lundi 25 mars 2024

La Jeune fille et les paysans (Chlopi), de Dorota Kobiela et Hugh Welchman (2023)

jeune_fille_et_les_paysans_A.jpg, mars 2024 jeune_fille_et_les_paysans_B.jpg, mars 2024
Destins animés

La formule présente dans La Passion Van Gogh est répétée en partie par Dorota Kobiela et Hugh Welchman : c'est par rotoscopie que les images de La Jeune fille et les paysans sont générées et animées, dans un second temps, après un premier tournage en décors et en acteurs réels. Le résultat visuel est époustouflant, on passe un bon moment au début à simplement contempler les tableaux s'animer sous nos yeux tout en songeant à la technique utilisée pour atteindre un tel résultat. On atteint presque la limite du procédé ici — avec lequel personne ne peut vraiment être parfaitement familier il me semble, les longs-métrages réalisés de la sorte se comptant probablement sur les doigts d'une main : en plus des deux déjà cités, seuls deux autres me viennent à l'esprit, A Scanner Darkly de Richard Linklater et Téhéran Tabou de Ali Soozandeh — en ce qui me concerne, car à de très nombreuses reprises, sur la durée, c'est presque comme si on voyait les images réelles derrière les peintures, avec un filtre très réaliste appliqué par-dessus. L'effet de surprise produit n'est pas du tout désagréable, bien au contraire, mais à la longue on en vient à se questionner sur l'intérêt profond d'une telle méthode et, de la sorte, on quitte de temps en temps le récit.

Là où La Passion Van Gogh avait un petit côté enquête documentaire, ce second film est quant à lui adapté d'un roman polonais (Władysław Reymont reçut le Prix Nobel de littérature au début du XIXe siècle à cet effet) qui plonge dans un village de campagne en pleine ébullition autour d'une femme prénommée Jagna. Elle est amoureuse d'un jeune paysan, lui-même déjà marié, mais c'est au père de ce dernier, riche propriétaire terrien, qu'elle sera contrainte de se marier, mettant en place les conditions pour un double adultère. C'était un roman assez avant-gardiste en matière d'émancipation féminine et de rejet des traditions locales, et il faut reconnaître que l'esthétique du film épouse admirablement bien l'évolution des émotions, au gré des saisons qui rythment l'effusion des sentiments.

Quelques scènes sont incroyablement hypnotisantes, comme par exemple celle des danses traditionnelles le jour du mariage qui interpelle vigoureusement autant par la menace qui enfle soudainement autour de la jeune femme que par la dimension esthétique captivante qui illustre le travail des quelque 150 artistes (chaque image est peinte à la main, il faut tout de même un peu de temps pour l'intégrer) qui ont travaillé sur le projet. Ces tableaux accompagnent agréablement la tragédie vaguement shakespearienne qui se noue dans un coin de campagne paysanne polonaise, à mesure que la jalousie et la haine des uns et des autres se développent, comme inéluctablement, avec pour point de chute une séquence finale particulièrement difficile. Très belle ultime image, à ce titre, d'un corps nu sali par le regard des malveillants et lavé par la pluie au milieu des champs.

N.B. : On peut penser aux travaux de Rino Stefano Tagliafierro en matière de court-métrage animé, avec Beauty et Peep Show, dans lesquels il introduisait de légers mouvements au sein de grands tableaux.

img1.jpg, mars 2024 img2.jpg, mars 2024 img3.jpg, mars 2024 img4.jpg, mars 2024 img5.jpg, mars 2024 img6.jpg, mars 2024

jeudi 21 mars 2024

Knock, de Guy Lefranc (1951)

knock.jpg, mars 2024

Les maladies ignorées Knock est un film d'acteurs et de dialogues avant tout, il me semble, et dont le côté théâtral très appuyé ne trouvera de source de soulagement (ou d'aggravation, pour peu que l'on ne supporte pas la prestation) que dans l'interprétation de Louis Jouvet. L'acteur y est  […]

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mardi 19 mars 2024

Thunder 'n Lightnin', de Hoyt Axton (1963)

thunder_n_lightnin.png, févr. 2024

Et donc j'apprends que Hoyt Axton n'était pas que le père du héros dans Gremlins de Joe Dante... mais également un grand chanteur de Folk / Blues / Country. Ce premier album du début des années 60 avance avec une assurance folle, et il y a de quoi : bon sang quel coffre ! Une voix qui claque comme  […]

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lundi 18 mars 2024

Mes frères et moi, de Yohan Manca (2022)

mes_freres_et_moi.jpg, mars 2024

La grande débrouille Mes frères et moi est de ces films dont personnellement je n'attendais pas grand-chose — voire rien du tout — et qui se trouvent être des petits films sans ambitions démesurées mais qui in fine valent vraiment le détour. Ici, la bonne surprise tient au fait que Yohan Manca  […]

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jeudi 14 mars 2024

Matrix, de Lauren Groff (2023)

J'ai nom Marie, et je suis de France. Ce serait la plus ancienne signature d'une femme écrivaine trouvée dans la littérature française. On attribue à Marie de France la maternité de trois œuvres constituées de courts récits en vers : des lais, des poèmes et des fables. Lauren Groff s’empare de  […]

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mardi 12 mars 2024

Hitokiri, le châtiment (人斬り, Hitokiri), de Hideo Gosha (1969)

hitokiri_le_chatiment.jpg, févr. 2024

Servitude aveugle d'un ronin bourrin Hitokiri est une grosse gourmandise offerte par Hideo Gosha dans le registre du chanbara iconoclaste, pas nécessairement de la trempe des Trois Samouraïs hors-la-loi ou Le Sabre de la bête pour rester dans le même sillon thématique, mais doté de très solides  […]

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lundi 11 mars 2024

Le Héros (Nayak), de Satyajit Ray (1966)

heros_B.jpg, mars 2024

Conte moral sur l'empathie Hasard des visionnages, cela faisait déjà quelques films chez Satyajit Ray que le symbole du train s'était fait particulièrement tenace, notamment dans la trilogie d'Apu pour les films vus le plus récemment. Et voilà que Le Héros (Nayak) y consacre la quasi-intégralité de  […]

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jeudi 07 mars 2024

Two Headed Demon, de Urban Junior (2010)

two_headed_demon.jpg, févr. 2024

Du Voodoo Rhythm pur jus, c'est-à-dire un one-man band suisse légèrement énervé qui essaie de produire quelque chose d'un peu nouveau dans le registre du Garage Punk. C'est très minimaliste, un peu répétitif, mais fidèle à l'esprit du label, avec beaucoup de do it yourself dans les instruments et  […]

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