Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, chanté par Christian Olivier dans l'album Banco des Têtes Raides, est un texte écrit en 1952 par Stig Dagerman (écrivain et journaliste suédois 1923-1954) qui relève à la fois de la littérature introspective et de l'essai existentiel. Par ses approches successives sur les thèmes graves tels que la mort, la solitude, la liberté, le temps, Stig Dagerman vise à donner un sens à son existence.
Quand un écrivain discourt sur ses états d'âmes en nous faisant sentir tout le poids de sa solitude et de sa dépression, son texte a bien des raisons d'être au premier abord repoussant. Mais cela serait malhonnête de présenter le contenu de ce texte sous cette unique et trompeuse impression, car il est aussi une réflexion articulée, sensible et logique qui manque peut-être seulement d'humour. Je ne serais probablement jamais allé au bout de la lecture de cet essai si j'avais eu le livre entre les mains, car j'attends d'abord de mes lectures qu'elles racontent une histoire, simplement une bonne histoire. Ici, ce n'est plus notre propre voix qui devient le support du texte, nous pouvons alors l'écouter d'une manière distraite ou distancière, et laisser certains passages accaparer notre attention. Je ne peux pas dire que la voix de Christian Olivier soit ici particulièrement mélodieuse, pourtant sa lecture ainsi que le rythme monotone imprimé par les musiciens sonnent juste. Comme pour mettre du baume au cœur, le dernier élan de la chanson se fait moins morose, plus joyeux, et éclaire différemment une conclusion à méditer...
3 réactions
1 De mout - 29/09/2012, 19:16
Je suis contente de tomber sur ce billet, car c'est un texte que j'avais lu il y a quelques années et que j'avais beaucoup aimé. Je l'écoute à présent avec grand plaisir ! Pour moi, ce texte est finalement plein d'espoirs. Entre les passages sombres, il y a ceux lumineux qui transforment l'ensemble en jour avec pour zénith effectivement la conclusion.
2 De mout - 29/09/2012, 19:33
Ps : j'ai oublié, mon passage préféré... :
"''Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie. Au fond, le temps est un instrument de mesure sans valeur car il n’atteint que les ouvrages avancés de ma vie.
Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie''."
3 De Gilles - 02/10/2012, 10:47
Salut Mout..!
oui très beau passage.
Le texte est finalement plein d'espoirs... et d'espoirs vains... puisque son auteur se suicide deux ans après. Pareil, je découvrais récemment les nouvelles étonnantes de David Foster Wallace dans le recueil Brefs entretiens avec des hommes hideux, un auteur dont j'apprenais rétrospectivement qu'il avait mis fin à ses jours après une longue dépression. Les écrivains qui font preuve d'une touchante acuité pour décrire les travers et les états de la nature humaine ne sont pas dans les meilleurs présages de leur vie : tourmentés, solitaires, dépressifs, drogués, alcooliques... Oscar Wilde, Salinger, Poe, Baudelaire, Burroughs, la liste est longue.