ga_ga.jpg
La dystopie polonaise, de "O-bi, O-ba" à "Ga, Ga"

Ga, Ga – Gloire aux héros présente un lien direct avec O-bi, O-ba – La Fin de la civilisation, sorti l'année précédente, au sein d'une série de films de science-fiction dystopiques assez peu joviaux réalisés par le polonais Piotr Szulkin. Avec un budget sans doute équivalent mais dans un sous-genre très différent, privé de cette dimension profondément immersive qui en faisait tout le sel, le caractère fauché du projet ressort avec beaucoup plus de violence ici. Mais dotée d'une telle teneur absurde et surréaliste, dans l'écrin d'une composition photographique très soignée, avec pour sujet un 21ème siècle où des prisonniers sont missionnés pour explorer l'espace faute de candidats volontaires, l'expérience vaut tout de même le détour, à titre de curiosité pour les objets bizarroïdes.

Exit donc toute l'atmosphère post-apocalyptique sinistre et oppressante de l'Arche dans O-bi, O-ba, et place à une satire beaucoup plus encline à embrasser la comédie noire et décalée. Le contenu pas forcément porté sur la subtilité ou la retenue pourra constituer un frein solide à l'adhésion, mais une forme bouillonnante et chaotique de créativité, dans les décors, dans les personnages et dans les situations, aide à faire passer la pilule un peu indigeste par endroits.

Le protagoniste, en arrivant sur une planète censée être inhabitée, découvre un monde qui n'est rien d'autre qu'une caricature du nôtre, voire peut-être de la Pologne des années 80. La violence y est glorifiée sans limite, la société du spectacle est obnubilée par la surenchère jusqu'à procéder à des exécutions en place publique à l'aide de pieux géants qui traverseront les condamnés, et bureaucratie et religion fonctionnent main dans la main avec la gloire pour obsession commune. Comme un pot-pourri de New York 1997, Dark Star et Mad Max 2 saupoudré d'absurde de type Monty Python. Le résultat, à l'image de cette association, est aussi hétérogène que surprenant. Un sens du grotesque qui ne parlera pas à toutes les sensibilités, assurément, à l'instar des hot dogs avec des doigts humains (mais aux ongles mal coupés, voilà l'horreur) à la place de saucisses servis dans le bar local et les bras qui s'arrachent comme du papier quand on tire un peu fort dessus.

Reste la dimension subversive du film, enfouie sous les couches bigarrées de bizarreries, où le prisonnier occupe la place de l'unique homme sain au milieu du marasme et du foutoir environnant. Comme un îlot d'humanité perdu dans un décorum autoritaire et absurde.

bar.jpg bureau.jpg
jeu.jpg voiture.jpg