Je m'attarde - Mot-clé - Marin le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLa terre tremble, de Luchino Visconti (1948)urn:md5:80740cb1a597379db6fc9176c608b2072022-12-04T20:22:00+01:002022-12-04T20:22:00+01:00RenaudCinémaFamilleItalieLuchino ViscontiLutte des classesMarinNéoréalismePauvretéPêcheRébellionSicileSolitudeVittorio De Seta <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_tremble/.terre_tremble_m.jpg" alt="terre_tremble.jpg, oct. 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" title="La terre tremble, affiche" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"La mer est amère et le marin y meurt."<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Que ce soit chez <strong>Visconti</strong>, <strong>Pasolini </strong>ou <strong>Rossellini </strong>(liste non-exhaustive), je me suis rendu compte au gré des confrontations que ma préférence va très clairement aux veines néoréalistes respectives de ces cinéastes emblématiques. Ce n'est manifestement pas au travers de ce registre qu'ils ont su se démarquer, entre eux, et imprimer durablement la rétine ou marquer les esprits (des films iconoclastes comme <ins>Le Guépard</ins>, <ins>Salo ou les 120 Journées de Sodome</ins> et <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-11-Fioretti-de-Francois-d-Assise-de-Roberto-Rossellini-1950"><ins>Les Onze Fioretti de François d'Assise</ins></a> peuvent par exemple en témoigner) mais c'est dans cet écrin que sont nés les plus beaux drames d'après-guerre à mes yeux.</p>
<p>Dans un premier temps au moins, la particularité la plus proéminente de <ins>La terre tremble</ins> a trait à sa distribution, entièrement composée d'acteurs non-professionnels, plus précisément de pêcheurs s'exprimant dans leur langue régionale et racontant en quelque sorte leur quotidien sicilien dans un coin rural et littoral d'Italie. Il s'en dégage une authenticité franche, au-delà de la mise en scène minimale nécessaire, et une composante documentaire qui peuvent trouver de nombreux échos fertiles dans tous les courts-métrages des années 50 de <strong>Vittorio De Seta </strong>(de "vrais" documentaires en l'occurrence, qui abordaient le quotidien de mineurs, de paysans et, entre autres, de pêcheurs). Cette histoire complète le tableau de la Sicile à côté de très beaux films comme <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Fiances-de-Ermanno-Olmi-1963"><ins>Les Fiancés</ins> </a>ou encore <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mafioso-de-Alberto-Lattuada-1962"><ins>Mafioso</ins></a>.</p>
<p>La chronique familiale de <ins>Rocco et ses frères</ins> rencontre ainsi ici l'univers de la pêche à travers l'histoire d'un petit village où la subsistance d'une famille pauvre est menacée par le monopôle des mareyeurs. Les pêcheurs ont beau se tuer à la tâche, avec enfants et vieillards mis à contribution en mer, c'est cet intermédiaire qui constitue le goulot d'étranglement en tirant les prix du poisson vers le bas et en maintenant à ce titre une forme d'exploitation quasi-esclavagiste. C'est le fils aîné, amoureux d'une fille issue d'une classe plus aisée, qui poussera ses proches à devenir indépendants et à monter leur propre entreprise après avoir fédéré la colère des travailleurs locaux — très beau plan où l'on jette la balance des grossistes à la mer. Le geste est beau et nourrit des espoirs fondés, mais le bonheur sera on s'en doute un peu de courte durée.</p>
<p>Il y a très peu de place pour l'illusion de réussite dans <ins>La terre tremble</ins>. On ne s'échappe pas si facilement de sa condition chez <strong>Visconti</strong>, la réalité sociale claque comme des coups de fouet et l'angoisse de la misère tout comme de la mort en mer est partout — "<em>La mer est amère et le marin y meurt</em>", comme l'exprimera une femme lors d'une tempête. Quelques références à l'époque moderne ancrent la fiction dans le réel, avec le symbole de la faucille et du marteau sur un mur décrépi ou encore une citation de Mussolini au-dessus du bureau d'un exploiteur satisfait. Peinture cruelle d'un échec implacable, c'est un film qui n'offre pas de porte de sortie salvatrice : la solidarité y est presque inexistante, l'absence de figure libératrice est tragique, et celui qui lutte semble enfermé dans une solitude amère. Un échec à dépasser, un honneur à ravaler, et en définitive une rébellion payée au prix le plus fort.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_tremble/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_tremble/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/terre_tremble/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-terre-tremble-de-Luchino-Visconti-1948#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1079Gardiens de phare, de Jean Grémillon (1929)urn:md5:80a3e3aef6b671813eb14631658766f92020-01-09T23:32:00+01:002020-01-09T23:43:42+01:00RenaudCinémaBretagneCinéma muetIsolementJean EpsteinJean GrémillonMarinPhareRage <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gardiens_de_phare/.gardiens_de_phare_m.jpg" alt="gardiens_de_phare.jpg, janv. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Amertume bigoudène</strong></ins></span>
</div>
<p>Un bout de pellicule retrouvé 25 ans après sa sortie quelque part au Danemark, et voilà ressuscité le film de <strong>Grémillon</strong>. L'état est proche de la catastrophe tant la qualité s'apparente plus au daguerréotype poussiéreux qu'autre chose, mais assez bizarrement ce grain très épais et ces multiples imperfections renforcent l'opacité du mélodrame et la noirceur de l'histoire, très épurée, qui voit un homme et son fils prisonniers de leur phare, au milieu d'une mer déchaînée.</p>
<p><ins>Gardiens de phare</ins> procède par une série d'allers-retours, entre la terre et la mer, entre le présent et le passé, entre la réalité et le rêve, entre le champ sur les hommes qui partent en bateau et le contrechamp sur les femmes bigoudènes qui leur disent au revoir. C'est une vision de l'onirisme qui peut faire penser à la poésie d'un <strong>Jean Vigo</strong>, mais c'est du côté de <strong>Jean Epstein </strong>que les passerelles sont les plus nombreuses, à commencer par le très grand dénominateur commun de la culture bretonne que le film partage avec <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Finis-Terrae-de-Jean-Epstein-1929">Finis Terrae</a></ins>, lui aussi le regard rivé sur les côtes rocailleuses du Finistère battues par le vent et la marée, lui aussi focalisé sur le travail éprouvant des hommes — en l'occurrence les goémoniers.</p>
<p>Mais la trame narrative a une importance largement supérieure ici, puisque un des ressorts dramatiques est lié au déclenchement de la maladie chez l'un des personnages, qui avait été mordu par un chien (enragé, on l'apprendra après) avant son départ. Peu à peu, il sombre dans la folie, cloîtré dans le phare, au sein d'une atmosphère incroyable faite d'ombre et de lumière qui parvient malgré tout à se frayer un chemin à travers les défauts de pellicule. On lorgne par moments presque du côté du fantastique, renforçant encore une fois le parallèle avec <strong>Epstein</strong>, cette fois-ci du côté de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Chute-de-la-maison-Usher-de-Jean-Epstein-1928"><ins>La Chute de la maison Usher</ins></a> (sorti un an avant). L'accès de rage chez le fils peut paraître un peu outrancier vu d'aujourd'hui, limite horrifique, mais la montée en tension angoissante reste entière : la tragédie qui se noue dans les dernières minutes, alors qu'on vient de quitter des flashbacks heureux, alors que les femmes restées à terre croient que la catastrophe est évitée lorsque la lumière du phare se rallume, n'en est que plus poignante.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gardiens_de_phare/.phare_m.jpg" alt="phare.jpg, janv. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Gardiens-de-phare-de-Jean-Gremillon-1929#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/736L'Expédition du Kon-Tiki, de Thor Heyerdahl (1948)urn:md5:5b116495d093723c2ae675e65dc7ba412020-01-07T14:26:00+01:002020-01-07T14:26:00+01:00RenaudLectureAmérique du SudAventuresBateauExplorationMarinNorvègeOcéan PacifiquePolynésiePérouWhisky <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.expedition_du_kon-tiki_m.jpg" alt="expedition_du_kon-tiki.jpg, janv. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Cent jours sur un radeau pour traverser le Pacifique</strong></ins></span>
</div>
<p>Le récit de l'expédition du Kon-Tiki écrit par <strong>Thor Heyerdahl</strong> en 1948, d'après les notes de son journal de bord, est un excellent complément au pendant cinématographique (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Expedition-du-Kon-Tiki-de-Thor-Heyerdahl-1950">lire le billet</a>) qui sortit 2 ans plus tard, sous le même nom. Les images de l'expédition maritime à travers l'Océan Pacifique viennent très agréablement illustrer la description factuelle des événements, et les détails du contexte historique, des préparatifs ou de l'état d'esprit du groupe complètent tout aussi agréablement le compte-rendu graphique. Deux approches différentes pour raconter un voyage un peu fou, initié par un pari en marge d'une réflexion scientifique : traverser l'océan du Pérou jusqu'en Polynésie, en passant près de l'île de Pâques, à bord d'un radeau construit selon un procédé fidèle à la civilisation inca. L'objectif de l'anthropologue et archéologue norvégien était de démontrer par l'expérience la validité de l'hypothèse selon laquelle les îles polynésiennes avaient pu être colonisées par des peuples sud-américains issus de l'ère précolombienne.</p>
<p>Le livre montre très bien comment le groupe d'apprentis explorateurs s'est constitué de manière chaotique autour de la personne de <strong>Heryerdahl</strong>, au gré du hasard et des rencontres fortuites. On réalise assez vite à quel point cette expédition s'avère dangereuse, avec 5 Norvégiens et 1 Suédois tous rigoureusement amateurs en matière de navigation (pour reproduire les conditions des apprentis marins incas), réunis en partie pour tenir tête à une communauté scientifique, décrite comme sceptique et méprisante, qui affirmait que la traversée du Pacifique sur un radeau rudimentaire était évidemment impossible. Peu importe si on sait aujourd'hui, grâce à des moyens plus performants, que les îles polynésiennes ont été peuplées par des cultures asiatiques : la beauté du geste, un peu comme une conquête de l'inutile chère à <strong>Herzog </strong>(<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Conquete-de-l-inutile-de-Werner-Herzog-2009">lire le billet</a>), reste entière.</p>
<p><strong>Heryerdahl</strong> n'est pas un poète ou un écrivain, limitant ainsi le récit à un style très pragmatique, sans envolée littéraire, et en quelque sorte conforme à l'expérience particulièrement dépouillée de cette aventure. Elle est racontée en 8 grands chapitres : une théorie, naissance d'une expédition, en Amérique du Sud, sur l'océan, à mi-chemin, le Pacifique traversé, arrivée aux îles, et avec les Polynésiens. Une grande partie est donc consacrée aux contours du voyage, tant du côté des longs préparatifs que des semaines passées sur une île inhabitée de l'autre côté de l'océan, à l'arrivée. Au départ, il y a les histoires racontées par un vieillard rencontré sur Fatuhiva, une île de la Polynésie française, avec toute une mythologie autour des dieux, des vents et des courants constituant les fondements d'une croyance sur l'origine du peuplement. L'idée d'une expédition sera ensuite partagée au Club des explorateurs, en étayant le faisceau d'indices (vestiges archéologiques, sculptures, traits culturels communs) accréditant la thèse d'une colonisation par une civilisation andine antérieure aux Incas, avant de rallier Washington pour discuter avec les diplomates de l'ONU et étudier l'équipement qui pourrait être chargé sur l'embarcation (au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de matériel militaire en était encore à un stade expérimental). Un long passage raconte les péripéties au fin fond de la jungle sud-américaine pour trouver les bons troncs de balsa, prendre un dernier bol d'air en haut d'une montagne et les pieds sur terre, échapper aux bandits et aux chasseurs de têtes, ramener le balsa coupé dans un chantier naval péruvien après avoir déposé un dossier de 12 kilos de paperasse au préalable, et enfin procéder à la construction (en n'utilisant que les matériaux et techniques disponibles à l'époque des Incas, naturellement). Viendra ensuite le temps de la navigation, après un départ mouvementé,
après un rendez-vous raté avec un avion censé les photographier en haute
mer : d'abord les angoisses, avec la lutte permanente contre des lames
de plus en plus grandes, l'eau qui imprègne les troncs, les frottements
des cordes contre le bois, et enfin le plaisir, la multitude de poissons
volants à côté desquels parfois ils se réveillent, la rencontre avec un
requin-baleine, le plus grand poisson actuellement sur Terre, et la contemplation quotidienne d'un horizon vierge et exaltant.</p>
<p>Une fois engagés dans la navigation loin des côtes, rassurés par la stabilité du Kon-Tiki face aux vagues et même aux tempêtes, l'océan devient pour eux un immense terrain de jeu. On adopte le rythme lent de la traversée, qui s'apparente enfin à une divagation paisible d'une centaine de jours sur plus de 8000 kilomètres. Avec leur perroquet et leur crabe adoptifs, ils optimisent la gestion de l'eau potable en mélangeant l'eau douce à un peu d'eau de mer, ils étudient le caractère comestible du plancton (le zooplancton phosphorescent étant beaucoup plus digeste que le phytoplancton), ils constatent l'apparition de fourmis logées au creux des troncs et réveillées par l'humidité, ils apprennent à reconnaître la faune d'une incroyable diversité qui passe sous le radeau (dorades, requins, pilotes, rémoras à ventouses, thons, bonites, pieuvres), ils captent de temps en temps un signal radio venu de l'autre bout de la planète. Quelques frayeurs se font sentir, lorsqu'une tempête vient sévèrement menacer l'intégrité du radeau pendant plusieurs jours consécutifs ou lorsqu'un homme tombe à la mer (il est impossible de faire machine arrière) après avoir glissé sur le pont. Mais ils arriveront tous au bout de leur voyage sains et saufs, avec une facilité (toute relative, sans aucun doute) vraiment étonnante.</p>
<p>Les derniers moments du voyage, lorsqu'ils aperçoivent pour la première fois depuis trois mois un petit bout de terre ferme (l'atoll de Puka Puka), sont tout aussi merveilleux que le reste. Le premier contact avec des indigènes, la dangerosité des récifs coralliens (baptisés le chaudron des sorcières) pourtant magnifiques, et enfin le naufrage à proprement parler au large d'une île déserte. Cette ultime robinsonnade, lorsqu'ils posent leurs pieds sur le sable d'une région paradisiaque et inhabitée, est un enchantement. Leur joie et leur émerveillement deviennent tangibles, comme si on était là avec eux pour célébrer leur réussite, au milieu de la fête improvisée par des Polynésiens.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.club_m.jpg" alt="club.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.balsa_m.jpg" alt="balsa.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.sur_le_bateau_m.jpg" alt="sur_le_bateau.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.construction_m.jpg" alt="construction.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.premiere_sortie_m.jpg" alt="premiere_sortie.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.dinghy_m.jpg" alt="dinghy.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.voile_m.jpg" alt="voile.jpg, janv. 2020" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/expedition_du_kon-tiki_livre/.arrivee_m.jpg" alt="arrivee.jpg, janv. 2020" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Expedition-du-Kon-Tiki-de-Thor-Heyerdahl-1948#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/734Dans la ville blanche, de Alain Tanner (1982)urn:md5:b3c9fd1ed2f17e0ecf499c197e4e4f962019-12-12T00:05:00+01:002019-12-12T00:10:44+01:00RenaudCinémaBateauBruno GanzErranceLisbonneMarinPortugalRêve <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dans_la_ville_blanche/.dans_la_ville_blanche_m.jpg" alt="dans_la_ville_blanche.jpg, déc. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Un marin échoué à Lisbonne</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Dans la ville blanche</ins>, comme une variation vaporeuse sur le thème de l'errance, comme un écho diffus d'autres films. Du personnage de <strong>Bruno Ganz</strong> déambulant dans les rues de Lisbonne, aidé par son état aphasique, son déphasage et son isolement, on erre vers d'autres horizons. On pense à <strong>Jack Nicholson </strong>perdu en Afrique dans <ins>Profession : Reporter</ins>, on pense à <strong>Rüdiger Vogler </strong>à travers l'Allemagne dans <ins>Au fil du temps</ins>. Cette thématique de l'incertitude existentielle traverse les œuvres de <strong>Wim Wenders </strong>et <strong>Michelangelo Antonioni</strong>, et on pourrait établir de nombreux rapprochements — <ins>L'État des choses</ins>, par exemple, se déroulait également au Portugal, autour du tournage d'un film.</p>
<p>De fait, l'état de Paul (<strong>Bruno Ganz</strong>) exhorte au questionnement existentiel à travers une série de temps morts. La mélancolie traverse le film de part en part. On est au creux de la vague, mais le protagoniste ne souffre pas de léthargie paralysante pour autant, bien au contraire : au-delà de la barrière de la langue et des différences de culture, le mécanicien allemand qui a déserté son poste sur un bateau s'insère avec une étonnante facilité dans la vie portugaise. Son amour pour la ville est aussi évident que son incapacité à prendre une décision quant à son avenir. Rester ici près de Rosa, une serveuse rencontrée dans un bar, ou retrouver Elisa restée en Suisse — avec qui il entretient une correspondance épistolaire nourrissant une dimension littéraire dense et intrigante.</p>
<p>Après tout, pourquoi ce ne serait pas le monde qui tourne à l'envers, comme le dit Rosa lorsque Paul constate que les aiguilles de l'horloge au-dessus du bar tournent dans le mauvais sens ? C'est en tous cas le commencement d'un voyage intérieur pour le protagoniste, qu'il matérialise épisodiquement par la pellicule de sa caméra. Au milieu de cet ennui pensif, comme prisonnier d'un songe, il croit prendre le temps de la réflexion alors qu'il s'enlise. Impossible de s'arrêter, de disparaître. Il faudra un vol, une blessure et un abandon pour qu'il se ressaisisse et se réveille soudainement, avant de reprendre la route. Et croiser le regard d'une nouvelle femme.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dans_la_ville_blanche/.rue_m.jpg" alt="rue.jpg, déc. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Dans-la-ville-blanche-de-Alain-Tanner-1982#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/728Le drapeau noir flotte sur la marmite, de Michel Audiard (1971)urn:md5:72174e7d5604d8ed166066de7a7008812019-07-30T10:47:00+02:002019-07-30T10:47:00+02:00RenaudCinémaBateauGeorges BrassensJean GabinMarinMensongeMichel AudiardVieillesse <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/drapeau_noir_flotte_sur_la_marmitte/.drapeau_noir_flotte_sur_la_marmitte_m.jpg" alt="drapeau_noir_flotte_sur_la_marmitte.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="drapeau_noir_flotte_sur_la_marmitte.jpg, juil. 2019" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Voyager c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination."</strong></ins></span>
</div>
<p>Premier film avec <strong>Michel Audiard </strong>à la réalisation que je vois, et on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite. Ce semi-échec paraissait pourtant exclu d'emblée, si l'on considère la présence de trognes comme celles de <strong>Jean Gabin </strong>devant la caméra, du fameux <strong>Audiard </strong>à l'écriture des dialogues, de <strong>Brassens </strong>à la musique, et de toute une cohorte de seconds rôles attachants de la scène française d'alors, comme <strong>Claude Piéplu</strong>, <strong>Jean Carmet</strong>, ou encore <strong>Jacques Marin </strong>(un nom pareil, ça ne s'invente pas dans ce contexte maritime).</p>
<p>Et pourtant, ça ne coule pas de manière si fluide que ça. Déjà, on a la désagréable impression que les acteurs, à commencer par <strong>Gabin</strong> lui-même, récitent leur texte (écrit par <strong>Audiard</strong>, donc) de manière artificielle. Presque comme une récitation scolaire, si on voulait être un peu méchant, mais en tous cas rien de naturel là-dedans, alors que de telles saillies ont un grand besoin de naturel pour ne pas résonner dans le vide. Tout cela est beaucoup trop écrit, comme si <strong>Audiard </strong>avait eu la main un peu trop lourde — sa filmographie en tant que réalisateur n'a pas l'air particulièrement brillante, c'est peut-être un trait commun qui se dégage ici.</p>
<p><strong>Audiard </strong>est en outre un peu trop ambitieux et court trop de lièvres à la fois, avec pour résultat une mixture mitigée sur à peu près tous les tableaux. <strong>Gabin </strong>n'est pas particulièrement truculent dans le rôle de ce marin baroudeur et grand aventurier, un comble, et la désillusion sur laquelle le film se termine (il s'agit d'une immense imposture, et on comprend rétrospectivement les raisons derrière certaines décisions du protagoniste dans la première partie) ne produit pas vraiment l'amertume recherchée, autour des rêves à réaliser des uns et des rêves jamais réalisés des autres. La faute, entre autres, au portrait de l'enfant un peu bâclé, lui qui aura été laissé de côté pendant une grande partie du film et sur qui pourtant tout repose à la fin.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/drapeau_noir_flotte_sur_la_marmitte/.gabin_m.jpg" alt="gabin.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="gabin.jpg, juil. 2019" /></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-drapeau-noir-flotte-sur-la-marmite-de-Michel-Audiard-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/668La Paloma, de Helmut Käutner (1944)urn:md5:7edface6a1deebdb066cbc1d41df8ba32019-07-26T22:29:00+02:002019-07-26T21:35:42+02:00RenaudCinémaAllemagneBateauHelmut KäutnerMarinMusicienMélancoliePortPoésieTriangle amoureux <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/paloma/.paloma_m.jpg" alt="paloma.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="paloma.jpg, juil. 2019" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Parenthèse marine et musicale</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Helmut Käutner </strong>est un réalisateur allemand vraiment étonnant. En deux films tournés à la fin de la Seconde Guerre mondiale (<ins>Sous les ponts</ins> et <ins>La Paloma</ins>), il fait le portrait d'une Allemagne résolument moderne et reconnaissable, mais totalement déconnectée de la réalité de l'époque. Un récit suspendu dans le temps, d'où émergent une douceur et une mélancolie incroyables, comme un écho lointain du conflit qui détruisait le pays pendant que les films étaient réalisés. L'absence de discours propagandiste ou même de morale de la part de <strong>Käutner </strong>est radicale et explique assez facilement pourquoi <strong>Goebbels </strong>usa de la censure à son encontre : ce n'était pas l'Allemagne que le régime nazi voulait voir à l'époque, et ce n'était probablement pas non plus celle que ses citoyens voyaient.</p>
<p><ins>La Paloma</ins> reprend (ou plutôt annonce, étant donné la chronologie) la thématique du triangle amoureux développée dans <ins>Sous les ponts</ins>, ainsi que la présence de matelots. La musique et les musiciens sont également au centre du récit, même si la perspective est très différente ici : à travers l'histoire de ce matelot ballotté entre sentiments et solitude, c'est une tonalité très mélancolique qui envahit progressivement l'atmosphère. Deux éléments appuient tout particulièrement cela : d'une part, l'utilisation précoce (1944) de la couleur, qui donne aux environs du port une ambiance vraiment singulière et intéressante, presque vaporeuse, et d'autre part la présence incroyable de <strong>Hans Albers </strong>dans le rôle du protagoniste Hannes Kröger, avec son chagrin et ses coups de sang immédiatement tangibles.</p>
<p>C'est une expression du réalisme poétique encore différente, basée sur les divagations de simples matelots de passage, avant un nouveau départ pour l'Australie. L'ambiance intimiste des lieux, à l'intérieur de l'appartement et surtout dans le cabaret de Hambourg dans lequel le protagoniste chante et joue de l'accordéon, s'accorde très bien aux couleurs pastel. Ça fume, ça boit, ça chante, ça gueule, ça danse, ça bastonne... Et la conclusion arrive un peu en avance, à l'occasion d'un cauchemar figuré par un montage kaléidoscopique, dans lequel les proches de Hannes lui rappellent toutes ses angoisses jusqu'au vertige. Une bien curieuse plongée dans l'Allemagne du milieu du siècle dernier.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/paloma/.couple_m.jpg" alt="couple.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="couple.jpeg, juil. 2019" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Paloma-de-Helmut-Kautner-1944#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/696L'Expédition du Kon-Tiki, de Thor Heyerdahl (1950)urn:md5:886cb0e021ef153ff90a2ee3ef6cf2012019-02-20T14:00:00+01:002020-01-07T18:13:59+01:00RenaudCinémaAmérique du SudAventuresBateauDocumentaireExplorationMarinNorvègeOcéan PacifiquePolynésiePérouWhisky <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/expedition_du_kon-tiki/.expedition_du_kon-tiki_A_m.jpg" alt="expedition_du_kon-tiki_A.jpg" title="expedition_du_kon-tiki_A.jpg, fév. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/expedition_du_kon-tiki/.expedition_du_kon-tiki_B_m.jpg" alt="expedition_du_kon-tiki_B.jpg" title="expedition_du_kon-tiki_B.jpg, fév. 2019" />
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<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Théorie. Hypothèse. Expérimentation. Démonstration : traverser l'océan Pacifique sur un radeau.</strong></ins></span><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong><br /></strong></ins></span>
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<p>Le <ins>Kon-Tiki</ins> de 2012, un sympathique film norvégien aux allures de biopic hollywoodien, même s'il n'arborait pas les tares, raccourcis et autres facilités du genre, ne permettait en rien de saisir la véritable étendue de la mission, la fameuse "expédition du Kon-Tiki". Ou comment, en 1947, le biologiste <strong>Thor Heyerdahl</strong>, suite au scepticisme de ses pairs au sujet d'une théorie qu'il publia dans une revue scientifique, mis au point l'expérience qui permis de démontrer la validité de son hypothèse. Et en l'occurrence, il ne s'agissait pas d'une petite manip circonscrite au cadre d'un laboratoire de recherche, mais tout simplement de la traversée de l'Océan Pacifique à bord d'un radeau.</p>
<p><strong>Heyerdahl </strong>souhaitait prouver que le peuplement originel de l'archipel polynésien avait pu se faire à partir du continent sud-américain, bien avant l'arrivée de <strong>Christophe Colomb </strong>au 15ème siècle, dans ses imposantes caraques et ses solides caravelles. Lorsqu'il soumit cette théorie à l'époque, un anthropologue américain, <strong>Herbert Spinden</strong>, lui répondit avec un certain dédain “<em>Sure, see how far you get yourself sailing from Peru to the South Pacific on a balsa raft!</em>”. Loin de se dégonfler, il prit cette semi-injonction au pied de la lettre. Avec cinq compagnons de galère également dotés d'une fougue considérable, il construisit un radeau avec pour objectif le ralliement d'une île quelconque de la Polynésie depuis Callao, au Pérou. Mais pas n'importe quel radeau : un qui serait construit dans les règles de l'art, en respectant les traditions de l'époque en question, à base de bois de balsa et de cordes uniquement, sans aucun rivet, sans le moindre clou. Sans rien savoir des chances de succès d'un tel périple, basé sur une hypothèse reposant sur la simple observation de similarités entre des sculptures trouvées dans des îles au Sud de la Polynésie et des reliques de civilisations éteintes découvertes en Amérique du Sud (le nom du film et du radeau, Kon-Tiki, provient de l'ancien dieu du soleil inca), l'embarcation était lancée pour un voyage qui allait durer 101 jours sur plus de 8000 kilomètres.</p>
<p>Nul besoin de romancer une telle histoire pour produire du divertissement : une simple caméra embarquée par les cinéastes amateurs à bord de leur radeau suffit à produire son lot d'émerveillements.</p>
<p><ins>Kon-Tiki</ins>, bien que récompensé d'un Oscar du meilleur film documentaire en 1952, reste une œuvre tournée par des amateurs : aucune mise en scène, hormis la présentation du projet en introduction, à destination du public international. <strong>Heyerdahl </strong>se contente de recenser des anecdotes, au gré de leurs (nombreuses) apparitions, et des surprises les accompagnant de manière presque systématique. Le canot pneumatique, utilisé pour filmer le Kon-Tiki de l'extérieur en pleine mer, et les difficultés (incluant des noyades évitées de justesse) pour rattraper le radeau et remonter à bord étant donné sa vitesse. Les astuces omniprésentes, pour mesurer la vitesse du bateau en connaissant sa longueur, pour construire une cage sous-marine à l'aide d'un panier pour résister aux attaques des requins. Le petit-déjeuner servi directement sur le pont de l'embarcation, au réveil, en ramassant avec une poêle tous les poissons-volants échoués là durant la nuit. Un perroquet embarqué avec eux, particulièrement curieux et amateur de mets marins, qui parlait l'espagnol avec un certain accent portugais et qui disparu emporté par une vague. Les découvertes piscicoles incessantes, des immenses requins-baleines au plancton à peine visible mais extrêmement nourrissant. L'ultime difficulté, insoupçonnée, au niveau de la barrière de corail battue continûment par les vagues et rendant l'accostage périlleux. On imagine sans peine l'état second dans lequel ils devaient tous se trouver, en foulant la terre ferme et le sable fin, pour la première fois en plus de trois mois. "<em>We were never really bored</em>" : on n'a pas de mal à le croire.</p>
<p>Des aventures de cette envergures, le cinéma nous en avait gratifié, déjà, à l'époque. Celle de <strong>Ernest Shackleton</strong>, à la conquête du pôle Sud de 1914 à 1917, racontée dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/South-de-Frank-Hurley-1919"><ins>South</ins></a>, de <strong>Frank Hurley </strong>(1919). Celle de <strong>Robert Falcon Scott </strong>de 1910 à 1912, avec exactement le même objectif, en concurrence avec <strong>Roald Amundsen</strong>, racontée dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Eternel-Silence-de-Herbert-Ponting-1924"><ins>L'Éternel Silence</ins></a>, de <strong>Herbert Ponting </strong>(1924). Ou encore celle des alpinistes <strong>George Mallory </strong>et <strong>Andrew Irvine</strong>, à la conquête de l'Everest en 1924, décrite au cinéma la même année par <strong>J. B. L. Noel</strong> dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Epopee-de-l-Everest-de-J-B-L-Noel-1924"><ins>L'Épopée de l'Everest</ins></a>.</p>
<p>Mais <ins>L'Expédition du Kon-Tiki</ins> n'a rien du caractère tragique de toutes ces expériences précédemment citées. Bien qu'on leur avait promis un échec certain, les aventuriers norvégiens s'étaient lancés dans cette épopée, dans cette démonstration à échelle humaine, avec un enthousiasme incroyable. L'expédition transpire la débrouille, la facilité, l'émerveillement, la modestie. La nourriture abonde, la navigation se fait naturellement au gré du vent, et seule une tempête de cinq jours, quelques requins, et la mort du perroquet semblent les avoir légèrement inquiétés. Rien d'étonnant : ils savaient que s'ils réussissaient, en plus de devenir la preuve vivante de leur hypothèse (on l'avait presque oubliée), ils gagneraient un pari leur créditant tout le whisky qu'ils pourraient boire jusqu'à la fin de leur vie.</p>
<p>La critique du livre : <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Expedition-du-Kon-Tiki-de-Thor-Heyerdahl-1948">c'est ici.</a></p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/expedition_du_kon-tiki/carte.jpg" alt="carte.jpg" title="carte.jpg, fév. 2019" /><br />
Le tracé de leur expédition.<br /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/expedition_du_kon-tiki/.equipage_m.jpg" alt="equipage.jpg" title="equipage.jpg, fév. 2019" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/expedition_du_kon-tiki/.radeau_m.jpg" alt="radeau.jpg" title="radeau.jpg, fév. 2019" /> <br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/expedition_du_kon-tiki/.arrivee_m.jpg" alt="arrivee.jpg" title="arrivee.jpg, fév. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Expedition-du-Kon-Tiki-de-Thor-Heyerdahl-1950#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/617