Margaret Atwood est surtout connue pour son chef-d'œuvre La servante écarlate (1985), dans lequel elle raconte les agissements d'une société fondamentaliste qui persécute les femmes, et narre la révolte de l'une d'entre elles. L'ultime chapitre du roman qui recontextualise la république de Gilead au cours d'un colloque d'historiens dans un futur plus lointain, m'avait fait beaucoup rire (d'un rire jaune disons), comme une décompensation suite à l'emprise psychologique d'une intrigue austère. A propos de La servante écarlate, Margaret Atwood disait : je m'étais fixé une règle : je n'inclurai rien que l'humanité n'ait déjà fait ailleurs ou à une autre époque, ou pour lequel la technologie n'existerait pas déjà.
Dans Le dernier homme qui est aussi une dystopie, Margaret Atwood ne se limite plus dans les possibilités imaginées. Prolixe Margaret Atwood déploie la dimension SF de son sujet. Et quel sujet : les contours de ce que certains scientifiques qualifient aujourd'hui d'anthropocène (terme qui a émergé dans les années 2000 et dont Margaret Atwood n'est probablement pas étrangère) et l'entrée de la Terre dans une crise biologique globalisée. Rappelons avec un graphique qu'à l'heure des renonciations politiques, sept des neufs limites planétaires à ne pas dépasser pour l'humanité - afin de conserver des conditions favorables de développement dans un écosystème sûr - sont déjà dépassées :
Sources : Rockström et al. 2009 ; Steffen et al., 2015 ; Personn et al., 2021 ; Wang-Erlandsson et al., 2022 ; Richardson et al., 2023 ; Sakschewski and Caesar et al. 2025
Alors une action urgente et radicale s'impose ! Le récit de Le dernier homme apporte une réponse terrifiante à cet impératif projeté dans un futur proche, où les modifications génétiques ont le vent en poupe. Margaret Atwood a de près ou de loin intégré les conséquences du dépassement de ces seuils (dont le changement climatique est une dimension parmi neuf autres) dans son histoire.
L'action qui se déroule dans un monde post-cataclysmique est entrecoupée de flashbacks. On y suit un homme retourné à l'état sauvage, qui s'est rebaptisé "Snowman". Ce dernier tente de survivre aux côtés des "Crakers" dont on apprendra peu à peu de quel héritage cette posthumanité porte le nom. Les face-à-face avec des créatures hybrides ("rascons", "porcons", ...) qui sont le fruit de rearrangements génétiques entre plusieurs espèces animales, apportent son lot d'actions et de tensions.
Mais le roman prend tout son intérêt dans le regard rétrospectif que Snowman porte sur l'enchaînement des événements qui ont précédé le cataclysme. La transmission de cette histoire aux Crakers, comparables à des enfants, est une expérience à la fois douloureuse et troublante pour le héros qui devient un maître omniscient. Snowman répond à la curiosité des Crakers de façon imagée, à la manière de fables et de mythes, pour donner sens aux vestiges de l'humanité qui les entourent.
Ce n'est que de la littérature, heureusement... Toujours en selle pour la suite : Le temps du déluge (2009) et enfin Maddaddam (2013) qui a donné son nom à la trilogie.
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