Le genre de petite surprise qui fait plaisir. On y va presque à l'aveugle, sans être victime d'une campagne de communication harassante, sans attendre autre chose que de voir les têtes d'affiche qu'on apprécie, dans un genre a priori sympathique, et on est servi (en plus d'être agréablement surpris). Une tripotée de bonnes têtes connues (Kurt Russel, Richard Jenkins, Matthew Fox et David Arquette) dans un genre moins restreint qu'escompté (c'est clairement un western, mais baignant assez agréablement dans les eaux troubles de l'horreur et de la série B), le tout rassemblé dans un premier film réalisé par un quasi-inconnu : autant d'éléments constituant une base appréciable qui aurait pu, comme souvent, mal tourner.
Mais force est de constater que S. Craig Zalher s'est fixé un cap et s'y tient avec rigueur et vigueur. Passée une introduction on ne peut plus typée western, passage obligé (mais bien négocié, hormis quelques scènes inutiles) nous gratifiant de la traditionnelle phase des présentations en guise d'amuse-bouche, Bone Tomahawk n'aura de cesse de jouer à la limite des genres (le trio western-horreur-série B, donc) et de jouer avec nos attentes.
D'une part, les personnages sont bien écrits, des tempéraments forts sans en faire trop, juste ce qui faut pour maintenir une dynamique tout au long du film. On savoure rapidement les affinités et les tensions qui émaillent l'équipée sauvage lancée à la rescousse de quelques disparus, rompant la tranquillité de la paisible Bright Hope. Quatre protagonistes, quatre personnalités bien différentes, servies par des dialogues qui font mouche, à la fois désuets et authentiques.
D'autre part, la représentation de ces Indiens en agresseurs invisibles et très violents, à la fois classiques car propres au genre et originaux de par leur comportement, leurs mœurs, et l'atmosphère fantastique qui enveloppe chacune de leurs apparitions. Une tribu isolée dans une grotte en haut d'une montagne (d'où leur nom, "les troglodytes"), adepte du cannibalisme et d'une vision de la procréation assez singulière. Un mode de communication assez effrayant, une sorte de hurlement singulier rendu possible par l'implantation d'os (?) directement dans la trachée : on n'est pas loin de la terreur du cri d'Alan Bates dans The Shout de Skolimowski et du délire organique et osseux propre à Cronenberg.
Si cette population vorace et virulente avait été un peu plus soignée, dans sa dynamique de groupe, sa psychologie et ses apparitions, on tenait là une vraie pépite. En tant que petit western horrifique de série B (pour brutal), c'est génial.
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