Je m'attarde - Mot-clé - Mensonge le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearVoyage sans retour (One Way Passage), de Tay Garnett (1932)urn:md5:5a142ca7e9421b7d991262722beb772f2024-01-18T10:49:00+01:002024-01-18T10:50:19+01:00RenaudCinémaAmourBateauComédieEtats-UnisHawaïHong KongKay FrancisMensongePré-CodeRomanceSan FranciscoSecretTay GarnettVoyageWarren HymerWilliam Powell <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/voyage_sans_retour.jpg" title="voyage_sans_retour.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.voyage_sans_retour_m.jpg" alt="voyage_sans_retour.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"These holidays are dynamite."</strong></ins></span>
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<p>Aiguillé par la place de choix que <strong>Bertrand Tavernier </strong>lui accorde dans son pavé <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Amis-americains-de-Bertrand-Tavernier-1993">Amis Américains</a></ins>, <strong>Tay Garnett </strong>s'immisce dans ma cinéphilie par l'entremise de cette romance aux accents comiques qui aurait très bien pu constituer le terreau idéal d'un mélodrame sirupeux et éreintant s'il n'avait pas éclos dans un cadre particulier : le Forbidden Hollywood, l'ère du Pré-Code. Quelques années avant que la censure du code Hays n'entre en scène en 1934, <ins>One Way Passage</ins> est un régal de comédie raffiné typique de ces années-là, le début de la décennie 1930. Un navire de croisière, une poignée de personnages aux destins mêlés, des flirts croisés, une série de bons mots, et la chose est lancée.</p>
<p>Tout le film est basé sur une contrainte sous-jacente, la cohabitation forcée entre plusieurs personnes, qui génèrera autant de rapprochements bienvenus pour les uns et redoutés pour les autres. Une histoire d'amour issue d'un coup de foudre dans un bar de Hong Kong se poursuit à bord d'un paquebot, pour le voyage retour en direction de San Francisco. Mais une histoire d'amour également pétrie de non-dits, de mensonges, de secrets : on apprendra rapidement que elle, Joan (<strong>Kay Francis</strong>), est condamnée par une maladie incurable qui lui ôtera bientôt la vie, et que lui, Dan (<strong>William Powell</strong>), est un condamné à mort qui retourne sur le continent nord-américain pour terminer sur une chaise électrique.</p>
<p>Mais jamais <ins>Voyage sans retour</ins> ne se fait lourd sur cette composante dramatique, bien au contraire : ce n'est qu'une configuration pour créer une certaine entrave dans leur relation, qui trouvera certes pour point de chute une séparation faussement optimiste (magnifique final où chacun a appris la condition de l'autre sans que l'autre ne le sache, et feignant des retrouvailles qui n'auront tristement jamais lieu) mais qui constituera un carburant permanent aux enjeux. Car autour d'eux rôdent différents personnages secondaires gratinés, avec notamment une fausse comtesse, le sergent (<strong>Warren Hymer</strong>, la tête idéale de l'emploi) en charge de l'arrestation de Dan qui tombera sous le charme de cette dernière, et un blagueur potache bourré tout du long dont la fonction sera essentiellement d'introduire un peu de chaos dans tout cela. Ce microcosme apporte la touche de légèreté bienvenue, avec des états d'âme surprenants (le flic se montrera magnanime avec les malfrats) et typiques du Pré-Code.</p>
<p>Quelques épisodes exotiques (dont une escale à Hawaï, sur les plages de Honolulu, ouvrant de nombreuses possibilités), une traversée en bateau qui scellera l'intégralité d'une histoire d'amour, de son commencement à son dernier souffle, sans qu'aucune des deux parties ne connaisse le sort de son amant, et une conclusion sous la forme d'un rendez-vous manqué au parfum tragique et délicat. Bonne pioche.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img1.png" title="img1.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img1_m.png" alt="img1.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img2.png" title="img2.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img2_m.png" alt="img2.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img3.png" title="img3.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img3_m.png" alt="img3.png, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/img4.png" title="img4.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/voyage_sans_retour/.img4_m.png" alt="img4.png, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Voyage-sans-retour-de-Tay-Garnett-1932#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1332Printemps précoce (早春, Sōshun), de Yasujirō Ozu (1956)urn:md5:42116c398978fe0d160771742305fc532023-12-20T12:21:00+01:002023-12-20T12:21:00+01:00RenaudCinémaChikage AwashimaCoupleFamilleInfidélitéJaponKeiko KishiMensongeRumeurRyō IkebeYasujirō Ozu <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/printemps_precoce.jpg" title="printemps_precoce.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.printemps_precoce_m.jpg" alt="printemps_precoce.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Adultère et renouveau amoureux</strong></ins></span>
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<p>C'est la première (dans mon expérience en tous cas) et probablement l'unique fois que <strong>Ozu </strong>aborde le thème de l'infidélité dans un film, conférant de facto à <ins>Printemps précoce</ins> un parfum singulier, en rupture avec les thématiques qu'il aura invariablement creusées au fil de sa carrière. Pour l'un de ses derniers films en noir et blanc, il délaisse totalement la toile de fond de la famille japonaise qui a fait sa réputation (les conflits larvés entre générations cohabitant dans un même espace, pour le dire très succinctement) et dédie l'ensemble de cette réalisation à un double portrait, celui de la condition des cadres qu'il dépeint comme prisonniers de leur bureau et celui du couple qui bat de l'aile. Autant dire qu'on a déjà connu des films plus joyeux même si tout n'est pas absolument démoralisant ici.</p>
<p>La situation initiale est posée très vite : il y a Shoji (<strong>Ryō Ikebe</strong>), un jeune employé dans une grande entreprise spécialisée dans la fabrication de briques, qui passe une grande partie de son temps dans les bars, avec ses amis et collègues entre bureau et maison, pour oublier son spleen de col blanc ; et il y a Masako, son épouse, magnifique <strong>Chikage Awashima</strong>, passant le plus clair de son temps à l'attendre et à s'occuper du foyer en bonne fée du logis, reflet de son époque. On apprend qu'ils souffrent d'avoir perdu un enfant en bas âge. En revanche, pour ce qui est de la péripétie venant malmener la routine de ce quotidien, il faudra attendre longtemps et <strong>Ozu </strong>saura longuement travailler notre patience... Mais l'aventure que Shoji aura avec sa collègue Chiyo, sous les traits de <strong>Keiko Kishi</strong>, sera très joliment amenée et déclenchera la seconde et très intéressante partie du film, avec la rumeur se propageant dans les rangs des employés et l'avènement des soupçons chez sa femme dont la crédulité est mise à rude épreuve.</p>
<p>Dans cette zone de flottement, après avoir pris le soin de dépeindre la routine du quotidien et l'absence de débouchés, <ins>Printemps précoce</ins> prend son envol avec l'élan libertaire initié par le comportement de Chiyo. Un personnage étonnant dans la filmographie du réalisateur, très extravertie, sanguine et libre-penseuse. Elle nous gratifie d'ailleurs d'une des très rares scènes de baiser amoureux chez <strong>Ozu </strong>— à vrai dire je ne suis pas sûr qu'il en existe une autre — produisant un dérèglement majeur, le mensonge et le compromis de trop que l'épouse ne peut tolérer et ce malgré les appels de la voisine à relativiser sur le thème "le mien aussi il a déconné, ça arrive, je lui ai remonté les bretelles et on s'en est remis depuis". L'occasion pour la femme de confesser, un peu tristement, "après tout, ce monde est fait pour les hommes". Sur une thématique proche de celle développée dans <ins>Le Goût du riz au thé vert</ins> (davantage tourné vers le délitement du couple), <strong>Ozu </strong>capte le vacillement, le doute qui s'installe chez un homme perdu dans la monotonie se réveillant soudain entre deux femmes, l'épouse incrédule et l'amante passionnée.</p>
<p>Tout dans <ins>Printemps précoce</ins> converge vers ce moment final, retrouvailles chargées en émotions dont le contenu conserve une bonne part d'ambivalence. Magnifiques dernières minutes minimalistes, les deux se retrouvant dans une petite ville perdue loin de tout suite à la mutation du mari, échangeant quelques mots, sans se toucher, qui nous laissent sur un sentiment d'incertitude à la fois amer et radieux.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/img5.jpg" title="img5.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/printemps_precoce/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Printemps-precoce-de-Yasujiro-Ozu-1956#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1307Les Poupées du diable (The Devil-Doll), de Tod Browning (1936)urn:md5:c34e0a880c008e585756567db48702f82023-11-27T09:41:00+01:002023-11-27T09:41:00+01:00RenaudCinémaComplotDavid CronenbergDifformitéDéguisementEmpoisonnementErich von StroheimEtats-UnisEvasionHonneurHorreurLionel BarrymoreMensongeMeurtreMiniaturisationMortParisScience-fictionThrillerTod BrowningTour EiffelVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/poupees_du_diable.jpg" title="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.poupees_du_diable_m.jpg" alt="poupees_du_diable.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary."</strong></ins></span>
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<p>C'est vraiment de l'ordre de la réaction chimique me concernant : il y a dans les films de <strong>Tod Browning </strong>un mélange d'ingrédients, de thématiques et d'atmosphères qui produit un précipité horrifique vraiment fascinant, détonnant fortement dans le paysage cinématographique des années 1920 et 1930 aux États-Unis. Une originalité d'écriture et un fil rouge en lien avec la transformation des corps qui structurent toute sa filmographie, dont la meilleure illustration est probablement son chef-d'œuvre <ins>Freaks</ins>, et qui restent encore parfaitement valables et intelligibles aujourd'hui.</p>
<p>Le niveau d'enchâssement des récits est assez remarquable dans <ins>The Devil-Doll</ins>, son avant-dernier film, produisant une stratification très intéressante des enjeux au fil du déroulement de l'intrigue. Tout commence avec une histoire d'évasion dont on ne maîtrise aucun élément contextuel, ça embraye sur un récit de savant fou qui nous fait part de son invention digne d'un roman de science-fiction portant sur la miniaturisation des êtres vivants (dans le but de résoudre le problème de la faim dans le monde s'il-vous-plaît, avec un petit tacle au passage : "<em>If most men were reduced to the dimensions of their mentality, Marcel's plan wouldn't be necessary</em>"), puis une histoire de vengeance particulièrement machiavélique se met en branle avant de terminer sur un climax émotionnel sous la forme d'une conclusion digne des plus beaux mélodrames de l'époque — on reconnaît là sans doute l'intervention de <strong>Erich von Stroheim </strong>qui a participé à l’écriture du scénario. Excusez du peu. Tout ces points pourraient concourir à l'élaboration d'un pot-pourri informe et indigeste, mais à l'opposé, participent à la confection d'une toile narrative dense, envoûtante, grotesque juste comme il faut, et d'une très convaincante efficacité.</p>
<p>Si l'on n'avait pas peur des analogies un peu excessives, on pourrait trouver une anticipation du classique de <strong>Jack Arnold </strong><ins>L'Homme qui rétrécit</ins> (The Incredible Shrinking Man) qui ne sortira que 20 ans plus tard en 1957 — dans des considérations horrifiques très différentes — avec un soupçon de malice des jouets de <ins>Small Soldiers</ins> (1998) animées par <strong>Joe Dante</strong>. La qualité des effets spéciaux permet de rendre le fiction encore prenante vue de 2023, avec pour créer l'effet de changement d'échelle d'un côté des surimpressions évidentes qui bavent un peu et de l'autre côté des décors gigantesques construits pour l'occasion. Le résultat est d'une fluidité que je trouve franchement bluffante, et ce d'autant plus que cela s'inscrit dans des passages typés thriller conférant aux êtres miniaturisés un pouvoir de mort.</p>
<p>En marge de ces scénarios riches en points de singularité et en personnages déviants, <strong>Tod Browning </strong>apparaît à mon sens comme un précurseur très lointain de <strong>David Cronenberg </strong>avec qui il partage une lubie très particulière, la transformation des corps et leur caractère très photogénique. Aucune trace de la "nouvelle chair" ici bien sûr, ici il est systématiquement question de divers registres de criminalité brouillant sans cesse la frontière entre ceux qu'on considère comme vertueux et ceux qu'on traite comme malfrats. <strong>Browning </strong>aura toujours manifesté un attrait pour la difformité et pour le déguisement, en les mêlant à des histoires sombres de meurtres et de mensonges. Et dans ce rôle, <strong>Lionel Barrymore </strong>livre une prestation particulièrement réussie, dans la veine de ce que pouvait produire <strong>Lon Chaney </strong>— la transformation de <strong>Barrymore </strong>en petite vieille fabriquant des poupées rappelle d'ailleurs très fortement le rôle de <strong>Chaney </strong>dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins>. Un support très approprié pour ces personnages qui arborent un physique décalé et qui alimentent une atmosphère étrange dans un maelstrom de sentiments contrastés.</p>
<p>Et il fallait quelqu'un de solide pour incarner la vengeance ce cet homme, un ancien banquier envoyé en prison par ses trois anciens associés ayant comploté contre lui... Car on ne parle pas de n'importe quelle vengeance, on entre presque dans le registre des malfaiteurs dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Vampires-de-Louis-Feuillade-1915">Les Vampires</a></ins> de <strong>Louis Feuillade</strong>, c'est tout de même quelqu'un qui va transformer le premier en Lilliputien, pour ensuite utiliser une de ces créatures comme d'une poupée Chucky pour s'immiscer chez le second et lui administrer un poison paralysant, avant de se concentrer sur le troisième, exposer le complot et lui faire avouer des méfaits vieux de 17 ans. Par cet acte, <strong>Barrymore </strong>s'innocente aux yeux de la société tout en se condamnant à nouveau (il a commis quelques actes quand même un peu répréhensibles dans le processus), mais il aura réparé le lien qui s'était rompu avec sa fille, pleine de rancœur, elle qui l'accablait de tous les maux depuis son enfance ("<em>You're very young to be so bitter</em>" lui dira-t-il, sous son déguisement). On l'aurait presque oublié, mais cet homme qui fomente une vengeance complètement dingue (personnage en ce sens typique du cinéma de <strong>Browning</strong>, un de ces "gentils" ou considérés comme tels qui ont recours au mode d'action des "méchants") sous les traits et les habits d'une grand-mère inoffensive, agissait avant tout pour laver son honneur et retrouver une respectabilité aux yeux de sa fille. Elle le comprendra aisément, elle qui travaillait le jour dans une blanchisserie mais contrainte à la saleté d'une brasserie comme serveuse de nuit. Au sommet de la Tour Eiffel, au creux d'un instant de pureté loin de la crasse des bas-fonds parisiens, il se réconcilie avec elle et choisit l'unique option : une ultime disparition.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img6.jpg" title="img6.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/img7.jpg" title="img7.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/poupees_du_diable/.img7_m.jpg" alt="img7.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Poupees-du-diable-de-Tod-Browning-1936#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1289Les Espions, de Henri-Georges Clouzot (1957)urn:md5:6f9371100f220668fc7cd370b7670b6b2023-11-15T09:41:00+01:002023-11-15T09:45:42+01:00RenaudCinémaComédieEspionnageGuerre froideGérard SétyHenri-Georges ClouzotHumour noirManipulationMensongePeter UstinovSinéThrillerVéra Clouzot <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/espions.jpg" title="espions.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.espions_m.jpg" alt="espions.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Gros bordel d'espions</strong></ins></span>
</div>
<p>Le dernier <strong>Clouzot </strong>que j'ai vu remonte à il y a deux ans, et <ins>Les Espions</ins> creuse encore la distance en explorant des thématiques et des styles narratifs qui s'écartent grandement des classiques du drame policier qui ont fait la renommée du réalisateur. En tous cas personnellement je n'aurais jamais deviné l'auteur de cet étrange film qui embrasse vigoureusement l'ère paranoïaque de la Guerre froide en balançant des wagons entiers d'espions autour d'une clinique psychiatrique au bord du délabrement tenue par un docteur alcoolique. Même l'interprète principal, <strong>Gérard Séty</strong>, avec son comportement anormal et son jeu à la limite du mauvais, colore encore un peu plus l'intrigue de son étrangeté.</p>
<p>C'est en tous cas un film qui, volontairement ou non (je pencherais pour le premier), oscille sans arrêt entre thriller sérieux et notes comiques récurrentes, donnant fatalement l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser, et me positionnant dans une situation inconfortable — jusqu'à ce qu'on accepte cette incertitude et ces allers-retours entre les deux registres. Il y a carrément des fois où on se croirait chez le <strong>Lautner </strong>de <ins>Les Barbouzes</ins>, et d'autres fois dans une parodie de James Bond avec des espions internationaux qui surgissent sans cesse dans le champ, un colonel américain qui confie une mission au héros, un mystérieux agent secret germanophone à protéger, et des chefs de renseignements secrets américains et russes (<strong>Peter Ustinov </strong>qui se dispute le bout de gras des informations. Au milieu du bordel, il y a quand même deux patients dans la clinique, histoire de pas oublier la signification du lieu de l'action, dont une femme muette interprétée par <strong>Véra Clouzot</strong>.</p>
<p>Au bout d'un moment, le jeu du chat et de la souris lasse, fatalement. Pendant un moment on ne comprend rien, et c'est ennuyeux, puis on comprend quelles sont les forces en présence, et ce n'est pas beaucoup mieux. Une fois la complexité dépassée, on passe simplement notre temps à se demander si les agents secrets savent eux-mêmes pour qui ils travaillent dans ce magma de manipulations et de mensonges divers, toujours entre loufoquerie et terreur (l'affiche de <strong>Siné </strong>va bien dans ce sens). Le dédale kafkaïen de ce repaire d'espions navigue entre la comédie et le drame, parfois pour le meilleur, mais sans doute un peu trop sur la durée.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/espions/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Espions-de-Henri-Georges-Clouzot-1957#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1281L'Inconnu (The Unknown), de Tod Browning (1927)urn:md5:8f0ac5bfc5aaed5039ac29b5c7d7b7b32023-11-09T08:29:00+01:002023-11-09T08:31:14+01:00RenaudCinémaChevalCinéma muetCirqueDifformitéEspagneHorreurJoan CrawfordLon ChaneyMadridMensongeMélodrameRomanceTod BrowningTriangle amoureux <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/inconnu.jpg" title="inconnu.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.inconnu_m.jpg" alt="inconnu.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"All my life men have tried to put their beastly hands on me... to paw over me. I have grown so that I shrink with fear when any man even touches me."</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Tod Browning</strong>, une passion. J'adore son style, j'adore les thématiques récurrentes de ses films, et j'adore comment tout cela s'articule dans le cadre du cinéma américain du début du XIXe siècle, dans les années 1920 et 1930. Il n'y a que lui pour mettre en scène pareille histoire, qui pourrait ressortir comme quelque chose de grotesque dans beaucoup d'autres mains mais qui au contraire ici travaille un sillon intrigant, singulier, bizarre, et attachant. On parle quand même d'un scénario particulièrement baroque, avec le contexte d'un cirque installé à Madrid dans lequel officie un certain "homme sans bras", Alonzo, auteur de numéros improbables de lancer de couteaux avec ses pieds sur sa partenaire Nanon. En réalité il cache un secret qui sera révélé à mi-parcours : il s'agit d'un meurtrier, pas du tout manchot (dans tous les sens du terme), facilement reconnaissable par la police en raison d'un double pouce, qui dissimule ses bras sous un corset solidement serré chaque jour. Oui oui oui, il faut bien relire cette phrase pour réaliser l'ampleur des énormités, et ce n'est presque rien en regard de la tension qui se créé entre lui, officiellement dépourvu de bras, la fille du directeur (dont il est secrètement amoureux) qui ne supporte pas les mains des hommes suite à une agression qu'elle a subie plus jeune, et le monsieur muscle du cirque qui répond au doux nom de Malabar. On a connu peu de triangles amoureux plus biscornus...</p>
<p>Et malgré tout cette histoire file sans aucun problème, sans rupture de continuité ou d'immersion. <strong>Browning </strong>tisse son atmosphère circassienne avec un talent renversant qui n'est évidemment pas sans rappeler le fabuleux <ins>Freaks</ins> à venir, 5 ans plus tard, et annonciateur d'un autre excellent film sur le même ton, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Poupees-du-diable-de-Tod-Browning-1936">Les Poupées du diable</a></ins>. Il s'appuie sur une ambiance qui me paraît unique en son genre, indépendamment de l'année 1927, mêlant des composantes du mélodrame classique à base d'amour non-exprimé ou impossible et des éléments du drame horrifique. Il parvient à faire de son protagoniste, un truand en fuite, un personnage pétri d'affliction pour lequel on éprouve de la sympathie, et il peut bien sûr compter sur le talent toujours aussi éclatant de <strong>Lon Chaney </strong>pour réaliser une telle performance. Il faut le voir exprimer en secret son amour pour Nanon, sa satisfaction de voir Malabar rejeté initialement par cette dernière, son charisme étrange et presque maléfique lorsqu'il retire son corset pour la première fois, et enfin son visage en décomposition passant de la joie à l'effroi lorsqu'il apprend que les deux projettent de se marier (alors qu'il pensait qu'il était l'heureux élu). Et pour finir, impossible de ne pas mentionner le plan machiavélique pour se débarrasser de son rival, autre manifestation d'un scénario aussi tordu que délicieux : un numéro de cirque consiste à placer Malabar au centre de la scène, tirant sur deux chevaux de part et d'autre à l'aide de cordes, donnant l'impression qu'il retient les bêtes au galop par la force de ses biceps — le subterfuge étant que les animaux galopent sur des tapis roulants afin de ne pas réellement se déplacer et écarteler l'artiste. Alonzo va essayer d'arrêter lesdits tapis roulants dans le but d'arracher les bras de Malabar... Brrrrr.</p>
<p>On retrouve ici cette mise en scène des corps si particulière, caractéristique pour ne pas dire constitutive du cinéma de <strong>Browning </strong>(on peut songer aux méfaits des trois freaks dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Club-des-trois-de-Tod-Browning-1925">The Unholy Three</a></ins> dont l'un des trois, atteint de nanisme, se fait passer pour un poupon pour mieux infiltrer les riches demeures). Dans le cadre de ce milieu forain extravagant et de ces péripéties pour le moins scabreuses, on peut dire que le sens moral commun est bien malmené : difficile de situer la norme dans cet univers. Et le charme d'un film comme <ins>The Unknown</ins> tient aussi beaucoup à la poésie de l'épouvante que <strong>Browning </strong>réussit à extraire de toutes ces difformités, en confrontant tous les personnages à des destins atroces et à une monstruosité presque banalisée. L'association entre la délicatesse d'une très jeune <strong>Joan Crawford </strong>et la nervosité d'un <strong>Lon Chaney </strong>restera un sommet de cruauté.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img4.png" title="img4.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img4_m.png" alt="img4.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img5.png" title="img5.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img5_m.png" alt="img5.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/img6.png" title="img6.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/inconnu/.img6_m.png" alt="img6.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Inconnu-de-Tod-Browning-1927#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1271Under the Sun (V paprscích slunce), de Vitaly Mansky (2016)urn:md5:0912ea0d0cc7e52783784f6c844dd3212023-09-26T17:25:00+02:002023-09-26T17:25:00+02:00RenaudCinémaCorée du NordDocumentaireMensongePropagande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.under_the_sun_m.jpg" alt="under_the_sun.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Illustration formatée du formatage</strong></ins></span></div>
<p>Le dispositif du documentaire de <strong>Vitaly Mansky </strong>n'est pas entièrement dévoilé au début de <ins>Under the Sun</ins>, et il faudra être patient, quelque temps — grosso modo la scène du repas ou les différentes répétitions sont clairement explicitées pour la première fois — avant que l'on comprenne tous les tenants et aboutissants. Le concept aurait pu être intéressant et percutant : dans la limite de ce qu'il est possible de faire dans le cadre d'un documentaire censé représenter une famille ordinaire de Corée du Nord (une exigence du régime, une famille bien entendu pas du tout représentative puisque tout est mis en scène, les activités, les activités professionnelles, les déambulations), l'équipe réduite de tournage s'est arrangée pour laisser tourner une caméra entre les scènes et enregistrer le processus de mise en scène : essentiellement il s'agit d'un homme expliquant aux gens ce qu'ils doivent dire, faire, et donc penser. Derrière un tel projet, en sous-main de la part du réalisateur, il y a donc un travail de dissimulation de cartes mémoires, de montage dans le dos du gouvernement nord-coréen, etc. pour aller au-delà de l'encadrement extrêmement strict imposé, à savoir une absence de liberté de mouvement et de sujet.</p>
<p>Si ce mensonge avait pu fournir quelque chose de substantiel, pourquoi pas. Déloyal, mais de bonne guerre aurait-on pu dire. Mais ici franchement, sur 1h50, on répète inlassablement la même chose pour ne dire vraiment pas grand-chose qu'on ne sache pas déjà... Côté pile, il y a bien sûr toute la dimension de propagande avec le régime qui a insisté pour montrer l'ampleur de l'Union coréenne des enfants, un jour férié important, avec l'enrôlement de la jeunesse censé montrer une société idéale. Mais côté face, en révélant la mise en scène des autorités, le documentaire ne parvient pas vraiment à se faire pertinent. Certes on voit comment tout est orchestré, que tout est faux, que rien n'est spontané. Mais honnêtement les images de ces moments volés n'étaient pas vraiment nécessaires pour le faire ressentir et pour enfoncer le clou de stéréotypes largement connus. Déjà, le message en préambule était suffisamment parlant : "The script of this film was assigned to us by the North Korean side. They also kindly provided us with an around-the-clock escort service, chose our filming locations and looked over all the footage we shot to make sure we did not make any mistakes in showing the life of a perfectly ordinary family in the best country in the world". Un message parfaitement et suffisamment clair.</p>
<p>Parmi les points noirs, une musique très pompeuse un peu trop présente, beaucoup de gros plans qui ne savent pas du tout se faire subtils ou intimistes, et des stéréotypes un peu lourds à l'instar de la petite fille qui n'arrive pas à citer un exemple d'événement joyeux. Formaté dans l'illustration du formatage, artificiel dans la vision de l'artifice, et assez pauvre finalement sur le projet du réalisateur qui souhaitait faire un film sur un objet similaire à l'Union Soviétique, comme une machine à remonter le temps.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/under_the_sun/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Under-the-Sun-de-Vitaly-Mansky-2016#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1239Krysar, le joueur de flûte (Krysař), de Jiří Barta (1986)urn:md5:d0e3ae4b2f71108a628e99c42749ec992023-09-22T17:26:00+02:002023-09-22T16:27:15+02:00RenaudCinémaAllemagneAnimationArgentBoisCupiditéFlûteGothiqueJan ŠvankmajerMaladieMensongeMoyen ÂgeMéprisRatRobert WieneRépublique tchèqueStop-motionSymbolismeVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.krysar_le_joueur_de_flute_m.jpg" alt="krysar_le_joueur_de_flute.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Du bois gothique</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Jiri Barta </strong>a très probablement vu beaucoup de films d'animation de <strong>Jan Švankmajer </strong>avant de réaliser <ins>Krysař</ins>, une adaptation en stop-motion de la légende médiévale allemande du <ins>Joueur de flûte de Hamelin</ins>. Cela ne l'empêche absolument pas de parvenir à créer une bulle d'originalité qui lui est propre, à l'intérieur du cinéma d'animation tchécoslovaque de la deuxième moitié du XXe siècle. L'histoire est connue, celle d'un mystérieux joueur de flûte à qui l'on promet une forte somme d'argent en échange de son aide pour débarrasser la ville de la horde de rats qui l'infeste, mais que les notables traitent avec mépris une fois la tâche ingrate accomplie. Et il se vengera... En sachant que la nature de la vengeance varie selon les versions, mais quoi qu'il en soit la fin n'est pas heureuse et entérine froidement la tonalité macabre qui s'est installée durant tout le récit.</p>
<p><ins>Krysar, le joueur de flûte</ins> trouve sa singularité dans la composition même de son support physique pour le stop-motion, presque entièrement déterminée par le choix du matériau : les personnages et une partie des décors sont taillés dans le bois, leur conférant des formes anguleuses qui s'accordent particulièrement bien avec la nature du récit. Pour figurer l'ambiance dans la ville de Hamelin au XIIIe siècle, une multitude d'accessoires vient compléter les poupées de bois et les demeures des différents personnages pour illustrer certains partis pris en lien avec l'atmosphère sombre qui y règne. La majeure partie des habitants est ainsi représentée comme cupide, brutale et névrosée, avec un festival de séquences les montrant en train de ripailler salement, de se comporter comme des animaux sur la place du village, ou encore de manifester tous les signes apparents d'avarice en cachant toutes leurs richesses dans des contenants divers fermés à clés. L'atmosphère est très cohérente et réussie de ce point de vue-là, sans que l'animation n'atteigne des sommets comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mad-God-de-Phil-Tippett-2021">Mad God</a></ins> de <strong>Phil Tippett</strong> (sorti 35 ans plus tard tout de même, la comparaison a ses limites).</p>
<p>De temps en temps la concentration en stéréotypes devient un peu excessive, au-delà de ce que ce format tolère à mes yeux, à l'image des dialogues entre les personnages figurés par des écus qui sortent de leur bouche — il n'y a pas de "vrais" dialogues, parlés, dans ce film. Bien sûr la symbolique des rats (avec quelques inserts de vrais animaux) qui envahissent la ville est très forte, mais elle complète assez bien l'ambiance gothique médiévale des ruelles étroites et des arches gothiques menaçantes, et permet de refermer l'histoire sur un mouvement franchement sordide. L'ambiance générale, avec ses couleurs et ses lumières, constitue ainsi quelque chose de vraiment saisissant, inspirée par l'univers de <strong>Robert Wiene </strong>(<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920">Le Cabinet du Docteur Caligari</a></ins> est une référence directe, citée par le réalisateur).</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Krysar-le-joueur-de-flute-de-Jiri-Barta-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1237