Je m'attarde - Mot-clé - Suicide le temps d'un souffle<br />2024-03-29T08:45:23+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearRequiem pour un massacre (みな殺しの霊歌, Minagoroshi no reika), de Tai Katō (1968)urn:md5:ce719360f7ba38e0a21d9e96b0a6b7592024-02-15T09:59:00+01:002024-02-15T10:01:09+01:00RenaudCinémaAssassinatEnquête policièreJaponMakoto SatôSuicideTai KatōThrillerTueur en sérieViolence <div id="centrage"><a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_A.png" title="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_A_m.png" alt="requiem_pour_un_massacre_A.png, févr. 2024" /></a> <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/requiem_pour_un_massacre_B.jpg" title="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.requiem_pour_un_massacre_B_m.jpg" alt="requiem_pour_un_massacre_B.jpg, févr. 2024" /></a> </div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"The cycle of divine punishment must be fulfilled."</strong></ins></span>
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<p><ins>Requiem pour un massacre</ins> (rien à voir avec <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Elem-Klimov-1985">le célèbre film de <strong>Elem Klimov</strong></a> ), aussi connu sous son titre international "I, the Executioner", est un excellent représentant — bien que très méconnu — de ce que le cinéma japonais des années 60 pouvait produire de conséquent en matière de film âpre, violent, extrêmement stylisé avec des contrastes tranchants en noir et blanc, et d'une noirceur presque tétanisante. <strong>Tai Katō </strong>s'embarque dans un thriller à la croisée des genres suivant un tueur en série dont l'identité ne sera à aucun moment cachée, et dont les intentions autant que les déséquilibres constitueront à la fois les enjeux, le mystère et l'intérêt principal de l'intrigue.</p>
<p>La première séquence est un concentré de fureur brutale, montrant l'assassinat sauvage d'une femme par un inconnu qui la force à inscrire le nom de quatre autres femmes sur un bout de papier. L'inconnu, c'est <strong>Makoto Satô</strong>, une gueule rare vue chez <strong>Kurosawa </strong>ou <strong>Teruo Ishii</strong>, et si rien ne nous est dissimulé du meurtre et des personnages, on ignore totalement le contexte et l'origine de la frénésie morbide qui anime le tueur. Une séquence d'introduction servie dans toute sa crudité, sans précaution, avant le générique, forcément marquante (une violence qui limite le visionnage à un public averti) et qui instaurera directement un climat austère et angoissant, en écho avec les autres à venir... Car le meurtrier en veut à cinq femmes pour une raison précise qui sera révélée tardivement, en lien avec le suicide d'un adolescent de 16 ans.</p>
<p>Si l'on est initialement aussi dérouté que semblent l'être les policiers en charge de l'enquête, à la différence près que l'on suit en presque totale omniscience les agissements du tueur, c'est en premier lieu la nature hybride du film qui frappe. Un thriller qui fera peser la révélation le moment venu, on le sent assez rapidement, mais surtout une variation un peu étrange de film noir qui s'approcherait d'un proto-giallo en version japonaise tout en mettant en scène un anti-héros se prenant pour un agent de la justice divine à l'œuvre dans un Japon dépravé d'après-guerre — il le dira explicitement lui-même : "The cycle of divine punishment must be fulfilled".</p>
<p>Au final le lien qui existe entre le suicide de l'adolescent et la folie meurtrière qui sème des corps mutilés de femmes sur son chemin, s'il constitue le centre de la trame scénaristique, se révèle beaucoup moins intéressant et prenant que le renversement sous-jacent opéré sur des valeurs traditionnelles. Les policiers l'avoueront à demi-mot : s'il était question du viol d'une jeune fille, ils ne se poseraient de question et condamneraient promptement la chose en la prenant très au sérieux. Mais comme il s'agit d'un garçon, leur lecture instinctive tend dangereusement vers la partie de plaisir inopinée, vers la réalisation d'un fantasme, et au final quelque chose qui ne mériterait presque pas d'investiguer. On ne mesure sans doute pas l'ampleur du discours à l'échelle de la société en question (le Japon des années 1960), mais il conserve une très large part d'universalité, en s'appuyant sur les statistiques en matière de violences sexuelles qui rendent difficiles pour certains, a minima peu naturel pour tous, l'appréciation d'une victime masculine. Cela n'empêche pas <strong>Tai Katō </strong>de faire le portrait d'un tueur misogyne (visions en ce sens plus classique au cinéma), investi d'une mission presque surnaturelle, concernant des faits et des personnes qui ne le concernaient pas, et se transformant en un mélange de juge, jury et bourreau dont le point d'orgue se matérialisera à l'écran à la faveur d'une incandescence aveuglante et très marquante.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/img1.png" title="img1.png, févr. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/2024/requiem_pour_un_massacre/.img1_m.png" alt="img1.png, févr. 2024" /></a>
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Requiem-pour-un-massacre-de-Tai-Kato-1968#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1350Écrits fantômes : Lettres de suicides (1700-1948), de Vincent Platini (2023)urn:md5:54d0a93d0ae6b7f7e6f53c9afa99f8732024-02-01T17:22:00+01:002024-02-01T17:26:29+01:00RenaudLectureEsthétiqueLettreMortSuicide <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/ecrits_fantomes.jpg" title="ecrits_fantomes.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/.ecrits_fantomes_m.jpg" alt="ecrits_fantomes.jpg, janv. 2024" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Exploration de la littérature "thanato-épistolaire"</strong></ins></span>
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<p><ins>Écrits fantômes</ins> traite d'un sujet peu commun et selon une méthode tout aussi originale : les lettres de suicide chez le commun des mortels, éloignées des écrits célèbres et publiés, fruit d'un travail de recherche s'étalant sur plusieurs années à fouiller diverses archives françaises et à trouver le bon angle d'attaque pour synthétiser, agencer et présenter les résultats. Il est par exemple parfaitement clair que <strong>Vincent Platini</strong> cherche à tout prix à éviter la fascination morbide, façon cabinet de curiosité, et à respecter les familles et les descendants — ce pourquoi les lettres datant de moins de 75 ans ont été anonymisées. Selon une dizaine de cercles thématiques qui n'interdisent pas les zones de recouvrement, l'ouvrage parcourt de nombreux documents et d'aussi nombreuses situations qui ont poussé des hommes et des femmes à mettre fin à leurs jours (ou, parfois, à tenter de le faire) sur une période allant de 1700 à 1948.</p>
<p><strong>Platini </strong>donne très peu d'informations en préambule de son travail, à dessein, pour ne pas écraser le sens des lettres avec une lecture prédéterminée : il faudra attendre la fin du livre (voire écouter des émissions comme celle-ci : <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/poesie-et-ainsi-de-suite/lettres-de-suicide-se-reinventer-in-extremis-3913600">lien France Culture</a>) pour comprendre comment les données ont été agrégées, quelles pistes de réflexion ont été suivies. C'est très volontairement qu'il n'indique pas comment il faut s'y prendre pour appréhender le contenu, si ce n'est "le respect des souffrances les attentions de la lecture" que ces écrits méritent. On se familiarise cependant assez vite avec les différents registres : chaque lettre est précédée d'une contextualisation plus ou moins extensive en fonction des éléments dont on dispose, à l'intérieur de chaque thème on suit un classement chronologique, et les écrits sont soit des retranscriptions de sources primaires soit des rapports de police qui avaient au moment des faits recopié leur contenu. Fait notable, presque primordial : <ins>Écrits fantômes</ins> conserve les graphies phonétiques des lettres de suicides, avec toutes les fautes et toutes les ratures révélant leur part du contexte (avec quelques reproductions des documents originaux), ainsi que des indications concernant les supports — le beau papier à l'intérieur d'une enveloppe cachetée, la feuille de brouillon froissée, les différentes mentions des autorités qui ont collecté les preuves. Un travail d'orfèvre et de pionnier sur un sujet peu étudié, pour ne pas dire occulté.</p>
<p>Ainsi se plonge-t-on dans la vie d'inconnus ayant pris la plume pour un ultime message, autant de scripteurs se déclarant auteurs de leur mort. <strong>Platini </strong>parle d'objets appartenant à une "littérature thanato-épistolaire" qui mettent en scène un suicide pour donner à ces derniers instants une certaine esthétique. Il est souvent question du destinataire à qui on s'adresse, et parfois, de manière détournée et déterminée, à qui on ne pense pas, explicitement (en rédigeant une lettre à la voisine et une au commissaire mais rien au mari qui trouvera le corps, on affirme quelque chose). Il n'y a rien d'indécent, rien de sordide : tout y est consigné avec un respect très approprié, respect pour les personnes et pour les éléments factuels qui esquissent des circonstances et qui laissent s'échapper des fragilités évidentes.</p>
<p>La puissance de certaines lettres est sans comparaison, exprimant sans cesse des sentiments différents, des situations variées. On y croise des de temps en temps des suicides ratés, mais plus souvent des dernières volontés transmises à un proche. Les écrits sont parfois extrêmement laconiques, ici un simple "J'en ai marre", "adieu s'est pour toujour voila ma fin", "Lasse de souffrir / adieu" et là quelques mots d'une phrase incomplète, parfois beaucoup plus profus avec un attachement fort à expliciter les circonstances jusque dans leurs moindres détails. Il y a ceux qui s'y reprennent à plusieurs fois, en complétant la lettre d'adieux en conséquence, et il y a ceux qui font le récit détaillé des derniers moments, dans l'attente de la mort en décrivant méthodiquement les symptômes de l'intoxication allant crescendo. Certains entraînent avec eux leurs petits-enfants ou leurs animaux de compagnie, d'autres en couple se réjouissent à l'idée de savoir leurs os réunis dans un même cercueil.</p>
<p>Bien que ce ne soit pas le but premier recherché, il se dégage de ces écrits un regard sur l'histoire, sur l'évolution du sens derrière l'écriture d'un terme comme "adieu" sur deux siècles, sur la transformation des modes de suicide : on se fait brûler la cervelle avec une arme à feu en uniforme, on se jette du haut d'un immeuble, on s'empoisonne à l'aide de divers produits chimiques, on se noie, on s'asphyxie au charbon puis, plus tard, au gaz. Le cadre est en tous cas fixé d'un côté par le tout début du XVIIIe siècle car très peu de lettres existent antérieurement, et de l'autre côté par l'année 1948 après laquelle le nombre de lettres explose. Si ce genre de documents témoigne du choix de leurs auteurs, ce contre quoi il se fait, quels points de résistance il oppose, comment il se déterminait et se représentait, <strong>Platini </strong>rappelle à juste titre qu'il existe un sérieux biais dans les informations recueillies : "la missive réussie est celle qu'on ne retrouve pas, puisqu'elle est parvenue à destination. Les lettres restantes proposent une image déformée".</p>
<p>On apprend ainsi qu'on se détermine très souvent contre quelque chose : contre l'institution (l'armée par exemple), contre la famille, contre le harcèlement, contre la tyrannie. Les sujets se déclarent dans un contexte amoureux, politique, ou malade. L'occasion également d'observer l'évolution de l'image renvoyée par l'acte du suicide, un acte considéré comme criminel jusqu'en 1791 (on garde au frais un cadavre suspect, on lui fait un procès, on le supplicie) dont la perception se transforme progressivement. Les personnes qui se suicident mentent régulièrement dans leurs lettres, des escrocs se font passer pour des victimes, des fugitifs simulent leur mort pour tromper la police. Certaines lettres sont en grande partie incompréhensibles : "Set engale je fine ma vie a te piere je te pardon de tou le peine te tue ma couse tue a fait mon maleure tache de feire le bonneure de notre que tu aime meu que moy". Elles parlent toutes d'amour, de déshonneur, de honte, de maladie, de religion, de famille, et certaines parviennent même à être drôles. On est quoi qu'il en soit très loin de l'anthologie et du spectaculaire, de l'obscène et du voyeurisme : on entre très paisiblement, avec beaucoup de précautions et d'empathie, dans ce recueil de vies brisées. Des lettres d'inconnus, anecdotiques, mais d'une richesse incroyable dans cette dernière image de soi.</p>
<p>Un exemple de lettre assortie de son contexte :</p>
<blockquote><p>Vers 6 h 30 du matin, on frappe à la porte d’une chambre de l’hôtel de Biron. François Emmanuel, chasseur au service du duc de Biron, vient ouvrir. C’est un dénommé Joly Coeur, cavalier de la maréchaussée, qui vient rendre visite à un ami : Brem, dit Birner, jeune brigadier du régiment des hussards de Lauzun, occupe une chambre au premier étage en sa qualité de sous-secrétaire du duc. Joly Coeur est inquiet. Il a trouvé sur la porte de Brem un écriteau lugubre. Les deux hommes montent. Une demi-feuille de grand papier est accrochée à l’entrée. On peut y lire ces mots, écrits en travers et ornés d’une accolade :<br /><br />
Ne vous effraiés point en entrant<br />
car vous me trouverrés<br />
Parti pour l’autre monde.<br />
Envoiés tout de suite la lettre à Mr Mis<br />
qui est sur la table et ne toucher à Rien<br />
et n’envoiés rien quil ne soit venu.<br /><br />
[Papier à lettres, 31 × 20 cm, encre noire.]</p>
</blockquote>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/img1.jpg" title="img1.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/img2.jpg" title="img2.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/img3.jpg" title="img3.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, janv. 2024" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/img4.jpg" title="img4.jpg, janv. 2024"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/LECTURE/2024/ecrits_fantomes/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, janv. 2024" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ecrits-fantomes-Lettres-de-suicides-1700-1948-de-Vincent-Platini-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1340La Dame de tout le monde (La signora di tutti), de Max Ophüls (1934)urn:md5:a252e534b1169db6c4454d4110b434712023-12-04T10:12:00+01:002023-12-04T10:12:00+01:00RenaudCinémaAmourChirurgieFemmeIsa MirandaItalieMax OphülsMélodrameScandaleSolitudeSuicideTournage <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/dame_de_tout_le_monde.jpg" title="dame_de_tout_le_monde.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.dame_de_tout_le_monde_m.jpg" alt="dame_de_tout_le_monde.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Les raisons de la solitude</strong></ins></span>
</div>
<p>L'unique incursion de <strong>Max Ophüls </strong>dans la production italienne est en grande partie liée à sa volonté d'échapper à la menace nazie de son Allemagne natale (chose un peu étonnante donc, que d'aller se réfugier chez les fascistes, m'enfin bon). Dans le sillon du mélodrame ayant pour figure centrale une femme, c'est vrai que <ins>La signora di tutti</ins> évoque une sorte d'ascendant de <ins>Lola Montès</ins> qu'il réalisera presque 20 ans plus tard, l'histoire d'un drame au travers des rencontres d'une vie toute entière. Mais ici, personnellement je n'ai pas ressenti la délicatesse tragique de, par exemple, <ins>Letter from an Unknown Woman</ins> : au contraire, à part quelques belles fulgurances, la charge sentimentale m'est apparue quelque peu poussive.</p>
<p>Rien à redire au sujet de l'introduction : excellente entrée en matière, avec la discussion entre deux hommes au sujet d'une femme absente, le parcours de l'un d'entre eux à travers un plateau de cinéma pour aller retrouver cette personne, et la découverte du drame, il tombe sur une tentative de suicide. Allongée sur la table opératoire où les chirurgiens vont tenter de la ranimer, à moitié consciente, la descente de l'arrivée de gaz pour l'anesthésie enclenche une série de flashbacks qui constituera l'intégralité du récit — avant une conclusion de quelques instants, de retour au temps présent, pour un final qui, disons, enfonce le clou du tragique. Très belle image cela étant dit de l'impression de l'affiche du film (dans le film) qui s'arrête brutalement, mettant les machines à l'arrêt en même temps que la tragédie se noue.</p>
<p>La construction du personnage dans toutes ses douleurs presque paradoxales est pourtant très belle : elle aborde de front la thématique de la solitude qui peut se cacher derrière le vernis faussement réparateur de la célébrité. Car si Gaby Doriot a tenté de se suicider, c'est bien parce qu'elle aura été privée toute sa vie d'un amour authentique, loin des aventures superficielles et des scandales qui ont rythmé les apparences. Le mélodrame est malgré tout un peu trop chargé à mon goût, le scénario donne l'impression de s'essouffler assez vite et de s'enliser dans les environs de son objectif. On voit poindre un questionnement autour de sa responsabilité dans cette solitude, plusieurs conceptions s'opposent ("elle était victime" contre "elle l'a un peu cherché" pour le résumer brutalement), mais je n'ai pas totalement plongé dans le portrait de cette femme maudite. <strong>Isa Miranda</strong> est en revanche vraiment incroyable, une cousine italienne de <strong>Dietrich </strong>et <strong>Garbo</strong>.</p>
<div id="centrage">
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img1.png" title="img1.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img1_m.png" alt="img1.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img2.png" title="img2.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img2_m.png" alt="img2.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img3.png" title="img3.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img3_m.png" alt="img3.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img4.png" title="img4.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img4_m.png" alt="img4.png, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/img5.png" title="img5.png, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/dame_de_tout_le_monde/.img5_m.png" alt="img5.png, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Dame-de-tout-le-monde-de-Max-Ophuls-1934#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1296Le Pavillon d'or (炎上, Enjō), de Kon Ichikawa (1958)urn:md5:05365d6d59f8e8cc436a888b2b287fbf2023-11-23T11:40:00+01:002023-11-23T11:40:00+01:00RenaudCinémaBouddhismeFeuIncendieJaponKon IchikawaKyotoRaizō IchikawaReligionSuicideTatsuya NakadaiYukio Mishima <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/pavillon_d-or.jpg" title="pavillon_d-or.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.pavillon_d-or_m.jpg" alt="pavillon_d-or.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Brûle ce que tu as adoré</strong></ins></span>
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<p>Quand <strong>Kon Ichikawa </strong>adapte un récit de <strong>Yukio Mishima </strong>(lui-même inspiré d'un événement survenu en 1950), le résultat tranche assez fortement dans le ton par rapport à ce qu'on peut connaître par ailleurs, que ce soit les films en temps de guerre (<ins>Feux dans la plaine</ins> 1959, <ins>La Harpe de Birmanie</ins> 1956) ou les films plus intimistes (<ins>Le Pauvre Cœur des hommes</ins> 1955, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Fils-de-famille-de-Kon-Ichikawa-1960">Le Fils de famille</a></ins> 1960, <ins>La Vengeance d'un acteur</ins> 1963). Ce n'est pas dans la structure narrative qui éclate les différentes époques de l'histoire en enchâssant flashbacks dans flashbacks, format auquel on peut en l’occurrence être déjà habitué chez lui, mais bien davantage dans le carrefour de plusieurs approches, le caractère intimiste du portrait de cet adolescent éduqué dans le temple du Pavillon d'or de Kyoto croisé avec la thématique spirituelle du respect de la religion bouddhiste. Les faits ne sont pas cachés : dès l'introduction, on apprend que le temple a été incendié et que le principal suspect (Goichi Mizoguchi) a été arrêté, après ce qui ressemble à une tentative de suicide. Tout l'enjeu du film sera donc, on s'en doute, d'en apprendre plus sur la vie de ce personnage et de percevoir les raisons de ce geste.</p>
<p>En un sens, je trouve qu'on retrouve un thème propre à <strong>Mishima </strong>dans la révolte silencieuse de cet élève, déçu par son entourage et par le monde corrompu des adultes, comme si l'enfance représentait une forme de pureté capable de déceler la perversion du monde et de brûler un symbole d'élévation spirituelle qui ne serait pas mérité selon lui par les personnes qui le fréquente. Dans la progression de cette réflexion, l'acteur <strong>Raizō Ichikawa </strong>alors âgé de 27 ans (et sans lien familial avec <strong>Kon </strong>a priori) incarne le personnage Goichi Mizoguchi souffrant de nombreux troubles, à commencer par son bégaiement dont les origines possibles sont esquissées à travers un spectre large : la scène traumatisante de son enfance où il avait surpris sa mère en pleine adultère, alors que son père était présent et déjà gravement malade, un rapport au monde et aux autres globalement compliqué, un sentiment d'imposture au sein de ce temple dont il ne partage pas intensément la religion... En tout état de cause, les motivations de l'incendiaire resteront assez vagues, ou du moins plurielles, là où sa perplexité face au monde qui l'entoure sera plus tangible, notamment au travers de sa rencontre avec le personnage de Tokari — <strong>Tatsuya Nakadai </strong>en infirme manipulateur. <ins>Le Pavillon d'or</ins> arbore une forme d'austérité un peu trop forte pour être aisément aimable, mais le regard que <strong>Ichikawa </strong>porte sur cette conception atypique du beau provoquant in fine l'incendie volontaire d'un tel monument construit un cheminement intéressant autour d'une forme de désintégration morale.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/pavillon_d-or/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Pavillon-d-or-de-Kon-Ichikawa-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1288Ginger Snaps, de John Fawcett (2000)urn:md5:f833616c2687d42b52c1d2f8f869a94f2023-11-13T11:08:00+01:002023-11-13T11:11:03+01:00RenaudCinémaAdolescenceFamilleHorreurLoup-garouMimi RogersMortPhotographieSexeSuicide <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/ginger_snaps.jpg" title="ginger_snaps.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.ginger_snaps_m.jpg" alt="ginger_snaps.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A girl can only be a slut, a bitch, a tease, or the virgin next door."</strong></ins></span>
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<p>Le cinéma d'horreur a souvent associé les transformations horrifiques (quel que soit le type de monstre) aux transformations liées à l'adolescence (puberté, éveil de la sexualité, etc.), mais <ins>Ginger Snaps</ins> aborde cette thématique avec une frontalité originale et intéressante, sans faire trop de compromis. Que ce soit l'histoire de loup-garou ou l'apparition des premières règles, <strong>John Fawcett </strong>adopte une mise en scène inhabituelle, très franche et crue sous certains aspects tout en conservant tout de même une bonne part de progressivité dans le dévoilement d'autres composantes qui ne seront éclaircies que tardivement dans le récit.</p>
<p>Une grande part de la réussite (modérée, on reste dans le cinéma d'horreur assez conventionnel sur la plupart des thèmes abordés et globalement moyen malgré tout) du film tient à l'interprétation du trio de femmes, les deux ados <strong>Emily Perkins </strong>et <strong>Katharine Isabelle</strong>, puis dans une moindre mesure la mère jouée par Mimi Rogers. La connivence des sœurs jusque dans leur rapport morbide au suicide ("Suicide is like... the ultimate fuck you", "Wrists are for girls. I'm slitting my throat"), avec un jeu autour de la mise en scène photographique de morts atroces, la situation des parents complètement à l'ouest (la mère un peu moins que le père malgré tout), puis la solidarité dans l'adversité une fois que la grande sœur se fait agresser par une bête le jour de sa menstruation : tout cela concourt à un tableau original du décorum étudiant américain vu et revu au cinéma. Notamment l'incertitude de l'ado en cours de transformation, dont on peine à faire la part des choses (et elle la première) entre appétit sexuel naissant et gangrène du lycanthrope ("I get this ache... And I, I thought it was for sex, but it's to tear everything to fucking pieces").</p>
<p>À mes yeux le film aurait gagné à se faire un peu plus débridé dans l'horreur ou la comédie horrifique, notamment lorsqu'il s'agit de suivre les contaminations et les tentatives de guérison. À l'inverse, le film conserve un ton sérieux qui tend à atténuer les enjeux et enfermer le scénario dans un espace étroit — sauf le personnage de la mère, prisonnière d'un pragmatisme naturellement comique. La dimension artisanale des effets spéciaux rend les passages gores assez sympas, hormis peut-être quelques figurations du loup-garou particulièrement disgracieuses. Le travail de mise en perspective des deux composantes du récit, monstruosité et adolescence, fournit un cadre quoi qu'il en soit appréciable disposant de son lot de réussites.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/ginger_snaps/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Ginger-Snaps-de-John-Fawcett-2000#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1285Elvira Madigan, de Bo Widerberg (1967)urn:md5:e137a686d0d09f0b875e7a8b9864f1a12023-10-05T16:56:00+02:002023-10-05T16:56:00+02:00RenaudCinémaAmourBo WiderbergBonheurCirqueDanemarkDésertionRomanceRuralitéSuicideSuède <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.elvira_madigan_m.jpg" alt="elvira_madigan.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Tentative de fuite<br /></strong></ins></span>
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<p>Sans en avoir écumé tous les recoins, il m'en aura fallu du temps passé à parcourir la filmographie de <strong>Bo Widerberg </strong>avant de trouver le film combinant sujet et traitement qui parvient à m'émouvoir un peu plus que la moyenne basse. Ce ne sera donc pas du côté du biopic politique (<ins>Adalen 31</ins>, <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Joe-Hill-de-Bo-Widerberg-1971">Joe Hill</a></ins>) ou du thriller 70s (<ins>Un flic sur le toit</ins>, <ins>L'homme de Majorque</ins>) mais bien du drame romantique que les planètes se sont alignées.</p>
<p>On l'apprend dès le premier plan du film : Elvira Madigan était une artiste de cirque et funambule danoise tombée amoureuse d'un lieutenant de l'armée suédoise, le comte Sixten Sparre, et leur relation connut une fin sordide — ils se sont suicidés. Une histoire largement inconnue dans nos contrées mais visiblement très populaire au Danemark. <strong>Bo Widerberg </strong>confectionne son film de manière agréablement déconstruite, non-conventionnelle, presque expérimentale dans la manipulation de son rythme au gré d'un montage fractionnant les actions et nous propulsant immédiatement dans le vif du sujet. D'entrée de jeu c'est tout un souffle impressionniste (le chef opérateur a sans doute eu des toiles particulières en tête pour produire ces lumières et ces cadres) qui enveloppe la relation entre deux amants, sans qu'on ne dispose de tant d'éléments contextuels. Ce n'est que progressivement, et de manière totalement anecdotique, que l'on apprend qu'il s'agit d'un homme marié et père de deux enfants qui a déserté l'armée pour rejoindre cette femme et qu'elle a fui sa compagnie de cirque pour des raisons semblables.</p>
<p>Dans l'écrin bucolique de la campagne danoise de la fin du XIXe siècle, on voit dans un premier temps bourgeonner un amour fou. Ils passent leur temps à s'embrasser, à rire et manger, à passer du bon temps dans une bulle éloigné de tout. Et d'éloignement justement il sera beaucoup question, puisque chacun de leur côté, les amants s'écarteront peu à peu de leurs amis, de leurs devoirs, de leurs familles. Mais le bonheur est intense alors qu'importe... Jusqu'à ce que la situation devienne de plus en plus pesante. C'est d'abord un ami qui cherche à faire rentrer le déserteur dans les rangs (autant qu'au foyer avec femme et enfants) et lui éviter une fusillade inévitable, puis l'angoisse grandissante d'être démasqués dans un coin pourtant reculé, à mesure que les annonces se font plus persistantes dans les journaux. Puis vient le temps de la précarité économique, fatalement, à force de vivre d'amour et d'eau fraîche...</p>
<p><strong>Bo Widerberg </strong>a trouvé une tonalité très attachante pour son élégie tournée vers un couple amoureux se coupant involontairement du réel, les amenant malgré eux à une forme d'inadaptation fondamentale. Il parsème ses tableaux champêtres de douceurs symboliques, comme un proto-<strong>Malick</strong>, et fait évoluer certains schémas vers des registres de plus en plus inquiétants — à ce titre, l'actrice <strong>Pia Degermark </strong>dégustera au début des framboises sauvages avant de goûter, à la fin, à des baies toxiques qui la feront vomir. Et le regard qu'elle échange avec <strong>Thommy Berggren </strong>lorsqu'elle renverse la bouteille de vin rouge sur la nappe blanche, un plan qui marque autant que celui lors du mariage au début de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Voyage-au-bout-de-l-enfer-de-Michael-Cimino-1978">Voyage au bout de l'enfer</a></ins>, contient tout le potentiel dramatique de la tragédie à venir.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, sept. 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/elvira_madigan/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, sept. 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Elvira-Madigan-de-Bo-Widerberg-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1247Nous sommes tous en liberté provisoire (L'istruttoria è chiusa: dimentichi), de Damiano Damiani (1971)urn:md5:53a0e15bcfd5a511420be537f8424af42023-09-30T16:11:00+02:002023-09-30T15:15:13+02:00RenaudCinémaArgentAssassinatCorruptionDamiano DamianiFranco NeroHomicideItalieMortPolitiquePrisonPrisonnierSexeSuicide <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire/.nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire_m.jpg" alt="nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire.jpg, sept. 2023" class="media-center" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Silence et conscience</strong></ins></span></div>
<p>En matière de film de prison, <strong>Damiano Damiani </strong>ne révolutionne pas le genre avec <ins>Nous sommes tous en liberté provisoire</ins>, mais il arrive à mêler habilement les codes propres à ce segment avec les thématiques qu'il affectionne et que l'on retrouve régulièrement dans ses films. Aussi derrière cette situation où un architecte se retrouve emprisonné pour homicide involontaire, soupçonné d'avoir renversé quelqu'un en voiture, et où il y découvre toutes les horreurs auxquelles on peut s'attendre (et ce indépendamment de la belle image que le directeur entretient et propage dans son cercle), on voit bien sûr la portée toute autre du film. La corruption, la loi du silence, l'opportunisme guidé par les intérêts personnels... tous ces maux ne gangrènent évidemment pas que les murs des prisons et ne concernent pas uniquement les pires meurtriers parmi les détenus.</p>
<p>Mais on reste tout de même dans le cadre strict d'un film de prison, et <strong>Damiani </strong>ne se gêne pas pour nous le faire sentir. La progression du protagoniste interprété par <strong>Franco Nero </strong>(toujours aussi excellent, dans la lignée de <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-republique-de-Damiano-Damiani-1971">Confession d'un commissaire de police au procureur de la république</a></ins> ou <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Comment-tuer-un-juge-de-Damiano-Damiani-1975">Comment tuer un juge</a></ins>) est bien rythmée, on parcourt les différentes strates du pénitencier sans se presser, histoire de visiter tous les recoins de ce lieu abominable. Et bien sûr, corruption oblige, il n'y a pas que du côté des bagnards que le vice rampe... Ce qui donnera lieu à une scène d'assassinat maquillé en suicide d'une tension vraiment insoutenable. On passe beaucoup de temps à voir comment la condition de privilégié de <strong>Nero</strong>, du moins à l'extérieur de la prison, lui permet de s'octroyer quelques arrangements et quelques plaisirs (la fameuse salle de rayon X, gérée par un docteur tout aussi verni, seul endroit où communiquent les ailes masculine et féminine de la prison), mais aussi ses limites, car même en prison, l'argent facilite beaucoup de choses mais ne peut pas tout.</p>
<p>Quelques notes humoristiques, comme l'arrivée de <strong>Nero </strong>dans le bureau du directeur au tout début qui le confond avec un meurtrier condamné à 30 ans de réclusion — la gueule de <strong>Nero </strong>à ce moment, collector, pour nous faire comprendre qu'il n'y aura pas de distinction entre les différents crimes en ces murs, pas plus qu'entre un coupable et un présumé innocent. <strong>Damiani </strong>montre bien le positionnement du protagoniste selon plusieurs échelles de pouvoirs, le pouvoir économique, le pouvoir politique, et le pouvoir bassement physique : de quoi lui ménager quelques zones de confort, mais certainement pas un repos absolu. Et finalement le film laisse ouverte les raisons de sa libération, possiblement liée à son mutisme concernant un crime commis en prison : en tous cas, les limites de son honnêteté sont clairement exposées lorsqu'on le voit refuser de parler à la fille d'un homme assassiné, dont il connaît pourtant parfaitement les circonstances de la mort en prison</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/nous_sommes_tous_en_liberte_provisoire/.imf1_m.jpg" alt="imf1.jpg, sept. 2023" />
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</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Nous-sommes-tous-en-liberte-provisoire-de-Damiano-Damiani-1971#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1242