Terre-Neuve, ou Newfoundland en anglais (admirons l'imagination des colons britanniques qui ont ainsi nommé ce recoin de la planète !), c'est une "petite" île anglophone à l'Est du Canada, couramment rattachée au Labrador pour former la province canadienne Terre-Neuve-et-Labrador. Particularité amusante de l'île : elle est dotée d'un demi-fuseau horaire rien que pour elle, avec un décalage de 4,5 (oui oui, "virgule cinq") heures par rapport à la France métropolitaine. Je dis "petite" avec des guillemets car on ne dirait pas comme ça, au large d'un pays avoisinant les 10 millions de kilomètres carrés, mais la superficie de Terre-Neuve est proche de celle de l'Angleterre. Avec une population de 500 000 habitants, soit une densité de 4 habitants au kilomètre carré, 100 fois inférieure à la patrie de ses anciens colons. St. John's, parfois francisé en Saint-Jean, est la capitale de la province, située sur la côte Est de l'île, à une latitude comparable à celle de Brest. Mais autant dire que les températures, elles, ne sont pas comparables : compter en moyenne 10°C de moins, et une variabilité beaucoup plus forte. Le coupable : le courant du Labrador, un courant océanique froid dans le nord de l'Atlantique, issu de l'Océan Arctique, rejoignant le Gulf Stream au niveau de Terre-Neuve.

De fait, ce climat ne favorise pas la biodiversité telle qu'on la connaît en France : l'écrasante majorité du territoire est composée d'étangs et de forêts d'épicéas ("épinettes" en québécois). On y croise régulièrement des gens sympas à l'accent presque incompréhensible dans la rue, au hasard des rencontres (comme souvent quand on sort de notre pays), mais aussi des ours, des aigles, des caribous, et des orignaux. Deux types d'ours sont à distinguer : l'ours noir et le grizzly (une sous-espèce de l'ours brun). Savoir faire la différence entre les deux peut s'avérer primordial, pour ne pas dire vital, tant la réaction à adopter en cas de rencontre, une fois la panique tétanisée passée, diffèrent en fonction de la bête qui nous fait face. Par contre, nous ne sommes pas en mesure de dire quoi que ce soit au sujet de l'orignal, et pour cause : on n'en n'aura pas croisé un seul au cours des deux semaines riches en randonnées. Des empreintes par-ci, des crottes par-là, mais rien de plus... Difficile pourtant de le rater, c'est le plus gros des cervidés : 2 mètres au garrot, pour 500 kilos chez le mâle à l'âge adulte. L'animal a été introduit sur l'île par l'homme suite à la surpêche de la morue, principalement. Aujourd'hui, il est en surpopulation, et c'est devenu l'animal le plus dangereux de Terre-Neuve... sur la route.

À l'image du Canada, cette île (surnommée The Rock, sans lien avec le film de Michael Bay !) au climat hostile et peu propice aux cultures agricoles est cependant parsemée de curiosités géologiques au cœur de grands espaces sauvages. Des baies en tous genres (et notamment des myrtilles, aussi appelées bleuets au Québec) pullulent sur les versants nus des montagnes que la forêt boréale n'a pas colonisés. Point de baleines, point de macareux en septembre, et aucun iceberg venu directement du Groenland à l'horizon : ces privilèges sont réservés aux curieux de printemps.

Émilie et Renaud.


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La ville de St. John's et sa périphérie, avec ses maisons de pêcheurs colorées (historiquement, pour qu'elles puissent être retrouvées dans le brouillard — ou avec quelques litres de rhum Screech dans le sang !) et en bois, l'embouchure au niveau de Quidi Vidi Village (très bonnes bières Iceberg), les canons sur Signal Hill comme vestiges du passé, et le quartier "The Battery" construit au bord de l'eau.

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Le parc national du Gros-Morne (sommet à 806 mètres), à l'Ouest de l'île, et la région de Rocky Harbour.

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Les Tablelands, une montagne également située dans le parc national du Gros-Morne, dotée d'une richesse géologique unique (paraît-il) avec cette roche-mère aux couleurs martiennes.

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La pointe de la péninsule d'Avalon, au Nord de St. John's, autour de Torbay et Portugal Cove.

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Balade sur la côte Est, avec la célèbre "Spout trail", randonnée à la découverte d'une sorte de geyser intermittent (et accessoirement machine à arcs-en-ciel), des lagons nourrissant l'illusion d'une île exotique, des formations géologiques en plaques, des phares et des "sea stacks", autres formations géologiques rappelant la Great Ocean Road près de Melbourne, sur la côte Sud de l'Australie.

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Les seules traces d'orignaux qui ont croisé notre chemin : des tas de crottes, d'énormes empreintes, et des panneaux d'avertissement. On soupçonne le ministère du tourisme de payer un grand nombre de personnes à fabriquer ces traces de toutes pièces !