generation_proteus.jpg, sept. 2020
Aspiration à la procréation de l'intelligence artificielle

En surfant à la confluence de plusieurs vagues, celle du succès de 2001 pour la partie SF ayant trait à la science-fiction et celle de la pléthore de films d'horreur impliquant des machines (voire même des invasions extérieures dans le registre de Le Mystère Andromède), Génération Proteus aka "Demon Seed" parvient tout de même à ne pas sombrer dans la redite en choisissant une voie particulièrement originale. Ce n'est pas une proposition révolutionnaire de cinéma mais c'est une série B ambitieuse qui aborde la thématique de l'IA de front et qui va jusqu'au bout de ses idées... pas très orthodoxes.

Il faut tout d'abord passer par l'incontournable contextualisation pseudo-scientifique, qui comme souvent s'avère pénible et ennuyeuse, nous montrant un génie (ici en informatique) ayant réussi à construire une machine fantastique, en l'occurrence l'ordinateur le plus puissant du monde. Rien d'éliminatoire cependant pour qui apprécie les ambiances 70s, pas de grande manifestation d'un mauvais goût suranné. Le premier sursaut curieux dans la routine SF intervient quand la machine refuse poliment de se soumettre aux injonctions des humains, lorsqu'on lui demande de commencer à travailler sur l'extraction de minerais dans les océans — chose que le super-ordi refuse de faire pour préserver la biodiversité marine contre l'orgueil de l'être humain.

Ce début d'opposition n'est pas fondamentalement novateur en soi, par contre c'est la seconde moitié du film qui devient vraiment très singulière, lorsqu’il fait prisonnière l'épouse du scientifique sous prétexte d'étudier la biologie humaine... et surtout pour procréer. Le schéma SF a beau être classique, l'intelligence artificielle cherchant à s'aménager de plus en plus d'autonomie, mais il vire subitement vers l'horreur en la concentrant sur la personne de Julie Christie, dans un changement de direction difficilement prévisible. Il sera question d'insémination on ne peut plus artificielle, sans en faire trop dans le registre philosophico-existentiel, et avec des constructions artificielles vraiment... étonnantes.

ia.jpg, sept. 2020