVéra Clouzot <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/espions.jpg" title="espions.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.espions_m.jpg" alt="espions.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Gros bordel d'espions</strong></ins></span>
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<p>Le dernier <strong>Clouzot </strong>que j'ai vu remonte à il y a deux ans, et <ins>Les Espions</ins> creuse encore la distance en explorant des thématiques et des styles narratifs qui s'écartent grandement des classiques du drame policier qui ont fait la renommée du réalisateur. En tous cas personnellement je n'aurais jamais deviné l'auteur de cet étrange film qui embrasse vigoureusement l'ère paranoïaque de la Guerre froide en balançant des wagons entiers d'espions autour d'une clinique psychiatrique au bord du délabrement tenue par un docteur alcoolique. Même l'interprète principal, <strong>Gérard Séty</strong>, avec son comportement anormal et son jeu à la limite du mauvais, colore encore un peu plus l'intrigue de son étrangeté.</p>
<p>C'est en tous cas un film qui, volontairement ou non (je pencherais pour le premier), oscille sans arrêt entre thriller sérieux et notes comiques récurrentes, donnant fatalement l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser, et me positionnant dans une situation inconfortable — jusqu'à ce qu'on accepte cette incertitude et ces allers-retours entre les deux registres. Il y a carrément des fois où on se croirait chez le <strong>Lautner </strong>de <ins>Les Barbouzes</ins>, et d'autres fois dans une parodie de James Bond avec des espions internationaux qui surgissent sans cesse dans le champ, un colonel américain qui confie une mission au héros, un mystérieux agent secret germanophone à protéger, et des chefs de renseignements secrets américains et russes (<strong>Peter Ustinov </strong>qui se dispute le bout de gras des informations. Au milieu du bordel, il y a quand même deux patients dans la clinique, histoire de pas oublier la signification du lieu de l'action, dont une femme muette interprétée par <strong>Véra Clouzot</strong>.</p>
<p>Au bout d'un moment, le jeu du chat et de la souris lasse, fatalement. Pendant un moment on ne comprend rien, et c'est ennuyeux, puis on comprend quelles sont les forces en présence, et ce n'est pas beaucoup mieux. Une fois la complexité dépassée, on passe simplement notre temps à se demander si les agents secrets savent eux-mêmes pour qui ils travaillent dans ce magma de manipulations et de mensonges divers, toujours entre loufoquerie et terreur (l'affiche de <strong>Siné </strong>va bien dans ce sens). Le dédale kafkaïen de ce repaire d'espions navigue entre la comédie et le drame, parfois pour le meilleur, mais sans doute un peu trop sur la durée.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Espions-de-Henri-Georges-Clouzot-1957#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1281L'étrangleur de Rillington Place (10 Rillington Place), de Richard Fleischer (1971)urn:md5:5fa67b6e2a86c0054d6d443bb118b02e2023-10-28T16:02:00+01:002023-10-30T10:13:12+00:00NicolasCinémaAngleterreAppartementAprès-guerreJohn HurtManipulationMeurtrePeine de mortRichard AttenboroughRichard Fleischer <img src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/.1ORP-T_m.jpg" alt="1ORP-T.jpg, oct. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Who are the police going to believe - you or me that was a special constable for ten years?"</strong></ins></span></div>
<p>Metteur en scène polyvalent par excellence, ne pouvant être associé ni une signature visuelle ni à une thématique particulière, <strong>Richard Fleischer</strong> est de ces réalisateurs que la critique peine à faire rentrer dans la "théorie de l'auteur" (il n'y a qu'à voir comment, quand il y a quelques années des éditeurs de DVD le remettait à l'honneur, les Cahiers du cinéma, se trouvant obligés d'accorder ce label de prestige à un artisan qu'ils avaient longtemps dédaigné, se justifiaient maladroitement).
Tout au plus ressortait fréquemment, dans les intérêts récurrents d'un cinéaste qui se destinait d'abord à des études de psychologie, l'exploration de la psyché et du comportement de criminels, au travers d'une trilogie informelle tirée de faits divers célèbres et composée de <ins>Le génie du mal</ins> (Compulsion), <ins>L'Etrangleur de Boston</ins> (The Boston Strangler) et <ins>L'Etrangleur de Rillington Place</ins>, auxquels on pourrait me semble-t-il ajouter <ins>La fille sur la balançoire</ins> ( The Girl on the Red Velvet Swing).</p>
Le plus tardif du lot, <ins>10 Rillington Place</ins> est un projet qui tenait particulièrement au cœur de <strong>Fleischer</strong> car il lui permettait de s'élever de nouveau contre la peine de mort, comme il le fit avec Le génie criminel (à la fin duquel l'avocat joué par <strong>Orson Welles</strong> livrait une plaidoirie mémorable).
<p>Le film est l'adaptation du livre-enquête éponyme de <strong>Ludovic Kennedy</strong> qui fit sensation en Angleterre, au point qu'on lui attribue une influence non négligeable sur l'abolition de la peine capitale dans ce pays.</p>
<p>Il revient sur l'affaire Christie-Evans qui défraya la chronique judiciaire londonienne entre 1949 et 1953.</p>
<p>Crâne dégarni, portant lunettes, ne parlant qu'à voix basse (conséquence psychologique d'une attaque au gaz moutarde durant la 1ère Guerre Mondiale), John Christie est un homme aux autours inoffensifs, qui ne laissent guère présager de ses pulsions meurtrières.
Il est joué par <strong>Richard Attenborough</strong>. À l'époque, le futur réalisateur de <ins>Gandhi</ins> n'avait pas encore été anobli mais il était un des acteurs préférés des Anglais et bien qu'ayant d'abord frappé les esprits en incarnant, sur les planches comme à l'écran, un jeune chef de gang dans <ins>Brighton Rock</ins>, on l'associait surtout à des personnages sympathiques (dans <ins>La grande évasion</ins>, <ins>La canonnière du Yang-Tse</ins>...) Pour les spectateurs de ma génération, il était surtout le grand-père de <ins>Jurassic Park</ins> (un peu imprudent, mais pas un mauvais bougre...) Bref, pas vraiment le premier nom qu'on associerait à un rôle de tueur en série.</p>
<p>Dans le meublé qu'ils louent à l'étage de leur demeure, Christie et sa femme accueillent un jeune couple : Timothy et Beryl Evans. Ils ont un enfant en bas âge et très tôt la jeune femme révèle à son époux qu'un deuxième est en route mais qu'elle ne le portera pas à terme, faute de revenus suffisants pour s'occuper de deux enfants. Le jeune homme s'oppose dans un premier temps à la décision de son épouse, cependant celle-ci, au tempérament moderne et affirmé, finit par le convaincre. Reste à procéder à l'avortement, ce qui n'est pas une mince affaire.</p>
<p>C'est là qu'intervient John Christie et que se noue le nœud du drame.
Prétextant quelques compétences médicales (le prologue nous montre que par le passé ce subterfuge lui permit de gagner la confiance d'une autre de ses victimes), il se propose d'opérer lui-même, à moindre frais. Pour le psychopathe, l'occasion est trop belle pour agresser sexuellement la jeune femme, la tuer et mettre sa mort sur le compte du risque inhérent aux avortements clandestins.
Christie doit ensuite s'assurer que le mari gardera le silence ; et il compte, pour le persuader, sur l'emprise psychologique. Il a bien vu que le jeune homme, complexé par son illettrisme, n'affiche pas une grande force de caractère (dans le rôle de Timothy Evans, <strong>John Hurt</strong> livre une de ses premières grandes interprétations, traduisant à merveille la fragilité et l'ambiguïté du personnage).</p>
<p>Drame humain, le récit est aussi celui d'un drame social, la pauvreté, le manque d'éducation et leur poids dans les rapports de classe condamnant tout autant les plus démunis que ne le fait la justice des tribunaux.
Pour rendre cet aspect, le décor a son importance. Les plans extérieurs de la rue ont été tournés sur les lieux du crime (qui ont bien changés : ironiquement, ils se fondent aujourd'hui dans le quartier chic de Notting Hill).
Le logement des Christie et Evans, ainsi que l'arrière-cour, ont eux été reconstitués en studio. Le rendu est remarquable mais plus remarquable encore est la mise en scène de <strong>Fleischer</strong>. En effet, pour mieux rendre l'exiguïté des lieux, le réalisateur s'est refusé à agrandir le décor ou installer des panneaux coulissants pour faciliter la manipulation des caméras. Malgré cela, la fluidité des images est exemplaire. <strong>Fleische</strong>r, qui a été de ceux qui ont su le plus habilement tirer profit de l'ampleur du Cinémascope, avait montré dès 1952 avec <ins>L'énigme du Chicago Express</ins> qu'il maîtrisait aussi bien les petits espaces ; il signe là un autre modèle du genre.</p>
<p>Une mise en scène acérée était également cruciale pour la séquence de la pendaison et celle-ci s'avère d'une sobriété exemplaire.
À noter que <strong>Fleischer</strong> a fait appel aux conseils techniques d'Albert Pierrepoint, le dernier bourreau d'Angleterre, qui exécuta lui-même Evans et Christie (il rapporta l'anecdote que ce dernier se plaignit que la cagoule le démangeait, à quoi il répondit que cela n'allait pas le gêner longtemps).</p>
<p>Drame conjugal, thriller en huis clos, chronique judiciaire, <ins>10 Rillington Place</ins> est un film qui m'avait frappé lorsque je l'avais vu pour la première fois, adolescent. À le revoir aujourd'hui, il n'a rien perdu de sa force et sa justesse.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/10RP-1.jpg" title="10RP-1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/.10RP-1_m.jpg" alt="10RP-1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/10RP-2.png" title="10RP-2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/.10RP-2_m.png" alt="10RP-2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/10RP-3.jpg" title="10RP-3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/.10RP-3_m.jpg" alt="10RP-3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/10RP-4.jpg" title="10RP-4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/.10RP-4_m.jpg" alt="10RP-4.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/10RP-5.jpg" title="10RP-5.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/NICOLAS/10_Rillington_Place/.10RP-5_m.jpg" alt="10RP-5.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-etrangleur-de-Rillington-Place-de-Richard-Fleischer-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1280Les Bonnes Causes, de Christian-Jaque (1963)urn:md5:6d6ea417b8eb6bc802bf48c41ef18d7a2023-10-15T12:53:00+02:002023-10-15T11:54:16+02:00RenaudCinémaAssassinatBourvilChristian-JaqueEnquête policièreInfirmièreManipulationPierre BrasseurProcès <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/bonnes_causes.jpg" title="bonnes_causes.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.bonnes_causes_m.jpg" alt="bonnes_causes.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Piégé(e)s</strong></ins></span>
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<p>Un film très original de la part de <strong>Christian-Jaque</strong>, plus habitué des productions françaises traditionnelles souvent raillées par la Nouvelle Vague : d'abord lancé sur des rails qu'on croit prévisibles, avec l'assassinat d'un homme fortuné suite au changement (par sa femme) d'une ampoule administrée en intraveineuse par une infirmière, il s'engage par la suite dans une enquête policière retorse et un final au prétoire qui brillera par son écriture et sa capacité à suivre une voie rarement choisie au cinéma. La femme, interprétée par <strong>Marina Vlady </strong>avec beaucoup de talent, accuse l'infirmière <strong>Virna Lisi </strong>dans ce qui ressemble à un piège savamment orchestré. L'avocat de la femme, <strong>Pierre Brasseur </strong>dans un excès savoureux de manières aristocrates, accessoirement amant de cette dernière, la défend et lui obéit au doigt et à l'œil comme s'il était victime d'un ensorcellement. Et au milieu du vacarme, il y a <strong>Bourvil </strong>dans un rôle sérieux éloigné de toutes les comédies qu'on a en tête, en juge d'instruction intègre, patient, et agissant dans un but unique : la recherche de la vérité, loin du culte des apparences.</p>
<p>Dans un premier temps, on peut être un peu gêné par le caractère très ostentatoire de <strong>Marina Vlady </strong>qui surjoue quelque peu la femme ayant tendu un piège en remplaçant un médicament par un produit toxique, et faisant semblant de découvrir l'accident au moment exact où il vient de survenir. Mais finalement ce malaise disparaît assez vite dès lors que l'enquête déroule son cours et que les interactions entre les différentes parties s'affirment et s'affinent. Il y a un peu de <ins>Witness for the Prosecution</ins> dans <ins>Les Bonnes Causes</ins>, dans les rapports conflictuels et intéressés qui lient les personnages, à la différence près que <strong>Billy Wilder </strong>conserve la plus grosse part de mystère pour la fin là où <strong>Christian-Jaque </strong>termine son film sur une pirouette sarcastique. Ici, en ce qui concerne le meurtre, on est tout de suite placé dans la confidence et on n'a aucun doute sur la culpabilité ou l'innocence des deux femmes : c'est davantage sur le terrain des intentions et des manipulations que les surprises vont germer. Et puis c'est probablement l'un des plus beaux rôles de <strong>Bourvil </strong>dans un registre inhabituel, touchant et crédible, consciencieux et réservé, soumis à des pressions des coups bas de la part de la partie adverse et qui finira dans l'anonymat le plus total. Il y a beaucoup d'incohérences et d'invraisemblances dans le déroulement de l'enquête, dans le comportement des professionnels, mais ça n'enlève rien à l'originalité du scénario et de sa dynamique.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img5.png" title="img5.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img5_m.png" alt="img5.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/img6.png" title="img6.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bonnes_causes/.img6_m.png" alt="img6.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Bonnes-Causes-de-Christian-Jaque-1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1255Meurtre à Yoshiwara (妖刀物語 花の吉原百人斬り, Yōtō monogatari: Hana no Yoshiwara hyaku-nin giri), de Tomu Uchida (1960)urn:md5:21612d975a5e209760ea217e849d3e982023-10-06T09:57:00+02:002023-10-06T14:05:27+02:00RenaudCinémaCommerceGeishaHumiliationJaponManipulationNaïvetéProstitutionSolitudeTomu Uchida <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.meurtre_a_yoshiwara_m.jpg" alt="meurtre_a_yoshiwara.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>L'ombre d'un homme trop bon</strong></ins></span>
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<p>Hormis le style et le format très large Cinemascope, on pourrait croire à un film de <strong>Mizoguchi </strong>dans son récit d'une humiliation en périphérie d'une maison de geisha. Il y a quand même une petite difficulté, dans l'immersion dans ce portrait d'un commerçant en soieries, Jirozaemon, puisque le protagoniste est quand même un sacré couillon, le genre d'homme très riche et très honnête, à un point tel qu'il expose ses faiblesses de manière bien trop évidente pour qu'elles puissent nourrir une tragédie émouvante sur le long terme. Qu'on en fasse des tonnes sur la tragédie de sa condition d'enfant défiguré et abandonné, puis sur sa condition d'homme moche dont aucune femme ne veut, pourquoi pas, l'écrin du cinéma japonais permet de gommer ce qui pourrait paraître outrancier ailleurs (pour ces raisons mystérieuses pas tout à fait élucidées de mon côté). Mais par contre, du point de vue de la construction de la déchéance de son personnage perdu dans la folie romantique, j'en attends quand même un peu plus d'un mélodrame, quelle que soit sa nationalité.</p>
<p>En parallèle de son histoire à lui, il y a l'ascension sociale de la courtisane dont personne ne voulait, Tamatsuru, une ancienne taularde, qui verra dans ce personnage d'homme isolé une opportunité dorée de prendre sa revanche sur son environnement qui l'a, elle aussi, rejetée. Mais aucune trace de solidarité entre les rebuts de la société dans <ins>Meurtre à Yoshiwara</ins>, et Tamatsuru se servira de Jirozaemon comme d'un simple accessoire, un tremplin pour sa réussite personnelle et rien d'autre. Devenir première courtisane est son seul objectif, et si cela doit passer par la manipulation, cela ne lui pose aucun problème.</p>
<p>Le film d'<strong>Uchida</strong>, assez éloigné de ce qu'on peut connaître de lui habituellement, peut se concevoir comme une galerie de monstres. Des monstres physiques, des monstres cupides, des monstres cyniques. Hormis le personnage principal partagé entre son côté entrepreneur respecté chez lui et ses penchants pour la soumission à la ville, le quartier de Yoshiwara semble peuplé d'individus tous plus veules et médiocres les uns que les autres, qui ponctionneront jusqu'à la mort tout ce qu'ils pourront chez cet homme riche et naïf. Le film est en outre intéressant pour la description des lieux, du fonctionnement de la maison de geishas, du réseau d'enjeux qui structure la communauté, et de l'apprentissage que suivra Tamatsuru afin de transformer sa frustration en une force lui permettant de prendre l'ascendant. Une curiosité aussi au sens où toutes les belles valeurs exhibées par Jirozaemon, la bonté, l'honneur, l'altruisme, habituellement célébrées dans les films similaires, sont précisément les raisons qui le conduiront à sa perte, à la destruction totale de son être — et qui exploseront dans un final sous forme de feu d'artifice plein de rage.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_a_yoshiwara/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtre-a-Yoshiwara-de-Tomu-Uchida-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1248Le Droit du plus fort, de Rainer Werner Fassbinder (1975)urn:md5:4d5016400fe83f204bb41a0c58b0fff02023-08-17T09:27:00+02:002023-08-17T08:29:20+02:00RenaudCinémaAllemagneAmourArgentBourgeoisieConsumérismeCupiditéHomosexualitéHumiliationLotoLutte des classesManipulationMélodrameRacismeRainer Werner FassbinderRomance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.droit_du_plus_fort_m.jpg" alt="droit_du_plus_fort.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Ce n'est pas le genre de gars que l'argent rend riche."</strong></ins></span>
</div>
<p>Accepter et s'habituer au style de <strong>Fassbinder </strong>n'est pas une mince affaire, et il m'aura fallu beaucoup de temps et de films avant de commencer à apprivoiser le lascar. L'épreuve aura été rude, parfois un peu ingrate, mais elle aura permis de voir émerger l'appréciation de ce <ins>Droit du plus fort</ins> et ne serait-ce que pour ça, elle aura été récompensée au centuple. Il n'y a que chez <strong>Fassbinder </strong>que l'on peut voir le mélodrame à la <strong>Sirk</strong>, genre du cinéma américain classique par excellence, assimilé et régurgité dans un moule totalement différent, dans une version allemande et homosexuelle (quand bien même sur ce dernier point, le caractère homosexuel des tribulations du protagoniste est traité de manière parfaitement équivalente à la norme de l'époque, au milieu des années 70) de la lutte des classes. Il parvient à illustrer de façon aussi émouvante que percutante un échec sentimental autant que social, à travers cette histoire de relation asymétrique entre un jeune forain ayant gagné une forte somme d'argent au loto et un jeune bourgeois dont l'entreprise est au bord de la faillite. Non, l'amour ne sera pas la passerelle entre les classes, et <strong>Fassbinder </strong>nous l'assène très violemment.</p>
<p>Il faut tout d'abord réussir à pénétrer dans cette ambiance, très théâtrale sous certains aspects, constamment filmée de manière crue. Cette crudité dans le regard renforce qui plus est la dimension masochiste du geste du réalisateur-acteur, avec une série constante d'humiliations de son personnage : il incarne à merveille ce paumé trop sensible qui met la main sur un gros paquet d'oseille tout en restant aveugle à la cupidité de son entourage. Il y a toujours ce mélange de bourrin, de malsain et de vulnérable dans les films de <strong>Fassbinder</strong>, ici en l'occurrence pour montrer comment Franz aka Fox ne voit rien venir de la machination dégueulasse qui se trame autour de lui, ou encore comment les rapports de classe produisent des chocs frontaux — au travers de la séquence du repas où le prolo ne comprend pas pourquoi on s'obligerait à boire du blanc avec du poisson.</p>
<p>Et finalement c'est assez drôle de voir Fox devenir peu à peu l'amant d'un fils de bourgeois, tendre et soumis, à mesure qu'on lui fait découvrir cet univers qu'il ne connaissait absolument pas et contrastant fortement avec le bistro crado dans lequel il avait l'habitude de traîner. De temps en temps, des signaux plus ou moins explicites se manifestent à lui : en vacances au Maroc, il se heurte à une forme étrange de racisme qui interdit le personnage de <strong>El Hedi ben Salem </strong>(dans un rôle moins ambitieux que celui de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Tous-les-autres-s-appellent-Ali-de-Rainer-Werner-Fassbinder-1974">Tous les autres s'appellent Ali</a></ins>), déclassé parmi les déclassés, de rentrer dans leur hôtel. Mais tous ces signaux convergent finalement vers le dernier plan, d'une cruauté et d'une noirceur folles. Les agissements de son amant ne sont pas forcément le résultat d'une abominable machination, ce dernier étant largement mis en scène dans des situations d'incertitude et d'hésitation : il y a bien davantage une question de fatalité, d'incompatibilité presque constitutive de leur couple.</p>
<p>De manière brutale, <strong>Fassbinder </strong>fait déambuler son protagoniste au milieu des horreurs du racisme, du consumérisme et des sphères bourgeoises gay pour mieux le fracasser contre le mur de son innocence : l'argent lui aura fait miroiter une sensation d'appartenance à une classe supérieure, mais en l'absence de connaissance de ses codes et de ses coutumes, elle ne sera que de très courte durée une fois la fortune dilapidée. Comme le dira un des personnages au sujet de Fox, "ce n'est pas le genre de gars que l'argent rend riche". Jamais l'amour entre les deux n'aura trouvé de terreau fertile, et le constat est sans doute l'un des plus tristes que j'aie vus chez <strong>Fassbinder</strong>.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/droit_du_plus_fort/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Droit-du-plus-fort-de-Rainer-Werner-Fassbinder-1975#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1213