Les films traitant de la question de l'avortement et plus généralement de la grossesse non-désirée ne sont pas immensément nombreux, et au sein de ce groupe ils sont extrêmement rares à être de qualité. Je crois d'ailleurs que le seul film vraiment intelligent et drôle sur le sujet que j'aie vue est d'Alexander Payne, Citizen Ruth, avec Laura Dern grosse toxico tombant enceinte et manipulée de toutes parts autant par les pro-life que par les pro-choice — potache et hilarant. Jolie surprise donc que de découvrir cette comédie norvégienne récente abordant ce sujet précis avec une approche à la fois pertinente, originale, et divertissante. Beau combo.
En un sens la réalisatrice Yngvild Sve Flikke (aucune idée de la prononciation de ce nom !) pose la problématique non pas comme une question sur la légitimité de l'avortement, car la protagoniste a dépassé de beaucoup le délai légal, ni vraiment comme une réflexion sur le choix qui s'offre à la parturiente primipare, étant donné qu'il s'agit d'un ressort comique majeur — réaliser qu'elle est enceinte alors qu'elle est déjà à 6 mois de grossesse, identifier le père avec les aléas existentiels que connait l'héroïne, constater les dérives de l'adoption (sur le ton de la caricature bienveillante), etc. Non en réalité la chose est posée de manière très claire : Rakel, 23 ans, ne veut tout simplement pas être mère. Et comme ce choix n'est pas particulièrement répandu, compris ou respecté la plupart du temps, le film s'engage sur le sentier de la comédie dramatique au moyen d'un personnage animé s'invitant dans l'univers de la jeune femme, un fœtus ninja, taquin et malicieux, sorti de son carnet de notes, donnant au film son titre. Une espèce de projection mentale qui permet de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de Rakel.
Zéro pathos dans cette comédie joyeuse qui n'évite pas pour autant les difficultés évidentes sur ce chemin de la maternité non-voulue, au contraire beaucoup de sérieux derrière les aspects potaches de ce personnage de BD. Un moyen très original (et réussi, je trouve) de matérialiser, à travers l'inquiétude de ce personnage imaginaire, l'incertitude qui assaille la mère et le poids des responsabilités qu'elle essaie de fuir. Le film fait étonnamment bien la part des choses entre respect du choix en termes de maternité et confrontation avec la réalité de la vie d'adulte quand on sort tout juste de l'adolescence. C'est totalement en dehors de la moindre trace d'instinct maternel que Rakel sortira de sa bulle, mûrira son projet, avancera à sa façon, loin des sentiers balisés.
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