Tout est dans le titre.

Petit rappel : La Réunion, c'est une île française (ah, le temps béni des colonies...) de l'océan Indien, à 700 kilomètres à l'Est de Madagascar. Une patatoïde ellipsoïdale dont les diagonales font approximativement 50 et 80 kilomètres, avec un climat tropical (comprendre : il peut faire un soleil de plomb à un endroit donné et y avoir des pluies torrentielles à quelques kilomètres de là) à rendre fou le plus chevronné des présentateurs météo. Les trois cirques de Mafate, Cilaos et Salazie donnent le ton, avec le Piton des Neiges (3071 mètres d'altitude), le Piton de la Fournaise (1 éruption tous les 16 mois en moyenne), et des centaines d'hectares de nature sans l'ombre d'un 4x4.
La Diagonale des Fous parcourt l'île selon la plus grande des deux diagonales, traversant ainsi l'ensemble des cirques, climats, végétations et reliefs sur une distance d'environ 170 kilomètres (un peu plus en ce qui nous concerne, puisqu'il faut compter les détours par la Roche Écrite, le Piton des Neiges et celui de la Fournaise) pour 10 000 mètres de dénivelé positif cumulé.

La carte suivante donne un bon aperçu (il faut bien zoomer pour voir en rouge le tracé Nord → Sud de la randonnée).

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Au programme : nuits fraîches et humides, après-midi ensoleillées (ou presque) et genoux mis à contribution pour joindre les deux bouts de la journée. Huit jours de marche et sept nuits en tente, avec les sacs à dos pleins (bien pleins...) de victuailles et d'eau puisque on pouvait passer plus de deux jours sans accès à de l'eau potable.

Au départ, on est propre, on sent bon, on est en forme ; cela n'empêche pas de se sentir seul par moment, comme ici dans la nuit noire près de la rivière Deux Bras, en compagnie de Loup (à gauche sur la photo), la seule personne suffisamment masochiste pour compatir et faire cette Diagonale des Fous avec moi.

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Cette randonnée donne l'occasion, à de nombreuses reprises, de rester bouche bée devant des paysages presque irréels. Par exemple, cette vue plongeante sur le cirque de Salazie depuis la Roche Écrite, avec en fond, dans la partie supérieure, les Pitons des Neige (imposant massif sur la droite) et de la Fournaise (au milieu, tout petit vu d'ici).

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Le Piton des Neiges, ça donne ceci quand on y est, en regardant en direction du Nord-Est.

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Et le Piton de la Fournaise, c'est plutôt comme ça  (vous noterez la taille monstrueuse du cratère, d'où s'échappent encore quelques vapeurs, en comparant avec les minuscules personnes postées sur la partie droite de la photo).

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Parmi les choses les plus sympas de la randonnée, il y a cette possibilité - qui s'avère parfois être une nécessité - de planter la tente n'importe où, y compris sur les scories qui bordent le Piton de la Fournaise. Ou bien, plus confortable, à Trois Roches dans le cirque de Mafate, cerné par les crêtes avoisinantes, le Gros Morne au loin.

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Autant dire qu'après huit jours intenses de randonnée, et après avoir rencontré un autre « fou » sur le chemin, on est bien content de prendre tant bien que mal une photo à l'arrivée (Cap Méchant, près de Saint-Philippe), les traits marqués, en esquissant le sourire béat du héros qui a accompli l'impossible. Des étoiles plein les yeux, des ampoules plein les pieds.

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