Je m'attarde - Mot-clé - Symbolisme le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearLe Traquenard (おとし穴, Otoshiana), de Hiroshi Teshigahara (1962)urn:md5:9af0a3b60d645f4ea0b9fe1d807091722023-11-16T11:04:00+01:002023-11-16T11:04:00+01:00RenaudCinémaAssassinatFantastiqueFantômesHiroshi TeshigaharaJaponMineMystèreSymbolismeSyndicat <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/traquenard.jpg" title="traquenard.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.traquenard_m.jpg" alt="traquenard.jpg, oct. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Exactement comme prévu."</strong></ins></span>
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<p>Un vrai plaisir de retrouver <strong>Hiroshi Teshigahara </strong>près de 10 ans après la rencontre avec <ins>La Femme des sables</ins>, à l'occasion de son premier long-métrage qui contient beaucoup de caractéristiques communes (et qu'il faudra compléter par le visionnage de <ins>Le Visage d'un autre</ins>). Plaisir cinéphile avant tout, par opposition avec le plaisir de visionnage qui n'a pas du tout été inexistant mais quand même quelque peu malmené par le caractère légèrement et volontairement obscur du fil narratif. J'ai quand même dû m'y reprendre à deux fois, quasiment coup sur coup, pour bien cerner tous les tenants et aboutissants du récit, car à l'opacité affirmée de la trame narrative se superpose une autre opacité, non-souhaitée, qui m'a à plusieurs reprises égaré sur le chemin au premier visionnage.</p>
<p><strong>Teshigahara </strong>donne l'impression d'être un amateur du symbolique, et j'ai retrouvé cette lubie ici au travers d'une longue série de motifs marquants : la grenouille (pelée pour servir d'appât à la pêche), les fourmis (elles s'attaquent à la nourriture de la femme avant d'être noyée dans un récipient d'eau, sans doute le plus annonciateur des symboles même s'il ne dure que quelques secondes), l'œil qui observe à travers un trou dans un mur, la transpiration sur toutes les peaux, le corps de la femme et unique habitante des environs de la mine désaffectée où se dérouleront les principales péripéties... Tout cela concourt à la formation d'une atmosphère tranchante, très originale, renforcée par une musique très dissonante (presque parfaite pour envelopper les images de la ville-fantôme) et l'insertion de quelques images documentaires à caractère presque horrifique au tout début du film.</p>
<p>Ce qui donne l'impression que l'exploitation des mines au Japon tient une place particulière dans l'histoire du pays. Le 26 avril 1942, une explosion est survenue dans la mine de charbon de Liutang et tue 1 549 mineurs, plus du tiers des mineurs travaillant ce jour-là. De manière plus contemporaine au film, la mine de charbon de Miike fut aussi le théâtre d'événements dramatiques : de 1960 à 1962 la mine était engagée dans un conflit du travail qui divisait les travailleurs et avait entraîné des actions violentes visant à briser la grève, suivie en 1963 par l'explosion accidentelle où 458 personnes furent tuées (beaucoup par intoxication au monoxyde de carbone), et beaucoup des survivants empoisonnés ont subi de graves et permanentes lésions cérébrales. Autant dire que <ins>Le Traquenard</ins> s'inscrit dans une dynamique très particulière.</p>
<p>À la lumière de ces informations, plusieurs interprétations viennent à l'esprit quant aux agissements du fameux homme en blanc du film, qui entraînera l'affrontement de deux syndicats et qui se soldera par la mort des deux représentants. Mais plutôt que de se cantonner à une critique sociale (qui aurait été justifiée), <strong>Teshigahara </strong>superpose à cette chronique froidement réaliste une surcouche de fantastique via l'irruption d'une histoire de fantômes — toutes les personnes mortes se retrouvant errantes sur les lieux de leur mort, spectatrices passives de l'activité humaine. Leur impuissance à avoir une influence sur le monde des vivants, et notamment pour œuvrer à l'émergence de la vérité, constitue une puissance charge dramatique qui oriente le film en direction d'une tragédie très particulière, pleine de frustrations. Ce châtiment est abordé de manière très terre-à-terre, étonnamment. Le paysage désertique des terrains miniers et le village abandonné avoisinant nourrit une atmosphère presque suffocante sur fond de guerre de syndicats provoquée par une tierce partie.</p>
<p>Une phrase revient de manière récurrente de la part de personnages malveillants dont on peine à saisir l'appartenance et les motivations : "exactement comme prévu". De quoi alimenter la dimension noire, cruelle et ironique du sort de ces pauvres mineurs, isolés dans ces paysages de bout du monde d'exploitation industrielle et capitaliste, condamnés autant de leur vivant qu'après leur mort. Des créatures qui se débattent dans la boue, tout au plus, après être tombées dans le piège tendu. Pour finir ce voyage agréablement surréaliste, une très belle image est dédiée au gamin, témoin de tous les meurtres, tentant d'échapper au désespoir du monde absurde des adultes en courant loin de ce tableau désolé, les poches remplies de bonbons fraîchement volés.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img1.jpg" title="img1.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img2.jpg" title="img2.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img3.jpg" title="img3.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, oct. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/img4.jpg" title="img4.jpg, oct. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/traquenard/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, oct. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Traquenard-de-Hiroshi-Teshigahara-1962#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1275Krysar, le joueur de flûte (Krysař), de Jiří Barta (1986)urn:md5:d0e3ae4b2f71108a628e99c42749ec992023-09-22T17:26:00+02:002023-09-22T16:27:15+02:00RenaudCinémaAllemagneAnimationArgentBoisCupiditéFlûteGothiqueJan ŠvankmajerMaladieMensongeMoyen ÂgeMéprisRatRobert WieneRépublique tchèqueStop-motionSymbolismeVengeance <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.krysar_le_joueur_de_flute_m.jpg" alt="krysar_le_joueur_de_flute.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Du bois gothique</strong></ins></span>
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<p><strong>Jiri Barta </strong>a très probablement vu beaucoup de films d'animation de <strong>Jan Švankmajer </strong>avant de réaliser <ins>Krysař</ins>, une adaptation en stop-motion de la légende médiévale allemande du <ins>Joueur de flûte de Hamelin</ins>. Cela ne l'empêche absolument pas de parvenir à créer une bulle d'originalité qui lui est propre, à l'intérieur du cinéma d'animation tchécoslovaque de la deuxième moitié du XXe siècle. L'histoire est connue, celle d'un mystérieux joueur de flûte à qui l'on promet une forte somme d'argent en échange de son aide pour débarrasser la ville de la horde de rats qui l'infeste, mais que les notables traitent avec mépris une fois la tâche ingrate accomplie. Et il se vengera... En sachant que la nature de la vengeance varie selon les versions, mais quoi qu'il en soit la fin n'est pas heureuse et entérine froidement la tonalité macabre qui s'est installée durant tout le récit.</p>
<p><ins>Krysar, le joueur de flûte</ins> trouve sa singularité dans la composition même de son support physique pour le stop-motion, presque entièrement déterminée par le choix du matériau : les personnages et une partie des décors sont taillés dans le bois, leur conférant des formes anguleuses qui s'accordent particulièrement bien avec la nature du récit. Pour figurer l'ambiance dans la ville de Hamelin au XIIIe siècle, une multitude d'accessoires vient compléter les poupées de bois et les demeures des différents personnages pour illustrer certains partis pris en lien avec l'atmosphère sombre qui y règne. La majeure partie des habitants est ainsi représentée comme cupide, brutale et névrosée, avec un festival de séquences les montrant en train de ripailler salement, de se comporter comme des animaux sur la place du village, ou encore de manifester tous les signes apparents d'avarice en cachant toutes leurs richesses dans des contenants divers fermés à clés. L'atmosphère est très cohérente et réussie de ce point de vue-là, sans que l'animation n'atteigne des sommets comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Mad-God-de-Phil-Tippett-2021">Mad God</a></ins> de <strong>Phil Tippett</strong> (sorti 35 ans plus tard tout de même, la comparaison a ses limites).</p>
<p>De temps en temps la concentration en stéréotypes devient un peu excessive, au-delà de ce que ce format tolère à mes yeux, à l'image des dialogues entre les personnages figurés par des écus qui sortent de leur bouche — il n'y a pas de "vrais" dialogues, parlés, dans ce film. Bien sûr la symbolique des rats (avec quelques inserts de vrais animaux) qui envahissent la ville est très forte, mais elle complète assez bien l'ambiance gothique médiévale des ruelles étroites et des arches gothiques menaçantes, et permet de refermer l'histoire sur un mouvement franchement sordide. L'ambiance générale, avec ses couleurs et ses lumières, constitue ainsi quelque chose de vraiment saisissant, inspirée par l'univers de <strong>Robert Wiene </strong>(<ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Cabinet-du-docteur-Caligari-de-Robert-Wiene-1920">Le Cabinet du Docteur Caligari</a></ins> est une référence directe, citée par le réalisateur).</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, août 2023" />
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/krysar_le_joueur_de_flute/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Krysar-le-joueur-de-flute-de-Jiri-Barta-1986#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1237Libera Me, de Alain Cavalier (1993)urn:md5:385d6dec414a37d7a05ebd1536a8977e2023-06-12T11:14:00+02:002023-06-12T11:14:00+02:00RenaudCinémaAbstractionAlain CavalierCinéma muetDictatureExpérimentalRépressionRésistanceSymbolismeTotalitarisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/libera_me/libera_me.jpg" alt="libera_me.jpg, mai 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Attention : expérimentation</strong></ins></span></div>
<p>Illustration parfaite de ce que le cinéma peut engendrer comme exercice de style baroque, avec ici un parti pris contraignant essentiellement la forme : un récit formulé sans la moindre trace de dialogue, mais au travers d'une succession de plans épurés, contenant des actions presque unitaires isolées dans un cadre très resserré. Dans les 5 premières minutes, grâce à la puissance symbolique des images et des motifs mis en scène, on comprend par des chemins de traverse qu'on se situe dans un pays au régime totalitaire et qu'une résistance s'organise face à une répression extrême.</p>
<p>C'est un exercice de style, ce qui signifie presque par définition que d'une part les enjeux sont limités au strict cadre fixé par le concept et que d'autre part le procédé contient un potentiel de clivage très élevé, séparant les réceptions possibles de manière très instinctive — on rentre dans la bulle du film ou on y reste hermétique sans trop pouvoir réfléchir ou anticiper. <strong>Alain Cavalier </strong>est coutumier des œuvres aux apparences très originales, et sa filmographie compte des bizarreries par dizaines. <ins>Libera Me</ins> est pour l'instant le film le plus extrême que j'ai vu de sa part, du point de vue expérimental, car on se situe dans une épuration formelle qui pourrait évoquer le Dogme95 danois de <strong>Lars von Trier </strong>et <strong>Thomas Vinterberg</strong>. L'abstraction ne se fait cependant pas au même niveau, car ici la caméra ne s'attarde pas volontairement sur l'absence de décor : elle fait preuve d'une parcimonie très productive, chargeant chaque petite séquence d'un sens très fort et très net.</p>
<p>Ainsi tout <ins>Libera Me</ins> s'articule autour d'une lutte aux contours on ne peut plus flous au départ entre un régime dictatorial et une résistance organisée, à travers une quantité extensive de minuscules détails découpant les actions dans la plus grande des sobriétés — un <strong>Bresson </strong>n'y aurait sans doute pas été insensible. Le flou s'efface progressivement pour installer une narration qui gagne en clarté et en précision à mesure que les motifs s'accumulent. Des objets dissimulés dans les coutures de vêtements, des photos déchirées qui s'assemblent pour confirmer une identité, des faux papiers confectionnés à la main... Beaucoup d'ingéniosité mise en œuvre pour préserver le secret, tandis qu'en toile de fond la violence de la répression s'intensifie. Arrestations et torture rythment ce drôle de film muet, dominé par des fragments de bruits et des morceaux de visages, qui parvient de manière très surprenante à laisser exploser les émotions dans son final, au milieu de ce terreau expérimental.</p>
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<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/libera_me/.img1_m.png" alt="img1.png, mai 2023" /><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/libera_me/.img2_m.png" alt="img2.png, mai 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/libera_me/.img3_m.png" alt="img3.png, mai 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/libera_me/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, mai 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Libera-Me-de-Alain-Cavalier-1993#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1161Viridiana, de Luis Buñuel (1961)urn:md5:d68e5f5749c739b75be48a110cf29eed2020-09-22T09:46:00+02:002020-09-22T09:46:00+02:00RenaudCinémaBourgeoisieIdéalismeLuis BuñuelReligionSatireSexeSymbolisme <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/viridiana/.viridiana_m.jpg" alt="viridiana.jpg, sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Brueghel s'invite chez de Vinci<br /></strong></ins></span></div>
<p>Plus que dans l'anticléricalisme, il semblerait que la saillie de <strong>Luis Buñuel </strong>s'oriente en direction de l'idéalisme, de manière plus globale, en détruisant méthodiquement les aspirations très pures de la belle Viridiana. Dans les moments qui devaient précéder son entrée au couvent, sur ordre de la mère supérieure, la jeune femme rend visite à son bienfaiteur et vieil oncle veuf (sa femme est morte le soir de leur nuit de noces, dit-on...) et y découvrira l'abjection de toutes parts. <strong>Silvia Pinal </strong>et <strong>Fernando Rey</strong>, respectivement dans ces deux rôles, sont éblouissants tant du point de vue de la pureté maltraitée dans ses illusions que de la lubricité mal contenue.</p>
<p><strong>Buñuel </strong>ne s'arrêtera pas en si bon chemin, et si l'on pourrait lui reprocher une certaine sauvagerie dans le trait bien épais quand il s'agit de révéler la monstruosité de l'humanité tout entière, il n'en reste pas moins que cette parodie fielleuse de <ins>La Cène</ins> revisitée par <strong>Brueghel</strong>, servie en guise de dessert, contient une dose de causticité presque létale. L'image est on ne peut plus grinçante. On ne compte plus les plans équivoques, le long d'une série amorcée par la séquence où Viridiana se trouve face aux pis d'une vache qui n'auront jamais été aussi phalliques. Empreint d'une provocation qui a germé dans l'Espagne de Franco, <strong>Buñuel </strong>lacère le corps de la bienséance, de la bigoterie et de l'empathie, et s'en donne à cœur joie pour recouvrir de sel toutes ces plaies béantes. Les tabous tomberont les uns après les autres, à mesure que seront abordés l'inceste, le viol et le suicide, le désir, le triolisme et le stupre, la culpabilité, la bonne conscience et l'exclusion.</p>
<p>Le ton de <ins>Viridiana</ins> relève presque de l'acharnement, tant la méchanceté révèle toutes ses facettes avec une frénésie incroyable, sur fond de <strong>Haendel</strong>. Pourtant, chose étrange, malgré la débauche omniprésente et les excès tous azimuts, le récit ne sombre jamais dans le mauvais goût. Le symbolisme est bien là, avec la virginité profanée, le crucifix en couteau ou encore la couronne d'épine qui s'embrase (voire même le chat qui saute sur la souris, lorsque <strong>Fernando Rey </strong>se rabat sur sa bonne, pour le moins efficace d'entre eux), mais sans jamais se vautrer la lourdeur insistante. C'est sans doute qu'en toile de fond, ces émanations du mal sont sans cesse mises en perspective avec la volonté de Viridiana et un aveuglement généralisé, avec le profane qui répond à toutes les formes d'idéaux.</p>
<p>À travers le parcours d'une chaste demoiselle malmenée par son environnement, <strong>Buñuel </strong>l'insolent tresse les fils d'un récit d'apprentissage particulièrement forcé. La famille, la religion, la bourgeoisie, la populace : la bestialité et l'oppression revêtent une quantité sidérante de masques différents. Autour de Viridiana, au-delà des apparences (charité chrétienne, bienfaisance désintéressée, aide aux défavorisés, etc.), les règlements de compte fusent sans trop de concessions. Dans cette marmite subversive, on ne peut pas dire que ses illusions sur la nature humaine auront fait long feu.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/viridiana/.cene_m.jpg" alt="cene.jpg, sept. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Viridiana-de-Luis-Bunuel-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/829