jeudi 04 septembre 2025

Slam, de Marc Levin (1998)

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"The wind is the moon's imagination wandering. It seeps through cracks, ripples the grass, explores the unknown. My love is my soul's imagination."

Slam (1998) de Marc Levin me donne l'impression d'être l'équivalent en plus authentique et plus confidentiel du très célèbre 8 Mile (2002) de Curtis Hanson, dans lequel le mi-rappeur mi-poète afro-américain interprété par Saul Williams aurait remplacé l'ouvrier joué par Eminem. J'ai beaucoup aimé la description de l'environnement (un peu détaillé mais pas tant que ça) et surtout de la personnalité du protagoniste, Ray Joshua, dans un cadre qui pourrait rappeler celui de la série The Corner, c'est-à-dire contenant les mots-clés quartier défavorisé des États-Unis, drogue, violence, avec la prison en plus et la toxicomanie en moins. On peut assez facilement dire que le rappeur et poète Williams porte le film sur ses épaules tant la caméra très mobile et très docu-fiction de Marc Levin gravite autour du personnage, que ce soit dans son quotidien des quartiers noirs de Washington, ses démêlés judiciaires liés à une deal ayant mal tourné, son passage en prison et sa découverte du slam — sorte de compétition de poésie sous la forme de joutes oratoires orientées hip hop.

Si j'ai beaucoup aimé le type de captation donnant à Slam des allures de semi-documentaire, avec cette impression constante de saisir l'action sur le vif, sans montage invasif, j'ai été un peu moins séduit par la trajectoire racontée. Le trait me paraît un peu épais, le mec des quartiers difficiles qui se fait arrêter en possession de drogue et jeter en prison, qui survit en milieu carcéral grâce à sa passion, son talent de rhéteur, et sa rencontre avec une enseignante travaillant dans la prison (Sonja Sohn, elle aussi arrimée à un lourd passif mêlant proxénétisme et drogue), pour finalement sortir grâce aux faveurs d'un dealer tombé sous le charme de son éloquence ayant payé sa caution, et trouver un nouveau sens à sa vie désormais placée sous le signe de la poésie. L'idée derrière tout ça n'est pas déplaisante, mais j'ai trouvé l'exécution un peu trop sommaire, pas forcément programmatique mais en tous cas orné de coutures un peu trop visibles et prévisibles.

La rime et la tchatche comme arme de combat pour rivaliser intelligemment avec les poings ou les flingues habituellement dégainés dans la rue, les talents en poésie entravés par les conséquences de l'appartenance à un milieu social : le décor joue toujours à la lisière de la surcharge, et quelques séquences sombrent fatalement dans un didactisme un peu gênant — l'exemple typique étant les retrouvailles entre Ray et le pote blessé lors du deal à l'origine de son incarcération (ce dernier voulant buter ses agresseurs) au cours desquelles il lui fait la morale sur le thème "brisons ensemble le cycle infernal de la violence" digne d'un manuel. Malgré tout, la figure du slam comme lien de solidarité entre deux codétenus ou comme rempart contre la violence carcérale (peut-être pire que la violence des rues) conserve une certaine beauté et une certaine sensibilité que Williams véhicule avec force et détermination.

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mercredi 03 septembre 2025

Un jour, le Nil (النيل والحياة, An-Nil oual hayat), de Youssef Chahine (1968)

un_jour_le_nil.jpg, 2025/08/18

Construction soviétique d'un barrage égyptien et inondation de terres nubiennes Très attachant film de Youssef Chahine, qui m'a davantage convaincu que son évocation de Dovjenko dans Al-Ard (La Terre, 1970) tout en travaillant la même veine collaborative entre les deux pays, Égypte et Union  […]

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mardi 02 septembre 2025

Themroc, de Claude Faraldo (1973)

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Chaos anar, cru et gras Expérience totalement lunaire qui n'est pas tellement appréciable en soi (mise en scène minimaliste, esthétique vieillotte, zombies drogués en guise d'acteurs et d'actrices, pamphlet qui ne cherche pas la nuance, volonté de choquer à base d'inceste et d’anthropophagie,  […]

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lundi 01 septembre 2025

In the Bedroom, de Todd Field (2001)

in_the_bedroom.jpg, 2025/08/18

"Ever notice that even the worst bastards have friends?" Tentative de visionnage à la boussole, par curiosité, pour voir ce que le réalisateur de Tár produisait 20 ans auparavant, à l'occasion de sa première mise en scène et après une carrière dans l'interprétation. Étrangement ce n'est  […]

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samedi 30 août 2025

Orlando, de Sally Potter (1992)

orlando.jpg, 2025/07/28

"Same person, no difference at all. Just a different sex." Quatre siècles d'histoire britannique parcourus en 1h30, du XVIIe au XXe siècle, à coups d'ellipses bondissantes de 50 ans, au creux d'un récit aussi baroque que sérieux, aussi esthétique que comique, initié au travers d'un ordre  […]

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jeudi 28 août 2025

Le Signe de Vénus (Il segno di Venere), de Dino Risi (1955)

signe_de_venus.jpg, 2025/08/18

Tribulations sentimentales de deux cousines Une satire comico-amère grinçante typique d'une partie du cinéma italien de la décennie 1950s, avec son étude de mœurs révélant les grands travers de la société de l'époque dans une ambiance à la fois légère et grave. La dynamique (à tous les niveaux) est  […]

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mercredi 27 août 2025

The Catch (魚影の群れ, Gyoei no mure), de Shinji Sōmai (1983)

catch_A.jpg, 2025/08/18

Règlements familiaux en mer Je n'ai vu que trois films de Shinji Sōmai (sur la dizaine que compte sa filmographie entre 1980 et 2000) et sans rentrer dans le délire frénétique de la politique des auteurs, il me semble qu'à chaque fois une ambiance très particulière est travaillée avec soin, de  […]

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lundi 25 août 2025

La Marche sur Rome (La marcia su Roma), de Dino Risi (1962)

marche_sur_rome.jpg, 2025/07/28

Des suiveurs affamés face à l'horreur déguisée Ce que j'avais trouvé drôle et pertinent chez Mario Monicelli dans La Grande Guerre (1959) s'est avéré tout aussi pertinent mais un peu moins agréable à regarder chez Dino Risi, à l'occasion de La Marche sur Rome (1962). Les thématiques sont voisines,  […]

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