Je m'attarde - Mot-clé - Tueur à gages le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearBaby Boy Frankie (Blast of Silence), de Allen Baron (1961)urn:md5:a41c279554d7b852d1f961e21b7e02662023-12-21T09:57:00+01:002023-12-21T09:57:00+01:00RenaudCinémaAssassinatDavid FincherFilm noirMafiaNew YorkSolitudeTueur à gages <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/baby_boy_frankie.jpg" title="baby_boy_frankie.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.baby_boy_frankie_m.jpg" alt="baby_boy_frankie.jpg, déc. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"A killer who doesn’t kill, gets killed."</strong></ins></span>
</div>
<p>Deux visionnages qui s'entrechoquent, produisant un effet plutôt intéressant : <ins>The Blast of Silence</ins> réalisé et interprété par <strong>Allen Baron</strong> en 1961, film noir peu connu creusant les archétypes avec quelques notes originales, évoque en écho le tout récent <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Killer-de-David-Fincher-2023">The Killer</a></ins> de <strong>David Fincher</strong>, tous deux présentant de manière réaliste (pseudo-documentaire, pourrait-on dire) un tueur à gages en mission, avec quelques couilles dans le potage d'une mécanique qui semblait pourtant parfaitement huilée, et assortie d'une narration reposant essentiellement sur une voix off omniprésente. 60 années les séparent, mais les points de convergence sont étonnamment nombreux. Une différence notable toutefois : <strong>Fincher </strong>choisissait une porte de sortie vers l'amertume de la déchéance consentie, <strong>Baron </strong>opte pour une autre forme d'amertume avec un final radical, froid, sec, et plombant. Il s'en dégage une poésie rafraîchissante, prisonnière d'un minimalisme parfois un peu rêche, mais déployant par moments une rage ou une mélancolie surprenantes.</p>
<p><ins>Baby Boy Frankie</ins> est un film bavard, avec cette voix off s'adressant continuellement au protagoniste à la deuxième personne : le procédé marque un parti pris qui détonne mais qui peut se révéler pénible pour peu qu'on soit réticent aux commentaires incessants, et ce en complément d'un accompagnement musical qui peut se faire un peu insistant à la longue — même si personnellement cette ambiance m'a pas mal plu pour accompagner le protagoniste (une moyenne troublante entre <strong>Lino Ventura </strong>et <strong>Robert De Niro</strong>, jeunes) dans sa découverte de New York. Le portrait qui en est fait passe presque exclusivement par les sous-entendus générés par cette voix off, en marge des introspections auxquelles on a directement accès : le gars se juge beaucoup, se motive, se convainc, change d'avis, hésite. Pas évident, l'intérieur de la cervelle d'un tueur à gages envoyé assassiner un mafieux de seconde zone.</p>
<p>Il y a beaucoup d'hésitations et d'imprévus dans ce qui devait être le tout dernier contrat... Tenaillé par une anxiété palpable qui semble diriger la plupart de ses mouvements, sous la pression du "a killer who doesn’t kill, gets killed", le personnage s'enferme progressivement dans une solitude qui le ronge et l'obsède, l'injonction de meurtre pesant (il faiblira à plusieurs reprises, à deux doigts d'abandonner son contrat) sur lui faisant office de spirale infernale. Dommages collatéraux de cette angoisse, quelques obstacles sur son chemin seront l'occasion de séquences d'une rare et brutale intensité — Big Ralph, l'homme aux rats qui devait lui fournir l'arme du crime avant de se débiner, en fera les frais. Le final étonne aussi par son cadre et son tragique, tourné un peu par hasard après le passage d'un ouragan dans la région. Largement de quoi se démarquer de ses (solides) références, à chercher du côté de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Quand-la-ville-dort-de-John-Huston-1950"><ins>Quand la ville dort</ins></a> (<strong>John Huston</strong>, 1950), <ins>Les Forbans de la nuit</ins> (<strong>Jules Dassin</strong>, 1950), ou encore <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/En-quatrieme-vitesse-de-Robert-Aldrich-1955">En quatrième vitesse</a></ins> (<strong>Robert Aldrich</strong>, 1955).</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img1.jpg" title="img1.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img2.jpg" title="img2.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img3.jpg" title="img3.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, déc. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/img4.jpg" title="img4.jpg, déc. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/baby_boy_frankie/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, déc. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Baby-Boy-Frankie-de-Allen-Baron-1961#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1310The Killer, de David Fincher (2023)urn:md5:feafa3c7728e74b6914be24d32bf046b2023-11-30T12:08:00+01:002023-11-30T12:09:02+01:00RenaudCinémaAssassinatDavid FincherDésillusionHumour noirMichael FassbenderSala BakerThe SmithsThrillerTilda SwintonTueur à gagesVengeance <a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/killer.jpg" title="killer.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.killer_m.jpg" alt="killer.jpg, nov. 2023" class="media-center" /></a>
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Fate is a placebo. The only life path, the one behind you."</strong></ins></span>
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<p>Un <strong>Fincher </strong>majeur, ce n'est pas pour demain, il faudra s'y faire. Mais des films comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Gone-Girl-de-David-Fincher-2014">Gone Girl</a></ins> (2014) laissent malgré tout un peu d'espoir, on guette le coup d'éclat, encore. <ins>The Killer</ins> ne donne pas l'impression d'avoir des ambitions débordantes, malgré quelques dispositions qui finissent par être un peu encombrantes — l'influence de <strong>Melville </strong>avec <ins>Le Samouraï</ins> paraît indissociable, les quatre phrases que <strong><span><span>Michael Fassbender </span></span></strong>répètent comme un mantra ("Stick to your plan / Anticipate, don’t improvise / Trust no one / Fight only the battle you’re paid to fight"), la répétition de certains motifs comme les trajets en avion, les changements d'identité, le réseau capitaliste de marques qui bordent son chemin, et in fine cette voix off très envahissante qui ne compense pas toujours élégamment le mutisme du personnage suivi. Même le recours à la musique des <strong>Smiths </strong>se fait un peu obsessionnelle et peu constructive.</p>
<p>Mais la série B reste pourtant de qualité, <strong>Fincher </strong>n'est pas un tâcheron, il a abandonné sa lubie d'auteur qui irriguait <ins>Mank</ins> et se concentre sur un thriller sec en cherchant à explorer quelques zones originales. Ce qui est drôle, c'est que <strong>Fincher </strong>nous fait croire à un portrait de professionnel du métier, un tueur expert qui nous bassine pendant 20 minutes sur les détails de son mode de fonctionnement en introduction (à grand renfort de citations qui claquent un peu trop ostensiblement, comme "<em>Of the many lies told by the U.S. military-industrial complex, my favorite is still their claim that sleep deprivation didn't qualify as torture</em>", ou "<em>Of those who like to put their faith in the inherent goodness of mankind, I have to ask, based on what, exactly?</em>" ou encore "<em>My process is purely logistical, narrowly focused by design. I'm not here to take sides. It's not my place to formulate any opinion. No one who can afford me, needs to waste time winning me to some cause. I serve no god, or country. I fly no flag. If I'm effective, it's because of one simple fact: I. Don't. Give. A. Fuck</em>" — on pourrait continuer encore longtemps) pour finalement rater sa cible en guise de hors d'œuvre — un échec qui met direct la puce à l'oreille, le scénario prenant un tout autre chemin que celui escompté. En fait <strong>Fincher</strong> met en scène davantage un ouvrier qualifié qui se plante régulièrement et qui cherche à se convaincre pendant toute la durée du film, en alternant des séquences extrêmement froides, sérieuses et tendues avec d'autres brèves irruptions d'un humour noir (le plus parlant étant probablement l'épisode de la râpe à fromage). Il y a quelques tentatives de verser dans un classicisme sans doute marqué par un excès de confiance, à l'image de l'échange avec <strong>Tilda Swinton </strong>(parfaite au demeurant, comme très souvent) sur leur métier commun, mais ne débouchant sur rien de follement pertinent.</p>
<p>Finalement, <ins>The Killer</ins> peut se percevoir exclusivement comme l'observation d'une perturbation, l'erreur initiale qui s'immisce tel un grain de sable dans les rouages bien huilés par ailleurs, à l'origine d'une vengeance à travers le monde prenant une ampleur de plus en plus importante. <strong>Fincher </strong>oblige, on peut y lire un essai sur notre contemporanéité au travers du contrôle de nos vies pas un système ultra-connecté (des checkpoints réguliers, des badges incessants, des caméras de surveillance omniprésentes) qui aurait mérité d'être plus développé et un peu moins focalisé sur ses effets souvent tape-à-l'œil. Quelques séquences bien foutues rythment l'ensemble, on se rappellera l'utilisation du cloueur et la grosse baston avec <strong>Sala Baker</strong>, et dans l'ensemble une histoire portée par <strong>Fassbender </strong>souvent captivant, même s'il file vers un épilogue un peu mou, cliché et facile sur une désillusion un peu amère ainsi qu'une déchéance consentie.</p>
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<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img1.jpg" title="img1.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img2.jpg" title="img2.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img3.jpg" title="img3.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img4.jpg" title="img4.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img4_m.jpg" alt="img4.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img5.jpg" title="img5.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img5_m.jpg" alt="img5.jpg, nov. 2023" /></a>
<a href="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/img6.jpg" title="img6.jpg, nov. 2023"><img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/killer/.img6_m.jpg" alt="img6.jpg, nov. 2023" /></a>
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Killer-de-David-Fincher-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1295Master Gardener, de Paul Schrader (2023)urn:md5:3831d860e3dfc90bc22a07249fdcfee32023-09-07T12:21:00+02:002023-09-07T12:21:00+02:00RenaudCinémaCulpabilitéFauteFleursJardinJoel EdgertonPaul SchraderRacismeRédemptionSigourney WeaverTueur à gages <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/master_gardener/.master_gardener_m.jpg" alt="master_gardener.jpg, août 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>" Gardening is a belief in the future. A belief that things will happen according to plan. That change will come in its due time."</strong></ins></span>
</div>
<p>Il y avait <strong>Ethan Hawke </strong>en pasteur doutant de sa foi dans <ins>First Reformed</ins> (2017), il y avait <strong>Oscar Isaac </strong>en tortionnaire devenu joueur de poker dans <ins>The Card Counter</ins> (2021), et <ins>Master Gardener</ins> ajoute donc à cette série un nouvel élément, conforme aux thématiques, avec <strong>Joel Edgerton </strong>dans le rôle d'un ancien tueur facho et nouveau horticulteur pour le compte d'une riche employeuse interprétée par <strong>Sigourney Weaver</strong>.</p>
<p>S'il est assez clair que <strong>Paul Schrader </strong>semble commencer à se répéter dans les motifs et les thématiques sur ses derniers films (voire sur l'ensemble de sa filmographie, mais c'est quelque chose qu'on pourrait relier à ses lubies d'auteur), il est tout aussi clair que ce bégaiement sera toujours plus agréable que ce qu'il a pu produire juste avant, avec une série de films incroyablement indigents — les derniers mettaient en scène <strong>Nicolas Cage </strong>dans des purges comme <ins>Dying of the Light</ins>, qu'on ne saurait trop conseiller d'éviter.</p>
<p>Encore une fois donc, on brasse des sujets usés jusqu'à la corde comme la faute passée qui maintient une plaie ouverte, la culpabilité pesante, le rachat impossible... Tout ce qui tourne autour de la rédemption délicate et qui a toujours inondé le cinéma, pas uniquement celui des scénarios de <strong>Schrader </strong>qui laissent clairement apparaître cette obsession. Il y a très peu de place pour l'ambiguïté dans <ins>Master Gardener</ins>, le bien et le mal évoluent sur des territoires soigneusement délimités, et le tout est empaqueté dans une ambiance dont la constitution est simple et efficace — des analogies entre la vie du protagoniste et la conception d'un jardin, une alternance de séquences de jour et de nuit, des flashbacks épars pour évoquer un passé douloureux de manière très parcellaire (et inutile), et des relations sentimentales vécues comme des contraintes. À ce titre, le rapport entre <strong>Weaver</strong> et <strong>Edgerton </strong>aurait pu être grandement étoffé, dans la relation de domination et les rapports de force qui émergent, mais il est largement abandonné au profit de la relation entre le jardinier et une apprentie pour nourrir un autre motif, peu engageant car très évident, l'ancien suprémaciste blanc et la jeune afro-américaine toxico sur les bords et engagée dans une relation toxique dont elle ne parvient à s'extraire. On n'y croit jamais à cette romance, et on finit par ne voir que <strong>Schrader </strong>récitant ses gammes, perdus dans ses archétypes trop rarement fertiles.</p>
<p>Mais ne serait-ce que parce qu'il est parvenu à se sortir de l'ornière des navets avec <strong>Cage</strong> des années 2010, il m'est très difficile de ne pas être satisfait (voire même rassuré) par un tel visionnage.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/master_gardener/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/master_gardener/.img2_m.jpg" alt="img2.jpg, août 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/master_gardener/.img3_m.jpg" alt="img3.jpg, août 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Master-Gardener-de-Paul-Schrader-2023#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1220Meurtre sous contrat, de Irving Lerner (1958)urn:md5:26b709eb2542244f9c6eef926a3034702021-03-31T21:53:00+02:002021-03-31T21:53:00+02:00RenaudCinémaAssassinatFilm noirTueur à gages <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.meurtre_sous_contrat_m.jpg" alt="meurtre_sous_contrat.jpg, mar. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"> <p><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Instead of price-cutting he does throat-cutting."<br /></strong></ins></span></p>
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<p><ins>Murder by Contract</ins> est une curiosité assez incroyable des années 50, un film aux contours insaisissables qui reprend les codes classiques et les contraintes inhérentes à certains registres (film noir et série B, notamment) pour en faire quelque chose de totalement inattendu et original. On est à la fois en terrain connu, avec sur le fond un homme qui devient un tueur à gages efficace pour le simple attrait financier de cette spécialisation professionnelle, et dans le même temps en terrain inclassable, avec un traitement extrêmement détaché de son activité, avec une musique en contraste absolu (et néanmoins excellente), et surtout avec un protagoniste hors catégorie, faisant preuve d'un détachement émotionnel parfait (jusqu'à un certain point notable), d'une froideur absolue, le tout de manière décontractée, désinvolte, et même enjouée, à tel point qu'on en oublierait presque qu'il est question d'assassinats sur commande. <strong>Vince Edwards</strong>, sous ses faux airs de <strong>Mark Ruffalo</strong>, avec sa mâchoire musclée et serrée, son professionnalisme maniaque allié à son air de-ne-pas-y-toucher, alors qu'il aurait pu nourrir un stéréotype désagréable, est vraiment extraordinaire.</p>
<p>Sans doute que ce qui fonctionne aussi bien tient au fait que <strong>Irving Lerner </strong>est parvenu à mêler adroitement le sérieux absolu du film noir, avec ses meurtres en série retranscrits froidement, et un certain détachement qui ne s'interdit pas des recoins comiques — c'est notamment le cas lorsque Claude, le tueur, se verra imposé un duo de malfrats en charge de le surveiller, source de nombreux semi-gags en demi-teinte. Quelque part, il y a dans les motivations mêmes du protagoniste un certain décalage, avec ce sérieux et ce dévouement à la tâche qui le fait passer de l'assurance de systèmes mécanographiques au meurtre de sang froid : on passe ainsi du "price-cutting" au "throat-cutting"... Sur le papier, il n'y voit qu'une différence : la deuxième option paye beaucoup mieux. On retrouve le même sérieux dans sa réaction, lorsqu'il découvre qu'un contrat vise une femme : pendant un instant on peut penser que son hésitation est liée à l'apparition d'une conscience soudaine, d'un dilemme moral, avant de réaliser qu'il s'agit d'une question bêtement pragmatique, réalisant qu'il aurait dû demander une somme d'argent plus importante pour cette spécificité non présentée dans le contrat.</p>
<p>La sobriété du style et la décontraction du ton font de ce film largement méconnu une curiosité très appréciable, un de ceux pour lesquels on aurait du mal à assigner un genre ou une époque. Une ambiance très singulière qui est amenée presque immédiatement, doublée d'une sorte d'étude de caractère dépouillé à la <strong>Delon </strong>dans <ins>Le Samouraï</ins> de <strong>Melville</strong>. Un avant-gardisme qui saute aux yeux sans pour autant être affiché et revendiqué, incarné par un homme au charisme et à l'opiniâtreté franchement insolites.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.exo_m.jpg" alt="exo.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.barbier_m.jpg" alt="barbier.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.premier_m.jpg" alt="premier.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.trio_m.jpg" alt="trio.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.conduit_m.jpg" alt="conduit.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.femme_m.jpg" alt="femme.jpg, mar. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meurtre_sous_contrat/.fin_m.jpg" alt="fin.jpg, mar. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meurtre-sous-contrat-de-Irving-Lerner-1958#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/925Deux enquêtes de Hap Collins et Leonard Pine par Joe R. Lansdaleurn:md5:d4b61a7a216a402ba0337606593f59722013-08-28T12:20:00+01:002013-08-31T18:43:58+01:00GillesLectureHumour noirPolarTueur à gagesViolence <div id="centrage"><img title="joe-lansdale-vanilla-ride.jpg, août 2013" alt="joe-lansdale-vanilla-ride.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.joe-lansdale-vanilla-ride_m.jpg" height="339" width="230" /> <img title="joe-lansdale-diable-rouge.jpg, août 2013" alt="joe-lansdale-diable-rouge.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.joe-lansdale-diable-rouge_m.jpg" height="336" width="230" /></div><br />Lire les deux dernières enquêtes de <strong>Hap Collins</strong>, le blanc hétéro et démocrate, et <strong>Léonard Pine, </strong>le gay noir et républicain, c'est la promesse de se fendre la poire avec leurs techniques très personnelles d'investigation, de s'attacher à deux grands cons impulsifs, de rire jaune de leurs excès de violence, de savourer leurs discussions féroces et leur sens cinglant de la répartie, de se réjouir du cœur mis à démolir tous les connards qu'ils rencontrent, d'être attendri par l'amitié inébranlable qui les unit, d'apprendre à faire le fendard même dans les pires situations, de goûter aux doux moments romantiques passés au milieu de la tempête, de vivre au final des aventures noires et truculentes.<br /><br />Dans <ins>Vanilla Ride</ins> et <ins>Diable Rouge</ins>, un nouveau personnage fait son apparition : une femme fatale connue sous le nom de Vanilla Ride qui a fait de son métier, tueur à gages, un art dans lequel elle se révèle toujours la meilleure. D'affaires personnelles en affaires moins personnelles, les deux gus croisent sa route pour le meilleur et pour le pire faisant très vite connaissance avec sa redoutable réputation. Une note instructive de l'auteur nous avise :<br /><blockquote><p>« A vanilla ride » (« une chevauchée sans encombre ») signifie aller droit au but et sans détour. C'est aussi une relation sexuelle réussie. Une tueuse à gages ainsi nommée est donc forcément performante et sexy. </p>
</blockquote>Les précédentes aventures de ces deux insolites et dangereux bienfaiteurs ne sont pas indispensables pour se plonger dans les derniers romans parus de la série, vous pouvez donc sans souci commencer par <ins>Vanilla Ride</ins> (septième de la série) et enchaîner illico sur l'épouvantable <ins>Diable Rouge</ins>. De plus, les autres opus de la série qui a débuté avec l'excellentissime <ins>L'Arbre à Bouteilles</ins>, ne sont pas tous du même tonneau.<br />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Trois-enqu%C3%AAtes-de-Hap-Collins-et-Leonard-Pine#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/220Killer Joe, de William Friedkin (2012)urn:md5:6e0e57111aed8aa66b2a4131cb5605ca2012-09-15T14:00:00+01:002012-09-16T10:26:51+01:00GillesCinémaHumourMatthew McConaugheyMichael ShannonSchizophrénieThrillerTueur à gagesViolence <p><ins>L'Exorciste</ins> (1973), <ins>Bug</ins> (2006), et <ins>Killer Joe</ins> (2012) sont mes trois intrusions dans l’œuvre de <strong>Friedkin</strong>. La schizophrénie ou plus généralement la folie est un thème récurrent de ces trois films. Les scènes angoissantes y côtoient les scènes brutales ou perverses durant lesquelles on en oublie parfois de déglutir sa salive. La démence d'un ou plusieurs personnages exulte toujours de manière paroxystique une fois que la tension distillée tout au long de l'histoire tient son emprise psychologique sur nous. </p>
<div id="centrage"><a title="L_exorciste.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/L_exorciste.jpg"><img title="L_exorciste.jpg, sept. 2012" alt="L_exorciste.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.L_exorciste_s.jpg" /></a> <a title="bug.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/bug.jpg"><img title="bug.jpg, sept. 2012" alt="bug.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.bug_s.jpg" /></a> <a title="Killer Joe" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/KillerJoe.jpg"><img title="Killer Joe, sept. 2012" alt="Killer Joe" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.KillerJoe_s.jpg" /></a></div>
<p>Seconde fois que <strong>Friedkin</strong> adapte au
cinéma une pièce de théâtre écrite par <strong>Tracy Letts</strong> après <ins>Bug</ins>
en 2006, un huis-clos
étouffant qui m'avait particulièrement impressionné. Jusqu'à la toute fin le spectateur ne sait pas où se tient la part de folie et la part de réalité dans la peur terrible qui ronge un couple persuadé d'être la victime d'un vaste complot, et d'une menace invisible...</p>
<p><a title="2006_bug.jpg" href="http://www.gophoto.it/view.php?i=http://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/2006_bug.jpg"><img title="2006_bug.jpg, sept. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="2006_bug.jpg" src="http://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.2006_bug_m.jpg" /></a></p>
<div id="centrage"><span style="font-size: 9pt;"><strong>Ashley Judd</strong> et <strong>Michael Shannon</strong> dans <ins>Bug</ins> en 2006</span></div>
<p><ins>Killer Joe</ins> s'inscrit dans un genre différent des deux autres, celui de la comédie dramatique familiale. Chris le garçon, Ansel le papa, et Dottie la petite sœur sont bien décidés à tuer leur crapuleuse maman pour
empocher les 50000 dollars de l'assurance vie. Chris s’enquiert donc
des services de Joe, flic le jour et tueur à gages la nuit. C'est un diable aux allures de cowboy aux<span class="st"> chapeau noir, gants noirs, veste noire, et </span><span class="st">l<span class="st">unettes noires.</span> Sa stature et sa tranquillité d'action inspirent l'obéissance.</span></p>
<p><a title="KILLER.jpeg" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/KILLER.jpeg"><img title="KILLER.jpeg, sept. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="KILLER.jpeg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.KILLER_m.jpg" /></a></p>
<div id="centrage"><span style="font-size: 9pt;"><em><strong>Joe</strong> interprété par <strong>Matthew McConaughey</strong></em></span></div><br />Joe s'entiche de Dottie faisant d'elle, au grand
dam de son frère, sa caution de garantie si les choses se passaient
mal. Poupée fragile aux joues roses, naïvement sexy, et sujette au
somnambulisme, ce personnage féminin est la réponse au machisme crasse qui empoisonne cette misérable famille.
<p> <a title="Dottie_Juno-Temple.jpg" href="http://www.gophoto.it/view.php?i=http://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/Dottie_Juno-Temple.jpg"><img title="Dottie_Juno-Temple.jpg, sept. 2012" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="Dottie_Juno-Temple.jpg" src="http://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.Dottie_Juno-Temple_m.jpg" /></a>
</p>
<div id="centrage"><span style="font-size: 9pt;"><em><strong>Dottie </strong>interprétée par <strong>Juno Temple</strong></em></span></div>
<br />La folie des dernières scènes dans lesquelles Joe joue à sa façon le thérapeute familial, laisse sur
l'impression d'un film déjanté. Le dénouement ne fait toutefois pas oublier les vices et les faiblesses du film. Cette cupide entreprise est cousue de fil blanc, la petite tête blonde incarne un personnage féminin creux, la pochade nocturne et pluvieuse a déjà été maintes fois filmée dans ce genre de scénario, et l'humour noir et les blagues grasses ne sont pas de très bon goût.<br /><p>J'ai aperçu au milieu de la file d'attente l'affiche du nouveau film de <strong>Michel Gondry</strong> intitulé <ins>The We and the I</ins>, et intercepté une discussion de l'exploitant du cinéma qui livrait ses impressions enthousiastes sur le satirique <ins>God Bless America</ins> (sortie prévue le 10 octobre, la bande annonce est <a href="http://www.youtube.com/watch?v=a0Ir1U-6o98">ici</a>). C'est peut-être dans la queue du cinéma que j'aurai finalement trouvé la promesse de deux bons films. Wait and see...</p>
<div id="centrage"><img title="theWeAndTheI.jpg, sept. 2012" alt="theWeAndTheI.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.theWeAndTheI_s.jpg" /> <a title="GodBlessAmerica.jpg" href="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/GodBlessAmerica.jpg"><img title="GodBlessAmerica.jpg, sept. 2012" alt="GodBlessAmerica.jpg" src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/FILMS/.GodBlessAmerica_s.jpg" /></a></div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Killer-Joe-de-William-Friedkin#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/153Nager sans se mouiller, de Carlos Salem (2010)urn:md5:208510beefc930f16406675e0958a62d2012-03-02T17:06:00+00:002012-03-04T20:39:02+00:00GillesLectureHumourNaturismePolarTueur à gages <p>A l'endroit, une blonde aguicheuse.<br />
A l'envers, une quatrième de couv' croustillante .<br />
A l'intérieur, c'est un roman noir délirant, et burlesque qui va vous chauffer les joues. <br /></p>
<p><img src="https://www.je-mattarde.com/public/GILLES/LIVRES/.nager_sans_se_mouiller_de_carlos_salem_m.jpg" alt="Nager sans se mouiller, de Carlos Salem" style="display:block; margin:0 auto;" title="Nager sans se mouiller, de Carlos Salem, mar. 2012" /></p>
<p>Comme le héros d'<ins>Un petit boulot</ins> de <strong>Iain Levison</strong> (<a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Un-petit-boulot-de-Iain-Levison">chroniqué ici</a>), <strong>Carlos Salem</strong> réussit à nous rendre sympathique un tueur à gages dont la droiture et le sens particulier de la probité vous feraient jalouser.</p>
<p>Le centre de toutes les attentions s'appelle <strong>Juanito Pérez Pérez</strong>, alias <strong>Numéro Trois</strong>. Dans la vie, ce quadragénaire effacé et divorcé travaille pour une multinationale qui vend des produits médicaux. Mais, en réalité, il s'est forgé une autre identité, il est un des plus redoutables tueurs à gages d'une « Entreprise » qui l'embauche pour supprimer des hommes d'affaires gênants.</p>
<p>Alors qu'il part prendre ses premières vacances seul avec ses enfants, le <strong>Numéro Deux</strong> de l'Entreprise lui colle un contrat de dernière minute. Elle lui a réservé un emplacement avec ses enfants dans un camps de naturistes où il pourra assurer parallèlement la surveillance d'une future victime qui y séjourne.</p>
<p>Commence alors une fantaisie amoureuse de vacances des plus excitantes, un imbroglio de rencontres et de coïncidences intrigantes lorsque son meilleur ami d'enfance borgne et unijambiste, son ex-femme dans les bras de son nouvel amant, un flic qui a plusieurs fois croisé sa route, et un écrivain avec le patronyme de <strong>Andréa Camilleri</strong> se retrouvent par le plus mystérieux des hasards tous nus dans le même camps de naturiste.</p>
<p>C'est la naissance d'une conscience dont Juanito ignorait l'existence, il lui faudra assumer ses différentes identités, se demander qui il est. Les doutes l'assaillent, et il ne sait plus où la menace se cache, craignant que ces coïncidences soient une manigance pour l'atteindre lui. Les rebondissements en valent le cul et la chandelle..!</p>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Nager-sans-se-mouiller-de-Carlos-Salem-2010#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/102