Je m'attarde - Mot-clé - Tsar le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearRouges et Blancs, de Miklós Jancsó (1967)urn:md5:a532866571baf9db48d531212857a6112022-08-22T10:52:00+02:002022-08-22T10:52:00+02:00RenaudCinémaCommunismeCours d eauGuerreHongrieMiklós JancsóRussieRévolutionTsar <div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.rouges_et_blancsA_m.jpg" alt="rouges_et_blancsA.jpg, juin 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.rouges_et_blancsB_m.jpg" alt="rouges_et_blancsB.jpg, juin 2022" />
</div>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Perceptions chaotiques de la guerre civile russe</strong></ins></span>
</div>
<p>Un cadre géographique et temporel : 1917 et les suites de la révolution bolchévique, dans une région près de la Volga, au sud de la Russie. Un conflit opposant deux camps : les tsaristes et les communistes, ces derniers étant aidés par les sympathisants hongrois.</p>
<p>Et c'est à peu près tout ce qu'on saura du contexte dans <ins>Rouges et Blancs</ins>, un film de guerre impressionnant de maîtrise formelle, sans véritable fil narratif, sans qu'un personnage ne se détache véritablement par rapport aux autres. En pleine guerre civile, au cœur de la révolution, on assiste sur les bords du fleuve à un ballet incessant d'attaques et de contre-attaques, à une succession d'arrestations et d'exécutions sommaires, à des courses poursuites dans la campagne russe entre des Rouges qui se cachent et des Blancs qui les traquent, principalement. Très souvent, on est perdu dans les flux et les reflux des masses humaines, on ne sait plus vraiment quel camp on est en train d'observer. Entre les exécutions de prisonniers, de déserteurs ou de criminels de guerre, on perd régulièrement le fil des mises à mort.</p>
<p>Ce qui est sûr, c'est que la chorégraphie des combats orchestrée par <strong>Miklós Jancsó </strong>est hypnotisante, presque détachée de toute progression narrative, en dehors de tout cadre conventionnel qui identifierait des gentils et des vilains, des héros et des personnages récurrents.</p>
<p>Les plans sont très longs et naviguent autour du cours d'eau, dans un hôpital de campagne ou dans des champs de blé, en fuyant le gros plan pour mieux préserver la dimension anonyme de ces batailles. On identifie davantage des groupes de personnes, des blessés, des prisonniers, des infirmières, des cavaliers. Et ce qui frappe, c'est à quel point la répression sanglante des uns répond à la répression sanglante des autres. Les modes d'exécution semblent incompréhensibles, car arbitraires, absurdes, aléatoires, et bien souvent on ne sait pas si on fait déplacer ou déshabiller des personnages pour les laisser fuir, les faire danser ou les exécuter froidement. De ce point de vue-là, <ins>Rouges et Blancs</ins> brille par le sentiment d'incertitude totale qu'il parvient à rendre tangible.</p>
<p>Assez vite on comprend qu'il n'y aura pas d'explication quant aux critères qui font qu'on libère ceux-ci ou qu'on exécute ceux-là. Il n'y a pas de règle, chaque arrestation obéit à ses propres règles, selon les forces en présence. C'est une plongée dans l'irrationnel qui conduit les deux camps aux mêmes actes de cruauté, sans que l'on ait le temps de s'attacher à qui que ce soit. D'un moment à l'autre, d'une séquence à la suivante, les vainqueurs deviennent les vaincus, à la faveur d'un énième retournement de situation.</p>
<p>Et il reste en mémoire de nombreuses scènes marquantes : une forêt de bouleaux dans laquelle un peloton emmène les plus jolies infirmières (pour leur faire danser une valse), une femme nue que l'on invite à aller nager, un homme qui se suicide avant d'être fait prisonnier, et surtout ce long plan-séquence final qui voit une troupe entière de Rouges se jeter dans la gueule du loup, en chantant la Marseillaise (en hongrois) en avançant au loin, face à une armée largement supérieure en nombre.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juin 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, juin 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, juin 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, juin 2022" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/rouges_et_blancs/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, juin 2022" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Rouges-et-Blancs-de-Miklos-Jancso-1967#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1063Crépuscule de gloire, de Josef von Sternberg (1928)urn:md5:579bdebdba9b6e56f0fd22654e0858b92018-09-24T11:34:00+02:002018-09-24T14:49:53+02:00RenaudCinémaCinéma muetEmil JanningsEtats-UnisJosef von SternbergRussieRévolutionTournageTsar <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/crepuscule_de_gloire/.crepuscule_de_gloire_m.jpg" alt="crepuscule_de_gloire.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="crepuscule_de_gloire.jpg, sept. 2018" /><div id="centrage">
<span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Cosmopolitisme des tournages hollywoodiens<br /></strong></ins></span>
</div>
<p><ins>Crépuscule de gloire</ins> (titre original : <em>The Last Command</em>) est un film américain réalisé par un Austro-Hongrois immigré sur la révolution russe, mise en abyme à travers un tournage hollywoodien. Un brassage international qui n'est pas sans effet sur le résultat final, d'autant que les allées et venues entre Russie et États-Unis sont au cœur des mécanismes narratifs. La trajectoire d'un ancien général russe, de son épopée tsariste à son rôle de figurant à Hollywood dans une production dirigée par un ancien révolutionnaire, ne sera dévoilée que de manière évasive, le tableau s'esquissant très progressivement, en tours et détours allusifs.</p>
<p>Le film s'articule en trois temps : une introduction volontairement parcellaire, qui ne nous permet pas de saisir les enjeux autour du personnage interprété par <strong>Emil Jannings</strong>, puis un très long flashback 10 ans en arrière dont la fonction est de contextualiser sa situation présente, et enfin un retour au présent en guise de conclusion et de climax dramatique, avec toutes les informations nécessaires acquises. Par chance, la dernière partie est particulièrement réussie dans son crescendo émotionnel, dans son renversement de perspectives, et dans sa réévaluation de la même situation, mais avec un bagage différent. Mais il aura fallu en passer par un assez long épisode au cœur de la révolution russe de 1917 qui conduisit au renversement du régime tsariste.</p>
<p>La longueur provient sans doute chez moi de l'interprétation de <strong>Jannings</strong>, qui ne me convainc pas totalement (mais un peu plus que l'unilatéralité de son jeu du côté de <strong>Murnau</strong>, dans <ins>Le Dernier des hommes</ins>) indépendamment de l'anecdote — il fut le premier lauréat de l'Oscar du meilleur acteur. Il y a quelque chose qui me dérange dans son air très affecté, dans son surjeu du tremblement de la tête à la limite de Parkinson : même en intégrant les contraintes relatives au cinéma muet, je n'arrive pas à y croire et voir autre chose qu'un acteur jouant son personnage.</p>
<p>Le flashback est pourtant bien amené, à travers cette photo énigmatique choisie par un réalisateur souhaitant retracer un épisode de la révolution russe à Hollywood. La façon de filmer ce vieil acteur au milieu d'une foule dense, alors qu'il récupère son costume et autres accessoires dans la première partie, est géniale. La romance qui s'installera dans la seconde partie, par contre, peine à passionner, au contraire de certains coups d'éclat comme le coup de fouet en réponse au fameux "<em>it doesn't require courage to send others to battle and death</em>". Autant ne garder en mémoire que le final déchirant, même si la réconciliation posthume paraît un peu forcée, dans un magnifique travelling arrière (léger, mais brillant) lourd de sens.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/crepuscule_de_gloire/.hd_m.jpg" alt="hd.jpeg" title="hd.jpeg, sept. 2018" /><br />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/crepuscule_de_gloire/.jannings_m.jpg" alt="jannings.jpg" title="jannings.jpg, sept. 2018" /> <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/crepuscule_de_gloire/.tournage_m.jpg" alt="tournage.jpg" title="tournage.jpg, sept. 2018" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Crepuscule-de-gloire-de-Josef-von-Sternberg-1928#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/554