Je m'attarde - Mot-clé - Skate le temps d'un souffle<br />2024-03-29T14:52:11+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLos Reyes, de Iván Osnovikoff et Bettina Perut (2018)urn:md5:3df3186295e92c5c9c1e14b17fb543002023-11-04T15:41:00+01:002023-11-04T15:45:04+01:00RenaudCinémaChienChiliDocumentaireSkate <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/reyes.jpg" title="reyes.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/.reyes_m.jpg" alt="reyes.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Deux chiens et un skate-park</strong></ins></span></div>
<p>Je trouve ça assez fou comment les réalisateurs chiliens <strong>Iván Osnovikoff </strong>et <strong>Bettina Perut </strong>sont parvenus à rendre captivante (durant un certain temps au moins) la vie de deux chiens errants qui ont élu domicile dans un skate-park de Santiago — dont le nom, Los Reyes, pourrait très bien faire références aux animaux tant ils semblent régner sur les environs par l'entremise de la mise en scène. Ce qui transparaît d'emblée, c'est le temps passé sur les lieux (deux années a priori) qui se ressent dans la continuité au fil du temps et du montage, pour illustrer différents aspects de leur quotidien canin. J'aime aussi beaucoup l'idée que le sujet se soit imposé à eux alors qu'à la base, ils voulaient faire un documentaire sur les skateurs du coin — ils ont trouvé un autre sujet au hasard de leurs captations sur place, même si quelques conversations entre humains ont été conservées dans la bande sonore d'un film essentiellement dépourvu de dialogues.</p>
<p>Car ce n'est que ça, <ins>Los Reyes</ins> : deux chiens qui errent dans un parc. Rien de plus. Et pourtant, après avoir vu le film, impossible de ne pas se sentir proche de Chola et Fútbol tant le docu a su en tirer deux portraits extrêmement poussés. Chacun est doté de sa personnalité propre, avec pour trait principal le vieux chien dont l'aboiement semble usé jusqu'à la corde et qui passe son temps à trimballer divers objets (bouteilles et cailloux notamment, la diversité des trucs dans sa gueule est un motif comique récurrent), et la chienne plus jeune qui joue souvent avec une balle ou un ballon sur le rebord du skate-park et qui donne l’impression de faire la loi en pourchassant (gentiment) les vélos, les chevaux, les ânes, etc. On parle bien de deux chiens, et les portraits sont d'une tendresse incroyable et d'un humour génial. La complicité entre les deux est souvent esquissée, partagée entre leur errance profonde et les quelques jeux qu'ils partagent, avec quelques notes surréalistes comme lors du festival qui les a expulsés un temps en marge de leur terrain favori. Autant dire que quand Chola se retrouve toute seule à la fin, c'est un véritable crève-cœur.</p>
<p>Quelques passages brefs montrent les conditions délicates de vie pour les animaux, entre chaleur extrême, pluies récurrentes (ils ont des niches de fortune quand même), et la nuée d'insectes qui maltraitent Fútbol — surtout sur la fin... Parfois des parallèles sont tentés entre les ados, qui ont pour certains déserté le domicile familial, et les chiens. Mais le plus appréciable et de loin, c'est la proximité que les réalisateurs ont réussi à construire avec les chiens, leur permettant à terme de réaliser une quantité de séquences impressionnante, que ce soit en gros plans (les truffes, les yeux, les coussinets qui ressemblent à des formations géologiques, ou ce plan génial d'une mouche piquant la patte et laissant s'échapper une goutte de sang) ou en plans plus larges (de très beaux cadres pour donner une idée de l'ambiance urbaine), de jour comme de nuit.</p>
<p>Les limitations du film restent assez visibles et refont surface à la fin : il y aura eu beaucoup de remplissage, que ce soit par des plans "esthétiques" (gros plans), des essais divers (caméra sur un skate) ou encore des dialogues pas follement pénétrants. Sans surprise, le film est dédié à Fútbol, et le fait qu'il s'agisse
d'un animal parmi d'innombrables autres, qu'un regard attentif et
patient a su nous rendre aussi attachant au fil de son vieillissement,
est quand même drôle et émouvant.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/reyes/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Los-Reyes-de-Ivan-Osnovikoff-et-Bettina-2018#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1268Minding the Gap, de Bing Liu (2018)urn:md5:fa1b96c98d43c03d64dfd5f335f5dd2b2022-05-04T21:37:00+02:002022-05-04T20:43:54+02:00RenaudCinémaAmitiéDocumentaireFamilleFemmeSkateViolence <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/minding_the_gap/.minding_the_gap_m.jpg" alt="minding_the_gap.jpg, mai 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>This machine cures heartache<br /></strong></ins></span>
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<p>Bing Liu a mis à profit sa caméra pendant 12 ans pour suivre l'évolution de deux de ses amis skateurs, depuis la fin de l'adolescence jusqu'au début de l'âge adulte, et le résultat est ce "Minding the Gap". Un témoignage particulièrement émouvant, et vraiment surprenant dans la diversité des thèmes qu'il aborde, loin de ce que peuvent laisser suggérer les premiers temps du documentaire. Dans une première partie, c'est avant tout l'histoire de trois potes qui font du skate dans leur ville natale, Rockford, dans l'Illinois, en pleine Rust Belt. Ils sont particulièrement doués, ça on ne le leur enlèvera pas, et l'un deux, Keire, finira carrément skateur professionnel et sponsorisé. Mais peu à peu, le film aborde quelque chose de tout à fait différent, à mesure que ces ados mûrissent et découvrent la complexité d'autres mondes : le boulot, le fait d'être parent, et la résurgence de traumatismes passés.</p>
<p>Tout va pour le mieux pour les trois amis jusqu'à ce qu'on commence à sentir que quelque chose cloche dans le couple formé par Zack et sa copine Nina. C'est clairement le début des emmerdes et de tout un sous-texte dramatique qui enflera jusqu'à la fin du docu. On embarque soudainement dans une dimension insoupçonnée, la maltraitance, avec des témoignages sur des femmes battues d'une part et sur des enfants violentés d'autre part. Au milieu de tout ça, le skate. Dans un premier temps, on voyait bien cette activité comme un moyen de s'échapper du carcan familial oppressant, dans cette banlieue américaine morose loin des cartes postales et de l'American Dream. On voit écrit sur le skate de Keire un "this machine cures heartache" très évocateur. On ressent parfaitement l'importance de l'appartenance à un groupe social, avec la création d'une communauté et tout ce qui l'entoure. Mais une fois franchie la barrière de l'âge adulte, le motif de l'évasion change du tout au tout.</p>
<p>Et c'est là que "Minding the Gap" touche incroyablement juste, quand il expose une relation amicale vieille de plus d'une dizaine d'années, celle de Bing avec Zack et Keire, à des questionnements sur les violences commises par l'un d'entre eux, ou encore sur les traumatismes refoulés liés à de la maltraitance infantile. Peu à peu, l'univers idéalisé des adolescents, avec tous leurs rêves de skatepark indoor, s'effondrent brutalement. On entre dans le dur de la vie adulte, avec les boulots alimentaires à la con, les disputes de couple qui se terminent par un divorce et le versement d'une pension alimentaire, et des confrontations avec les parents particulièrement délicates. Progressivement le poids du passif familial se dévoile sur ces trois existences, et même si certaines séquences comportent une dose de violon trop indigeste, il est bien difficile de ne pas être ému par ces relations d'amitié contrariées et ces existences malmenées.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/minding_the_gap/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, mai 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/minding_the_gap/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, mai 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/minding_the_gap/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, mai 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Minding-the-Gap-de-Bing-Liu-2018#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/105390's, de Jonah Hill (2018)urn:md5:f775c3a224cbb5c4b68b266e0198e7262019-04-09T11:06:00+02:002019-04-09T11:06:00+02:00RenaudCinémaAdolescenceEnfanceRécit d apprentissageSkate <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/90-s/.90-s_m.jpg" alt="90-s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="90-s.jpg, avr. 2019" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Boys in the hood</strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Mid90s</ins> confirme, non sans un certain plaisir, qu'on peut raconter un peu toujours les mêmes histoires, sans faire preuve d'une grande originalité dans le fond, sans que le résultat ne soit barbant ou pénible, grâce à un mode d'expression particulier. On aurait tendance à l'oublier avec le gavage industriel planétaire dont on fait l'objet (depuis toujours), avec les mêmes filons exploités jusqu'à la moelle et autant d'inclinations plus ou moins masochistes, mais il reste encore tellement d'approches et de sensibilités cinématographiques à inventer... Et c'est <strong>Jonah Hill</strong>, le gros lourdaud connu entre autres pour son rôle dans des délires comiques potaches (du type <ins>21 Jump Street</ins>, plutôt réussi dans le genre), qui fait la leçon de sobriété à l'occasion de sa première réalisation, sous la forme d'un récit d'apprentissage. Le cadre : un gamin un peu paumé d'une famille dysfonctionnelle trouve un second foyer, une seconde source de chaleur auprès d'une bande de skateurs plus âgés dans le Los Angeles des années 90. Peut-être que le créneau choisi (temporel et thématique) tombe par hasard pile poil là où ça me parle, c'est une hypothèse qu'il ne faut pas négliger, mais il me semble que même indépendamment de cela, le film vise juste.</p>
<p>Que ce soit le protagoniste de 13 ans <strong>Sunny Suljic </strong>(le fils de <strong>Colin Farrell </strong>et <strong>Nicole Kidman </strong>dans <ins>La Mise à mort du cerf sacré</ins>) ou certains de ses potes skateurs (<strong>Olan Prenatt </strong>un blondinet aux longs cheveux bouclés étonnamment féminin par moments, ou <strong>Na-kel Smith </strong>avec sa bonhomie non-feinte), le casting respire la sincérité et la tendresse très naturelles. C'est bien plus qu'un simple "on y croit", c'est de l'ordre de l'alchimie captée on ne sait trop comment, sans artifice, sans procédé technique particulier. Plein de petits trucs à la con, des premières fois, des engueulades, des découvertes, des expérimentations, des gamelles : tout un décorum qui me parle instantanément, sans forcer. Qui plus est serti d'un regard à la hauteur parfaite, celle du jeune ado tout juste sorti de l'enfance, pas trop loin du regard d'un <strong>Larry Clark</strong> — en beaucoup moins sale et poisseux.</p>
<p>Le tableau peut paraître un peu trop lisse, un peu trop propre, un peu trop simple, mais il propose néanmoins une plongée assez prenante dans les années 90. Le hasard m'a fait regarder le lendemain un film réellement ancré dans cette période-là, en l'occurrence <ins>Boyz N the Hood</ins> (1991), et les passerelles stylistiques entre les deux films sont étonnantes, alors que trente années les séparent : on mesure ainsi le soin apporté ici à la retranscription de cet univers. C'est presque de l'ordre du revival nostalgique, après la mode des années 80 de ces dernières années. L'immersion est totale, par la musique, par le skate, par les habitudes, par l'ambiance, par les préoccupations, par le format, et même par le style graphique. Il n'y a pas de grands enjeux narratifs, pas d'accès de sentimentalisme ni de misérabilisme. Les complications familiales ne sont pas soulignées avec insistance, la modestie reste de rigueur. Et de cette finesse découle une certaine justesse dans le portrait de groupe, dans le vent de liberté qui souffle timidement, dans ce sentiment d'appartenance grandissant.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/90-s/.groupe_m.jpg" alt="groupe.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="groupe.jpg, avr. 2019" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/90-s-de-Jonah-Hill-2018#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/636