mercredi 24 avril 2024

La Daronne, de Hannelore Cayre (2017)

Tandis qu’elle visite chaque jour sa mère décrépite à l’EHPAD, Patience Portefeux qui a 53 ans, nous confie sa vie avec un sens de l’autodérision à toute épreuve. Le bagout de la narratrice au début du livre donne le ton avec sa verve qui étonne, un mélange de familiarité populaire, de sincérité douce-amère et d'une ironie mordante. Elle nous conte ses infortunes d’une vie passée, en les mesurant à ses rêves de gamine emplis d’une effervescence de couleurs. Une passion pour les feux d’artifice éveille chez elle une profonde amertume.

Veuve, Patience élève ses deux filles seule en assurant leur subsistance grâce à un modique salaire versé en contrepartie de son travail de traductrice de langue arabe dans des écoutes judiciaires, catégorie gros dealers de shit. Le portrait de ses parents juifs et pieds-noirs est un morceau de choix. Son dangereux père défunt était le patron d’une entreprise fructueuse de transport routier qui employait des anciens taulards. Quant à sa mère, elle endosse une sacré réputation de femme paresseuse et raciste, qui n’a pris aucune part à son éducation par égoïsme et cupidité.

L’impossible responsabilité que représente l’assistance vitale à sa mère valétudinaire, plonge Patience dans un marasme inquiétant. Mais une sorte d’énergie du désespoir, un concours de circonstances (mal)heureuses et une prise de conscience aiguë d’une existence vécue d’une manière injuste et discriminatoire la poussent à devenir « la Daronne ».

Je vous laisserai découvrir cette transformation de Patience en ce personnage que Iain Levison (l'auteur de Un petit boulot ou encore les Tribulations d’un précaire) doit jalouser. Patience alias la Daronne va mener à la fois un métier et un marché de dupes avec la police judiciaire et les trafiquants de drogues des quartiers dont elle connaît, de part et d'autre, les coulisses et les défaillances. Cette histoire truculente revêt mine de rien une charge contre le système français qui rogne sur ses institutions de santé et de justice au profit du marchandage. La Daronne a été récompensé en 2017 par le prix du polar européen et le grand prix de littérature policière, et je n’apprends pas aux polardeux que Hannelore Cayre est par ailleurs avocate pénaliste au barreau de Paris !

mardi 23 avril 2024

Les Colons (Los colonos), de Felipe Gálvez (2023)

colons.jpg, avr. 2024

"La lana manchada con sangre pierde su valor." Los colonos forme avec Godland (Hlynur Pálmason, Islande, 2022) et La Légende du Roi Crabe (Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis, Italie, 2021) une facette étonnante du panorama cinématographique contemporain, encline à détailler le  […]

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lundi 22 avril 2024

Le Franc / La Petite Vendeuse de soleil, de Djibril Diop Mambéty (1994 et 1999)

franc.jpg, avr. 2024

Trilogie sénégalaise inachevée 1 - Le Franc Drôle de virage pris par Djibril Diop Mambety, seulement deux ans après Hyènes, pour se tourner vers une production de taille beaucoup plus modeste à l'occasion d'un diptyque (qui devait initialement être une trilogie consacrée à l'emprise de l'argent  […]

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samedi 20 avril 2024

Winter Soldier, de Winterfilm Collective (1972)

winter_soldier.jpg, avr. 2024

"The more ears, the more beers." Grande pépite du documentaire documentant, composée exclusivement de témoignages de soldats américains à leur retour à Détroit, en 1971, au lendemain de leur mobilisation pendant la guerre du Vietnam : je crois que le qualificatif de "film  […]

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jeudi 18 avril 2024

Le soleil rouge de l'Assam, de Abir Mukherjee (2023)

Ce quatrième tome ne dépare pas des trois premiers dans cette série policière de Abir Mukherjee qui se déroule dans l’Inde des années 1920 au côté de deux enquêteurs, le capitaine écossais Sam Wyndham, et le sergent indien Satyendra Banerjee. Le soleil rouge d’Assam commence sur le spectacle d’une  […]

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vendredi 12 avril 2024

Notre corps, de Claire Simon (2023)

notre_corps.jpg, avr. 2024

Écrins du corps féminin, nuée de cas particuliers L'horizon des régions hospitalières explorées par Claire Simon dans Notre corps est très vaste, et les 2h50 du documentaire sont presque insuffisantes — au sens où l'on serait prêt à en contempler facilement le double. Les domaines médicaux sont  […]

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jeudi 11 avril 2024

The Noah, de Daniel Bourla (1975)

noah.jpg, mars 2024

Solitude, folie et radiations Un homme seul (Robert Strauss pour son dernier film) dérive sur l'eau, à bord d'un radeau de fortune, et arrive sur une île vraisemblablement déserte perdue au milieu d'un océan inconnu. Des restes de matériel de propagande communiste jonchent les lieux. Il vérifie que  […]

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mardi 09 avril 2024

Blonde Vénus (Blonde Venus), de Josef von Sternberg (1932)

blonde_venus.jpg, mars 2024

Triangle amoureux et pathologique Pur produit du cinéma Pre-Code et accessoirement cinquième collaboration entre Marlene Dietrich et Josef von Sternberg, Blonde Venus s'était à l'époque illustré par une impopularité notable que l'on peut raisonnablement relier au rôle de l'actrice d'origine  […]

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