Je m'attarde - Mot-clé - Vache le temps d'un souffle<br />2024-03-25T15:05:00+01:00Gilles P.urn:md5:53884a1dc0a56fcabb5795c6d1504dfbDotclearMeat, de Frederick Wiseman (1976)urn:md5:082650adc47655517c4ff74356afaacb2023-05-10T09:32:00+02:002023-05-10T09:32:00+02:00RenaudCinémaAbattoirDocumentaireFrederick WisemanRetraiteUsineVacheViande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meat/.meat_m.jpg" alt="meat.jpg, mars 2023" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Engraissement, conditionnement, asservissement.<br /></strong></ins></span></div>
<p>Rarement le côté méthodique de <strong>Wiseman </strong>dans l'observation d'une chaîne de processus au sein d'une institution aura été aussi efficace et approprié pour découper une suite logique d'actions unitaires et reconstituer au montage un mouvement de très grande envergure — en l'occurrence, tout ce qui fait passer les vaches de leur enclos aux morceaux de viande enveloppés dans du plastique. À ce titre, <ins>Meat</ins> est une très bonne version américaine de documentaires français sur le sujet comme <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Saigneurs-de-Vincent-Gaullier-et-Raphael-Girardot-2017">Saigneurs</a></ins> (<strong>Vincent Gaullier </strong>et <strong>Raphaël Girardot</strong>, 2017) ou <ins><a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Entree-du-personnel-de-Manuela-Fresil-2013">Entrée du personnel</a></ins> (<strong>Manuela Fresil</strong>, 2013), même si les séquences à l'intérieur des abattoirs font plus directement penser au film de <strong>Franju </strong>de 1949, <ins>Le Sang des bêtes</ins>, avec ce noir et blanc fort à propos pour limiter l'écœurement devant autant de barbaque fumante tout en conférant au sang encore chaud qui ruisselle abondamment aux pieds des ouvriers une couleur noire hypnotisante.</p>
<p>Toute la chaîne est respectée, avec la neutralité admirable qu'on connaît à la caméra de <strong>Wiseman </strong>: les parcs d'engraissement intensif (les fameux "feedlots" américains qui voient défiler des centaines de milliers de bêtes chaque année) dans lesquels des cowboys mènent le bétail, l'entrée à l'abattoir et la mise à mort, toutes les étapes de la chaîne de production (en prenant le soin de détailler le travail spécifique des ouvriers à chaque poste), le conditionnement avant empaquetage et enfin l'expédition dans les camions frigorifiques. La continuité du processus de transformation de la viande sur deux heures est d'une limpidité éclatante. C'est un film qui par son caractère objectif et respectueux de toutes les parties devait parfaitement convenir à l'entreprise industrielle de meatpacking du Colorado, propriété de la société Monfort depuis rachetée par le groupe ConAgra.</p>
<p>On retrouve le fil conducteur de l'intégralité des films de <strong>Wiseman </strong>: les séquences qui ouvrent des espaces de discussion, ici en l'occurrence pour expliciter les rapports hiérarchiques entre personnel et direction ainsi que pour contextualiser l'environnement économique de l'industrie. Un bonheur pour ceux qui apprécient les éléments garnissant un cadre plus large, en plus de circonscrire les enjeux aux années 1970. On a droit à la visite guidée des lieux proposée à des cadres japonais, les bureaux où les commerciaux laissent libre cours à leurs talents de négociateurs (à l'achat ou à la vente) par téléphone, quelques réunions techniques du conseil d'administration, et surtout un échange clé entre un représentation de la direction et des syndicalistes, pépite archétypale de l'optimisation du travail à la chaîne selon le point de vue patronal, opposant la réalité décrite par ceux qui travaillent et les objectifs abstraits de rentabilité qui passent par la réduction des temps mort, la diminution du personnel par poste, l'augmentation des charges de travail, etc. De la pénibilité en veux-tu en voilà...</p>
<p><strong>Wiseman </strong>n'oublie pas pour autant son sens de l'humour, même si l'espace est particulièrement réduit ici. Un court passage sur l'élocution diabolique des commissaires-priseurs lors d'une vente aux enchères, un homme qui regarde un match de foot entre deux découpages de viscères sur un tapis roulant, un commercial envoûté par son invention (des jaunes d'œuf en tube) qui souhaite conquérir le marché européen, mais pas grand-chose de plus. En toile de fond, quand même, on entend parler de salariés qui s'inquiètent de l'évolution des fonds de placement censés garantir leurs retraites, et un dirigeant affirmer que "dans l'avenir, les guerres n'auront pas lieu pour la politique ou l'idéologie de manière traditionnelle, elles auront lieu sur le terrain économique, pour la nourriture et le pétrole". Glaçant.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meat/.img1_m.png" alt="img1.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meat/.img2_m.png" alt="img2.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meat/.img3_m.png" alt="img3.png, mars 2023" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/meat/.img4_m.png" alt="img4.png, mars 2023" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Meat-de-Frederick-Wiseman-1976#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1149Saigneurs, de Vincent Gaullier et Raphaël Girardot (2017)urn:md5:6e07351a8daa49822d2b48ebb38a04af2022-08-17T11:19:00+02:002022-08-17T10:20:04+02:00RenaudCinémaAbattoirDocumentaireFatigueRépétitionUsureVacheViande <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/saigneurs/.saigneurs_m.jpg" alt="saigneurs.jpg, juin 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Saigneurs, Affiche" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Malaise de la découpe industrielle<br /></strong></ins></span>
</div>
<p>Film très proche de celui de <strong>Manuela Fresil</strong>, <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Entree-du-personnel-de-Manuela-Fresil-2013"><ins>Entrée du personnel</ins></a> (côté poulet), dans l'exploitation de la chair humaine qu'il donne à voir au milieu de la chair animale débitée pendant 1h40 — régulièrement en hors champ ici. L'approche est très originale et ne manquera pas de faire grincer des dents dans des camps opposés : <strong>Vincent Gaullier </strong>et <strong>Raphael Girardot </strong>font le choix de montrer la misère des prolos dans ces salles d'abattoir où on a plutôt l'habitude de discuter de la cause animale. Excellente œuvre compagnonne de <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/L-Animal-et-la-mort-de-Charles-Stepanoff-2021"><ins>L'Animal et la mort</ins></a> de <strong>Charles Stépanoff</strong>, à ce titre : on nage en plein animal-matière, en pleine abstraction assumée par l'immense majorité des consommateurs de viande.</p>
<p>Les deux films partagent aussi une certaine propension à l'humour savamment déplacé, ici beaucoup plus réussi à mes yeux. C'est le cas principalement lorsque la caméra capte des moments d'échauffement dignes (ou presque) de grands sportifs, avec tous les employés qui font des exercices pour éviter autant que possible les tendinites et autres troubles musculo-squelettiques. C'est particulièrement drôle de voir ces gens, habillés en saigneurs avec leurs cirés blancs et leurs gants bleus, faire des gestes étranges dans le contexte d'un abattoir. Ici la caméra sait également saisir des choses de tout autres registres, comme notamment une femme en charge de découper les têtes de vaches qui attend la carcasse suivante avec son couteau fermement serré dans sa main. Le plan est glaçant. Le seul plan en trop à mon goût, c’est celui observant le contrechamp avec une vache en train d’agoniser à la fin, un peu trop explicite et surlignant quelque chose qui était déjà suffisamment clair il me semble.</p>
<p>On a souvent parlé des horreurs de ces lieux de mise à mort des animaux à la chaîne, mais très rarement de l'exploitation en miroir des hommes, soumis à un travail répétitif, sous-payé, fatigant, rebutant, summum de la précarité néolibérale — cf. cet homme de 52 ans qui avoue à son DRH qu'il ne pourra pas être employé ailleurs à son âge, totalement soumis, et qu'il accepte à peu près tout ce que son supérieur lui reproche ("des moments de relâchement en fin de journée quand tu fatigues, c'est du détail mais faut corriger ça") : la faiblesse de cet homme est horrible. Un sale boulot parmi d'autres. Un nouveau label à imaginer : viande garantie sans souffrance humaine.</p>
<p>Le film brille par son immersion et sa volonté de ne pas opposer les hommes aux animaux, il n'y a pas concurrence de la douleur. Son sens du cadrage aussi, je garde en mémoire cette femme en fond, avec son couteau, tandis qu'un ballet d'abats occupe le premier plan. On nage en plein taylorisme avec ses cadences infernales et ses milliers de bêtes tuées chaque jour. La plongée dans cet univers est très soignée, avec tout particulièrement un environnement sonore très travaillé, le bruit incessant des machines, le bruit du métal des couteaux contre la matière organique, le bruit de l'os sectionné par d'énormes pinces coupantes... Et plein d'outils dont j'ignore le nom. Le but est vraiment d'empêcher les ouvriers de réfléchir, d'anéantir tout espace qui pourrait s'y prêter, et de les abrutir avec des tâches pénibles, symbole d'une répétitivité absolue.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/saigneurs/.img1_m.jpg" alt="img1.jpg, juin 2022" style="margin: 0 auto; display: block;" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Saigneurs-de-Vincent-Gaullier-et-Raphael-Girardot-2017#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1062Les Bêtes, de Ariane Doublet (2001)urn:md5:d9f9745657e6d7f7beef240fc8e20f342021-10-17T22:33:00+02:002021-10-18T09:30:41+02:00RenaudCinémaAgricultureAnimalDocumentaireElevageRuralitéVacheVétérinaire <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.betes_m.jpg" alt="betes.jpg, oct. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>"Quel métier !"</strong></ins></span></div>
<p>Le plan initial donne le ton : on y voit un vétérinaire derrière une vache, en pleine fouille, un bras enfoncé jusqu'à l'épaule dans le cul de l'animal (il se trouve que chez la vache, l’éloignement des ovaires correspond exactement à la dimension d'un bras d'homme ; chez l'éléphant, les dimensions tombent un peu moins bien), l'autre tenant un portable afin de régler un détail administratif en lien avec son cabinet. "Quel métier !", dit-il pour conclure la séquence, et en effet, on ne peut qu'éprouver une compassion sans borne à l'égard de ces quatre vétérinaires qui sillonnent une région rurale normande. Le documentaire d'<strong>Ariane Doublet</strong>, s'il ne prétend à aucun esthétisme de la belle image (ici provenant d'une caméra amateur peu gracieuse), ne s'interdit pas un certain travail de composition pour mettre en valeur, par le cadre, un certain nombre d'actions opérées par ces professionnels — faisant notamment intervenir des bovins. Mais c'est surtout en termes de montage, simple mais efficace, que la réalisatrice s'amuse à alterner entre vie semi-citadine et vie agricole, d'un côté pour soigner les petits bobos d'un chien ou d'un chat et de l'autre pour gérer un prolapsus utérin faisant suite à une mise-bas. Deux mètres d'organes en dehors de l'animal, ce n'est pas rien.</p>
<p>Très clairement <ins>Les Bêtes</ins> n'est pas un documentaire à recommander largement, car c'est le genre de témoignage qui passionnera les personnes ayant une inclination pour la chose paysanne, pour les bizarreries du monde agricole (et ses contrastes avec l'urbain), mais qui laissera les autres dans l'indifférence, très probablement. De mon côté je trouve cela plutôt fascinant, et la malice de <strong>Doublet </strong>à opposer délicatement les deux mondes comme le jour et la nuit, l'affection très forte des propriétaires d'animaux de compagnie et le détachement minimum nécessaire d'un éleveur vis-à-vis de son troupeau (ce qui n'interdit pas une affection différente), est un vrai régal.</p>
<p>Certaines répliques sont vraiment collector. Le vétérinaire souffle dans les naseaux d'un veau nouveau-né pour libérer les voies respiratoires et crache, avant que l'éleveur ne lui réplique "c'est moins bon que le whisky ça !". Un éleveur au sujet d'une brebis mourante : "on peut la récupérer ?", le véto, hésitant quant au sens de la récupération, comprenant enfin : "ah vous voulez la manger ? oui oui vous pouvez" pour terminer quelques secondes plus tard "j'ai jamais vu ça, des intestins dehors comme ça". Au sujet d'un chien ayant avalé une aiguille à tricoter : "y'a du fil bleu madame", et après avoir sorti l'objet "ah non mais je comprends pas, j'ai pas cousu avec du fil bleu".</p>
<p>Fin des années 1990 / début des années 2000 obligent, le spectre de la vache folle est partout en arrière-plan, conduisant à des abatages obligatoires malgré l'absence de cas avéré dans la région à ce moment-là. La modernité des élevages intensifs rôde également dans les parages. Mais c'est naturellement la diversité tragicomique des situations qui prend le dessus, le matin dans un cabinet d'un blanc immaculé pour retirer un caillou de l'estomac d'un chien et l'après-midi dans une ferme souillée de bouses pour réaliser une échographie in utero d'une charolaise sous la pluie. Notons tout de même qu'il faut avoir l'estomac bien accroché car certaines séquences sont assez crues (mais sans aucune forme d'excès) : l'incision d'une vingtaine de centimètres sur le flanc d'une vache tout à fait consciente, debout et relativement calme, pour aller se balader dans ses intestins à plusieurs bras, ne laissera pas indifférent. Quel métier...</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.chien_m.jpg" alt="chien.jpg, oct. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.frontale_m.jpg" alt="frontale.jpg, oct. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.operation_m.jpg" alt="operation.jpg, oct. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.radio_m.jpg" alt="radio.jpg, oct. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.retournement_m.jpg" alt="retournement.jpg, oct. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/betes/.telephone_m.jpg" alt="telephone.jpg, oct. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Les-Betes-de-Ariane-Doublet-2001#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/1012Gunda, de Viktor Kossakovsky (2020)urn:md5:1fbfbf73e6027ae6228b4fb69aeb235a2021-02-23T19:05:00+01:002021-02-23T19:05:00+01:00RenaudCinémaAngleterreAnimalCochonDocumentaireEspagneFermeJoaquin PhoenixNorvègePouleVache <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.gunda_m.jpg" alt="gunda.jpg, fév. 2021" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Grouinements, meuglements et gloussements (au sens propre)<br /></strong></ins></span></div>
<p>Une truie et ses porcelets. Des poules. Des vaches. C'est un résumé exhaustif des 90 minutes de <ins>Gunda</ins>, un documentaire norvégien tourné en noir et blanc exclusivement consacré à ces animaux, sans dialogue, sans musique, sans présence humaine (un tracteur à la fin vient terminer le mouvement en enlevant la portée d'une douzaine de porcelets qui ont grandi). Des plans fixes, des lents mouvements de caméra en pleine campagne norvégienne, espagnole ou britannique : on le comprend très vite, l'intérêt sera essentiellement esthétique ici. Il y a une poule à une patte. Il y a un porcelet fébrile, perdu dans la paille, trouvé puis écrasé sans explication par sa mère. Il y a des vaches qui se mettent en binôme, tête-bêche, pour profiter chacune de la queue de sa voisine comme un balai anti-mouche. Et il y a <strong>Joaquin Phoenix</strong> en producteur exécutif. C'est à peu près tout.</p>
<p><strong>Victor Kossakovsky </strong>vise clairement la fascination et la poésie autour de ces animaux qui évoluent (presque) librement dans de grands espaces. Les cochons sortent progressivement de leur abri, les poules sortent timidement de leur cage, et les vaches s'élancent vigoureusement hors de leur hangar — au ralenti. Il n'y a pas de voix off mais il y a une forme d'écriture, évidemment, dans beaucoup de séquences dont la toute dernière, en particulier, un plan-séquence sur la truie pendant qu'on lui retire ses porcelets et sur les moments d'errance qui suivent. Les porcelets à la naissance ressemblent à des petites machines aux mouvements saccadés et maladroits. Les pattes de poules en gros plans semblent sortir d'un film de science-fiction type <ins>Godzilla</ins>. L'environnement sonore est en outre particulièrement riche : ça grogne, ça grouine, ça couine, ça meugle, ça beugle, ça mugit, ça glousse, ça caquète. Quand la douzaine de porcelets se met à table, les mamelles de la truie se transforment en un banquet bruyant. Quand la poule unijambiste se trouve confrontée à un grillage, elle essaye de le traverser de nombreuses manières. Les vaches, elles, un peu comme dans <ins>Bovines</ins>, observent paisiblement l'œil qui les scrute.</p>
<p>De l'observation à haute valeur esthétique, rien de plus, rien de moins.</p>
<div id="centrage">
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.truie1_m.jpg" alt="truie1.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.mamelles_m.jpg" alt="mamelles.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.ombre_m.jpg" alt="ombre.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.poule_m.jpg" alt="poule.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.truie2_m.jpg" alt="truie2.jpg, fév. 2021" />
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/gunda/.vache_m.jpg" alt="vache.jpg, fév. 2021" />
</div>https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Gunda-de-Viktor-Kossakovsky-2020#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/916Isolation, de Billy O'Brien (2006)urn:md5:870161a9d6d376fabacdde1eff396b132020-04-19T19:34:00+02:002020-04-19T18:37:09+02:00RenaudCinémaAnimalHorreurIrlandeJohn CarpenterRidley ScottScience-fictionVache <img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/isolation/.isolation_m.jpg" alt="isolation.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<div id="centrage"><span style="font-size: 18pt;"><ins><strong>Vitulinus Dei : les dérives de la PAC </strong></ins></span>
</div>
<p>Dans la thématique de la série B horrifique sérieuse à fort potentiel gore, tendance manipulations génétiques et contaminations virales, <ins>Isolation</ins> propose un morceau de choix. Une belle histoire de veau mutant.</p>
<p>Disons-le tout de suite : cette variation irlandaise et bovine de classiques de l'épouvante ne chatouille même pas ses figures tutélaires — <strong>Billy O'Brien</strong> avait pour références <ins>Alien</ins> et <a href="https://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Thing-de-John-Carpenter-1982"><ins>The Thing</ins></a> en tête, cela ne fait aucun doute. Que ce soit dans l'observation organique des entrailles aussi vivantes qu'explosées ou dans la contamination du mal qui saute d'un hôte au suivant, la filiation est évidente, mais elle reste à mes yeux sincère et source d'inspiration plus que de plagiat. On est ici dans le cadre d'une production évidemment modeste, qui laisse entrevoir ses restrictions budgétaires lorsqu'il faut montrer l'horreur de face dans les derniers moments : il est tout de même à noter que dans ces passages focalisés sur des créatures monstrueuses, sortes de veaux sanguinolents pourvus d'un exosquelette chaotique, une fois passé le sentiment d'abjection, on peut se surprendre à pouffer de rire.</p>
<p>L'ambiance qui est instaurée pendant la très longue introduction, parfaitement incertaine, avec une séquence où une vache tente de mettre bas avec les plus grandes difficultés, est tout simplement incroyable. Limite surréaliste, même en étant familier de cette thématique. Sous couvert de raconter la perdition des petits agriculteurs abandonnés de la PAC, la dimension sociale se mêle à l'épouvante autour d'une vache à lait : sur le papier cela peut paraître quelque peu incongru et invraisemblable, au fond de cette campagne irlandaise, mais le pari se concrétise très vite. Le malaise diffus tourne à plein régime — dans la veine d’un autre film de contamination virale récent, <ins>Sea Fever</ins>, très différent. Au premier accident vétérinaire, on commence à se poser des questions, prémices d'un crescendo de tension assez bien foutu. Le poids de <strong>Carpenter </strong>et <strong>Scott </strong>(on n'ira pas jusqu'à citer <strong>Loach </strong>non plus) se fait de temps en temps un peu trop sentir, mais la modestie du bis lève tout soupçon opportuniste. C'est plus du côté du généticien fou que le film pèche en réalité, avec la séquence où il représente une menace, celle où il se rend compte de son abomination derrière un microscope, etc. Mais les petits monstres qu'il a enfantés redéfinissent à la marge la notion de l'informe, dans un magma-placenta de mutations gluantes très tactiles et inqualifiables.</p>
<img src="https://www.je-mattarde.com/public/RENAUD/CINEMA/isolation/.torche_m.jpg" alt="torche.jpg, avr. 2020" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Isolation
2006
real : Billy O'Brien
COLLECTION CHRISTOPHEL
" />https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Isolation-de-Billy-OBrien-2006#comment-formhttps://www.je-mattarde.com/index.php?feed/atom/comments/764