Je m'attarde - Mot-clé - Robert Mitchum le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLes Forçats de la gloire (The Story of G.I. Joe), de William A. Wellman (1945)urn:md5:7731cb0605afbe52ead650511914e9a42023-12-15T10:41:00+01:002023-12-15T10:50:15+01:00RenaudCinémaAfriqueBurgess MeredithEtats-UnisFolieGuerreItalieRobert MitchumSamuel FullerSeconde Guerre mondialeWilliam A. Wellman <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/forcats_de_la_gloire_A.jpg" title="forcats_de_la_gloire_A.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.forcats_de_la_gloire_A_m.jpg" alt="forcats_de_la_gloire_A.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/forcats_de_la_gloire_B.jpg" title="forcats_de_la_gloire_B.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.forcats_de_la_gloire_B_m.jpg" alt="forcats_de_la_gloire_B.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"It's a world the other world will never know. Even the Air Force. Up there, they approach death differently. When they die, they're clean-shaven, well fed, if that's any comfort. But the G.I., well, he lives so miserably and he dies so miserably."</strong></ins></span>
</div>
<p><strong>Samuel Fuller </strong>disait de <ins>The Story of G.I. Joe</ins> qu'il s'agissait selon lui du film produit sur la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis le plus adulte et le plus authentique. On pourrait compléter en rajoutant que <strong>William A. Wellman </strong>réalise ce film en 1944, à une époque où son pays est très fortement impliqué dans le conflit (ce qui pourrait conduire à l'assimiler à de la propagande), en faisant jouer beaucoup de soldats américains rescapés du front européen en permission, aux côtés de quelques acteurs dont un tout jeune <strong>Robert Mitchum</strong>, alors qu'un grand nombre mourra quelques mois plus tard dans le Pacifique. Au même titre que le correspondant de guerre <strong>Ernie Pyle </strong>interprété par <strong>Burgess Meredith</strong>, tué peu de temps après la sortie du film et après avoir reçu le prix Pulitzer, lors de la bataille d'Okinawa au Japon. Le plus marquant dans tout ça, c'est l'incroyable maturité de <strong>Wellman </strong>et l'incroyable recul dont il fait preuve pour mettre en scène la progression d'une unité d'infanterie, dans un premier temps en Afrique du Nord, puis du côté de l'Italie avec la célèbre bataille de Monte Cassino.</p>
<p>En adoptant le point de vue de <strong>Pyle</strong>, la guerre est retranscrite comme un témoignage qui aurait collecté différents points de vue sur le terrain, au plus près des soldats. De manière très étonnante pour l'époque, on s'éloigne de tous les canons propagandistes pour rester dans une captation particulièrement terre-à-terre, en alternant entre les phases de déplacement loin des combats et les épisodes de combats — que ce soit en territoires urbains, avec notamment cette évolution dans les décors d'une cathédrale en ruine évoquant certains passages de la fin de <ins>Full Metal Jacket</ins>, ou sur des terrains plus conventionnels, avec sollicitation de l'artillerie et expositions de conditions intenses. Dans sa description éloignée des clichés diabolisant l'ennemi et dans sa tonalité désabusée d'un regard froid sur la guerre, <ins>Les Forçats de la gloire</ins> se rapproche d'un autre film de <strong>Wellman </strong>qui sortira quelques années plus tard, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bastogne-de-William-A-Wellman-1949">Bastogne</a></ins>.</p>
<p>Aucune trace d'antimilitarisme bien sûr, et sans aller jusqu'à parler d'une approche documentaire, le film frappe par son haut degré de réalisme que ce soit pour évoquer l'attente pénible des hommes (en se focalisant sur quelques points, la faim, le manque de nourriture digne de ce nom, l'absence de femmes, et quelques lubies à l'image du tourne-disque qu'un soldat tente inlassablement de réparer pour écouter un enregistrement envoyé par son épouse avant de sombrer dans la folie) ou pour illustrer la pénibilité des avancées en territoires ennemis. Très étonnant de voir <strong>Wellman</strong>, ambulancier puis aviateur, dédier son film à l'infanterie en montrant le quotidien douloureux des sans-grades piégés dans la boue, un élément important du dernier segment du film, avec quelques références au luxe des membres de l'US Air Force qui eux meurent en restant propres. Un film dépourvu de lyrisme, constamment pragmatique, pudique dans l'émotion et la douleur, jamais complaisant avec la violence qu'il met en scène, avec quelques très belles scènes — parmi les plus marquantes, celles où la radio nazie tente de séduire les jeunes soldats américains avec une voix suave féminine les invitant à déserter et celle où le lieutenant incarné par <strong>Mitchum </strong>revient d'un paysage désolé, son corps ramené à dos d'âne.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img5.jpg" title="img5.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/img6.jpg" title="img6.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/forcats_de_la_gloire/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Forcats-de-la-gloire-de-William-A-Wellman-1945#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1306La Fille de Ryan, de David Lean (1970)urn:md5:a600d0aa0903cc7abd9dd4c6a7e2cea52019-11-18T16:51:00+01:002019-11-18T16:52:10+01:00RenaudCinémaDavid LeanGuerreIleIrlandePremière Guerre mondialeRobert MitchumRomance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fille_de_ryan/.fille_de_ryan_m.jpg" alt="fille_de_ryan.jpg, nov. 2019" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Anachronismes près de la foule déchaînée</strong></ins></span>
</div>
<p>En l'an de grâce 1970 comme en 2019, l'anachronisme constitutif d'un film comme <ins>La Fille de Ryan</ins> pourrait constituer un obstacle majeur sur le chemin de l'appréciation — qualitative, j'entends : l'échec critique qu'il rencontra, et qui mit <strong>David Lean </strong>au ban pendant 14 ans avant une ultime excursion cinématographique, parle de lui-même. À l'époque de l'émergence du Nouvel Hollywood de l'autre côté de l'Atlantique, un an après <ins>Easy Rider</ins> et <ins>La Horde sauvage</ins>, <strong>David Lean</strong> s'embarque dans la réalisation d'une grande fresque romantique et historique à la <ins>Autant en emporte le vent</ins>, sur plus de trois heures et comportant des séquences d'ouverture et d'intermission dignes des fastueuses productions des années 40 et 50. On pourrait même déceler une parenté avec le cinéma muet dans la façon dont Rose déambule sur les bords de mer avec son ombrelle. La composante historique, bien qu'omniprésente en toile de fond, reste très clairement reléguée au second plan, loin du panarabisme qui animait <ins>Lawrence d'Arabie</ins> et des massacres russes rythmant <ins>Le Docteur Jivago</ins> : le point focal, esthétique et thématique, se fait ici sur une forme de romantisme lyrique incroyablement atemporel, renvoyant plutôt aux préoccupations d'un mélodrame classique des année 30. Ce sentiment anachronique se poursuit jusque dans les détails de mise en scène, à l'image de la séquence où Rosy Ryan et le major Randolph Doryan se retrouvent dans une forêt luxuriante pour une scène d'amour incroyablement longue et (délicieusement) surannée.</p>
<p>En regard de ces considérations, les conventions du mélodrame américain tourné en studio sont quant à elles gardées à bonne distance très rapidement : on est d'emblée projeté dans le microcosme de ce petit village côtier irlandais (spécialement construit pour le film selon les exigences maniaques de <strong>Lean</strong>, et rappelant le village de <ins>Qu'elle était verte ma vallée</ins>), avec ses panoramas incroyables qui allient des plages de sable blanc à une atmosphère vaporeuse, caractéristiques de l'archipel des îles Britanniques. On se croirait sur Lewis and Harris, dans les Hébrides extérieures au large de l'Écosse : la grisaille de la brume souligne la profondeur et l'intensité de l'ocre des bords de mer et du vert des herbes grasses. Au sein de ce cadre incroyablement photogénique s'insère une autre forme d'anachronisme, en filmant la côte irlandaise en pleine tempête, frappée par d'immenses vagues et balayée par les vents, avec une intensité et une audace faisant écho aux côtes d'une île du Finistère que <strong>Jean Epstein </strong>avait choisie pour raconter le quotidien des goémoniers dans <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Finis-Terrae-de-Jean-Epstein-1929"><ins>Finis Terrae</ins></a>. Cette façon de capter une menace dans l'agitation de la mer au cours d'une opération de sauvetage, renforcée par les variations lumineuses du ciel, est un moment pictural incroyable. La férocité des conditions climatiques est on ne peut plus palpable.</p>
<p>C'est dans cet écrin de choix que prend forme l'histoire de ce petit village, au cours de la Première Guerre mondiale et aux prémices de la guerre d'indépendance irlandaise. Le temps long de l'histoire globale se mêle discrètement et agréablement aux différents temps courts des histoires particulières. Le personnage de Rose Ryan interprétée par <strong>Sarah Miles </strong>n'est pas sans rappeler celui de <strong>Julie Christie </strong>dans <ins>Loin de la foule déchaînée</ins> (1967) de <strong>John Schlesinger</strong>, dans leurs expérimentations sentimentales et dans leurs tentatives d'émancipation (amoureuse, entre autres) au sein d'un environnement relativement hostile. De nombreux personnages n'existent pas vraiment au-delà de leur fonction (à l'instar du prêtre ou de l'indépendantiste), mais ils participent à un tableau d'ensemble intéressant. D'abord attirée par la figure rassurante de l'instituteur avec qui elle se mariera, agrémenté d'une nuit de noce un peu particulière, elle subira de plein fouet un mouvement de désir charnel en sens opposé. À partir des premiers moments de doute s'installera un va-et-vient constant entre ces deux pôles, incarnés par <strong>Robert Mitchum </strong>(l'instituteur) et <strong>Christopher Jones </strong>(le major anglais). Dans cette phase, <ins>La Fille de Ryan</ins> se laisse aller à des séquences d'errance empreinte de rêverie, à l'image de cette scène où <strong>Mitchum </strong>erre sur la plage avec sa classe et contemple, impuissant, les fantômes des amants suscités par quelques traces de pas sur le sable.</p>
<p>Puis vient le temps de la dure réalité, qui anéantira toutes ces belles promesses oniriques. La dernière demi-heure du film, d'une grande brutalité à travers les thèmes du lynchage, du suicide et de l'exil, cristallise des divergences, des antagonismes et des conflits qui étaient restés relativement sous-jacents jusqu'alors. Dans les derniers regards que s'échangent Rose et Michael (l'idiot du village, au sens propre) au moment de se dire adieu, on reçoit en pleine face l'expression de ce dont ils ont souffert durant tout le film : au-delà de leurs différences aussi évidentes qu'innombrables, ce sont des parias, des marginaux, des monstres, des déviants. Lui, évidemment, aura subi les châtiments du village tout entier à cause de son handicap physique et mental. Elle, de manière plus progressive et détournée, se verra conspuée par une foule haineuse et édentée à cause de ses mœurs jugées immorales. Le personnage du major s'ajoute également à ces portraits de solitaires malgré eux, soldat de l'armée britannique envoyé en terre irlandaise inhospitalière et hanté par des traumatismes de guerre. Ces exclus éternels de la communauté, de par leurs différences qui ne seront jamais acceptées, participent à un autre paysage, beaucoup moins charmant et bucolique que celui des côtes irlandaises, d'une saisissante cruauté.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fille_de_ryan/.ombrelle_m.jpg" alt="ombrelle.jpg, nov. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fille_de_ryan/.mer_m.jpg" alt="mer.jpg, nov. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fille_de_ryan/.navire_m.jpg" alt="navire.jpg, nov. 2019" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/fille_de_ryan/.reve_m.jpg" alt="reve.jpg, nov. 2019" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Fille-de-Ryan-de-David-Lean-1970#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/721L'Aventurier du Rio Grande, de Robert Parrish (1959)urn:md5:cf7a28d4c93d15036b054ffde8aa51d62018-04-20T19:25:00+02:002018-04-20T21:19:48+02:00RenaudCinémaRobert MitchumSolitudeWestern <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventurier_du_rio_grande/.aventurier_du_rio_grande_m.jpg" alt="aventurier_du_rio_grande.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="aventurier_du_rio_grande.jpg, avr. 2018" /><div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I'm always betrayed by hope."</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>The Wonderful Country</ins> est un western vraiment bizarre : il y a un décalage étonnant entre ce qu'il aurait pu être, dans le fond, une puissante décharge mélancolique autour de la condition de <strong>Robert Mitchum</strong>, tiraillé entre deux pays et deux vies, et ce qu'il est, sur la forme, à savoir un western dont la mise en scène peine à magnifier sa teneur théorique. Ce n'est pas de l'ordre de l'indigence technique, loin de là, mais disons que <strong>Robert Parrish </strong>ne donne jamais vraiment toutes ses chances au contenu qui ne demande qu'à bourgeonner et éclore.</p>
<p>Et pourtant, le film dispose de nombreux arguments en sa faveur. Un personnage presque apatride, un Américain exilé au Mexique pour des raisons obscures qui seront révélées peu à peu au cours de l'intrigue, comme un étranger éternel avec sa tête mise à prix des deux côtés de la frontière. La question de l'identité, si elle est concentrée dans les va-et-vient du protagoniste, se retrouve essaimée un peu partout ailleurs, dans la présence de personnages secondaires Noirs ou Indiens — l'occasion d'une (seule et unique) scène d'action très efficace, très bien filmée. C'est une des branches auxquelles on se raccroche dans la première partie, le scénario étant relativement complexe, éparpillé, diffus, et son aspect confus sciemment entretenu.</p>
<p>La carte de la mélancolie est jouée très régulièrement, mais avec une sobriété qui permet un tel usage. Dans les traversées récurrentes des grandes étendues désertiques, magnifiquement cadrées sur la nature américaine, ou dans celles du Rio Grande que <strong>Mitchum </strong>franchira à plusieurs reprises, il tente même le lyrisme romanesque. C'est d'ailleurs la cristallisation d'une autre thématique essentielle du film, le questionnement moral du personnage principal qui a toutes les peines à trouver le mode de vie et les idéaux qui lui conviennent. Il est tiraillé entre son passé par-ci, un amour et des amitiés par-là, entre Mexique et États-Unis.</p>
<p>La femme qui suscitera une certaine émotion incarne aussi fortement que spontanément cette incertitude mélancolique : "<em>I'm always betrayed by hope</em>", dira <strong>Julie London</strong>, prisonnière d'un mariage qui ne la satisfait vraisemblablement pas, et à qui <strong>Mitchum </strong>répondra sereinement "<em>What we feel is not wrong</em>". À la fin, alors qu'il achève sa monture blessée et qu'il dépose ses armes, sa traversée du Rio Grande prendra des allures de renaissance sereine, empreinte de méditation et de réflexion sur sa condition. En toute sobriété.</p>
<div id="centrage"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventurier_du_rio_grande/.mitchum1_m.jpg" alt="mitchum1.jpg" title="mitchum1.jpg, avr. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/aventurier_du_rio_grande/.mitchum2_m.jpg" alt="mitchum1.jpg" title="mitchum2.jpg, avr. 2018" /> </div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Aventurier-du-Rio-Grande-de-Robert-Parrish-1959#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/508El Dorado, de Howard Hawks (1966)urn:md5:48153126befaad7b6e0838c7911dc7392017-09-04T17:25:00+02:002017-09-08T10:48:49+02:00RenaudCinémaHoward HawksJohn WayneRobert MitchumWestern <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/el_dorado/.el_dorado_m.jpg" alt="el_dorado.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="el_dorado.jpg, sept. 2017" /><div id="centrage">
<p><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"I'm lookin' at a tin star with a drunk pinned on it."<br /></strong></ins></span></p>
</div>
<p>Il y aurait de quoi trouver <ins>El Dorado</ins> très paresseux, comme un remake mal dégrossi de l'excellent <ins>Rio Bravo</ins> du même <strong>Howard Hawks </strong>sorti presque dix ans plus tôt. Les ressemblances sont bien trop nombreuses pour ne pas les envisager comme les deux faces d'une même pièce qui se répondent : <strong>John Wayne </strong>incarne un justicier ambivalent (John T. Chance en 1959 et Cole Thornton ici en 1967) en charge de faire respecter la loi suite à l'arrestation et l'emprisonnement d'un "méchant", il y a son ami alcoolique un peu malgré lui (<strong>Dean Martin </strong>/ Dude d'un côté, <strong>Robert Mitchum </strong>/ Jimmy de l'autre) qui a du mal à s'affirmer, un vieux briscard qui les aide dans leur tâche (<strong>Walter Brennan </strong>/ Stumpy et <strong>Arthur Hunnicutt </strong>/ Bugle), le jeune inexpérimenté de service (<strong>Ricky Nelson </strong>/ Colorado et <strong>James Caan </strong>/ Mississippi) et la femme amoureuse (<strong>Angie Dickinson </strong>/ Faethers et <strong>Charlene Holt </strong>/ Maud). Le lieu central est également le même, une prison à défendre contre des sbires cherchant par tous les moyens à faire s'évader leur patron, mais aussi le point névralgique des prises de décision et de l'organisation stratégique.</p>
<p>Vu sous cet angle, le jeu des correspondances, il s'agit presque d'un décalque...</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/el_dorado/.caan_m.jpg" alt="caan.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="caan.jpg, sept. 2017" /></p>
<p>Sauf qu'entre les deux films, dix années ont passé et tout ou presque a changé : <ins>Rio Bravo</ins> marquait le renouveau de <strong>Hawks </strong>après une série d'échecs (commerciaux, bien sûr, pas qualitatifs) et s'inscrivait dans le cadre d'un âge d'or du western, avec des figures emblématiques, vaillantes, fortes, courageuses, valeureuses, etc. À l'inverse, à la fin d'<ins>El Dorado</ins>, <strong>Wayne </strong>et <strong>Mitchum </strong>claudiquent dans la rue, avec leurs béquilles de handicapés, comme deux petits vieux en fin de soirée avec le col du fémur fracturé. Le ton n'a absolument rien à voir, et on est même tenté de faire le parallèle entre la fin des héros dans le film et la fin de carrière de <strong>Hawks </strong>dont ce sera l'avant-dernier film. À l'âpreté et la simplicité explosive du premier répondent la bonhomie et la complexité quelque peu artificielle du second.</p>
<p>Non, vraiment, les deux se ressemblent beaucoup mais n'ont en réalité plus grand chose à voir dès qu'on en gratte la surface.</p>
<p><ins>El Dorado</ins> ne manque pas de qualités intrinsèques, dans le registre du western, que ce soit dans le concours de grandes gueules dont nous gratifie un casting de très haute tenue, ou encore dans la mise en scène de certaines séquences extrêmement tendues comme par exemple celle de l'attaque de l'église. Une séquence aussi pesante que... comique : les coups tirés sur les cloches pour perturber les malfrats logés en haut du bâtiment ont de quoi surprendre. L'humour, d'ailleurs, au même titre que toutes les petites imperfections du film, contribue à en faire une œuvre très attachante.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/el_dorado/.reunion_m.jpg" alt="reunion.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="reunion.jpg, sept. 2017" /></p>
<p>Les dialogues sont à ce titre farcis de saillies comiques (la comédie, un autre genre de prédilection chez <strong>Hawks</strong> qui pénètre ici le western), entre les oublis répétés de <strong>Mitchum </strong>quant à l'identité de <strong>James Caan </strong>/ Mississippi, la description du remède de ce dernier contre la gueule de bois, la rivalité de mâles aussi bête que brinquebalante entre <strong>Wayne </strong>et <strong>Mitchum</strong>, les remarques cinglantes de la vieille canaille Bugle, et les tirades répétées à travers le film qui se font écho, à l'image du "<em>call it professionnal courtesy</em>" que se renvoient les deux principaux antagonistes (et qui sera repris dans <ins>John Wick 2</ins>, étrangement...). Même <strong>John Wayne </strong>se fout de la gueule de <strong>Robert Mitchum</strong>, ouvertement, on l'imagine de manière intra- et extra-diégétique, en se moquant de son incapacité à utiliser des béquilles de manière crédible.</p>
<p><ins>El Dorado</ins> se range clairement du côté de la gloire passée et de la célébration d'une époque révolue, comme en attestent aussi les génériques soufflant un vent nostalgique à travers leurs chansons. Il ne sombre toutefois pas dans l'œuvre réactionnaire, il se contente d'alimenter l'écho en clin d'œil à <ins>Rio Bravo</ins>. Les héros n'en sont plus vraiment, ils sont vieux, fatigués, incapacités par une balle logée près de l'épine dorsale chez <strong>John Wayne </strong>et par un alcoolisme violent, maladif, chez <strong>Robert Mitchum</strong>. Le dernier temps fort du récit, avec leurs handicaps respectifs à leur apogée, fait ainsi plutôt penser à un baroud d’honneur de la part d'une bande d'estropiés qu'à une dernière fulgurance de la part de héros. Comme un regard désabusé, en filigrane, un peu cynique mais assez lucide, sur les ravages du temps et sur la fin d'une ère.</p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/el_dorado/.duo_m.jpg" alt="duo.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="duo.jpeg, sept. 2017" /></p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/El-Dorado-de-Howard-Hawks-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/443