Je m'attarde - Mot-clé - Ruralité le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLa Jeune fille et les paysans (Chlopi), de Dorota Kobiela et Hugh Welchman (2023)urn:md5:0f0db5d4035845ce95f38951bacf42162024-03-25T09:38:00+01:002024-03-25T10:36:28+01:00RenaudCinémaAdultèreEmancipationFilm d animationJalousiePaysanPeinturePologneRotoscopieRuralité <div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/jeune_fille_et_les_paysans/jeune_fille_et_les_paysans_A.jpg" title="jeune_fille_et_les_paysans_A.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/jeune_fille_et_les_paysans/.jeune_fille_et_les_paysans_A_m.jpg" alt="jeune_fille_et_les_paysans_A.jpg, mars 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/jeune_fille_et_les_paysans/jeune_fille_et_les_paysans_B.jpg" title="jeune_fille_et_les_paysans_B.jpg, mars 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/jeune_fille_et_les_paysans/.jeune_fille_et_les_paysans_B_m.jpg" alt="jeune_fille_et_les_paysans_B.jpg, mars 2024" /></a>
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<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Destins animés</strong></ins></span></div>
<p>La formule présente dans <ins>La Passion Van Gogh</ins> est répétée en partie par <strong>Dorota Kobiela </strong>et <strong>Hugh Welchman </strong>: c'est par rotoscopie que les images de <ins>La Jeune fille et les paysans</ins> sont générées et animées, dans un second temps, après un premier tournage en décors et en acteurs réels. Le résultat visuel est époustouflant, on passe un bon moment au début à simplement contempler les tableaux s'animer sous nos yeux tout en songeant à la technique utilisée pour atteindre un tel résultat. On atteint presque la limite du procédé ici — avec lequel personne ne peut vraiment être parfaitement familier il me semble, les longs-métrages réalisés de la sorte se comptant probablement sur les doigts d'une main : en plus des deux déjà cités, seuls deux autres me viennent à l'esprit, <ins>A Scanner Darkly</ins> de <strong>Richard Linklater</strong> et <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Teheran-Tabou-d-Ali-Soozandeh-2017"><ins>Téhéran Tabou</ins></a> de <strong>Ali Soozandeh</strong> — en ce qui me concerne, car à de très nombreuses reprises, sur la durée, c'est presque comme si on voyait les images réelles derrière les peintures, avec un filtre très réaliste appliqué par-dessus. L'effet de surprise produit n'est pas du tout désagréable, bien au contraire, mais à la longue on en vient à se questionner sur l'intérêt profond d'une telle méthode et, de la sorte, on quitte de temps en temps le récit.</p>
<p>Là où <ins>La Passion Van Gogh</ins> avait un petit côté enquête documentaire, ce second film est quant à lui adapté d'un roman polonais (<strong>Władysław Reymont </strong>reçut le Prix Nobel de littérature au début du XIXe siècle à cet effet) qui plonge dans un village de campagne en pleine ébullition autour d'une femme prénommée Jagna. Elle est amoureuse d'un jeune paysan, lui-même déjà marié, mais c'est au père de ce dernier, riche propriétaire terrien, qu'elle sera contrainte de se marier, mettant en place les conditions pour un double adultère. C'était un roman assez avant-gardiste en matière d'émancipation féminine et de rejet des traditions locales, et il faut reconnaître que l'esthétique du film épouse admirablement bien l'évolution des émotions, au gré des saisons qui rythment l'effusion des sentiments.</p>
<p>Quelques scènes sont incroyablement hypnotisantes, comme par exemple celle des danses traditionnelles le jour du mariage qui interpelle vigoureusement autant par la menace qui enfle soudainement autour de la jeune femme que par la dimension esthétique captivante qui illustre le travail des quelque 150 artistes (chaque image est peinte à la main, il faut tout de même un peu de temps pour l'intégrer) qui ont travaillé sur le projet. Ces tableaux accompagnent agréablement la tragédie vaguement shakespearienne qui se noue dans un coin de campagne paysanne polonaise, à mesure que la jalousie et la haine des uns et des autres se développent, comme inéluctablement, avec pour point de chute une séquence finale particulièrement difficile. Très belle ultime image, à ce titre, d'un corps nu sali par le regard des malveillants et lavé par la pluie au milieu des champs.</p>
<p><em><ins>N.B.</ins> : On peut penser aux travaux de <strong>Rino Stefano Tagliafierro</strong> en matière de court-métrage animé, avec <ins>Beauty</ins> et <ins>Peep Show</ins>, dans lesquels il introduisait de légers mouvements au sein de grands tableaux.</em></p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Jeune-fille-et-les-paysans-de-Dorota-Kobiela-et-Hugh-Welchman-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1367L'Âne qui a bu la lune, de Marie-Claude Treilhou (1988)urn:md5:bac2c0862e800b8e0fedde599ee0b0f12024-01-23T10:01:00+01:002024-01-23T10:21:14+01:00RenaudCinémaAudeConteCorbièresFranceMarie-Claude TreilhouRuralité <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/ane_qui_a_bu_la_lune.png" title="ane_qui_a_bu_la_lune.png, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/ane_qui_a_bu_la_lune/.ane_qui_a_bu_la_lune_m.png" alt="ane_qui_a_bu_la_lune.png, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Une belle bande de fadas</strong></ins></span>
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<p>Encore un moment extrêmement collector, en toute subjectivité, pas trop éloigné du plaisir coupable mais que je trouve sincèrement attachant, déniché dans la filmographie de <strong>Marie-Claude Treilhou </strong>: elle avait tourné deux documentaires dans un petit village des Corbières, pas loin là où j’ai grandi, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Il-etait-une-fois-la-tele-de-Marie-Claude-Treilhou-1985"><ins>Il était une fois la télé</ins></a> et la même chose <ins>30 ans après</ins>, et je découvre à l'occasion de <ins>L'Âne qui a bu la lune</ins> le versant fictionnel de ses réalisations. Des histoires racontées à l’intérieur de l’histoire principale, sous la forme de contes bizarres qui se situent davantage du côté de la farce prosaïque que de la morale ou du merveilleux, très clairement. Le quotidien paysan n’est jamais loin, même si on explore d’autres territoires, comme la vie de village, le carnaval, ou encore les bandas, tous dans le département de l’Aude. L’illustration est parfois laborieuse, redondante, un peu poussive voire maladroite, mais jouit d’un charme sudiste évident — pour qui y est sensible a priori. Sur à peu près tous les plans techniques, un esprit objectif détecterait beaucoup de maladresses, mais difficile pour moi de lutter.</p>
<p>Un festival de patois local et de récits populaires issus du patrimoine occitan, qu'un grand-père raconte à son petit-fils, tandis qu'ils se baladent dans Labastide-en-Val. Les 5 contes parcourent la région des Corbières, entre Limoux et Lagrasse, alternant entre courtes anecdotes ("Les trois jeunes gens" ou le segment éponyme "L'âne qui a bu la lune") et récits vraiment trop longs par endroits ("Le moine changé en âne" et "Le carnaval"). Dans le tas, une étrangeté un peu lunaire, "Le cochon élu maire". Sans doute que pour des personnes étrangères à la culture régionale, ce film aura la saveur épicée du pittoresque un peu fantasque, mais à titre personnel ce fut avant tout une délectation sémantique avec sa ribambelle de mots de vocabulaire qui ont bercé mon enfance près des anciens (ba pla, fas cagat, macarel, tchaoupiner, escagasser, fadas, kabour, esquinter, atchouffer, s'escaner, s'esclaffer, espatarré, rouméguer). Manifestement la mise en scène fera souffrir la plupart des égarés tombés dessus par hasard, avec une direction d'acteurs très erratique, mais dont le côté résolument amateur alimente une certaine poésie rurale. L’immense majorité des acteurs et actrices du film n’est absolument pas professionnelle (il n'y en a peut-être aucun d'ailleurs), on reconnaît certaines têtes qui ont marqué le coin (Denis Bonnes par exemple, grande figure carcassonnaise), et l'ensemble fleure bon l'artisanat du sud, un peu bancal mais très attachant dans l’ensemble.</p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Ane-qui-a-bu-la-lune-de-Marie-Claude-Treilhou-1988#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1337L'Invaincu (অপরাজিত, Aparajito), de Satyajit Ray (1956)urn:md5:51d6b73f45c62bc9ebe62b4c55d20a762024-01-19T09:33:00+01:002024-01-19T09:53:37+01:00RenaudCinémaFamilleIndeMaladieMortRuralitéSatyajit RayVille <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/invaincu/invaincu.jpg" title="invaincu.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/invaincu/.invaincu_m.jpg" alt="invaincu.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Le tombeau des lucioles</strong></ins></span>
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<p>Ce deuxième film de la trilogie d'Apu réalisée par <strong>Satyajit Ray </strong>reprend exactement l'histoire du protagoniste là où on l'avait laissée à la fin de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Complainte-du-sentier-de-Satyajit-Ray-1955">La Complainte du sentier</a></ins> : Apu a désormais 10 ans (du moins durant la première partie du film, avant la grande ellipse qui le projettera dans les études à Calcutta), sa famille s'est installée en ville après les événements tragiques dans l'ancienne maison. Avec la même élégance de mise en scène et la même douceur de caméra, <ins>L'Invaincu</ins> observe dans un premier temps les habitudes de la famille, notamment le quotidien du père consistant à étudier des textes sacrés tout en se promenant sur les berges du Gange. Ce premier pan du récit sera brusquement interrompu par la maladie (suivie de la mort soudaine) de ce dernier, impulsant un nouveau mouvement, en sens inverse, puisque la mère Sarbajaya décidera de retourner s'installer à la campagne.</p>
<p>Même si la trilogie porte son nom il n'est pas tout à fait évident de déterminer si le personnage d'Apu est réellement le barycentre des événements et des sentiments. On peut quoi qu'il en soit concéder le poids des membres de sa famille dans son environnement, quand bien même chacun de ces membres n'aurait qu'un temps limité de présence — il faut dire que la mort frappe régulièrement dans ce coin de l'Inde. En marge de l'évolution d'Apu, de ses études, de son émancipation, la figure de la mère est ici omniprésente et <strong>Ray </strong>marquera fortement le parallèle existant entre la réussite (Apu décroche une bourse, il repart en ville pour étudier, il commence à développer une certaine autonomie) et le chagrin (Sarbajaya souffrira particulièrement de l'éloignement de son fils). Et on sait comment se finissent les tragédies familiales chez le cinéaste indien...</p>
<p>La forme très épurée de ce conte lui permet d'accéder à une forme d'universalité tout en conservant nombre de particularités idiosyncratiques, parmi lesquels je citerais en premier lieu la présence marquante des trains, de leurs allers-retours, et du symbole de changement de vie qu'ils contiennent. Quelques effets simples sont d'une beauté insoupçonnée, comme l'ellipse transformant Apu enfant en un adolescent simplement en se concentrant sur une lampe, un soir de lecture. La relation mère-fils étonne aussi, avec toute la délicatesse diffusée pour aborder cette relation d'amour mais aussi toute la dureté du dernier mouvement partagé entre émancipation et égoïsme. <strong>Ray </strong>se garde bien de juger son personnage principal, malgré toute l'émotion qui peut jaillir autour de celui de la mère, dont l'affliction est rendue tout à fait intelligible sans recourir au pathos. Et il propose deux séquences d'un éclat noir sidérant, deux symboles funèbres dont l'effet est saisissant, un dernier souffle paternel marqué par la soudaine envolée d'oiseaux et l'image d'une disparition maternelle s'effaçant dans la nuit éclairée de lucioles.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/invaincu/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/invaincu/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Invaincu-de-Satyajit-Ray-1956#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1333Un idiot à Paris, de Serge Korber (1967)urn:md5:a4d324f90a6794491c62a7cf164f9e4e2024-01-10T09:59:00+01:002024-01-10T09:59:00+01:00RenaudCinémaAgricultureAnarchismeBernadette LafontBernard BlierComédieDany CarrelFranceJean CarmetJean LefebvreMichel AudiardOrphelinParisPaul PréboistPierre RichardProstitutionRobert DalbanRuralitéVilleYves Robert <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/idiot_a_paris.jpg" title="idiot_a_paris.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.idiot_a_paris_m.jpg" alt="idiot_a_paris.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les pérégrination d'un bredin</strong></ins></span>
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<p>Dans la catégorie des films de l'ancienne France, avec virée rurale et excursion citadine, naviguant au sein d'un casting extrêmement touffu, avec d'énormes morceaux de truculence et de belles grandes gueules, et permettant de redécouvrir des tableaux quotidiens du siècle passé, <ins>Un idiot à Paris</ins> est un très bon élément. Je ne connaissais <strong>Serge Korber </strong>que de nom, associé à des productions qui me donnaient envie de fuir au plus vite (<ins>L'Homme orchestre</ins>, <ins>Sur un arbre perché</ins>, et plus récemment <ins>Les Bidochon</ins>), et voilà que me tombe sur le coin du museau cette comédie intelligente, bien plus fine qu'il n'y paraît, drôle et très agréable à suivre.</p>
<p>Le premier constat arrive rapidement : comment se fait-il que <strong>Jean Lefebvre </strong>n'ait pas eu davantage d'opportunités dans des rôles de premier plan ? Je l'ai toujours connu cantonné à des personnages de seconde zone, alors qu'ici il explose littéralement tout sur son chemin, interprétation parfaite d'un ouvrier agricole considéré comme l'idiot de la région qui se retrouve seul et paumé dans les rues de Paris suite à une mauvaise boutade de gens de son village. Un périple qui commencera dans les anciennes Halles de Paris, peu avant le transfert du marché vers Rungis : une vertu documentaire, donc, cette déambulation en ces lieux et premier contact avec la capitale pour le personnage.</p>
<p>Il y a aussi l'articulation vraiment bien foutue, un peu approximative mais toujours fluide, entre les différents personnages alors qu'il y en a une sacrée tripotée. Dans le village, le décor est planté avec <strong>Robert Dalban </strong>le maire et <strong>Bernadette Lafont </strong>sa fille, ainsi que quelques locaux ayant peu de considération pour celui que tous appellent le bredin, comme <strong>Jean Carmet</strong>. Côté ville, c'est là que l'activité s'accélère : le premier vrai contact se fait avec <strong>Bernard Blier</strong>, propriétaire d'un commerce de viande en gros issu de l'Assistance publique qui prendra le héros sous son aile par solidarité entre orphelins — et accessoirement premier réceptacle des grandes tirades de <strong>Michel Audiard</strong>, plutôt en forme dans ce film, évitant les excès désagréables. Puis une série de seconds rôles délicieux emplissent l'espace, <strong>Dany Carrel </strong>dans le rôle de la prostituée qui rêve de campagne et qui donnera confiance à <strong>Lefebvre</strong>, et plein de rôles mineurs mais tout aussi réjouissants comme <strong>Paul Préboist </strong>en gardien de parc, <strong>Yves Robert </strong>en habitant lunaire, ou encore le tout jeune <strong>Pierre Richard </strong>en gendarme. Une comédie étonnamment plurielle, familiale et anar, tendre et acide, récit initiatique et ode à la verdure.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/idiot_a_paris/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-idiot-%C3%A0-Paris-de-Serge-Korber-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1322Bandits à Orgosolo (Banditi a Orgosolo), de Vittorio De Seta (1961)urn:md5:b3f481b2478b2f8b0802f3d6acce17562023-11-14T15:50:00+01:002023-11-14T15:51:02+01:00RenaudCinémaBergerChasseEauElevageFuiteItalieMontagneMoutonNéoréalismeRuralitéSardaigneVittorio De Seta <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/bandits_a_orgoloso.jpg" title="bandits_a_orgoloso.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.bandits_a_orgoloso_m.jpg" alt="bandits_a_orgoloso.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Western des bergers sardes</strong></ins></span>
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<p>Au terme d'une décennie passée à réaliser des courts-métrages documentaires décrivant les aspects très diversifiés de corps sociaux italiens variés (parmi lesquels on peut citer les plus célèbres <ins>Isole di fuoco</ins> sur des éruptions volcanique en Sicile, <ins>Le Temps de l'espadon</ins> sur la pêche à la lance, <ins>Surfarara</ins> sur des mines de souffre ou encore <ins>Parabola d'oro</ins> sur des paysans siciliens), il n'est pas totalement étonnant de retrouver <strong>Vittorio De Seta</strong>, au détour de son premier long métrage, dans une fiction très largement perméable aux composantes documentaires. Et rurales, plus particulièrement, au travers de ces décors rocailleux des montagnes de Sardaigne magnifiquement capturées dans "Banditi a Orgosolo".</p>
<p>C'est ce qui frappe d'entrée de jeu : la profondeur des contrastes de l'image de <strong>Vittorio De Seta </strong>(lui-même directeur de la photographie et scénariste en plus de son poste de réalisateur), qui confère à la nature sarde une dimension incroyablement photogénique, avec dans les hauteurs les espaces partagés entre l'élevage et la chasse. Michele, avec son très jeune frère Peppeddu, s'occupe de son troupeau de moutons dans ce cadre magique, entre conditions extrêmes et vie recluse. L'arrivée de trois étrangers qui ont volé des cochons et recherchés à ce titre par les carabiniers, provoquant la mort de l'un de ces derniers, dégénèrera en quiproquo puisque Michele se retrouvera accusé à tort de tous ces méfaits. N'ayant aucune confiance en sa capacité à démontrer son innocence mais surtout par peur de perdre son bétail (son unique capital garantissant sa subsistance voire même sa survie) durant l'instruction et un probable séjour en prison, il choisit l'option de la fuite dans les montagnes.</p>
<p>Avec sa veine puissamment néoréaliste qui s'attache à décrire des hommes luttant contre la nature (le dénivelé en montagne, le stress hydrique qui affecte autant les hommes que les bêtes, la faim qui ne tarde pas à gronder aussi), <ins>Bandits à Orgosolo</ins> ressemble à une hybridation entre une tradition documentaire héritée de <strong>Flaherty </strong>(les montagnes ici sont l'élément contre lequel on bataille au même titre que la mer enragée dans <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Homme-d-Aran-de-Robert-Flaherty-1934">L'Homme d'Aran</a></ins>) et l'acharnement du sort contre une communauté au bord de la misère — il suffit de remplacer les pêcheurs de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-terre-tremble-de-Luchino-Visconti-1948">La terre tremble</a></ins> chez <strong>Visconti </strong>par des éleveurs. Les sentiments sont très variés ici, entre la défiance contre les représentants de l'autorité et le refus de se rendre et d'abandonner son troupeau, symbole de toute une vie, et ils sont parfaitement embrassés par les véritables bergers qui tiennent les rôles principaux dans ce western des montagnes. Le seul passage au cours duquel les protagonistes descendent de ces hauteurs, pour rejoindre leur famille dans un moment intime intense, rompt avec l'âpreté de la fuite et constitue un de ces moments incroyables, comme en apesanteur.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/bandits_a_orgoloso/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Bandits-a-Orgosolo-de-Vittorio-De-Seta-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1279La Peur (O Fovos), de Kostas Manoussakis (1966)urn:md5:f8f096243d571a75453ddf52c1dde0372023-10-10T14:36:00+02:002023-10-10T13:39:28+02:00RenaudCinémaFamilleFolieGrèceHomicideMortPaysanRuralitéSexeViolence <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/peur/.peur_m.jpg" alt="peur.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Profils paysans</strong></ins></span>
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<p>Dans un coin de campagne grecque des années 60, une famille de paysans propriétaires terriens : le père autoritaire, la mère effacée, la fille entre deux mondes, le fils dont le portrait laisse assez vite entrevoir des difficultés d'ordre psychiatrique, et leur jeune servante sourde-muette. Un jour, un drame survient, un homicide involontaire après une agression (sexuelle) plonge le foyer dans une crise tétanisante, en même temps qu'il lie malgré eux tous les membres de la famille dans la tragédie et dans la dissimulation du corps que père et fils iront jeter dans un lac avoisinant. Et ils pensent que cette virée macabre dans leur barque fendant les roseaux lacustres sonnera la fin des ennuis...</p>
<p>Il y a dans <ins>O Fovos</ins> un entrelacs de motifs assez classiques sur la thématique de l'oppression familiale, du carcan moral en milieu rural, et de tout un spectre de frustrations variées au milieu desquelles trône la frustration sexuelle (le fils subit durement sa trentaine vierge, pourrait-on dire pour résumer brutalement), qui aurait pu dans d'autres circonstances aboutir à un film convenu et paresseux. Mais <strong>Kostas Manoussakis</strong>, pour son troisième et dernier film, a su réunir autour de lui les talents de personnalités dont le travail, toutes proportions gardées, fait écho à celui de <strong>Tony Richardson</strong> pour <ins>Mademoiselle</ins> (1966) et <strong>Kaneto Shindō </strong>de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Onibaba-de-Kaneto-Shindo-1964">Onibaba</a></ins> (1964).</p>
<p><ins>La Peur</ins>, jolie pépite du cinéma grec, entraîne lentement mais sûrement dans une atmosphère malsaine, de temps en temps suffocante, pour dépasser de manière originale le simple statut d'énième film prenant pour thème les pérégrinations d'un frustré des campagnes aux tendances psychotiques. À vrai dire, la peur éponyme, c'est celle du coupable à l'origine de la tragédie auquel le film nous pousse (voire nous contraint) à nous identifier, à partager les angoisses et la sensation d'être considéré comme un animal par ses proches. Tout n'est pas réussi dans la mise en scène, mais la confection de cette ambiance sonore dérangeante avec ses musiques et bruitages dissonants, ainsi que la représentation des accès de folie tantôt incapacitante, tantôt violente, forment des atouts incontournables de cette vision de la ruralité loin de l'idylle. La scène finale qui met en scène un bal de mariage, avec chorégraphie des corps qui forment une ronde autour du protagoniste au creux d'un montage de plus en plus percutant qui s'accorde à la musique pour faire exploser l'animosité latente insoutenable, en marge de la découverte du corps, est vraiment exceptionnelle.</p>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Peur-de-Kostas-Manoussakis-1966#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1251Elvira Madigan, de Bo Widerberg (1967)urn:md5:e137a686d0d09f0b875e7a8b9864f1a12023-10-05T16:56:00+02:002023-10-05T16:56:00+02:00RenaudCinémaAmourBo WiderbergBonheurCirqueDanemarkDésertionRomanceRuralitéSuicideSuède <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.elvira_madigan_m.jpg" alt="elvira_madigan.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Tentative de fuite<br /></strong></ins></span>
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<p>Sans en avoir écumé tous les recoins, il m'en aura fallu du temps passé à parcourir la filmographie de <strong>Bo Widerberg </strong>avant de trouver le film combinant sujet et traitement qui parvient à m'émouvoir un peu plus que la moyenne basse. Ce ne sera donc pas du côté du biopic politique (<ins>Adalen 31</ins>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Joe-Hill-de-Bo-Widerberg-1971">Joe Hill</a></ins>) ou du thriller 70s (<ins>Un flic sur le toit</ins>, <ins>L'homme de Majorque</ins>) mais bien du drame romantique que les planètes se sont alignées.</p>
<p>On l'apprend dès le premier plan du film : Elvira Madigan était une artiste de cirque et funambule danoise tombée amoureuse d'un lieutenant de l'armée suédoise, le comte Sixten Sparre, et leur relation connut une fin sordide — ils se sont suicidés. Une histoire largement inconnue dans nos contrées mais visiblement très populaire au Danemark. <strong>Bo Widerberg </strong>confectionne son film de manière agréablement déconstruite, non-conventionnelle, presque expérimentale dans la manipulation de son rythme au gré d'un montage fractionnant les actions et nous propulsant immédiatement dans le vif du sujet. D'entrée de jeu c'est tout un souffle impressionniste (le chef opérateur a sans doute eu des toiles particulières en tête pour produire ces lumières et ces cadres) qui enveloppe la relation entre deux amants, sans qu'on ne dispose de tant d'éléments contextuels. Ce n'est que progressivement, et de manière totalement anecdotique, que l'on apprend qu'il s'agit d'un homme marié et père de deux enfants qui a déserté l'armée pour rejoindre cette femme et qu'elle a fui sa compagnie de cirque pour des raisons semblables.</p>
<p>Dans l'écrin bucolique de la campagne danoise de la fin du XIXe siècle, on voit dans un premier temps bourgeonner un amour fou. Ils passent leur temps à s'embrasser, à rire et manger, à passer du bon temps dans une bulle éloigné de tout. Et d'éloignement justement il sera beaucoup question, puisque chacun de leur côté, les amants s'écarteront peu à peu de leurs amis, de leurs devoirs, de leurs familles. Mais le bonheur est intense alors qu'importe... Jusqu'à ce que la situation devienne de plus en plus pesante. C'est d'abord un ami qui cherche à faire rentrer le déserteur dans les rangs (autant qu'au foyer avec femme et enfants) et lui éviter une fusillade inévitable, puis l'angoisse grandissante d'être démasqués dans un coin pourtant reculé, à mesure que les annonces se font plus persistantes dans les journaux. Puis vient le temps de la précarité économique, fatalement, à force de vivre d'amour et d'eau fraîche...</p>
<p><strong>Bo Widerberg </strong>a trouvé une tonalité très attachante pour son élégie tournée vers un couple amoureux se coupant involontairement du réel, les amenant malgré eux à une forme d'inadaptation fondamentale. Il parsème ses tableaux champêtres de douceurs symboliques, comme un proto-<strong>Malick</strong>, et fait évoluer certains schémas vers des registres de plus en plus inquiétants — à ce titre, l'actrice <strong>Pia Degermark </strong>dégustera au début des framboises sauvages avant de goûter, à la fin, à des baies toxiques qui la feront vomir. Et le regard qu'elle échange avec <strong>Thommy Berggren </strong>lorsqu'elle renverse la bouteille de vin rouge sur la nappe blanche, un plan qui marque autant que celui lors du mariage au début de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Voyage-au-bout-de-l-enfer-de-Michael-Cimino-1978">Voyage au bout de l'enfer</a></ins>, contient tout le potentiel dramatique de la tragédie à venir.</p>
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