Je m'attarde - Mot-clé - République tchèque le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearAventures fantastiques, de Karel Zeman (1958)urn:md5:b8b63a51f90a5a96449230272816ad652023-10-03T17:07:00+02:002023-10-03T17:07:00+02:00RenaudCinémaAnimationAventuresEnlèvementGeorges MélièsJules VernePrisonnierRépublique tchèqueScience-fiction <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventures_fantastiques/.aventures_fantastiques_m.jpg" alt="aventures_fantastiques.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Voyages et textures en papier</strong></ins></span>
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<p>Le travail de <strong>Karel Zeman </strong>est assez impressionnant dans sa construction d'un univers d'aventures et de science-fiction exploratoire à la <strong>Jules Verne</strong>, basée sur un mélange de prises de vues réelles et un boulot colossal d'animation de figures de papier dessinées au crayon et découpées soigneusement. C'est assez net, je n'ai jamais vu un tel rendu, et finalement je trouve que cette ambiance, ce thème, et cette histoire forment un tout extrêmement plus cohérent et mature que <ins>Jeannot et Mariette</ins> du même réalisateur — même si ce dernier avait eu pour lui le bonus de la surprise et de la découverte, quoique sorti plus de 20 ans plus tard.</p>
<p>Sans trop d'originalité de ce côté-là, ce n'est pas l'histoire en elle-même qui revêt l'intérêt premier de ces <ins>Aventures fantastiques</ins> : un professeur met au point un explosif atomique dangereux, il se fait enlever avec son assistant par un inquiétant comte d'Artiga qui le contraint à travailler à son compte, et il ne se rend pas vraiment compte de la finalité des travaux qu'il poursuit à partir de là. Un peu bébête donc.</p>
<p>Mais cette histoire n'est qu'une petite partie du film qui regorge de trouvailles visuelles, avec des personnages déambulant au milieu de décors travaillés avec un soin incroyable, avec un accord entre les traits de crayon des éléments de décors rajoutés en surimpression (ou autres techniques) et les rayures des vêtements, des murs, et tous les éléments dans le champ des acteurs. Derrière cette confection des plans très artisanale on reconnaît une filiation avec les effets spéciaux de <strong>Georges Méliès </strong>et les débuts du cinéma, de la science-fiction imprégnée de <strong>Jules Verne </strong>qui fourmille de trucage sans que cela ne soit jamais écœurant. La technique d'animation en elle-même est passionnante, avec beaucoup d'humour et de poésie. On nage dans un univers de gravures anciennes, de machines dessinées et fumantes, avec une certaine naïveté dans les traits qui rendent l'atmosphère particulièrement charmante, à la différence d'autres essais dans ce registre comme <ins>Le Baron de Crac</ins>, particulièrement indigeste.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventures_fantastiques/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventures_fantastiques/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventures_fantastiques/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventures_fantastiques/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Aventures-fantastiques-de-Karel-Zeman-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1244Krysar, le joueur de flûte (Krysař), de Jiří Barta (1986)urn:md5:d0e3ae4b2f71108a628e99c42749ec992023-09-22T17:26:00+02:002023-09-22T16:27:15+02:00RenaudCinémaAllemagneAnimationArgentBoisCupiditéFlûteGothiqueJan ŠvankmajerMaladieMensongeMoyen ÂgeMéprisRatRobert WieneRépublique tchèqueStop-motionSymbolismeVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.krysar_le_joueur_de_flute_m.jpg" alt="krysar_le_joueur_de_flute.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Du bois gothique</strong></ins></span>
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<p><strong>Jiri Barta </strong>a très probablement vu beaucoup de films d'animation de <strong>Jan Švankmajer </strong>avant de réaliser <ins>Krysař</ins>, une adaptation en stop-motion de la légende médiévale allemande du <ins>Joueur de flûte de Hamelin</ins>. Cela ne l'empêche absolument pas de parvenir à créer une bulle d'originalité qui lui est propre, à l'intérieur du cinéma d'animation tchécoslovaque de la deuxième moitié du XXe siècle. L'histoire est connue, celle d'un mystérieux joueur de flûte à qui l'on promet une forte somme d'argent en échange de son aide pour débarrasser la ville de la horde de rats qui l'infeste, mais que les notables traitent avec mépris une fois la tâche ingrate accomplie. Et il se vengera... En sachant que la nature de la vengeance varie selon les versions, mais quoi qu'il en soit la fin n'est pas heureuse et entérine froidement la tonalité macabre qui s'est installée durant tout le récit.</p>
<p><ins>Krysar, le joueur de flûte</ins> trouve sa singularité dans la composition même de son support physique pour le stop-motion, presque entièrement déterminée par le choix du matériau : les personnages et une partie des décors sont taillés dans le bois, leur conférant des formes anguleuses qui s'accordent particulièrement bien avec la nature du récit. Pour figurer l'ambiance dans la ville de Hamelin au XIIIe siècle, une multitude d'accessoires vient compléter les poupées de bois et les demeures des différents personnages pour illustrer certains partis pris en lien avec l'atmosphère sombre qui y règne. La majeure partie des habitants est ainsi représentée comme cupide, brutale et névrosée, avec un festival de séquences les montrant en train de ripailler salement, de se comporter comme des animaux sur la place du village, ou encore de manifester tous les signes apparents d'avarice en cachant toutes leurs richesses dans des contenants divers fermés à clés. L'atmosphère est très cohérente et réussie de ce point de vue-là, sans que l'animation n'atteigne des sommets comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mad-God-de-Phil-Tippett-2021">Mad God</a></ins> de <strong>Phil Tippett</strong> (sorti 35 ans plus tard tout de même, la comparaison a ses limites).</p>
<p>De temps en temps la concentration en stéréotypes devient un peu excessive, au-delà de ce que ce format tolère à mes yeux, à l'image des dialogues entre les personnages figurés par des écus qui sortent de leur bouche — il n'y a pas de "vrais" dialogues, parlés, dans ce film. Bien sûr la symbolique des rats (avec quelques inserts de vrais animaux) qui envahissent la ville est très forte, mais elle complète assez bien l'ambiance gothique médiévale des ruelles étroites et des arches gothiques menaçantes, et permet de refermer l'histoire sur un mouvement franchement sordide. L'ambiance générale, avec ses couleurs et ses lumières, constitue ainsi quelque chose de vraiment saisissant, inspirée par l'univers de <strong>Robert Wiene </strong>(<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920">Le Cabinet du Docteur Caligari</a></ins> est une référence directe, citée par le réalisateur).</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Krysar-le-joueur-de-flute-de-Jiri-Barta-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1237Le Piège du diable, de František Vláčil (1962)urn:md5:7941ac8fc696f85c8309af2b393a37962019-12-26T14:33:00+01:002019-12-26T14:40:34+01:00RenaudCinémaCroyanceEauMoulinMoyen ÂgeReligionRépublique tchèqueSécheresse <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.piege_du_diable_m.jpg" alt="piege_du_diable.jpg, déc. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La croyance contre l'expérience</strong></ins></span>
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<p>Le cinéma tchécoslovaque des années 60 semble riche en œuvres explorant un segment particulier de l'histoire, entre le 16ème et le 17ème siècle, situé à la fin du Moyen Âge et aux prémices de l'ère moderne. <strong>Jiří Weiss </strong>arborera le ton du conte dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fougere-doree-de-Jiri-Weiss-1963"><ins>La Fougère dorée </ins></a>(1963) pour tisser une romance sur fond de guerres austro-turques, <strong>Eduard Grecner </strong>s'intéressera à des superstitions médiévales dans <ins>The Return of Dragon</ins> (1968), et <strong>Hynek Bocan </strong>a des conflits opposant protestants et catholiques au cours de la guerre de Trente Ans dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Honneur-et-gloire-de-Hynek-Bocan-1969"><ins>Honneur et Gloire</ins></a> (1969). <ins>Le Piège du diable</ins>, antérieur à tous ceux-là, s'inscrit à la fois dans cette dynamique mais aussi dans une trilogie historique de <strong>František Vláčil</strong>, aux côtés des plus renommés <ins>Marketa Lazarová</ins> et <ins>La Vallée des abeilles</ins>, sur une thématique connexe : l'opposition entre le religieux et le profane.</p>
<p>Les inimitiés trouvent ici leur origine dans la jalousie que nourrit un régent à l'encontre du meunier, ce dernier bénéficiant d'une réputation très favorable et d'un profond respect auprès de la population. Le pouvoir ne voit pas cette forme de souveraineté d'un bon œil, et entend bien y remédier : d'une part en faisant courir la rumeur selon laquelle il serait sous l'emprise de sorcelleries diaboliques, et d'autre part en mandatant un prêtre jésuite pour enquêter sur cette famille. Car en cette période d'intense sécheresse, faisant de l'eau une denrée rare, l'homme qui dirige le moulin est devenu particulièrement populaire : il est capable de localiser des sources comme personne, semble-t-il par la technique et l'expérience, et en fait profiter tous les paysans des alentours. L'œuvre du diable, assurément, pensent les autorités (politiques et religieuses).</p>
<p>De ce conflit périphérique naîtra des antagonismes profonds entre la religion et un certain pragmatisme (scientifique, pourrait-on dire), comme l'annonce ce plan introductif hautement signifiant où une statue immense au premier plan surplombe la petite figure du meunier au dernier plan. Une légende irrigue en outre le récit : le meunier alors enfant et sa famille auraient miraculeusement survécu à l'incendie de leur moulin, à l'époque où les croisades suédoises ravageaient le pays. Mais cela ne suffira pas pour monter la population contre celui qui semble être le seul capable de fournir une réserve en eau. Et lorsque le prêtre et le régent tenteront d'anéantir plus directement celui qu'il considère comme une émanation diabolique (concurrençant leur influence), il disparaîtra mystérieusement dans les catacombes situées sous le moulin. L'occasion, peut-être, d'un nouveau piège...</p>
<p><ins>Le Piège du diable</ins> offre une vision intéressante de l'opposition entre les pouvoirs séculaires, à travers trois archétypes (le régent, le prêtre, le meunier) qui nourrissent un discours sur la croyance. Le climat qui en résulte est particulièrement lourd et menaçant, parcouru de toutes parts par le poison de la suspicion. La mise en scène est d'une sobriété et d'une solennité très à-propos, avec quelques effets très réussis comme la vision en plongée d'un gouffre perçu comme maléfique, le sol qui se craquèle lors d'une fête locale comme la manifestation d'une prophétie, ou encore ce mouvement de caméra pendulaire en direction de la porte d'entrée du moulin, récurrent et vertigineux. Un voyage assez peu relaxant sur les terres de l'Inquisition.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.charpente_m.jpg" alt="charpente.jpg, déc. 2019" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.danse_m.jpg" alt="danse.jpg, déc. 2019" /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.intro_m.jpg" alt="intro.jpg, déc. 2019" /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.pretre_m.jpg" alt="pretre.jpg, déc. 2019" /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.lovers_m.jpg" alt="lovers.jpg, déc. 2019" /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/piege_du_diable/.grotte_m.jpg" alt="grotte.jpg, déc. 2019" /></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Piege-du-diable-de-Frantisek-Vlacil-1962#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/731La Fougère dorée, de Jiří Weiss (1963)urn:md5:d7f8ff32b25a6eb3e600f67dfcefed342019-07-28T12:19:00+02:002019-07-28T11:28:38+02:00RenaudCinémaConteFantastiqueFougèreGuerreRomanceRépublique tchèque <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fougere_doree/.fougere_doree_m.jpg" alt="fougere_doree.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="fougere_doree.jpg, juil. 2019" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Fougère fantastique</strong></ins></span>
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<p><ins>La Fougère dorée</ins> est un conte tchécoslovaque envoûtant, un peu hors du temps, dont la composante fantastique est entièrement contenue dans le petit bout de végétal d'où le film tire son nom. Un soir de pleine lune, le berger Jura (interprété par le charismatique <strong>Vit Olmer</strong>) errait dans les sous-bois près de chez lui et tomba sur une fougère d'or : au terme d'une séquence angoissante remplie de bruits et de cris inquiétants, dans une forêt menaçante peuplée d'oiseaux vindicatifs, il parvient finalement à rentrer chez lui avec ce qui semble être un objet précieux. Ce passage et le suivant, dans lequel une belle créature sylvestre surgit sur le pas de sa porte pour récupérer la fougère, immergent d'entrée de jeu dans un univers chatoyant et magnifiquement photographié.</p>
<p>Dès la partie suivante, où Jura sera contraint de rejoindre les rangs de l'armée, le contexte se précise un petit peu : dans l'introduction du conflit avec les Turcs, on imagine que le récit se situe au cours des guerres austro-turques autour de la Méditerranée, opposant l'Empire ottoman et le Saint-Empire romain germanique, sans doute autour du 16ème ou 17ème siècle. C'est grâce à la chemise confectionnée par la créature blonde des bois avant qu'il ne parte, contenant la fougère magique dans une doublure, qu'il défiera plusieurs fois la mort et s'en sortira indemne. En s'illustrant sur plusieurs champs de bataille, il s'attirera les faveurs du général ainsi que celles de sa fille, pour des raisons évidemment différentes. Il bravera le danger dans l'espoir de retrouver sa belle au moins dans un premier temps, conséquence d'un chantage : en volant l'étalon d'un grand vizir, le collier de sa femme, et enfin le rossignol qui chante près de son lit, il oublie peu à peu l'amour originel pour lequel il prend tous ces risques et s'éprend un peu bêtement (le bougre est particulièrement susceptible) de celle qui le fait courir par monts et par vaux, à grand renfort d'une symbolique du désir très prononcée. Il aura ainsi suffit de trois vœux de la belle brune pour qu'il perde la raison, échappant de peu et par chance à une condamnation à mort.</p>
<p>"Une faveur aristocratique ne peut mener qu'au sang" : telle est la conclusion de ce conte moral, énoncée juste avant que les illusions ne s'évanouissent, que la fougère magique ne s'évapore, et que le protagoniste ne se perde une dernière fois en forêt.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fougere_doree/.fougere_m.jpg" alt="fougere.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="fougere.jpg, juil. 2019" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fougere-doree-de-Jiri-Weiss-1963#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/698The White Lady, de Zdenek Podskalský (1965)urn:md5:470b8441ca6166e8bc8d933a3a0729052019-07-06T19:50:00+02:002019-07-07T16:58:28+02:00RenaudCinémaCensureComédieFantastiqueFantômesPolitiqueRépublique tchèqueSatireTotalitarisme <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/white_lady/.white_lady_m.jpg" alt="white_lady.jpg" title="white_lady.jpg, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/white_lady/.white_lady_bis_m.jpg" alt="white_lady_bis.jpg" title="white_lady_bis.jpg, juil. 2019" />
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>La satire d'un régime par l'irruption du fantastique</strong></ins></span>
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<p>Le cinéma tchécoslovaque des années 60 est un modèle de contestation politique par la satire, lorsqu'elle devait passer à travers le tamis de la censure, avec ses embardées allégoriques taclant sans relâche le régime en place. Des réalisateurs comme <strong>Milos Forman </strong>(<ins>Au feu les pompiers !</ins> en 1967, <ins>L'Audition</ins> en 1963), <strong>Jiří Menzel </strong>(<ins>Alouettes, le fil à la patte</ins> en 1969) ou encore <strong>Věra Chytilová</strong> (<ins>Les Fruits du paradis</ins> en 1970) en sont sans doute les plus célèbres représentants, et <ins>La Dame blanche</ins> de <strong>Zdenek Podskalský </strong>s'inscrit parfaitement dans ce cadre-là, avec une variante originale : le fantastique, dont l'irruption dans une petite communauté chamboulera à peu près tout, les repères des uns et les croyances des autres.</p>
<p>La société tchécoslovaque du milieu des années 60 est dépeinte à travers ce village qui ploie sous le poids des insuffisances, avec en toile de fond une économie on ne peut plus morose. Il y a d'un côté les pauvres gens qui n'ont pas accès à l'eau potable à l'intérieur de leur maison, et de l'autre les caciques du parti à la manœuvre qui tentent tant bien que mal de rationaliser l'irrationnel. La dame blanche du titre, on l'apprend très vite, n'a rien de l'hallucination : il s'agit bien d'un fantôme réveillé de son tableau, après qu'une personne a prononcé par hasard la bonne formule, dont la seule motivation consiste à réaliser les vœux des quidams les soirs de pleine lune. La satire est ainsi double : il s'agit non seulement de dénoncer les conditions de vie du peuple tchécoslovaque, dont les vœux les plus chers ont trait à une forme de pragmatisme absolue, de la pose d'une canalisation au pavage d'une rue, mais également railler l'idéologie au pouvoir qui désire coûte que coûte contrôler tous les événements (disposition quelque peu difficile à tenir lorsqu'il est question de fantôme).</p>
<p>La comédie s'installe principalement dans l'interprétation de la réalité qui est faite par divers personnages, du prêtre au maire en passant par les villageois. Le régime est confronté à une série de contradictions qu'il ne peut plus contenir, donnant lieu à une série ininterrompue d'absurdités captées avec une très grande ironie. Les miracles donnent ainsi beaucoup de fil à retordre aux autorités, qui tentent vainement de trouver des explications. <ins>The White Lady</ins> manie le registre comique avec beaucoup plus de tact que des films ("classiques" mais très artificiels) comme <ins>Alouettes, le fil à la patte</ins>, et se termine sur une énième mystification, au cours de laquelle la population ne sait plus ce qu'elle doit croire et se lance dans les eaux d'un fleuve à la nage, en prétendant marcher sur le pont que le régime n'a pas encore eu les moyens de construire.</p>
<blockquote><p>Longue vie au nouveau pont ! <br />
- Mais il n'y a pas de pont ici...<br />
- Tu n'as que ça en tête, la vérité. Tais-toi et nage !</p>
</blockquote>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/white_lady/.vieille_m.png" alt="vieille.png" title="vieille.png, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/white_lady/.tableau_m.png" alt="tableau.png" title="tableau.png, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/white_lady/.pont_m.png" alt="pont.png" title="pont.png, juil. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/white_lady/.rue_m.png" alt="rue.png" title="rue.png, juil. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-White-Lady-de-Zdenek-Podskalsky-1965#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/665Honneur et gloire, de Hynek Bočan (1969)urn:md5:8094a42d9558d13579c4bbbc74623cc02019-01-12T16:39:00+01:002020-12-07T17:19:11+01:00RenaudCinémaCatholicismeGuerreProtestantismeRépublique tchèque <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/honneur_et_gloire/.honneur_et_gloire_m.jpg" alt="honneur_et_gloire.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="honneur_et_gloire.jpg, janv. 2019" />
<div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les plaies ouvertes de la guerre de Trente Ans<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Impossible de ne pas associer le film de <strong><span>Hynek Bočan</span> </strong>au beaucoup plus célèbre <ins>Marketa Lazarová</ins> de <strong>František Vláčil</strong>, sorti en 1967, tant la proximité thématique est évidente. Même si le budget était vraisemblablement moins conséquent, et même si plusieurs siècles séparent l'action des deux œuvres tchécoslovaques (13ème siècle pour le premier et 17ème ici), même si le Moyen Âge et la lutte entre christianisme et paganisme sont remplacés par la guerre de Trente Ans et les conflits entre protestantisme et catholicisme, leurs colonnes vertébrales contiennent de nombreux points communs. À commencer par le chaos et la fange.</p>
<p>La guerre de Trente Ans est une série de conflits européens qui dura de 1618 à 1648, initiée par la révolte des sujets tchèques protestants et nourrie par la répression du Saint-Empire catholique (la maison de Habsbourg) qui suivit, désireux d’étendre son hégémonie et de convertir les hérétiques. C'est dans ce contexte particulier, à la frontière historique entre féodalité et absolutisme, que <ins>Cest a slava</ins> (en VO) met en scène un ancien noble protestant en 1647, Václav Rynda, à la fin de la guerre, triste héritier du sort de son père qui s'était converti au catholicisme pour sauver sa famille. Il a perdu la guerre, il a perdu son honneur et sa fortune, et il est contraint de survivre dans les ruines d'un château, seul vestige d'une vague gloire passée.</p>
<p>Le film vaut le détour pour le portrait qu'il fait de cette révolte qui a échoué, de ce pays dévasté par les conflits et de la pauvreté qui gangrène l'espace. Václav Rynda, en renonçant à sa religion, a gardé la vie sauve mais erre sur ses maigres terres en triste sire, en survivant, en maître d'une poignée de paysans en haillons. C'est une vision incroyablement impitoyable de ce moment historique, qui est présenté en introduction de la plus implacable des manières, avec des corps suspendus au-dessus d'un bûcher et des croix en feu. La laideur de ces temps est à l'état pur, brute et brutale. On retrouve d'ailleurs le même habillage sonore que <ins>Marketa Lazarová</ins> (à défaut d'en retrouver la photographie extraordinaire, même si <ins>Honneur et gloire</ins> se défend assez bien à ce niveau-là), fait de chants folkloriques glaçants et de musiques doucement angoissantes.</p>
<p>L'essentiel du film est constitué de plans fixes, souvent en intérieur, dans une narration beaucoup plus traditionnelle (et sans doute plus explicite). La venue d'un couple de nobles étrangers sur les terres de Václav Rynda perturbera l'équilibre apparent de sa demeure, rouvrant d'anciennes plaies et suscitant des questionnements qu'on pensait à jamais enterrés.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/honneur_et_gloire/.accueil_m.jpg" alt="accueil.jpg" title="accueil.jpg, janv. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/honneur_et_gloire/.corps_m.jpg" alt="corps.jpg" title="corps.jpg, janv. 2019" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/honneur_et_gloire/.femme_m.jpg" alt="femme.jpg" title="femme.jpg, janv. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/honneur_et_gloire/.pistolet_m.jpg" alt="pistolet.jpg" title="pistolet.jpg, janv. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Honneur-et-gloire-de-Hynek-Bocan-1969#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/596