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La guerre (civile espagnole) par l'image

Frédéric Rossif est principalement connu pour son documentaire sur le nazisme De Nuremberg à Nuremberg, sorti en 1989, et Mourir à Madrid réalisé 25 ans plus tôt s'intéresse à un autre conflit d'envergure, la Guerre civile espagnole de 1936 à 1939 qui fit figure de prologue à la Seconde Guerre mondiale. Le film met en avant le travail de récupération d'archives aux quatre coins de l'Europe, et rappelle que le régime franquiste était confortablement installé dans les années 60 au point de faire pression sur la sortie du film.

Une introduction pose le cadre de la guerre, avec la fin de la dictature de Primo de Rivera au début des années 30, et l'arrivée au pouvoir de la gauche en 1936 avec le triomphe du Frente Popular, suivi de l'assassinat d'un leader monarchiste qui catalysera l'opposition nationaliste et déclenchera le fameux putsch militaire. Franco deviendra rapidement le chef de la Phalange, et le docu montre bien les limites de l'appellation de "guerre civile" tant aux côtés su clergé espagnol, les troupes franquistes bénéficiaient du soutien (matériel et / ou humain) de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie. Les Républicains comptaient parmi leurs appuis extérieurs l'URSS, essentiellement, tandis que USA et Royaume-Uni aspiraient à une certaine neutralité. Trois ans plus tard, en 1939, on comptera 1 million de morts et 500 000 exilés.

Ce n'est pas tant un travail d'historiographie précis : Rossif ne s'intéresse pas aux dissensions internes au camp républicain (l'objet de Land and Freedom de Loach, mais aussi le massacre des anarchiste catalans ou des communistes "non-conformes"). Plutôt une évocation des deux camps, avec d'un côté la droite soutenue par le clergé, les généraux, les monarchistes et les fascistes européens, et de l'autre la gauche avec les ouvriers, les paysans, et les brigades internationales. Le conflit est complexe mais la description est ici orientée vers le discours pédagogique, avec les différentes phases et ses temps forts — le passage sur les bombardements de Guernica marque presque autant la rétine que le tableau de Picasso. Beaucoup d'images de tirs d'artillerie, un peu trop sans doute, avec l'espace sonore envahi par ces détonations répétitives, mais ce sont bien ces nombreuses images d’archive qui constituent l’intérêt principal du travail de Rossif.

chevaux.jpg, mar. 2021 salut.jpg, mar. 2021 ruisseau.jpg, mar. 2021