lundi 19 mai 2025

...Tick... Tick... Tick... Et la violence explosa ! (...Tick... Tick... Tick...), de Ralph Nelson (1970)

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"I'm the sheriff. Not the white sheriff. Not the black sheriff. Not the soul sheriff. But, the sheriff!"

Ralph Nelson est principalement connu pour son western critique Soldat bleu de 1970, dénonçant violemment le massacre historique de Sand Creek, mais finalement ce sera cette série B ...Tick... tick... tick... sortie la même année qui aura ma préférence, bien qu'elle souffre de limitations évidentes. Une plongée crasseuse dans les États-Unis du sud où des restes du passif esclavagiste infusent encore dans la société, où la ségrégation a gangrené toutes les strates de la ville. Mais malgré son emballage de série B, il faut ici reconnaître à Nelson un sens étonnant de la mesure (un peu trop par moment, clairement, à trop vouloir équilibrer les choses une forme de symétrie trop parfaite prend le dessus) pour aborder le sujet brûlant et éternel du racisme. Franchement, 55 ans plus tard, les signes d'évolution paraissent bien timides.

On peut voir cette chronique des forces de l'ordre dans le comté de Colusa comme un récit cousin de l'australien Wake in Fright, dans lequel la chaleur écrasante fait ruisseler les gouttes de sueur sur les corps, et où l'on aurait substitué au personnage de l'instit paumé dans un village de fous furieux tueurs de kangourous celui d'un shérif noir au milieu d'une petite ville dans laquelle le KKK gagnerait haut la main des élections. Il n'empêche : Jim Brown incarne cet homme qui s'est imposé face à son rival George Kennedy à l'élection du shérif local, et débarque dans ce coin miné par la défiance.

Et là où on attend une grosse série B qui tache avançant ses pions sur un échiquier de la morale convenue, Ralph Nelson fait preuve d'une mesure et d'une subtilité tout à fait surprenantes. Surprise : les gentils et les méchants ne sont pas répartis selon les camps des blancs ou des noirs, les rapports entre personnages qu'on pensait bassement conflictuels et uniquement articulés par un exercice quelconque de la violence se révèlent beaucoup plus complexes et nuancés, et la toile des relations et des contraintes structurant le microcosme forme un réseau très étonnant dans la dynamique des rapports de force.

Cela n'empêche pas le scénario d'arborer des grosses ficelles et de se faire un peu bourrin pour placer ses arguments : on a droit au personnage du parvenu méprisable fils de riche notable se croyant tout permis (y compris sortir de prison après avoir tué une fille dans un accident de voiture), au revirement de situation final qui permet de boucler l'histoire sur une note positive, aux bons et mauvais points distribués presque méthodiquement des deux côtés blancs / noirs. Malgré tout, la provocation bien pesée que le film cultive sur le terrain des tensions raciales parvient à maintenir un niveau de tension (et d'attention) constant. On voit des gens changer d'avis là où d'autres s'obstinent dans leur bêtise, on voit des comportements parfaitement cyniques essayant de tout faire pour ne pas se mouiller dans cette situation explosive. Un thème que Nelson reprendra (moins habilement) dans Le Vent de la violence (1975), mais qui se situe bien plus du côté du célèbre Dans la chaleur de la nuit (1967).

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jeudi 15 mai 2025

Grizzly Man, de Werner Herzog (2005)

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La passion, le ridicule, et le grizzly Grizzly Man n'est certainement pas le plus fin des films réalisés par Werner Herzog, avec son portrait de Timothy Treadwell aka un candidat sérieux aux Darwin Awards 2003 qui aimait passer ses vacances d'été en camping au milieu des grizzlis, sur la base de  […]

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mercredi 14 mai 2025

Hold-Up (Plunder Road), de Hubert Cornfield (1957)

hold-up.jpg, 2025/04/28

De l'or et de la route Bien qu'il apparaisse dans la période tardive du film noir, Plunder Road (en version originale) ressemble à une sorte de définition matricielle du genre. Tous les ingrédients sont là, dans un format essoré au maximum pour n'en laisser que le strict minimum nécessaire. Il n'y  […]

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mardi 13 mai 2025

Beaucoup trop pour un seul homme (L'immorale), de Pietro Germi (1967)

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lundi 12 mai 2025

Nuée d'oiseaux blancs (千羽鶴, Senbazuru), de Yasuzō Masumura (1969)

nuee_d-oiseaux_blancs.jpg, 2025/04/14

Fantômes de familles Yasuzō Masumura et Ayako Wakao, encore. Il faudra donc ajouter à la longue et passionnante liste de collaborations entre les deux artistes (Confessions d'une épouse, Passion, La Femme de Seisaku, Tatouage, et L'Ange rouge pour les plus réputées et/ou les plus marquantes) ce  […]

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jeudi 08 mai 2025

Les jaloux, de James Lee Burke (2023)

James Lee Burke à l’âge de 86 ans nous raconte avec fougue et ardeur, l’année tumultueuse d’un jeune garçon prénommé Aaron qui tombe amoureux d'une fille d'un quartier riche. On est à Houston, en 1952. Burke ménage des zones d’ombre pour entretenir le suspens dès les premiers chapitres. Je ne vais  […]

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Hill of Freedom (자유의 언덕, Jayuui eondeok), de Hong Sang-Soo (2014)

hill_of_freedom.jpg, 2025/04/07

Rencontre fragmentée et kaléidoscopique Le milieu des années 2010 est décidément ma période favorite chez Hong Sang-Soo, jusqu'à présent. Il a pris ses distances avec ses débuts à mon goût un peu artificiels, il n'a pas encore sombré dans le stakhanovisme industriel de ces dernières années qui se  […]

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mardi 06 mai 2025

Invocaçao (2018) et Curannera (2023) de Yaràkä

yaraka/.curannera.jpg, 2025/01/29

Invocaçao est le premier album de Yaràkä. Cette musique folk italienne (à défaut d'avoir une prise plus directe avec la dénomination du registre approprié) en provenance des Pouilles développe des sonorités originales, d'inspiration afro-brésilienne, marquée essentiellement par le style des  […]

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