Je m'attarde - Mot-clé - Religion le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLe Pavillon d'or (炎上, Enjō), de Kon Ichikawa (1958)urn:md5:05365d6d59f8e8cc436a888b2b287fbf2023-11-23T11:40:00+01:002023-11-23T11:40:00+01:00RenaudCinémaBouddhismeFeuIncendieJaponKon IchikawaKyotoRaizō IchikawaReligionSuicideTatsuya NakadaiYukio Mishima <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/pavillon_d-or.jpg" title="pavillon_d-or.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.pavillon_d-or_m.jpg" alt="pavillon_d-or.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Brûle ce que tu as adoré</strong></ins></span>
</div>
<p>Quand <strong>Kon Ichikawa </strong>adapte un récit de <strong>Yukio Mishima </strong>(lui-même inspiré d'un événement survenu en 1950), le résultat tranche assez fortement dans le ton par rapport à ce qu'on peut connaître par ailleurs, que ce soit les films en temps de guerre (<ins>Feux dans la plaine</ins> 1959, <ins>La Harpe de Birmanie</ins> 1956) ou les films plus intimistes (<ins>Le Pauvre Cœur des hommes</ins> 1955, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Fils-de-famille-de-Kon-Ichikawa-1960">Le Fils de famille</a></ins> 1960, <ins>La Vengeance d'un acteur</ins> 1963). Ce n'est pas dans la structure narrative qui éclate les différentes époques de l'histoire en enchâssant flashbacks dans flashbacks, format auquel on peut en l’occurrence être déjà habitué chez lui, mais bien davantage dans le carrefour de plusieurs approches, le caractère intimiste du portrait de cet adolescent éduqué dans le temple du Pavillon d'or de Kyoto croisé avec la thématique spirituelle du respect de la religion bouddhiste. Les faits ne sont pas cachés : dès l'introduction, on apprend que le temple a été incendié et que le principal suspect (Goichi Mizoguchi) a été arrêté, après ce qui ressemble à une tentative de suicide. Tout l'enjeu du film sera donc, on s'en doute, d'en apprendre plus sur la vie de ce personnage et de percevoir les raisons de ce geste.</p>
<p>En un sens, je trouve qu'on retrouve un thème propre à <strong>Mishima </strong>dans la révolte silencieuse de cet élève, déçu par son entourage et par le monde corrompu des adultes, comme si l'enfance représentait une forme de pureté capable de déceler la perversion du monde et de brûler un symbole d'élévation spirituelle qui ne serait pas mérité selon lui par les personnes qui le fréquente. Dans la progression de cette réflexion, l'acteur <strong>Raizō Ichikawa </strong>alors âgé de 27 ans (et sans lien familial avec <strong>Kon </strong>a priori) incarne le personnage Goichi Mizoguchi souffrant de nombreux troubles, à commencer par son bégaiement dont les origines possibles sont esquissées à travers un spectre large : la scène traumatisante de son enfance où il avait surpris sa mère en pleine adultère, alors que son père était présent et déjà gravement malade, un rapport au monde et aux autres globalement compliqué, un sentiment d'imposture au sein de ce temple dont il ne partage pas intensément la religion... En tout état de cause, les motivations de l'incendiaire resteront assez vagues, ou du moins plurielles, là où sa perplexité face au monde qui l'entoure sera plus tangible, notamment au travers de sa rencontre avec le personnage de Tokari — <strong>Tatsuya Nakadai </strong>en infirme manipulateur. <ins>Le Pavillon d'or</ins> arbore une forme d'austérité un peu trop forte pour être aisément aimable, mais le regard que <strong>Ichikawa </strong>porte sur cette conception atypique du beau provoquant in fine l'incendie volontaire d'un tel monument construit un cheminement intéressant autour d'une forme de désintégration morale.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Pavillon-d-or-de-Kon-Ichikawa-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1288Essene, de Frederick Wiseman (1972)urn:md5:994fd8c07542027036da13f467fd44fc2023-11-10T10:24:00+01:002023-11-10T10:24:00+01:00RenaudCinémaAustéritéDocumentaireEnfermementEtats-UnisFrederick WisemanReligion <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/essene.jpg" title="essene.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/.essene_m.jpg" alt="essene.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Dissension et austérité</strong></ins></span>
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<p><em>[Double ration de Wiseman aujourd'hui ! Un vrai marathon.]</em></p>
<p>Le plus austère et le plus ésotérique des documentaires de <strong>Wiseman </strong>vus jusqu'à présent, et pour cause : le réalisateur le consacre à un monastère de l'État du Michigan, toujours dans la logique de l'immersion, au sein d'une communauté de moines bénédictins. La durée de <ins>Essene</ins> peut induire en erreur : comme les films de <strong>Wiseman </strong>de cette période (60s / 70s grosso modo), les 90 minutes peuvent laisser penser à un contenu resserré, saillant, précis, pointu. Mais le contenu autant que la forme en font un moment particulièrement difficile à suivre, car le documentariste américain y a concentré presque uniquement des captations de discours religieux ou de discussions entre les moines extrêmement ésotériques, le tout capté essentiellement en gros plan. Austérité absolue.</p>
<p>1h30 de rituels, en autarcie, qui donnent du fil à retordre pour saisir le fond du propos (il se pourrait bien qu'il n'y en ait pas mais cela serait étonnant de la part de <strong>Wiseman</strong>) : on sent que la caméra se focalise sur les contradictions apparaissant au sein de la communauté, sur des tensions naissantes, et sur les tentatives (relativement infructueuses) de les résoudre. Tout juste ai-je ressenti une pointe d'ironie autour du paradoxe entre l'exaltation du bien dans les paroles et la rudesse de la manière de traiter les dysfonctionnements internes. Il y a notamment un des moines, un moine chef probablement, avec qui on n'a pas trop envie de rigoler...</p>
<p>Pour le reste, le contenu même des discussions théologiques atteint un niveau de mystique qui m'est largement étranger et inconnu, avec un effet cumulatif particulièrement assommant. Des sermons et des prières en veux-tu en voilà, filmés en très gros plans statiques... Un projet pour le moins spartiate. La continuité dans l'œuvre de <strong>Wiseman</strong> est malgré tout assurée au travers de la notion d'enfermement, bien que volontaire ici, et de quelques scènes d'un comique étrange (le moine qui sort une tapette à mouche en plein discours, la discussion entre un moine et une religieuse relavant de l'amour profane).</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/img1.png" title="img1.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/.img1_m.png" alt="img1.png, nov. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/img3.png" title="img3.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/.img3_m.png" alt="img3.png, nov. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/img6.png" title="img6.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/essene/.img6_m.png" alt="img6.png, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Essene-de-Frederick-Wiseman-1972#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1291Justice est faite, de André Cayatte (1950)urn:md5:9f681b1c909a8f2e894152bb2551bc312023-11-03T10:04:00+01:002023-11-03T10:07:49+01:00RenaudCinémaAndré CayatteClaude NollierCulpabilitéEuthanasieFemmeMoraleNoël RoquevertPatriotismeProcèsRacismeRaymond BussièresReligionSubjectivité <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/justice_est_faite.jpg" title="justice_est_faite.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/.justice_est_faite_m.jpg" alt="justice_est_faite.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le doute, le biais, la partialité</strong></ins></span></div>
<p>La thématique centrale de <ins>Justice est faite</ins>, avec le jugement d'une femme interprétée par <strong>Claude Nollier</strong>, ressemble fortement à celle de <ins>La Vérité</ins> avec <strong>Brigitte Bardot </strong>que <strong>Clouzot </strong>réalisera une décennie plus tard en 1960. C'est le récit d'un procès de la cour d'assises dans lequel les faits ne constituent pas l'unique objet des débats, et où l'ensemble du personnel compétent porte de manière directe ou indirecte une série de jugements moraux sur la personne de l'accusée. Mais <strong>André Cayatte </strong>adopte une perspective bien différente puisque ce qui l'intéresse avant tout, ce sont les membres du jury qui doit se prononcer sur le cas de cette femme qui aurait aidé son amant à mourir, ce dernier étant déjà mourant et ayant demandé l'euthanasie.</p>
<p>La quasi-totalité du film se déroule ainsi aux côtés des 7 jurés (évoquant d'ailleurs de loin un autre film avant l'heure, le <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Douze-Hommes-en-Col%C3%A8re%2C-de-Sidney-Lumet-%281957%29">Douze Hommes en colère</a></ins> de <strong>Lumet</strong>), en ne nous dissimulant rien de leur comportement, de leurs habitudes de leurs secrets. L'objet du film est assez limpide, surtout lorsque vient le moment du discours final délivré en voix off, qui accessoirement témoigne des faiblesses d'écriture de cette fiction prisonnière d'un style marqué par les années 50 : évoquer et dénoncer le caractère faillible d'une décision de justice, nécessairement basée sur des points de vue partiels, biaisés, influencés par une myriade d'événements personnels. <strong>Cayatte </strong>décortique longuement les mécanismes de prise de décision au sein du jury, en montrant l'influence de leur vie sur leur comportement en tant que juré. Même si les faits ne sont pas tout à fait évidents pour eux (a-t-elle tué son mari sur sa demande pour le soulager de souffrances insupportables, ou bien était-ce un crime mu par des intérêts personnels puisque, on l'apprendra plus tard, elle était amoureuse d'un autre homme ? le doute persistera), les débats se situeront essentiellement sur le terrain de la morale, des préjugés et des conceptions subjectives de culpabilité.</p>
<p><strong>Cayatte </strong>expose le système judiciaire sous l'angle vulnérable de ses imperfections et réquisitionne de nombreux acteurs et actrices de second plan pour donner corps aux jurés, qui illustrent souvent un aspect de cette fragilité : parmi eux, <strong>Noël Roquevert </strong>en ancien commandant très conservateur et <strong>Raymond Bussières </strong>sous la pression du regard de sa femme. Bref, des personnages plus ou moins influençables. Quelques zones de rigidité scénaristiques empêchent le film de se faire aussi émouvant que <ins>La Vérité</ins> (en partie aussi parce que l'accusée n'est pas vraiment le sujet du film), à l'instar de cette presque ultime scène montrant trop explicitement l'hésitation d'un juré qui aurait changé d'avis sur l'affaire s'il avait été au courant quelques heures avant d'une information très personnelle — le questionnement est même explicité par les dialogues, excès caractérisé de pédagogique et de démonstratif. Le poids de la religion, du racisme, et du patriotisme est également un peu alourdi par les stéréotypes employés. Mais <ins>Justice est faite</ins>, par son regard sur l'acte de juger et sur la fragilité des convictions, conserve une très belle modernité car il suffirait de remplacer quelques détails techniques, quelques éléments contextuels et quelques sujets de débat pour en faire un film parfaitement actuel.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/justice_est_faite/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Justice-est-faite-de-Andre-Cayatte-1950#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1267Canal Zone, de Frederick Wiseman (1977)urn:md5:490419bf1117e0fe2ffffaac82010b272023-10-24T16:41:00+02:002023-10-25T09:55:10+02:00RenaudCinémaBateauDocumentaireEtats-UnisFrederick WisemanMilitairePatriotismeReligion <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/canal_zone/canal_zone.jpg" title="canal_zone.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/canal_zone/.canal_zone_m.jpg" alt="canal_zone.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Un microcosme<br /></strong></ins></span>
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<p>Près de trois heures de déambulations dans la région du canal de Panama, au milieu des années 70, à une époque où il s'agissait encore d'un territoire des États-Unis — le Panama ne retrouvera le contrôle complet du canal qu'en 1999. <strong>Frederick Wiseman </strong>quitte ainsi le sol des États-Unis pour la première fois, mais sans vraiment le quitter, puisque <ins>Canal Zone</ins> s'attachera à décrire une communauté américaine déportée, implantée artificiellement dans une région de 1500 kilomètres carrés, pour une année anniversaire un peu particulière : 1976, soit le bicentenaire de la fondation des États-Unis. L'occasion pour la communauté locale de manifester un patriotisme sincère et total, drapeaux tous azimuts, et surtout pour <strong>Wiseman </strong>l'occasion de s'immerger au sein d'un espace-temps qui paraît empreint d'un surréalisme discret mais savoureux vu d'aujourd'hui.</p>
<p>Si le procédé employé par <strong>Wiseman </strong>sur ce projet est rigoureusement conforme à toute la partie documentaire de son œuvre, c'est-à-dire des centaines d'heures de rushes assemblées au montage pour former un portrait qui s'attarde autant sur des détails que sur des événements importants, on peut relever un premier pas de côté dans <ins>Canal Zone</ins>. Pour la première fois, il ne s'intéresse pas à une institution particulière (un hôpital, un lycée, un tribunal, etc.) sur un territoire mais bien à un territoire lui-même, défini au travers du spectre de ses nombreuses institutions. En ce sens, c'est un cousin éloigné de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Monrovia-Indiana-de-Frederick-Wiseman-2018">Monrovia, Indiana</a></ins> dont le sujet était tout aussi vaste, lui aussi d'une ampleur un peu trop vague. Et puis <ins>Canal Zone</ins> est à ranger dans la catégorie des docus pour lesquels <strong>Wiseman </strong>semble s'être quelque peu laissé aller pour le montage, comme emporté par l'étendue des thématiques, et a conservé de très nombreuses séquences en intégralité, ce qui donne l'impression d'un film un peu boursouflé par endroits.</p>
<p>Tout y passe : après une courte introduction sur le canal à proprement parler incluant balade sur l'eau et petit cours d'histoire, le film passe en revue tous les aspects de la vie locale. Il y a la partie technique, avec le fonctionnement du canal, les opérations fluviales et les agences gouvernementales, les bateaux et leurs pilotes, et il y a la vie dans les alentours, les zones commerciales ou militaires, les résidents avec leurs activités quotidiennes, sociales ou religieuses. C'est une micro-société qui ressemble à un condensé du mode de vie américain, renforcé par la célébration de la déclaration d'indépendance, baignant largement dans les discours humanitaires prônant la liberté (et entre les lignes le modèle américain comme seul modèle valable bien entendu) et les prêches évangélistes répétés jusqu'à l'écœurement.</p>
<p>C'est une vision intéressante de cette Amérique coloniale, qui laisse loin dans l'arrière-plan les autochtones (vivant loin des résidences américaines, vraisemblablement) pour faire le tableau d'une société prospère et sûre d'elle, avec toutes les particularités des habitudes de l'époque : les courses au supermarché qui empilent les boîtes de conserve, les pauses agrémentées de bouteilles de coca ou de bière, les séances de ball-trap aussi sérieuses que les prédicateurs dans leurs églises, les émissions de télé consacrées au dressage des chiens militaires , etc. On peut même y voir des images de l'immense porte-conteneurs Ever Given, de la compagnie Evergreen, qui causa l'obstruction du canal de Suez pendant 6 jours en 2021. Un aperçu d'une société in vitro, transplantée dans cet endroit au carrefour des cultures et du commerce, prise dans son jus quotidien — parfois soporifique — partagé entre des éléments problématiques clairement identifiés (les violences familiales sont trois fois supérieures à la moyenne nationale) et une tendance de fond d'où se dégage une amertume discrète de la part de <strong>Wiseman</strong>.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/canal_zone/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/canal_zone/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/canal_zone/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/canal_zone/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioA.jpg" title="bel_antonioA.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioA_m.jpg" alt="bel_antonioA.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/bel_antonioB.jpg" title="bel_antonioB.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.bel_antonioB_m.jpg" alt="bel_antonioB.jpg, oct. 2023" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Impressions d'impuissance</strong></ins></span></div>
<p>Coup de maître de la part du réalisateur <strong>Mauro Bolognini </strong>et du scénariste <strong>Pier Paolo Pasolini </strong>que d'avoir réuni deux sex symbols comme <strong>Marcello Mastroianni </strong>et <strong>Claudia Cardinale</strong>, au potentiel sensuel et sexuel relativement incomparable dans l'Italie des années 1960, pour mieux les confronter sur le terrain d'un drame conjugal dont le carburant provient d'un tabou assez fort. Car <strong>Mastroianni</strong>, depuis qu'il a connu son premier amour, est devenu inapte à la bandaison — une condition qu'il décrit à son cousin, <strong>Tomás Milián </strong>(une scène courte mais touchante et dont les conséquences seront révélées à la toute fin), au creux d'une magnifique confession — dans une société qui glorifie la virilité masculine à tous les étages, familial, religieux, professionnel.</p>
<p>Et le pauvre hère, il va en bouffer de la pression sociale par tout son entourage, et tout particulièrement son père, très bien interprété par un <strong>Pierre Brasseur </strong>dont l'honneur virile est bafoué par ce "mariage non-consommé". Expression abominable qui en plus de cela se double d'une rumeur se propageant comme une traînée de poudre dans tout le village... Il faut dire qu'un an après le mariage tout le monde l'attendait, la grossesse de <strong>Cardinale</strong>, fille de notaire d'une beauté renversante mais elle aussi reproduisant plus ou moins involontairement le schéma traditionaliste martelé par ses proches et porté sur les apparences et la peur de ce que penseront les autres.</p>
<p>À l'époque, <strong>Marcello Mastroianni </strong>avait marqué les esprits avec son rôle de séducteur mondain par excellence dans <ins>La dolve vita</ins>, et en réaction immédiate il cassa cette image en incarnant la tragédie d'un homme aussi séduisant qu'impuissant, avec au moins autant de talent. Sa performance est vraiment remarquable, pris au piège d'un réseau de contraintes et de conventions qui s'est refermé sur lui violemment, le laissant dans une horrible situation, le déshonneur familial comme fardeau insoutenable. Il interprète de manière remarquable une sorte de Don Juan victime d'une réputation qui n'est même pas la sienne. Il n'y a pas de place pour l'amour platonique dans ce coin de Sicile, et du curé aux beaux parents en passant par la foule de voisins et de témoins lors du mariage, tous sont là pour dicter les règles et façonner les mœurs. Un film très puissant sur la pression exercée et l'humiliation subie en retour, avec une douleur dépeinte de manière percutante et sensible, et la folie qui guette ceux qui se soumettent à de pareilles injonctions — le père comme d'autres place la procréation au centre de tout et le non-respect de cette clause tacite le place au bord de la démence, lui qui de façon ironique mourra précisément en plein ébat.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img1.png" title="img1.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img1_m.png" alt="img1.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img2.png" title="img2.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img2_m.png" alt="img2.png, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/img3.png" title="img3.png, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bel_antonio/.img3_m.png" alt="img3.png, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bel-Antonio-de-Mauro-Bolognini-1960#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1253Pour en finir avec le jugement de Dieu, de Antonin Artaud (1947)urn:md5:bd4f0a7a4c975364a153d03f46c4a5422023-10-08T17:39:00+02:002023-10-08T17:39:00+02:00RenaudMusique1940sAntonin ArtaudBizarreCensureEtats-UnisRadioReligionThéâtre <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/antonin_artaud/.pour_en_finir_avec_le_jugement_de_dieu_m.jpg" alt="pour_en_finir_avec_le_jugement_de_dieu.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p>Petit intermède dominical.</p>
<p>Cet enregistrement de 1947, réalisé par <strong>Antonin Artaud </strong>dans les studios de la Radio diffusion française et censuré la veille de sa première diffusion, le 1er février 1948, est sans doute la chose la plus bizarre, inquiétante, hypnotisante que j'aie écoutée depuis un bon moment. Il suffit d'écouter les premières minutes, si ce n'est les premières secondes, pour comprendre qu'on ne s'aventure pas dans un endroit normal. "J’ai appris hiiiieeeeeer", "l’un de ces sales ragots comme il s’en colporte entre évier et latrines", "les Amérrrrricains" : cette intonation, cette voix, cet accent, ces bruits, ces cris... C'est exquis.</p>
<p>Le texte : <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/antonin_artaud/Artaud%20Antonin%20-%20Pour%20en%20finir%20avec%20le%20jugement%20de%20dieu%20v2.pdf">lien pdf</a>.<br />
L'audio : </p>
<div id="centrage">.<iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/EXy7lsGNZ5A" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>.</div>
<p>On oscille entre les éructations d'un grand malade mental (il a subi de nombreuses séances d'électrochoc à Rodez) et les déclamations prophétiques d'un extra-lucide pris dans un tourbillon de pensées qu'il ne semble pas vraiment contrôler. Et qui passe par des chapitres comme "La Recherche De La Fécalité"... Je ne connais absolument pas ce qui a fait d'<strong>Antonin Artaud </strong>un personnage incontournable au théâtre, avec sa recherche de nouveaux types de langages artistiques, mais ça n'entrave en rien le pouvoir hypnotique de ces 40 minutes.</p>
<p>Quelques extraits :</p>
<p>"L'homme est malade parce qu'il est mal construit.<br />
Il faut se décider à le mettre à nu pour lui gratter cet animalcule qui le démange mortellement,<br />
dieu,<br />
et avec dieu ses organes.<br />
Car liez-moi si vous voulez,<br />
mais il n'y a rien de plus inutile qu'un organe.<br />
Lorsque vous lui aurez fait un corps sans organes, alors vous l'aurez délivré de tous ses automatismes et rendu à sa véritable liberté.<br />
Alors vous lui réapprendrez à danser à l'envers comme dans le délire des bals musette<br />
et cet envers sera son véritable endroit."</p>
<p>"Dieu est-il un être?<br />
S'il en est un c'est de la merde.<br />
S'il n'en est pas un il n'est pas.<br />
Or il n'est pas,<br />
mais comme le vide qui avance avec toutes ses formes dont la représentation la plus parfaite<br />
est la marche d'un groupe incalculable de morpions.<br />
« Vous êtes fou, monsieur Artaud, et la messe? »<br />
Je renie le baptême et la messe.<br />
Il n'y a pas d'acte humain<br />
qui, sur le plan érotique interne, soit plus pernicieux que la descente du soi-disant Jésus-christ<br />
sur les autels."</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/MUSIQUE/antonin_artaud/.artaud_m.jpg" alt="artaud.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pour-en-finir-avec-le-jugement-de-Dieu-de-Antonin-Artaud-1947#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1232Pharaon (Faraon), de Jerzy Kawalerowicz (1966)urn:md5:8ac156b9d6fd0cc651b0ec0a34f48bf92023-09-21T14:26:00+02:002023-09-22T16:13:44+02:00RenaudCinémaEclipseEgypteFresqueGuerreLabyrinthePharaonPolitiquePolognePouvoirPéplumReligionSoleilTrésor <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pharaon/.pharaon_m.jpg" alt="pharaon.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Pharaons fictifs et luttes de pouvoir</strong></ins></span>
</div>
<p>Impossible de passer à côté de sa spécificité. <ins>Pharaon</ins> de <strong>Jerzy Kawalerowicz </strong>n'est pas n'importe quel film sur le règne d'un pharaon de l'Égypte antique, c'est un film polonais évoquant la vie du pharaon fictif Ramsès XIII, tourné en langue polonaise de l'autre côté du rideau de fer, avec un contingent dantesque d'acteurs soviétiques. On peut imaginer l'ampleur du budget alloué au fond de teint "très bronzé" et aux perruques noires pour transformer ces hordes d'hommes slaves en authentiques Égyptiens crédibles. Et le budget a forcément dû être conséquent, quand on voit l'étendue de l'action, la diversité des lieux, le nombre de figurants, la qualité des costumes et des décors, et plus généralement le soin apporté à la technique pour faire de cette fiction une fresque politique de grande ampleur — dont la durée varie entre 2h30 et 3h selon les versions.</p>
<p><strong>Kawalerowicz </strong>construit un imaginaire étonnant, très différent des péplums à grand spectacle auxquels on peut être habitué de la part du cinéma hollywoodien déjà à l’époque, les <ins>Quo Vadis</ins>, <ins>Les Dix Commandements</ins>, <ins>Ben-Hur</ins>, et autres <ins>La Chute de l'empire romain</ins>. <ins>Pharaon</ins> se sert d'un cadre réaliste — j'aimerais bien avoir l'avis d'un spécialiste mais la reconstitution, sur le plan des accessoires, me paraît extrêmement soignée — pour établir un récit à forte consonance politique et dans lequel, avec le recul, on aime voir une allégorie de son époque avec la dualité décadence de la dynastie égyptienne / situation de la Pologne au XXe siècle ou encore contestation de l'autorité du clergé / anticléricalisme du pouvoir communiste, à moins qu'il ne s'agisse d'une critique masquée de l'immixtion soviétique. Car au-delà de la métaphore servie en introduction montrant deux scarabées se bagarrant pour une boule de fumier, c'est bien sûr la lutte entre le jeune pharaon et les grands prêtres qui se joue sur fond de menace d'annexion par le royaume assyrien.</p>
<p>Toute composante biographique est donc expurgée d'entrée de jeu avec la mise en scène d'un pharaon n'ayant jamais existé, pour mieux se concentrer sur les pressions et manipulations exercées par les conservateurs sur ce dernier, les hauts dignitaires religieux ne voyant pas d'un bon œil son exercice du pouvoir (qu'on pourrait qualifier de plus progressiste et réformateur). C'est donc un film sur les luttes de pouvoir avant tout, avec en toile de fond de nombreuses femmes dans les environs du monarque donnant lieu à de très belles séquences en intérieur. Le travail du chef opérateur est aussi assez remarquable, dans sa teinte presque grise et bleutée, pour rendre aux horizons désertiques tout leur potentiel photogénique. La scène de l'éclipse solaire et de son pouvoir de soumission, par exemple, ne tient pas à grand-chose et pourtant fait son petit effet (sur le peuple, apeuré, comme sur le spectateur, intrigué). Les particularités abondent, un labyrinthe mortel dans lequel est caché un trésor, quelques passages guerriers en caméra subjective, une histoire de double dont on ne saura jamais la part de réel (mais n'ayant vu que la version "courte" de 2h30, l'amputation a peut-être altéré la compréhension de ce segment). Sans doute qu'avec un peu moins de froideur dans l'interprétation et un peu moins de sérieux quasi-religieux dans le ton, quand bien même il conserverait malgré tout une part non-négligeable d'originalité, <ins>Pharaon</ins> aurait pu atteindre un niveau supérieur dans la fascination.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pharaon/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pharaon/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pharaon/.img11_m.jpg" alt="img11.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Pharaon-de-Jerzy-Kawalerowicz-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1236