lundi 29 avril 2024

Histoire écrite sur l'eau (水で書かれた物語, Mizu de kakareta monogatari), de Yoshishige « Kijû » Yoshida (1965)

histoire_ecrite_sur_l_eau.jpg, avr. 2024
Traumas et tremblements

Le style de Yoshishige (aka Kijū) Yoshida est immédiatement perceptible et regarder aujourd'hui Histoire écrite sur l'eau, c'est voir refaire surface en toute subjectivité nombre de ses films des années 1960 comme les très beaux Le Lac des femmes ou encore La Source thermale d'Akitsu, leur photographie noir et blanc éclatante, leurs cadres parfaitement composés, leur élégance de mise en scène faisant dialoguer toutes les fenêtres temporelles et tous les registres intimes, et fatalement, leur actrice en commun : la merveilleuse Mariko Okada.

Ce cinéma japonais avance avec des arguments esthétiques extrêmement convaincants, et agit comme une séance d'hypnose en captant l'attention dès le premier instant, au travers de ces visages cadrés avec minutie (qui parviennent à mettre en lumière des acteurs aussi inexpressifs que Yasunori Irikawa dans un des rôles principaux) ou de ces configurations de plan très inattendues (des éclairages étranges, des angles biscornus, des champs / contrechamps intégrant des occlusions peu courantes). C'est clairement sous l'angle de la séduction formelle que Yoshida fait entrer dans le récit en ce qui me concerne, bien avant que les termes de l'enjeu soient explicités. Ils sont pourtant particulièrement corsés : un homme sur le point de se marier est perturbée par la relation — passée et présente — entre sa mère, désormais veuve, et son futur beau-père, actuellement esseulé. Autant dire que Histoire écrite sur l'eau abondera dans les registres de l'adultère, du traumatisme infantile (sans surcouche freudienne), de la frustration, et de la relation incestueuse (le film nous gratifie d'une ellipse mémorable à ce sujet).

Le film épouse l'état d'esprit de Shizuo, pris entre deux feux féminins, sa femme (Ruriko Asaoka) et sa mère (Mariko Okada), interprétées par des actrices dont la différence d'âge est exagérément réduite afin de renforcer la confusion. Yoshida est très habile pour structurer le récit en flashbacks et dévoiler progressivement des bouts du passif familial, éclairant à chaque fois une nouvelle zone dans la psychologie de Shizuo, et révélant ses doutes, ses obsessions, ses désirs — et ses blocages. À la stylisation extrême de la réalisation répond un accompagnement sonore aiguisé à souhait et un crescendo des tourments qui prennent en étau les quatre personnages, avec pour passerelle entre les deux l'ombrelle dont la mère ne se séparait jamais et qui traverse les époques et les lieux. D'un double suicide l'autre, avec sa conclusion étonnamment explicite (étant donné le niveau très fort de suggestion du reste, elle génère un léger inconfort) et pétrie de frustration pour Shizuo, le film ne se départira jamais de sa froideur mortifère, toujours subtile, mais malgré tout un peu éreintante sur la durée.

img1.png, avr. 2024 img2.png, avr. 2024 img3.png, avr. 2024 img4.png, avr. 2024

vendredi 26 avril 2024

En route vers le sud (Goin' South), de Jack Nicholson (1978)

en_route_vers_le_sud.jpg, avr. 2024

"I'll never forget you, Hermine. You's the first woman I didn't have to pay for. Adiós." Jack Nicholson n'a pas été le réalisateur de beaucoup de films (IMDb en compte quatre, dont un non-crédité) et à la différence de The Two Jakes qui sera formellement beaucoup plus maîtrisé 12 ans plus  […]

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jeudi 25 avril 2024

Ill Communication, de Beastie Boys (1994)

ill_communication.jpg, avr. 2024

Il aura fallu attendre le quatrième album des Beastie Boys pour que je trouve enfin le bon équilibre Rock / Rap, et sans doute pour que l'acclimatation à leur style quand même assez inimitable me permette d'appréhender un album sereinement. Comment définir ce style d'ailleurs... Des dégaines de  […]

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mercredi 24 avril 2024

La Daronne, de Hannelore Cayre (2017)

Tandis qu’elle visite chaque jour sa mère décrépite à l’EHPAD, Patience Portefeux qui a 53 ans, nous confie sa vie avec un sens de l’autodérision à toute épreuve. Le bagout de la narratrice au début du livre donne le ton avec sa verve qui étonne, un mélange de familiarité populaire, de sincérité  […]

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mardi 23 avril 2024

Les Colons (Los colonos), de Felipe Gálvez (2023)

colons.jpg, avr. 2024

"La lana manchada con sangre pierde su valor." Los colonos forme avec Godland (Hlynur Pálmason, Islande, 2022) et La Légende du Roi Crabe (Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis, Italie, 2021) une facette étonnante du panorama cinématographique contemporain, encline à détailler le  […]

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lundi 22 avril 2024

Le Franc / La Petite Vendeuse de soleil, de Djibril Diop Mambéty (1994 et 1999)

franc.jpg, avr. 2024

Trilogie sénégalaise inachevée 1 - Le Franc Drôle de virage pris par Djibril Diop Mambety, seulement deux ans après Hyènes, pour se tourner vers une production de taille beaucoup plus modeste à l'occasion d'un diptyque (qui devait initialement être une trilogie consacrée à l'emprise de l'argent  […]

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samedi 20 avril 2024

Winter Soldier, de Winterfilm Collective (1972)

winter_soldier.jpg, avr. 2024

"The more ears, the more beers." Grande pépite du documentaire documentant, composée exclusivement de témoignages de soldats américains à leur retour à Détroit, en 1971, au lendemain de leur mobilisation pendant la guerre du Vietnam : je crois que le qualificatif de "film  […]

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jeudi 18 avril 2024

Le soleil rouge de l'Assam, de Abir Mukherjee (2023)

Ce quatrième tome ne dépare pas des trois premiers dans cette série policière de Abir Mukherjee qui se déroule dans l’Inde des années 1920 au côté de deux enquêteurs, le capitaine écossais Sam Wyndham, et le sergent indien Satyendra Banerjee. Le soleil rouge d’Assam commence sur le spectacle d’une  […]

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